Ohé, ohé patrimoine abandonné !
Encore un article qui va déranger les populations confinées et hermétiques à tout autre sujet que le virus qui nous touche. Mais essayons de nous entendre dans cette période qui devrait être une période de fraternité et d’apaisement permettant de supporter l’insupportable et, surtout, essayons de penser qu’il y aura un « après ».
Un « après », c’est ce qu’attend le maire de La Chapelle-Saint-Mesmin, en se désolant de l’état d’abandon d’un élément du patrimoine architectural de sa commune et qui appartient au Centre Hospitalier. Cet édifice qui faisait office d’EHPAD jusqu’en 2018 est désormais fermé et régulièrement squatté.
Sa vente à un promoteur avait été envisagée dès sa fermeture, mais pour le moment, visiblement, aucun projet de rachat n’a abouti. Même si les issues ont été condamnées, cela n’empêche pas les squatteurs de saccager régulièrement les lieux. Si une solution rapide n’est pas trouvée, que restera t-il de « l’ancien séminaire » ? Pas grand-chose à priori, car l’ensemble est déjà fort dégradé.
En pleine épidémie de corona virus, la direction de l’hôpital a d’autres préoccupations que l’avenir de son patrimoine bâti, et c’est bien légitime. Mais une fois cette crise passée, il faudra peut-être songer à sauvegarder cet élément de la mémoire collective. D’ailleurs, il n’y a, hélas, pas qu’à La Chapelle Saint-Mesmin que les hôpitaux n’ont que peu d’inclination pour leur patrimoine bâti. Il suffit de se rappeler le triste sort du presbytère de Mamers.
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Sources : La Nouvelle République du Centre Crédits photographiques : Pascal Proust
Ne pas sauver les pierres, est-ce sauver les hommes ?

En ces temps troublés, nous assistons à un déferlement de haine sur les réseaux sociaux, à partir du moment où les causes défendues ne sont pas en rapport avec le corona virus.
Nombreux sont ceux qui crient à l’indécence, à l’ignominie et qui voudraient voir pendus haut et court ceux qui ont décidé de continuer à s’investir dans la cause qui est la leur.
Nous, les « sauveurs de mémoire », respectons tous ceux qui œuvrent pour le bien des hommes et qui s’exposent au péril de leur propre vie un peu plus chaque jour. Nous admirons tous les acteurs qui jouent un rôle déterminant pour sauver nos vies et mais également ceux qui nous permettent de vivre au quotidien. Nous les admirons, parce que nous sommes conscients que, sans eux, les choses seraient bien pires et nous les admirons d’autant plus que nous sommes, pour beaucoup d’entre nous, impuissants, parce que notre fonction dans la société n’est pas en rapport avec les urgences du moment.
Nous sommes donc contraints d’assister passivement à leur héroïsme. La seule chose que nous pouvons faire pour les aider, c’est de rester chez nous. Mais rester chez nous ne signifie pas rester inactif.
Nous avons donc fait le choix de continuer à faire ce que nous savons faire, mais en culpabilisant.
« Les hommes pourront reconstruire des châteaux, mais les châteaux ne sauveront pas des hommes ». Cette phrase nous a été adressée, mais elle nous semble totalement hors-sujet. Car les hommes qui essaient de sauver des châteaux ne peuvent rien faire pour sauver les hommes. Faut-il les condamner pour autant ?
Nous avons lu aussi : « Monsieur Bern n’a qu’à donner l’argent qu’il récolte pour le patrimoine au personnel soignant. » De l’argent, il en faut pour tout et il n’y en a jamais assez. Mais nous n’en avons pas demandé. Seulement, le simple fait de parler d’autre chose que de virus est visiblement une atteinte au respect du personnel de santé.
Alors pour nous « déculpabiliser », ce matin, nous avons interrogé deux médecins, dont un qui est probablement touché par le virus.
À la question « trouvez-vous indécent de continuer nos actions en faveur du patrimoine, pendant que vous êtes submergés de travail ? » Voici leurs réponses.
Docteur Olivier K :
« Moi ça ne me choque pas du tout. La vie ne s’arrête pas, parce qu’il y a le corona. »
Docteur Henry M, médecin urgentiste :
« La vie ne s’arrête pas aux hôpitaux, bien heureusement, et il est indispensable de maintenir ses activités propres lorsqu’elles sont autorisées. Aussi, je ne vois vraiment pas ce que l’on peut reprocher à ceux qui défendent le patrimoine. Il faut qu’ils continuent leur engagement comme ils l’ont toujours fait, avec passion et dévouement. Les atrabilaires et autres pisse-menus de la première heure seraient bien plus inspirés de fermer leur g... Mais hélas, on ne peut rien contre la bêtise humaine... »
Parce que nous sommes vivants, il est important de continuer à faire ce que nous savons faire et quand nous avons la chance de pouvoir encore le faire.
Alors ne soyez pas vindicatifs avec ceux qui n’évoquent pas le corona virus et la maladie en permanence. D’ailleurs s’ils n’en parlent pas, c’est surtout parce qu’ils n’en ont pas la compétence. En revanche, ils ont peut-être celle de donner un avenir à des édifices qui seront source de travail pour des artisans qui sont aujourd’hui confinés chez eux, souvent sans ressources, et qui seront heureux de se remettre à l’œuvre dès que cela sera rendu possible.
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Stéphane Bern au chevet du Château de Westhove

