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Alors que la mobilisation contre le « saccage » du Muséum continue, Philippe Delerm nous a très gentiment adressé quelques lignes afin de soutenir notre combat. Nous sommes heureux de les faire partager aujourd’hui avec celles et ceux qui ne veulent pas voir disparaître ce lieu unique.


 


Nous le remercions très sincèrement pour son précieux soutien et surtout pour ses mots dont la justesse n’a d’égale que la vérité.



 




« Il y a longtemps déjà que j’ai écrit ce court roman qui s’intitule Sortilège au Muséum. J’avais envie simplement de mettre en scène un lieu qui me tient tout particulièrement à cœur. Nous sommes nombreux à avoir éprouvé la magie du Muséum d’histoire naturelle de Rouen, le pouvoir un peu fantastique de ses vitrines et de ses mises en scène. Un cocon d’imaginaire où il était doux et poétique de se lover, surtout quand la pluie tombe dehors et que le silence des salles traversées devient une amitié. Imaginer un adolescent dont toutes les sensations sont liées au musée parce qu’il y est né semblait une bonne position pour dire comment un lieu peut contenir tout ce qui fait le sel de la vie. Dans mon récit, le musée se met en colère quand on prétend l’améliorer en détruisant tout ce qui fait son charme. L’aspect prémonitoire de ce petit récit prend un singulier relief aujourd’hui, et d’avance une mélancolie, quand on est amené à jouer le rôle peu gratifiant de l’ancien contre le moderne. Mais c’est ainsi. On casse dans le musée que j’aime. On a le droit bien sûr, et même de justifier ce que l’on fait avec des théories nébuleuses où passe avant tout le désir de ressembler à d’autres projets similaires animés par le même orgueil de modernité. Je n’ai pas d’alternative philosophique à proposer. Simplement le droit à la tristesse.



Souvent Rouen s’est plu à figurer dans la galaxie de ces villes du nord de l’Europe où l’on préserve le mystère de l’ancien en le frottant au design du nouveau. Il serait si facile pour des architectes et des concepteurs de talent de préserver un patrimoine qui appartient aux générations futures et de lui adjoindre une création de notre temps. »


 


Philippe Delerm


 


 


Voici un court extrait du début de roman, Sorlitège au Muséum, publié en 2014. Sans le savoir, dans son ouvrage il annonçait avec 10 ans d’avance ce qu’il allait se passer aujourd’hui, à savoir, la destruction de ce lieu chargé d’histoire, auquel les Rouennais sont très attachés.


 


Nous ne savons pas si, demain, les « habitants » du muséum vont manifester leur mécontentement, mais une chose est certaine, nous serons leur porte-parole pour dire Non à ce projet insensé à près de 70 millions d’euros, qui de surcroît, a sans doute amplement participé à la défaite de « Rouen Capitale de la Culture 2028 ».






 


Extrait de Sortilège au Muséum :


 


– Je sais ce que tu penses. Pour toi, le musée, c’est ici. Moi aussi, j’aime bien ce côté Jules Verne, cette ambiance de vieille bibliothèque pour savant fou. Mais on commence à crever sérieusement de toute cette vieillerie. Quand mes collègues de Paris me demandent des nouvelles, j’ai l’impression qu’ils guettent les toiles d’araignée sur ma veste !


 


Je l’écoutais vaguement. Déjà, je sentais que le petit ronron de son monologue allait repartir vers ce grand projet d’un musée décentralisé, ouvert sur la région, avec ces fameuses « unités pédagogiques  » qui devaient drainer un nouveau public. Toutes ces expressions ne me plaisaient guère. Comment monsieur Paul Fortier, directeur du Muséum d’histoire naturelle, pouvait-il évoquer avec une telle désinvolture cet univers que j’avais toujours cru sacré à ses yeux ? Le musée était-il si vieux ? Je ne m’étais jamais posé la question. J’étais né là, quinze ans auparavant, dans l’appartement de fonction du directeur, au troisième étage, juste au-dessus de la salle des oiseaux. Les escaliers en colimaçon, les animaux empaillés, les minéraux, les bocaux, les insectes épinglés, les vitrines, tout cela faisait partie de moi. J’avais risqué mes premiers pas sous le regard grenat des grands ducs, devant la carapace de la tortue éléphantine de l’île Maurice, la trompe du tamanoir… Je connaissais chaque lame de ces parquets immenses qui couraient sur les trois étages du musée. Plus tard, mes copains d’école avaient envié mes privilèges. Pouvoir arpenter seul ces longues salles mystérieuses, quand les derniers visiteurs s’en étaient allés, m’abandonnant le domaine !



Le père Dubois, le concierge, regagnait sa loge du rez-de-chaussée, d’où ne tardaient pas à monter comme une musique familière les éternelles disputes qui l’opposaient à sa femme.



Je montais le large escalier qui menait au premier étage, m’arrêtant devant les vitrines murales où étaient présentées les écorces d’arbres du monde entier. Violette éteinte. Teck du Tonkin. Palissandre odorant. Matapo. Gaïac. Irako. Esperille. Bois d’or. Avanduré. Amadouvier. Oncabala.



L’étiquette calligraphiée sous chaque écorce avait plus d’importance que le bois lui-même. Petites étiquettes biseautées, dont l’encre un peu passée, presque sépia, faisait penser à des sagesses d’autrefois, à la patience d’un secrétaire aux manches lustrées, appuyé sur le cuir sombre d’un sous-main galonné d’or, dans la lumière verte d’une lampe d’opaline inclinée vers lui.