26 mars 2020, 20h50 : La Gazette du Patrimoine reçoit un mail de Monsieur Stéphane Bern qui souhaite apporter son soutien au Château de Westhove : « Même si en ces temps troublés le patrimoine risque d’être délaissé, je crois qu’il est bon de ne pas baisser la garde et de tout mettre en œuvre pour le sauvegarder. »
Être unis pour une même cause, c’est décupler la possibilité de sauver ce qui peut l’être. Donc, s’unir pour donner un avenir du Château de Westhove est une marque forte d’engagement de chacun d’entre nous. À l’heure où les priorités sont ailleurs, il faut une certaine forme de courage pour défendre le patrimoine. Nous avons fait le choix de continuer nos combats en faveur de notre mémoire collective, même si nous devons essuyer les critiques de ceux qui oublient qu’il y aura un « après ».
Nous remercions donc Monsieur Bern d’apporter aujourd’hui son soutien à Urgences Patrimoine et à l’association « Élan du Château de Westhove », afin de trouver une solution pérenne à la survie de l’édifice.
Voici son message :
« Plus que jamais, les élus, et plus particulièrement les maires, ont une responsabilité primordiale pour la sauvegarde du patrimoine de notre pays. Ce patrimoine, c’est de la beauté à portée de tous, c’est ce qui relie chacun dans les villages à une histoire commune, c’est ce patrimoine qui est porteur de racines et de convivialité entre les habitants. Je suis indigné et révolté par l’état d'abandon du château de Westhove, pourtant inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 2011, dans l’indifférence totale des élus locaux. J’apporte résolument mon soutien total à toutes les actions citoyennes menées par Urgences Patrimoine et l’association « Élan du Château de Westhove » pour que l’on protège et sauvegarde ce trésor de notre patrimoine dans le Pas-de-Calais. Il est aussi le témoin d’une formidable aventure industrielle qui ne doit pas tomber dans l’oubli ».
Nous tenons à remercier également tous ceux qui nous ont adressé leur soutien sur les réseaux sociaux. Il semblerait que le sort de Westhove suscite bien plus d’intérêt que certains pouvaient le penser. La vague de démolition grandissante depuis quelques années n’est sans doute pas étrangère à cette mobilisation.
Nous espérons que Monsieur le Maire de Blendecques saura entendre la voix de la raison, notamment à travers le message de Stéphane Bern, et acceptera de céder l’édifice au lieu de le laisser à l’état d’abandon, voire pire, de le démolir.
Bien entendu, nous vous tiendrons au courant de nos démarches.
Si ce n’est déjà fait, merci de signer notre pétition ici.
Lire notre précédent article sur ce sujet.
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Crédits photographiques :
Stéphane Bern/Elan du château de Westhove
Maire réélu = Château foutu !

À Blendecques (62), la réélection du maire sortant, Rachid Ben Amor, condamne le Château de Westhove.
Alors que l’élu prévoit la construction d’une nouvelle salle des fêtes et d’un établissement pour personnes âgées, il n’est toujours pas question pour lui de faire restaurer le Château qu’il a abandonné depuis des années. Il est important de rappeler que l’édifice est protégé dans son intégralité au titre des Monuments Historiques, depuis le 16 décembre 2011.
Nous nous interrogeons quant à la valeur de cette protection, car à quoi sert-elle et que fait la DRAC ? En théorie, le propriétaire d’un édifice protégé est contraint de faire réaliser les travaux d’entretien et de restauration. Or, dans le cas de Westhove, l’abandon du bâtiment par la commune est chose manifeste et aucune action n’est prévue à ce jour sauf celle de le raser.
Urgences Patrimoine avait contacté la personne en charge de ce dossier à la DRAC des Hauts-de-France, mais aucune réponse de sa part. Aucune réponse non plus de la part de François Decoster, pourtant fervent défenseur du patrimoine du pays de Saint-Omer. Le Château de Westhove semble désespérément abandonné de tous, même des plus hautes instances.
Une question se pose quand-même. Que Monsieur le Maire ne souhaite pas restaurer l’édifice et qu’il n’ait aucun intérêt pour le patrimoine de sa commune, c’est une chose, mais pourquoi vouloir absolument démolir ce château ? Pourquoi ne pas le vendre à quelqu’un qui saura lui donner un avenir?
Même une vente à l’euro symbolique permettrait à la commune de se « délivrer » de ce dossier, sans dépenser d’argent public. Car on nous dit que la restauration coûterait trop cher, mais on oublie souvent de parler des frais de démolition, qui sont souvent très importants.
Alors si Monsieur Ben Amor respecte ses administrés, il ne devrait pas utiliser l’argent public pour démolir un château qui dans d’autres mains, pourraient sortir de sa torpeur.
Urgences Patrimoine attendait les élections pour « relancer » les démarches pour la sauvegarde de Westhove, est espérant qu’une autre équipe municipale se mette en place, mais comme le maire sortant a été réélu, tout est à refaire et, sans doute cette fois, de façon très urgente.
N’oublions pas que cette affaire est le combat d’une association locale depuis des années et nous avons une pensée particulière pour son Président, Monsieur André Bideaux.
À l’heure où les priorités sont ailleurs, et c’est bien légitime, n’oublions pas qu’il y aura un « après » et que le combat contre les démolisseurs ne devra pas cesser.
Une pétition avait été mise en ligne, n’hésitez pas à la signer ici.
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Crédits Photographiques : Photos 1-2 : La Voix du Nord Photos 3-4 : André Bideaux
Quand le patrimoine est sauvé par les urnes !