Je me répétais ces mots étranges qui faisaient défiler en moi l’image des pluies chaudes, des hibiscus et des bougainvillées, l’image rougeâtre des pistes africaines, et celle, plus sombre et plus menaçante, des forêts amazoniennes, traversées de senteurs musquées, peuplées de présences inquiétantes.



Je n’avais pas besoin de retenir ces mots. Il me suffisait de passer tous les soirs devant ces noms fabuleux. C’était ma façon de lire, et ma façon de voyager.



 




Nous ne pouvons que vous inviter à lire cet ouvrage, que vous pourrez commander chez votre libraire préféré.


 


En attendant, le combat continue.


 


« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble, nous pouvons »


 


N’oubliez pas de signer et de partager notre pétition si cela n’est pas déjà fait ICI:  https://bit.ly/411cqMd

Suite à notre article, la Métropole de Rouen, par la voix de Madame Laurence Renou, Vice-présidente en charge de la culture, nous a envoyé sa réponse. Par souci de transparence, nous la publions en intégralité (en italique) et en retour, nous leur répondons en ajoutant nos remarques (en bleu), paragraphe par paragraphe, afin d’apporter des correctifs nécessaires et pour apporter des arguments supplémentaires pour la sauvegarde du Muséum du XIXe siècle.




Vous êtes l'initiateur d'une pétition intitulée « Sauvons le muséum d'histoire naturelle de Rouen ! » publiée le 1er décembre 2023 sur le site « lagazettedupatrimoine.fr ». Je respecte bien entendu le point de vue qui est le vôtre quant au projet de réhabilitation du musée Beauvoisine à Rouen, comprenant le muséum d'histoire naturelle et le musée des antiquités. Toutefois, il me semble essentiel de vous apporter un certain nombre d'éléments factuels de réponse, afin de rectifier les affirmations erronées contenues dans le texte dont vous êtes le signataire et compléter pleinement votre information.


 


1) Le bâtiment de Beauvoisine est en mauvais état, et de ce fait déjà en partie fermé au public. Fermé de 1996 à 2007, Beauvoisine a fait l'objet d'une campagne de travaux de sécurité entre 2003 et 2007, qui a également permis l'installation d'un ascenseur et la réfection partielle du chauffage. Néanmoins, des études techniques réalisées en 2020-2022 ont révélé de nouveaux et importants désordres structurels. Ainsi :



  • Les deux musées ne sont pas aux normes et font l'objet depuis septembre 2022 d'un avis défavorable à l'exploitation de la part du Service départemental d'incendie et de secours, notamment en raison des risques sur la stabilité à froid du bâtiment. Le bâtiment n'est donc ouvert que par dérogation et avec mesures conservatoires, avec un risque de fermeture totale au public à court terme.

  • Les rapports structures réalisés par la société BESB les 8 juin 2020, 20 janvier 2021 et 8 juin 2022 ont montré d'importants risques liés à des défauts d'ancrage des poutres dans les façades, et des poutres de taille insuffisante par rapport aux charges supportées. Cela a conduit, pour assurer la sécurité du public, à fermer dès l'été 2022 des salles au public (galeries des continents, des oiseaux) et à réduire à 5 personnes la jauge d'autres salles. En effet, certaines zones, notamment les étages Est et Nord, ont une capacité portante inférieure à 250 kg/m2.

  • L'insalubrité du bâtiment (menuiseries, infiltrations...) a conduit à déménager hors du bâtiment les bureaux de certains agents qui n'étaient plus conformes au droit du travail.

  • Les travaux de réhabilitation visent à résoudre l'ensemble des problèmes auquel le bâtiment est confronté structures des planchers, protection incendie, accessibilité (parmi les non- conformités, le musée des antiquités actuel n'est pas accessible aux personnes à mobilité réduite). Cela implique de refaire à neuf un certain nombre de planchers, pour les consolider, sans quoi il ne sera plus possible de poursuivre l'exploitation du bâtiment.


Réponse d’Urgences Patrimoine :


 


Nous ne contestons pas la fragilité des poutraisons tel que le démontre le diagnostic sanitaire du cabinet d’étude structure bois BESB. Ces pathologies sont en effet fréquentes sur des constructions du XVIIe siècle.



Nous avons contacté cette société BESR qui a confirmé des faiblesses au niveau de l’ancrage des sommiers dans les murs et des sous-dimensionnements de certains bois, ce qui ne nous étonne pas vu que les bâtiments n’ont jamais été restaurés.



Cependant, cette société nous a aussi précisé qu’il existe beaucoup de solutions techniques pour restaurer ces poutres, même en sous-œuvre sans démontage des planchers, par injection de résine, moisage métallique, greffe ou autres. Ces nombreuses techniques non invasives, qui permettent de conserver les planchers anciens, sont habituellement utilisées sur les chantiers aujourd’hui car elles sont plus économiques qu’une démolition avec remplacement par dalle béton, comme ce qui est prévu ici sur l’intégralité du couvent de Beauvoisine. Le château de Bénouville, ouvert au public, a vu ainsi ses poutres renforcées pour conserver tous les planchers d’origine, de même au manoir d’Ecretteville-lès-Baons ou récemment à l’hôtel de la marine à Paris où les abouts de poutres ont été consolidés par fibre de verre et résine époxy afin de renforcer les bois sous-dimensionnés et augmenter la capacité portante des planchers (3000 m²) pour « seulement » 1,2 M€. Concernant les charpentes des toitures, aucune pathologie n’a été observée, mais là aussi, est-il prévu de les remplacer ?



Pourquoi donc ces solutions de conservation n’ont pas été retenues alors qu’elles permettent de conserver l’ensembles des planchers en bois du XVIIe siècle et de préserver l’intégrité patrimonial des lieux ? Les détruire au profit de dalles béton sur l’ensemble du monument est un choix surprenant pour un projet qui se veut être « le premier musée de la transition écologique ».



Quant aux questions d’accessibilités aux personnes à mobilité réduite, il y a là aussi de nombreuses solutions techniques qui permettent de conserver les structures en place, là encore, solutions écartées d’office.



Ce muséum a connu d’importants travaux de remise aux normes en 2006 :



  • réhabilitation de l’escalier d’accès dans le hall d’entrée (construction d’un garde-corps aux normes)

  • restauration de l’escalier Louis XIII

  • création d’un escalier de secours

  • mise aux normes des installations électriques

  • création d’un ascenseur à proximité du hall d’entrée et de sanitaires

  • mise en place d’un système de détection anti-incendie (1999)


Il est certes nécessaire de faire une remise en conformité avec aussi la mise en place d’un nouveau SSI (système de sécurité incendie) et d’un chauffage adéquat, mais cela ne doit en rien justifier la complète reconstruction des espaces et la destruction de l’ensemble des planchers historiques.


 


Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la galle ; quand on veut se débarrasser du patrimoine, on dit qu’il est insalubre et qu’il n’est pas aux normes. Facile. Mais vu les nombreuses solutions techniques et économiques qui existent pour conserver ces plafonds et pour les adapter aux normes, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un problème d’insalubrité ou de normes mais plutôt d’une absence de volonté politique à préserver ce patrimoine.


 


 


2) Le projet de réhabilitation préserve les éléments patrimoniaux de Beauvoisine. Certaines parties du bâtiment principal (ancien couvent des sœurs de la Visitation, construit en 1640) sont classées au titre des monuments historiques depuis 1862 : les façades intérieures donnant sur le cloître, le jardin intérieur, les galeries du cloître et les salles attenantes du rez-de-chaussée. Ne sont pas classés l'hôtel des sociétés savantes, les toitures, les façades extérieures du bâtiment, les salles des étages.



  • La Métropole respecte la législation relative aux Monuments historiques et va, à ce titre, restaurer le bâtiment dans les règles de l'art. Il n'est pas question de détruire le monument.

  • Depuis l'origine, la DRAC / Conservation régionale des monuments historiques et l'Architecte des bâtiments de France sont associées au projet, siègent à la commission technique du projet et émettent des prescriptions et recommandations que la Métropole s'attache à respecter.

  • La réhabilitation de Beauvoisine est dirigée par un Architecte du patrimoine et Architecte en Chef des Monuments Historiques, Richard Duplat, qui travaille notamment sur la restauration de nombreux monuments historiques dont la cathédrale de Rouen, la cathédrale d'Amiens, l'aître Saint-Maclou à Rouen et les parties historiques du musée Unterlinden de Colmar.

  • A l'intérieur du bâtiment, il n'existe plus aucun élément muséographique datant de l'origine du muséum (1834), qui a fait l'objet de réaménagement successifs, notamment dans les années 1890 à la suite d'un incendie, au début du 20e, après la Seconde Guerre mondiale et dans les années 2000.

  • Toutefois, afin de préserver l'âme des lieux, les éléments patrimoniaux suivants, bien que n'étant pas classés monuments historiques, seront préservés :

  • les vitrines néogothiques qui jalonnent la galerie Cochet (rez-de-chaussée) seront conservées, restaurées et réinstallées dans le cloître,

  • les vitrines anciennes de la galerie de zoologie seront conservées (bois et verres qu'il faut sécuriser pour éviter les bris de verre sur les personnes). Les vitrines centrales de la galerie de zoologie, ajoutées après la Seconde Guerre mondiale et sans valeur patrimoniale, seront supprimées, afin de restituer l'atmosphère de la salle telle qu'elle se présentait à la fin du XIXe siècle.

  • l'escalier hélicoïdal de la galerie de zoologie fait l'objet actuellement d'une étude en vue de sa conservation, tout en conciliant les impératifs de sécurité incendie (évacuation des fumées vers l'étage à éviter)

  • Est également à l'étude la faisabilité de réinstaller des parquets anciens sur les sols nouveaux refaits pour résoudre les problèmes de structure.

  • Alliance assumée du patrimoine et de l'architecture contemporaine, dans le respect de la législation Monuments historiques.

  • A noter qu'il n'y aura aucun escalator dans le musée.

 


 


Réponse d’Urgences Patrimoine :


 


La réponse de Mme Renou confirme toutes nos craintes et tout ce que nous avions dit à propos de la destruction de l’ensemble des salles du Muséum, exceptée la galerie de zoologie qui restera à titre de relique. Les verres soufflés du XIXe siècle de ces vitrines risqueront même d’être changées pour être aux normes. Tous les escaliers anciens (sauf peut-être l’escalier hélicoïdal) seront démolis, dont le grand escalier à balustre du XVIIe siècle et aussi l’escalier d’honneur du XIXe siècle ainsi que toutes les anciennes vitrines des autres salles, sans parler de l’ensemble des planchers en bois du couvent. Seul le parquet de la salle de zoologie sera peut-être reposé sur la dalle-béton, mais pas dans les autres salles. L’ensemble des plafonds en bois du XVIIe siècle ainsi que l’aile ouest en pan de bois du cloître, pourtant lui aussi du XVIIe siècle, seront détruits pour être remplacés par des dalles-béton et une tour de plusieurs étages. En résumé, c’est bien tout le Muséum du XIXe siècle qui sera détruit avec l’ensemble de sa muséographie, ainsi qu’une grande partie des infrastructures en bois historiques du couvent. Seule une infime partie sera conservée.