Saint-Bris-Le-Vineux est un charmant village de l’Yonne où la menace de voir détruire des arbres centenaires planait depuis plus d’un an. En effet, la municipalité en place souhaitait mettre à terre les grands arbres du parc de la commune, afin d’y construire en lieu et place une école en béton, comme on les voit pousser un peu partout.
À l’heure où l’on « revégétalise » un peu partout et où l’on replante des arbres joyeusement, la commune de Saint-Bris, n’entendait pas suivre cette « mode ». Inspirée sans doute par ce que nous appelons couramment « la France des parkings », Madame le Maire n’avait rien voulu entendre des appels désespérés d’une grande partie de ses administrés, qui refusaient de voir disparaître leurs arbres et leur parc.
Mais certains pourront penser que l’éducation de nos chères têtes blondes vaut bien que l’on sacrifie quelques arbres. Sauf qu’à Saint-Bris, les enfants ont la chance et le privilège d’être « instruits » dans un château. Alors l’école en béto n’était pas vraiment utile, et le budget consacré à la nouvelle construction, aurait pu être utilisé pour faire quelques aménagements dans l’édifice multi-centenaire.
Sauf que Madame le Maire, Rachel Leblond, avait dit non ! Mais c’était sans compter sur la détermination d’une poignée « d’irréductibles Gaulois », enfin, « d’irréductibles Bourguignons », qui n’ont pas voulu se laisser faire, et ils ont bien eu raison.
Bruit sur les réseaux sociaux, articles dans la presse locale, pétition… tous les moyens ont été bons pour faire entendre leurs voix.
La partie semblait perdue et le bruit des tronçonneuses n’allait pas tarder à se faire entendre à son tour. Mais cette fois, c’était sans compter sur les élections municipales. Car quand on aime sa commune, on défend son patrimoine jusqu’au bout et, donc, on se présente contre le Maire en place.
Et quand on aime sa commune et son patrimoine, on gagne les élections !
Nos « irréductibles Bourguignons », Olivier Félix en tête, ont gagné, alors que beaucoup croyaient à leur défaite. « Une liste qui défend le patrimoine ? Mais quelle drôle d’idée. Ils ne seraient pas un peu « réacs » ces gens-là ? ».
Et bien non. On peut très bien avoir un beau projet d’avenir pour sa commune, tout en respectant son passé. Ce n’est pas être « réac » que de faire ça, c’est être respectueux de l’histoire locale, respectueux de sa terre et respectueux de ceux qui y vivent. Alors, nous ne pouvons que dire bravo à ceux qui n’ont jamais baissé les bras et qui sont aujourd’hui récompensés.
Les urnes ont parlé, le patrimoine de Saint-Bris est sauvé !
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Crédits photographiques : Photo 1 : S’unir pour un village d’avenir Saint-Bris Bailly 2020 Photo 2-3-5 : Saint-Bris Bailly Patrimoine Photo 4 : Philippe de Coninck
Comme un parfum de démolition

C’est l’histoire d’une petite gare qui, depuis 1990, était une maison d’habitation. Les locataires ont eu la mauvaise surprise de recevoir un courrier les sommant de quitter les lieux en janvier. Le motif ? L’édifice serait trop près des voies et, donc, ne répondrait pas aux normes de sécurité.
Sauf que les voies ont toujours été à la même place, et cela n’avait jamais inquiété personne.
Interrogés par le journal La Voix du Nord, les locataires font part de leur stupéfaction.
« Ils ne comprennent pas pourquoi la SNCF leur a demandé de quitter les lieux. Pendant plus de trente ans, l’ancienne gérante du point d’arrêt, Annie Deprest, a habité la maison de chemin de fer de Landas avec son époux et l’a entièrement réhabilitée. Mais ils ont dû rendre les clés en janvier.
Elle ne leur appartenait pas, mais c’était comme leur maison, la gare de Landas. Annie Deprest y a emménagé avec son époux, Michel, et leurs deux enfants en 1986, alors qu’elle débutait comme gérante de point d’arrêt. En trente ans, ils ont presque tout rénové à l’intérieur des murs vieux de 1870, alors qu’ils n’étaient que locataires. L’envie de se sentir chez eux.
Puis vient la retraite d’Annie à l’été 2018, avec une bonne douche froide dans la foulée : « J’ai reçu un courrier de la SNCF dans les semaines qui suivaient pour me demander de quitter la maison, explique-t-elle la gorge encore nouée. Je n’en revenais pas, ils disaient que la maison ne répondait pas aux normes de sécurité car elle était trop proche des rails, et qu’ils ne pouvaient pas la céder à un tiers. » N’étant pas propriétaires, et le bail n’étant rattaché qu’à un contrat de travail, comme une sorte de logement de fonction, leur surprise peut toutefois surprendre. »

Sauf qu’après leur départ, il n’y aura pas de travaux et personne n’habitera plus ici. Que va devenir ce petit édifice vieux de 170 ans ? Il finira sans doute sous les pelleteuses, même si pour le moment la SNCF s’en défend. Mais soyons lucides. Si la gare est jugée dangereuse par la proximité de ses voies, elle n’a aucun avenir, et ne fera pas partie des 1001 gares réhabilitées.
Pourtant ce lieu était hautement symbolique, puisque sa construction coïncidait avec l’inauguration de la première ligne Lille-Valenciennes en 1870.

Que les amoureux du patrimoine ferroviaire se rassurent, il leur restera toujours de vieilles cartes postales et ils pourront même acquérir une réplique de la gare de Landas sur un site spécialisé dans la vente de maquettes, à destination des collectionneurs de trains miniatures.