La Métropole s’évertue à mentionner l’implication des monuments historiques et de l’architecte en chef des monuments historiques pour nous rassurer sauf, que leur action reste strictement limitée au cloître et aux façades internes du cloître, ce que nous savions déjà, laissant tout le reste du monument du XVIIe siècle (planchers, aile en pan de bois, escaliers, et peut-être les charpentes des toitures) aux mains des démolisseurs.



On peut d’ailleurs s’interroger sur la nature de la protection de l’aile ouest en pan de bois du cloître (classé en 1862), construite suite à l’inachèvement du chantier, qui pourtant est vouée aussi à disparaître. Nous rappelons que toutes construction, restauration, destruction, effectuées dans le champ de visibilité de l'édifice classé monument historique (c'est-à-dire le cloître ici et dans un périmètre d'un rayon de 500 m) doit obtenir l'accord de l'architecte des bâtiments de France.


 


Quant à la volonté de la Métropole de « préserver l’âme des lieux », on avoue ne pas savoir s’il s’agit d’humour au second degré ou encore d’un élément de langage du service de communication.



Concernant la muséographie du XIXe siècle, les propos de Mme Renou sont erronés, en dévalorisant au passage la valeur patrimoniale du Muséum.



Rappelons à la Métropole que le cabinet d’histoire naturelle s’implante en 1828 dans le couvent du XVIIe siècle. Le musée des Antiquités ouvre en 1831 au rez-de-chaussée, tandis que le Muséum s’ouvre au public en 1834 avec quatre salles qui existent toujours avec ses vitrines d’origine.



En 1845 et 1858, il s’agrandit avec les galeries des oiseaux et d’anatomie au second étage.


           


En1890, c’est une nouvelle salle, dite de « zoologie agricole » qui est venue se rajouter aux anciennes, restées elles aussi en place. Concernant l’incendie de 1894, celui-ci n’a pas touché le Muséum mais seulement l’atelier de l’école des Beaux-Arts qui était installé dans le comble de l’aile est. Suite à leur restauration, le Muséum les récupère, s’agrandissant encore de 6 nouvelles salles qui sont toujours en place dans les niveaux supérieurs avec leurs vitrines là aussi d’origine.


 


 En 1897, le Muséum s’agrandit de nouveau par la prolongation de l’aile nord du cloître sur la rue Beauvoisine. Donc, le Muséum de Rouen se compose bien de toutes les salles d’origine de 1834 et de toutes celles rajoutées au cours du XIXe siècle, avec des collections sans cesse agrandies ou réactualisées comme le diorama. Les travaux des années 1950 ne concernent que le rajout d’une salle de conférence et d’une bibliothèque dans l’entresol et non les anciennes salles. L’hôtel des sociétés savantes est quant à lui construit vers 1956.



C’est donc tout cet ensemble exceptionnel du XIXe siècle, conservé intact depuis leur construction, qui est voué à disparaître, avec les vitrines et la muséographie restée intacte depuis plus d’un siècle, dans l’indifférence la plus complète de la Métropole. Rappelons encore une fois qu’il s’agit du Muséum du XIXe siècle le mieux préservé de France. C’est un véritable musée de Muséum.


 


Enfin, Mme Renou dit qu’il n’est pas prévu d’escalator dans le projet. Leur aspect reste néanmoins très contemporain, comme on le voit sur les images du projet publiées sur le site de la Métropole, alors que tous les escaliers anciens sont supprimés.


 


3) Les facultés de médecine et de pharmacie ne sont pas menacées. Aujourd'hui en mauvais état et en partie inutilisées, elles ne peuvent être ouvertes au public. Toutefois, il n'y a aucun projet de démolition des bâtiments ni de cession à des promoteurs privés (projet ancien porté par la Ville, abandonné). D'ailleurs, une partie des bâtiments abritent des réserves du muséum, aménagées dans les années 2000, et qui resteront sur place à l'avenir. Par ailleurs, l'amphithéâtre, même réhabilité, ne pourra plus accueillir de public en raison des normes actuelles d'accessibilité.



Le coût opération de réhabilitation a été chiffré en 2020 (avant période d'inflation) :



  • Bâtiment de la faculté de pharmacie : 5,4 M€ TTC

  • Bâtiment de la faculté de médecine : 9,9 M€ TTC


Ces coûts importants expliquent l'impossibilité financière d'intégrer à ce stade leur rénovation dans le plan de financement du projet Beauvoisine. La réflexion quant au devenir de cet ensemble est engagée.



4) Un coût conforme aux projets de ce type. Il est conforme aux coûts habituels de ce type de projets ; une part importante des coûts est liée à la réhabilitation de la structure et à la restauration monument historique. Le coût total de l'opération de réhabilitation est estimé à 66 M€ TTC (valeur 2020, qui sera ajustée à l'issue des appels d'offres). Par ailleurs, différents financeurs soutiennent le projet : Etat / DRAC, Région, Département.


 


Réponse d’Urgences Patrimoine :


 


La Métropole dit que ce coût est conforme aux projets de ce type. Pourtant, elle ne doit pas ignorer qu’en 2006-2007, un projet de restauration des musées Beauvoisine et des facultés de médecine/pharmacie a été élaboré par le cabinet d’architecture ABCD, l’un des plus réputés en matière de projets culturels sur Paris depuis 30 ans, à la demande du Département et de la ville de Rouen. Nous avons pu consulter ce document aux Archives.


 


Ce projet prévoyait la restauration du Muséum du XIXe siècle et du musée des Antiquités, la rénovation des facultés de Médecine et de Pharmacie en conservant l’amphithéâtre pour des conférences, le maintien des Sociétés Savantes sur le site, une augmentation des surfaces d’exposition, avec différentes options concernant l’emplacement des réserves. Le coût de ce projet, avec l’option la plus ambitieuse en termes de travaux, se chiffrait à 15 M€ TTC « seulement » (aujourd’hui avec inflation 20 M€) et ce pour l’ensemble des bâtiments restaurés !


 


Ce projet prévoyait de maintenir l’indépendance des équipes de conservation du Musée des Antiquités et du Muséum d’histoire naturelle tout en mutualisant l’accueil des publics et des services de gardiennage et de maintenance. Concernant les réserves, une option proposait même une construction enterrée afin de préserver l’environnement architectural et paysager. En supposant même des travaux supplémentaires suite au diagnostic sanitaire des planchers, on ne dépasse guère les 25 M€ TTC.



A titre de comparaison, le projet de restauration du château de Gaillon se chiffre à 23 M€  TTC  pour 5000 m² (hors parking, annexes, mobilier et parc dont l’ensemble se chiffre à 53 M€).



Pour les facultés, dans ce projet de 2006, ce cabinet d’architecture avance des chiffres très éloignés de ceux avancés par la Métropole, toute en conservant l’amphithéâtre :



Bâtiment de Médecine : 3,3 M€ TTC


Bâtiment de Pharmacie : 0,9 M€ TTC


 


Un projet économique et conservatoire est donc possible mais peut-être que ce n’était pas suffisamment « ambitieux » aux yeux de la Métropole, pas assez moderne avec pas assez de béton. Il est vrai que ce projet ne proposait pas de belvédère de 3 étages en plein milieu du couvent du XVIIe siècle, ni de verrière de supermarché sur le cloître, ni de dalles béton ou de scénographie high-tech.


 


Pourquoi ce projet de 2006, respectueux du patrimoine et économique, a-t-il été enterré ?



Pour les facultés de Médecine et Pharmacie, avec l’ancien amphithéâtre (le second est peut-être encore conservé après remaniement en 1982 pour le stockage des réserves), comment comprendre que « même réhabilité, il ne pourra plus accueillir de public en raison des normes actuelles d'accessibilité » alors qu’un autre projet n’y trouve aucun inconvénient, que cet amphithéâtre est en bon état de conservation (quitte à être renforcé) et qu’il est adaptable aux accès handicapés ? Les normes servent là encore d’argument facile pour le sacrifier.


 


Comment aussi admettre que les facultés, aujourd’hui dans un état lamentable, faute d’entretien, resteront sans travaux juste à côté d’un musée flambant neuf ? On n’imagine pas la Métropole redépenser des millions supplémentaires à l’issu des 66 M€ de ce projet. Mais vu leur état de vétusté avancé, si ces bâtiments ne bénéficient pas d’un programme global de restauration intégré à celui des musées, il y a de forts risques qu’ils soient détruits ou vendus à des promoteurs. Rappelons pourtant que ces amphithéâtres sont classés dans les bâtiments protégés dans le PLU de la ville de Rouen et que selon la règlementation, « les ensembles bâtis et bâtiments protégés doivent conserver leur homogénéité, leur cohérence et leur état origine. Toute construction nouvelle, extension, démolition ainsi que le traitement des abords doivent aller dans ce sens. Toute autorisation d’urbanisme relative à ces bâtiments peut s’accompagner d’une prescription spéciale exigeant des travaux supplémentaires dans le but de retrouver l’état d’origine de ce patrimoine ». L’implantation de la cafétéria contemporaine sur leurs abords est donc incompréhensible, surtout dans un square lui classé dans le PLU.


 


Tout ce projet est donc incohérent, assurément mal pensé et au coût exorbitant.



Mais ce qui apparaît avec cohérence, c’est l’absence totale de volonté à préserver ces éléments patrimoniaux qui sont absolument remarquables. Aucun cahier des charges avec préservation du patrimoine n’a visiblement été présenté la maîtrise d’œuvre qui a eu carte blanche pour faire un projet ultracontemporain.



Ce projet digne des années 70 est encore moins acceptable qu’un précédent projet permettait de conserver le Muséum, d’intégrer les facultés de Médecine/pharmacie, en respectant leur valeur patrimoniale tout en permettant de faire de sérieuses économies et d’être en accord avec les exigences écologiques actuelles.



Comme pour la candidature de Rouen à la capitale européenne de Culture, ce projet de la Métropole pêche pour n’être pas économiquement ni écologiquement responsable. C’est probablement à cause de projets de ce type, à fort impact carbone, que Rouen a perdu ce concours, face à d’autres propositions plus modestes et raisonnables, davantage en accord avec les attentes de la population.