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Crédits photographiques : La Voix du Nord
Quand la mort devient art

Comme nous parlons beaucoup de patrimoine funéraire depuis notre implication pour la sauvegarde de la tombe du petit Raymond de Bellissen-Bénac à Foix, nous nous permettons une petite visite au Cimetière Russe de Sainte-Geneviève-des-Bois où l’on peut admirer l’une des plus belles et insolites tombes de France.
Insolite non pas pour son gigantisme, comme peuvent l’être certaines chapelles ou certains mausolées réalisés à la gloire de personnes illustres, mais insolite par sa facture. Une tombe humble par sa taille et par son emplacement sur le côté d’une allée, mais remarquable et époustouflante par sa réalisation.
Cette tombe bien connue est celle du danseur et chorégraphe Rudolf Noureev, décédé en 1993. C’est un tapis de mosaïque qui recouvre entièrement la tombe et l’effet est subjuguant. Le défunt souhaitait que sa dernière demeure ait un parfum d’Orient, et cette réalisation du décorateur et costumier Ezio Frigerio ne pouvait être plus évocatrice. On se demandera un instant si la symbolique de ce tapis n’est pas aussi une façon de faire voler Noureev vers les cieux, mais aussi, peut-être, une façon pudique de se cacher de la mort, tout en imposant sa présence à celui qui viendra se recueillir.
Au passage, nous ne pouvons que féliciter les personnes en charge de ce cimetière, qui est extrêmement bien entretenu.
En savoir plus :
Suivant sa volonté, Rudolf Noureev fut inhumé au Cimetière russe de Sainte-Geneviève des Bois en région parisienne. La cérémonie se déroula le 12 janvier 1993. Le lundi 6 mai 1996, le caveau de Rudolf Noureev fut inauguré dans le cimetière russe de Sainte-Genevière-des-Bois. C’est Ezio Frigerio, décorateur qui a souvent collaboré avec Noureev, qui en a assuré la conception et la réalisation. Entièrement revêtu de mosaïque, ce tombeau se présente sous la forme d’un kilim recouvrant les malles de l’errance. Il est aussi un rappel de l’Orient d’où Noureev était originaire et rappelle son goût du voyage.
C’est Ezio Frigerio lui-même qui, dans une lettre émouvante, raconte cette expérience :
« Après avoir suivi de très près le destin glorieux de Rudolf Noureev, on m’a confié la tâche d’en imaginer le tombeau : un mandat qui m’enthousiasmait et qui en même temps me meurtrissait. Il m’était en effet extrêmement difficile de l’imaginer immobile pour toujours. N’importe quel symbole de fin, de fermeture, me semblait à éviter, me paraissait même répugnant. J’ai donc décidé que si le légendaire nomade s’en était allé, et pour toujours, il fallait que son ultime départ ne soit pas marqué dans le temps par une pierre tombale mais par quelque chose lié à ses expériences vécues sur terre. J’ai ainsi eu l’idée d’un grand tapis multicolore qui recouvre le scandale du cercueil avec toutes les suggestions de l’art oriental, tellement proches de l’esprit et de la nature profonde du grand ami disparu. » (Source : Fondation Noureev)
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Cimetières et patrimoine funéraire. Étude, protection, valorisation
Pour tous les passionnés et les amateurs de patrimoine funéraire, mais également les associations et les collectivités territoriales, ce riche document mis en ligne par le Ministère de la Culture vous sera d’une aide précieuse et apportera des réponses à vos questions.
« La mission de l’Inventaire général du patrimoine culturel publie un nouveau volume de la collection Documents & Méthodes, fruit d’une collaboration avec la cellule Patrimoine du service des Cimetières de la Ville de Paris.
Vocabulaire, décryptage des symboles et de l’ornementation funéraire, analyse des formes, exemples d’études de cimetières, protections patrimoniales et tentatives de plans de gestion, expériences de valorisation des bâtiments et des tombeaux, transformations en jardin public à l’occasion du passage au zéro phyto… sont autant de sujets abordés dans ce manuel. Sa vocation est d’apporter aux professionnels du patrimoine, comme aux gestionnaires des collectivités territoriales, aux associations locales, comme aux étudiants, des outils pour mieux comprendre ce patrimoine et lui permettre de trouver sa juste place parmi les marqueurs du territoire. »
DUHAU Isabelle, GROUD Guénola (dir.), Cimetières et patrimoine funéraire. Étude, protection, valorisation. Paris, Ministère de la Culture, direction générale des Patrimoines, 2020, 365 p. (Documents & Méthodes, ISSN 1150-1383 ; 12). ISBN : 978-2-11-162044-5.
Télécharger le PDF : (27 Mo)
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Sale temps pour les couvents...
Après la démolition du couvent de Vif, dans l’Isère, et celui de Sète, dans l’Hérault, c’est au tour de celui de la communauté des sœurs du Bon Pasteur à Angers de dire adieu après 200 ans de bons et loyaux services.
« Pas grand intérêt patrimonial, ces 6000 m2 de bâtiments », disent les élus pour justifier cette décision. À la place, Mesdames, Messieurs, pas 10, pas 20 pas 50… mais 120 pavillons vont voir le jour dans l’un des derniers « poumons verts » de la ville. 5 hectares de verdure, quelle horreur ! Une zone pavillonnaire, c’est tellement mieux. À l’heure où l’on plante des arbres partout, ici, on va les abattre. Oh… mais rassurez-vous, ces arbres n’avaient qu’une trentaine d’années, donc, visiblement, c’est un argument recevable pour tronçonner joyeusement et bétonner tout ce qui peut l’être.
120 logements, cela va représenter environ 500 habitants. N’aurait-on pas pu imaginer de de réhabiliter ce couvent en commerces de proximité, en centre culturel, en maison médicale et bien d’autres choses encore utiles à la collectivité ?
Non, le patrimoine, ici, on n’en veut surtout pas. Le passé doit rester le passé et vive l’avenir. Pourtant, réhabiliter l’existant demeure un geste bien plus écologique pour notre pauvre planète, au lieu de produire des tonnes de gravats dont on ne sait souvent que faire.
Avant la « mise à mort »de l’édifice, la ville aura pris soin d’organiser une belle manifestation culturelle, afin que les habitants du quartier, et d’ailleurs, découvrent leur patrimoine de proximité avant qu’il ne disparaisse. Une grande fête populaire autour de graffeurs qui ont recouvert les murs de leurs œuvres.
Nous reconnaissons que certains ont du talent, et leurs œuvres, sur des murs en sursis, peuvent être considérées comme des voiles pudiques jetés sur un condamné. Nous ne sommes pas réfractaires à ce genre de projet (bien que certaines œuvres soient très contestables par leur sujet) , car, « perdu pour perdu », ce dernier hommage a le mérite de mettre en lumière les « talents d’aujourd’hui ».
Mais de là à en faire une grande fête populaire avec saucisses/merguez, cela nous semble un peu exagéré.Et puis quelle leçon vont retenir les enfants de cette expérience ? Le risque qui est pris ici est que ces jeunes, qu’il faudrait absolument sensibiliser à la cause du patrimoine, penseront que c’est « chouette » de détruire les vieilles pierres. La preuve : on organise une fête à cette occasion.
Enfin, l’heure n’est plus à la polémique. Pour le couvent, « la messe est dite » et les pelleteuses ne devraient plus tarder à faire leur entrée.
Regarder la vidéo de Art, Nature et Patrimoine.
Lire l’article de Ouest France.
Lire nos précédents articles sur le même sujet :
Couvent de Vif.
Couvent de Sète.
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Crédits photographiques : Photo 1 : Ouest France Photos 2-3 : Le Courrier de L’Ouest Photo 4 : Anjou Tourisme
Bellissen-Bénac : plutôt deux FOIX qu'une !