 


 


5) Les collections seront mieux exposées, mieux valorisées. Au-delà de la réhabilitation des bâtiments, le projet vise à mettre en valeur des collections qui constituent le cœur de la visite, relues à l'aune d'un nouveau paradigme : celui de croiser patrimoines naturels et culturels. Pour répondre à une demande des publics formulées lors des concertations, la médiation y sera davantage présente au service des collections et au profit des futurs visiteurs. Les nouvelles technologies seront présentes de manière mesurée. De plus :



  • La Métropole investit près de 8 millions d'euros pour mener un chantier des collections, opération consistant à inventorier, conditionner et stocker dans de bonnes conditions l'ensemble des œuvres, exposées ou non.

  • Les surfaces d'exposition permanente augmentent de 40 % par rapport à la situation actuelle (passant de 1900 à 2700 m2). Cela permettra notamment de développer l'accueil de groupes.

  • 4 500 œuvres seront exposées, dont certaines ne sont plus, ou n'ont jamais été présentées.

  • L'un des objectifs est de redynamiser la fréquentation, passée de 75 000 à 50 000 visiteurs entre 2018 et 2023.

 


Réponse d’Urgences Patrimoine :


 


Il est étonnant que le projet de la Métropole, misant sur une augmentation de la fréquentation, ne prenne pas en compte l’important éloignement des parkings. Il n’y a effectivement aucun grand parking à proximité et le plus proche est celui de la mairie, à 600m, avec un fort dénivelé et toujours plein. Comment assurer la desserte des bus et des voitures en plein tissu urbain hyperdense pour un projet qui se veut aussi ambitieux ?  Cela montre encore une réelle incohérence et un projet mal ficelé.


 


Les études de fréquentation ont montré que le public du musée des Antiquités n’est pas du tout le même que celui du Muséum et vice-versa. Ils se complètent donc.



C’est ce qui a toujours donné une dynamique touristique à ces deux musées avec pour chacun d’eux une identité propre, particulièrement marquée pour le Muséum. Son ambiance du XIXe siècle constituait un atout important, une plus-value patrimoniale et touristique majeure auprès d’un très large public, amoureux de cette ambiance romantique à la Harry Potter. Le public se déplaçait justement en famille pour apprécier cette magie des lieux, cette authenticité historique que tous les artifices numériques ne compenseront jamais.


 


En valorisant justement cette ambiance du XIXe siècle, en jouant sur ce charme désuet et poétique par la restitution de l’atmosphère d’antan, ce serait un atout muséographique exceptionnel pour l’attractivité touristique et surtout pour les scolaires, ce que très peu de musées propose. Alors que ce qui est proposé par la Métropole, c’est un musée contemporain qui ressemblera à tous les autres, avec les mêmes gadgets numériques, immersifs, interactifs, sensitifs, olfactifs très à la mode, sans grande originalité finalement.



Mélanger les collections du musée des Antiquités avec celles du Muséum dans un même fourre-tout autour du thème de la Seine (quelle pertinence !) ne présente non plus aucun intérêt muséographique pour le visiteur puisque les deux musées sont déjà accessibles au sein du même bâtiment. Qu’on nous explique l’intérêt muséographique de faire ce gloubi-boulga qui fait perdre la cohérence de ces collections.


 


En termes de surface d’exposition, la restauration du Muséum n’interdit aucunement son agrandissement par de nouvelles salles à construire dans les nombreux espaces vides au sein du couvent et notamment dans les facultés de médecine/pharmacie, en conservant l’amphithéâtre, avec évidement une scénographie du XXIe siècle, ce qui ferait sens avec celle du XIXe siècle.


 


Concernant la baisse de fréquentation depuis 5 ans, elle coïncide avec le départ de l’ancienne direction des musées Beauvoisine qui avaient mené une politique très dynamique en faveur des scolaires, ce qui n’est plus le cas depuis la reprise en main par la Métropole de la gestion de l’accueil du public. Cette baisse coïncide aussi avec la fermeture progressive de plusieurs salles du Muséum. Donc là encore, justifier la disparition du Muséum pour « redynamiser la fréquentation » n’est pas du tout cohérent.   



Quant à répondre à une demande des publics formulées lors des concertations qui rappelons-le n’a touché que quelques dizaines de personnes, notre pétition de plusieurs milliers de signatures montre au contraire que le public souhaite justement conserver ces deux musées et surtout ce Muséum du XIXe siècle.


 


6) Un projet construit en transparence avec la population depuis 2018. Depuis 2018, ont notamment été organisés : questionnaires aux visiteurs, réunion publique, 3 ateliers focus group, 3 balades urbaines, 2 ateliers scolaires, sorties hors les murs pour présenter le projet en 2021-2022, journée de concertation « Rêveries de Beauvoisine » le 1er avril 2023, lettres d'information...



Une nouvelle réunion publique est prévue en février 2024.



Je tiens à préciser que ce projet a fait l'objet d'un processus décisionnel totalement transparent et démocratique. En effet, par délibération du 13 décembre 2021, le Conseil métropolitain a approuvé le programme visant à la réhabilitation du pôle muséal Beauvoisine sur le territoire de la commune de Rouen et a décidé d'engager le lancement d'un concours pour la désignation du maître d'œuvre. Après une phase de présélection, 3 candidats ont été retenus le 31 août 2022. Chaque candidat a ensuite remis un projet, qui a été analysé de manière anonyme par un jury réuni le 7 juillet 2023. 4 critères ont été étudiés par le jury :



1) Qualité de la réponse architecturale et d'insertion dans l'environnement


2) Qualité du projet au regard des exigences du programme muséographique


3) Qualité du projet au regard des exigences du programme architectural, performance énergétique, environnement, BIM


4) Compatibilité du projet dans l'enveloppe financière prévisionnelle affectée aux travaux



Le jury s'est prononcé à l'unanimité en faveur du projet porté par le cabinet de Richard Duplat. A la suite, le Conseil de la Métropole Rouen Normandie a décidé, lui aussi à l'unanimité, d'autoriser le Président de la Métropole à contractualiser avec le lauréat du jury (délibération du 25 septembre 2023).


 


En conclusion, je tiens à insister sur le caractère absolument inéluctable des travaux projetés afin de garantir la pérennité du musée Beauvoisine, dont la fermeture définitive serait la pire des solutions. Le projet se construit bien entendu dans le respect des procédures réglementaires en vigueur, et je suis attachée à ce que la concertation engagée depuis 2018 se poursuive à l'avenir. Plus largement, la refonte du parcours et l'amélioration des conditions de visite ont pour objectif de placer Beauvoisine au cœur des enjeux du XXIe siècle, de faire partager au plus grand nombre la richesse des collections métropolitaines tout en respectant l'identité et l'âme des lieux auxquelles nous sommes tous attachés. Je reste à votre disposition pour échanger avec vous et vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.


 


Pour le Président et par délégation


La Vice-Présidente en charge de la Culture


Laurence RENOU


 


Réponse d’Urgences Patrimoine



La métropole parle de transparence avec la population. Ces « consultations citoyennes » n’ont été en fait que des animations proposées à quelques dizaines d’individus lambda autour de questions sur la dématérialisation, la digitalisation, les jeux vidéo, les expériences multisensorielles, immersives et interactives, et sur d’autres gadgets pour rendre un musée divertissant, donc uniquement sur des thèmes de médiation orientés dans le sens que la direction voulait donner à son projet. On appréciera le sérieux et l’exigence scientifique de la direction de ce projet qui a refusé la présence d’un véritable conseil scientifique de conservateurs de Muséum et des antiquités.



A la place, nous avons un scénographe qui propose des expériences inclusives, immersives, olfactives, une scénographie qui génère du bien-être et de l’estime de soi (il est prévu une salle de yoga…) avec surtout une déconnection de l’objet du texte explicatif pour « mieux favoriser le ressenti du visiteur ». Il s’agira de transformer le musée en un espace de divertissement avec très peu de texte et « sans prise de tête » pour apprécier de beaux objets, comme l’annonce la direction du projet. La Métropole parle de transparence mais à aucun moment la presse ni ces consultations n’ont évoqué la disparition du Muséum du XIXe siècle, la destruction des infrastructures du couvent du XVIIe siècle, la construction d’une tour de 3 étages en plein milieu du couvent et le devenir des facultés.



Et ce n’est que fin août 2023, avec la publication des premières images du projet que la population rouennaise a découvert l’ampleur de la catastrophe à venir.



La Métropole s’abrite derrière de nombreux critères pour la sélection du projet, avec tout le vocabulaire attendu, mais aucun de ces critères ne vise à la conservation du patrimoine et au respect du cadre architectural, environnemental et paysager. Il s’agit là encore d’éléments de langage bien rodés de la communication de la Métropole au service d’un vandalisme pleinement assumé.


 


Le public rouennais ne découvre qu’aujourd’hui l’ampleur du désastre patrimonial et culturel que représente ce projet. La pétition, qui a dépassé les 3200 signatures en deux semaines (avec aucune médiatisation), témoigne du refus et de l’indignation d’un très large public. Plusieurs conservateurs du patrimoine, architectes et inspecteurs en chef des monuments historiques, souhaitant rester anonymes, sont scandalisés par ce projet. Philippe Delerm, auteur d’un roman dont l’histoire se déroule dans ce Muséum, soutient notre cause et déplore la disparition de ces lieux chargés d’histoire. Les Amis des Monuments Rouennais nous ont aussi communiqué leur désapprobation à l’encontre de ce projet. L’Académie des Sciences, belles-lettres et arts de Rouen a aussi manifesté son mécontentement puisque ce projet signe la fin de l’Hôtel des Sociétés Savantes et qu’aucune réponse ne leur a été apportée pour leur relogement.


 


C’est donc un rejet massif et unanime qui se manifeste aujourd’hui à l’égard de ce projet mal pensé, coûteux et qui condamne à mort le Muséum d’histoire naturelle le plus ancien et le mieux préservé de France. La Métropole ignore complètement sa valeur patrimoniale et culturelle, et n’a jamais pris en considération l’attachement des rouennais à ces lieux chargés d’histoire.



Pour une ville qui prétendait devenir la capitale européenne de la culture, faut-il lui rappeler que la culture, c’est aussi le patrimoine architectural ? En effet, depuis plusieurs années, la ville ne s’est  pas illustrée dans la protection de son patrimoine bâti ni dans sa gestion comme en témoignent le projet de vente de quatre églises protégées MH (heureusement restées sans acquéreur), celui des facultés de médecine/pharmacie (en suspens mais qui se fera certainement), la destruction du couvent rue de Joyeuse, l’altération de l’aitre Saint-Maclou par la privatisation d’une aile, le Panorama XXL (l’improbable cylindre bleu) sur les quais de Seine qui a défiguré la perspective historique pendant 7 ans pour 10 M€, et plus anciennement l’immeuble remplaçant le palais des congrès, défigurant pour très longtemps la cathédrale. Et maintenant le démantèlement du Muséum et la défiguration du couvent de Beauvoisine. A quand des élus qui valoriseront le patrimoine culturel rouennais ? 