Nous vous avons déjà, par trois fois, fait part de notre projet de sauvegarde de la tombe du petit Raymond de Bellissen-Bénac, mort à l’âge de 10 mois en 1879, et enterré sur les terres de la propriété familiale, juste à côté du château de ses parents, qui fut depuis détruit et remplacé par l’Hôtel du Département. Lors de l’alerte lancée par Olivier Munin, un amoureux du patrimoine qui a de nombreuses attaches à Foix, nous avons appris que cette tombe est dans un état déplorable. Mais elle se trouve sur un terrain privé. Toutefois, nous avons pris contact avec les propriétaires et nous sommes en train d'envisager le futur chantier de restauration.
Mais il y a un autre problème. Et de taille. C’est grâce au commentaire d’un internaute, suite à une de nos publications antérieures, que nous avons appris et compris qu'une autre tombe est en danger et c'est celle du baron Cyprien de Bellissen-Bénac, le père du petit Raymond. Cette tombe fait effectivement partie des tombes « chapelles » du cimetière du Champ-de-Mars, à Foix, dont les concessions sont désormais à reprendre.
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Le baron Cyprien de Bellissen-Bénac fut une grande figure de Foix, de l’Ariège et bien plus encore. Il fut notamment Député du Canton de Foix et l’histoire nous dit qu’il serait à l’origine de la sauvegarde du château des comtes de Foix, quand, au début du XXe siècle, il était question de le démolir.


Cyprien de Bellissen-Bénac serait donc un oublié de la République ? Nous pensons qu’il s’agit là d’une erreur d’appréciation de la part de la municipalité, et que nous réussirons à trouver une issue heureuse à cette seconde « affaire » Bellissen-Bénac.

Vendredi, nous avons contacté le service de l’état-civil de la ville qui est en charge des reprises de concessions, mais, hélas, nous ignorions le numéro d’enregistrement de la tombe. La charmante personne que nous avons eue au téléphone n’a pas donc pu nous renseigner quant au coût d’une éventuelle reprise. Reprise que nous serions obligés d’envisager, si bien entendu, la commune ne revenait pas sur sa décision de vendre la concession Bellissen-Bénac.

Dès lundi 9 mars, nous contacterons l’adjoint au maire en charge des cimetières, afin de connaître les diverses options envisageables pour conserver la mémoire de cette figure historique de la ville de Foix, de l'Ariège et de la France qui, comme pour son petit Raymond, mérite bien de reposer ici en paix pour l ‘éternité.
Si nous parvenons à mener à bien ce genre de projet de sauvegarde, ce sera grâce à la mobilisation citoyenne sur les réseaux sociaux. Aussi nous faut-il remercier, par avance, Jules Allais, qui est devenu un de nos correspondants sur place, ainsi que Christelle Canal, Sandra Dunes et Jean-Patrick Maillard dont nous devons saluer la réactivité et l'enthousiasme. Merci également à La Dépêche du midi et donc au journaliste Laurent Gauthey qui nous ac contacté afin de relayer ces informations dans la presse locale — ce qui nous apportera un soutien supplémentaire.

Lire nos précédents articles sur le même sujet :
Pas de repos éternel pour Raymond ?
Raymond devrait reposer en paix
Derniers rebondissements
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Crédits photographiques :
Photo1-6 : Christelle Canal
Photo 2-5 : Sandra Dunac
Photo 3-8 : La Dépêche du Midi.
Photo 7 : (Jules Allais devant la tombe du petit Raymond) Jean-Patrick Maillard
Municipales 2020 - Votez patrimoine !

Le 15 mars auront lieu les élections municipales.
Il y a bien entendu des sujets plus graves que la sauvegarde du patrimoine, mais un élu qui ne respecte pas l’histoire de sa commune est-il vraiment capable de respecter ses administrés ?
Urgences Patrimoine est née il y a six ans, juste après les municipales en 2014. En six ans, nous avons assisté sur l’ensemble du territoire, à des démolitions souvent injustifiées, la plupart du temps au nom de la réserve foncière.

Nous avons constaté souvent impuissants, à l’abandon manifeste de dizaines d’édifices religieux qui attendent que le glas des pelleteuses sonne pour eux.
Cette situation n’est pas admissible, surtout dans un pays connu dans le monde entier pour la richesse de son patrimoine et la diversité de ses paysages.
Jamais nous ne nous autoriserons à faire de la politique, mais en revanche, nous continuerons, sans relâche, notre guerre aux démolisseurs.