 


Nous invitons la Métropole à renoncer à ce projet ubuesque et à en proposer un autre, sur la base de celui de 2006, bien plus conservatoire, économique et écologique. Ce Muséum du XIXe siècle ainsi que tous les éléments patrimoniaux de Beauvoisine (planchers, vitrines, escaliers, amphithéâtre…) doivent être préservés et intégrés dans un nouveau projet digne ce lieu. Cette conservation n’interdit aucunement l’amélioration de la pédagogie du Muséum, la modernisation du musée des Antiquités et la construction de nouvelles salles affectées à une muséographie contemporaine, mais sans dénaturer l’architecture et l’environnement du couvent. Les facultés de médecine/pharmacie doivent être intégrées à ce projet ainsi que l’amphithéâtre pour offrir justement ces espaces complémentaires. Les Sociétés Savantes doivent bien évidemment demeurer en ces lieux, ce qui est une évidence pour tous.



Urgences patrimoine


Nous espérons que les arguments que nous avançons auront convaincu toutes les personnes soucieuses de l’avenir de notre patrimoine et plus largement, de notre culture.

 


Pour signer notre pétition, cliquez ICI : https://bit.ly/411cqMd

Nous avons été alertés de la démolition prochaine de l’un des édifices les plus anciens de la commune. Nous allons tout tenter aux côtés du collectif de défense du patrimoine local pour empêcher cet énième « patrimonicide », même si les délais de recours sont hélas largement dépassés.




 


La Ville de Carquefou est propriétaire d’un certain nombre d’édifices situés en cœur de bourg. Lancé il y a maintenant 10 ans, un projet de réhabilitation du bourg est en marche. Des bâtiments vont être détruits pour y construire des immeubles dont une tour historique de l’histoire de Carquefou : la Tour de la Banchetière (photo 1). La maire de Carquefou a estimé que cette tour « n’avait aucun intérêt patrimonial ». Retour sur une commune qui prévoit, avec de l’argent public, la destruction d’une partie de son histoire.





Un emblème de Carquefou menacé



La Tour de la Blanchetière est l’un des bâtiments les plus anciens de la commune. Construite avant la Révolution sur le point le plus élevé de Carquefou, elle a servi longtemps de tour de guet pour prévenir soit des inondations dues aux débordements du Charbonneau (fleuve proche), soit d’incendies dans les marais l’été, soit de mouvements éventuels de troupes. Au fur et à mesure du temps, elle s’est intégrée à un ensemble de bâtiments attenants à la maison Libeau, construite en 1840 (photo 3 et photo 4).






Une démolition sans consentement citoyen



Dans le cadre du projet, la Ville a racheté peu à peu des parcelles dont la Tour de la Blanchetière en 2013-2014. En 2022, le conseil municipal a voté une partie des démolitions, en tranche ferme et une tranche « optionnelle » incluant la Tour, en 2022. Depuis ce vote, le conseil municipal s’est prononcé sur un scenario de projet sans mention des bâtiments à détruire. Au printemps 2022, des ateliers participatifs étaient organisés par la Ville pour recueillir des avis citoyens. Les participants se sont exprimés massivement en faveur de la préservation de la Tour.



En septembre 2023, Mme la maire a déclaré que « cette tour n’a[vait] aucun intérêt patrimonial » et qu’elle s’était « appuyée sur des experts, l’association le Temps qui passe » (cf. Conseil municipal 28/08/23). Cette association met en lumière l’histoire et le patrimoine de la Ville. Quelques jours après cette déclaration, les responsables de l’association ont démenti cette information par voie de presse en indiquant « être tombés des nues », et que ce « n’était pas la position de l’association ». Ils ont affirmé haut et fort : « Cette tour a intérêt patrimonial » . En définitive, ni la voix des citoyens, ni la voix des défendeurs du patrimoine n’ont été écoutées.





Une restauration possible : l’exemple de la Tour de la Massonerie à 7 kilomètres (Sainte-Luce-sur-Loire)



A quelques kilomètres à peine, la Tour de la Massonerie, située à Sainte-Luce-sur-Loire, a vécu un programme de restauration en 2019. Initialement un escalier menant au presbytère à laquelle elle était attachée, la tour-escalier a désormais une vocation ornementale. En effet, la Ville de Sainte-Luce-sur-Loire a décidé d’intégrer ce bâtiment historique datant du XVIIe siècle au cœur d’un quartier en plein renouvellement. Le pari est réussi : redonner vie à un vestige du passé et l’intégrer à un renouvellement urbain.




Le patrimoine : un trait d’union entre le passé et l’avenir



Au-delà de son attrait historique et architectural, la tour de la Blanchetière symbolise le Carquefou d’antan. Elle a résisté à l’envahissement du Duc de Normandie en 1341, puis au dépouillement lors de la Révolution française et s’est intégrée aux activités de négoce en vin de la famille Libeau de la fin du XIX e à la moitié du XX e siècle. Aurait-on imaginé qu’un jour, désormais propriété de la Ville, elle soit rasée grâce à des deniers publics à des fins de rentabilisation du foncier ?





Comment pourrons-nous justifier la décision de détruire des témoins de notre histoire commune aux futures générations ?



Comme le disait Saint Exupéry, l’avenir, tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre, permettons un avenir à la Tour de la Blanchetière pour transmettre aux générations futures un bout de notre territoire d’autrefois. Oui à la sauvegarde de la Tour de la Blanchetière !



Jéromine DA PRAT, conseillère municipale à Carquefou



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