Cette guerre, chacun peut la faire, en commençant par élire un Maire soucieux de l’avenir du patrimoine de sa commune. Un Maire qui aura des projets de réhabilitations intelligentes, qui sera capable d’anticiper certaines dégradations et qui entreprendra des chantiers de mise en valeur de son patrimoine bâti et de son patrimoine naturel.

En agissant ainsi, un élu ne précipitera pas sa commune vers une la ruine. Bien au contraire, il ne pourra que la rendre plus prospère. N’oublions pas que la culture et le tourisme sont des vecteurs économiques importants, et les mépriser, c’est se priver de réelles richesses. Alors peut-être est-il temps de ne pas trop se préoccuper des étiquettes politiques, mais soucions-nous plutôt de l’avenir de notre mémoire collective.


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Crédits photographiques :
Photos 1 et 6 : Alexandra Romanski
Photo 2 : Le Parisien : Château de Lagny le Sec
Photo 3 : Ouest France : Chapelle de Sablé sur Sarthe
Photo 4 : Vosges Matin : presbytère de Bussang
Photo 5 : Le Journal du Centre : Église d’Asnan
Péril en la demeure

Découvrez le reportage réalisé par le journaliste Armel Joubert des Ouches, qui résume bien l’état calamiteux de certains édifices de notre territoire.
Châteaux délaissés par des propriétaires privés ou abandonnés par des communes méprisant leur patrimoine.
Heureusement, en fin de reportage, un peu d’espoir nous est donné grâce aux propriétaires du Château de Tanlay, rendu célèbre par Angélique, marquise des anges.
Regarder le reportage ici.
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Crédits : Armel Joubert des Ouches www.vertemeraudeproductions.com
Incendie de l’église Saint-Trivier : après la consternation, le miracle

L’incendie de l’église de Saint-Trivier-de-Courtes survenu dimanche soir a ému les internautes. Mais c’est surtout de ce village de l’Ain que l’émotion fut la plus grande.
Pour le Maire, la Paroisse et les habitants, cet épisode douloureux n’a pas été sans leur rappeler le tragique incendie de Notre-Dame-de-Paris. Certains ont d’ailleurs surnommé leur église « la petite Notre-Dame ».
Après l’émotion pour certains, voire le traumatisme pour d’autres, l’heure est au bilan. Après avoir vu les flammes dévorer le clocher et assisté à l’effondrement sa flèche, le pire était à craindre, en particulier pour les œuvres contenues dans l’église.
Or malgré la violence de l’incendie, aucun sinistre concernant les œuvres est à déplorer.
Contrairement à ce qui avait été écrit dans la presse, le Maire a pu ouvrir l’édifice et avec l’aide des pompiers et des élus présents, tous les tableaux et objets qui pouvaient être en péril ont été retirés rapidement et placés en lieu sûr.
Seul le Christ sur Poutre de Gloire n’a pas pu être décroché, mais il a résisté a l’effondrement de la flèche. On peut vraiment parler de miracle en ce soir du premier mars 2020 à Saint-Trivier-de-Courtes.
Seule une main de la statue de la Vierge, située à l’extérieur de l’édifice, a été endommagée.
Concernant l’église elle-même, il faudra donc reconstruire la flèche, une petite partie de la charpente et panser les plaies de la toiture, mais le pire a vraiment été évité.
Quant aux causes exactes de l’incendie, il semblerait que ce soit un court-circuit dans le système électrique de l’horloge du clocher qui soit responsable du sinistre, court-circuit survenu, peut-être, suite aux violents orages qui ont sévi ce jour-là.
Bien évidemment, ce genre d’accident génère, chez certains, des commentaires haineux. Si effectivement, les profanations et autres actes de vandalismes « gratuits » dans les églises, sont de plus en plus fréquents, ou du moins, de plus en plus médiatisés, concernant le drame de Saint-Trivier-de-Courtes, il ne s’agit en aucun cas d’un acte perpétré par un déséquilibré ou pire, par un terroriste.
C’est bel et bien un accident, comme cela peut se produire dans n’importe qu’elle maison d’habitation, ou dans tout autre édifice. Bien entendu, peut-être qu’une vérification des systèmes électriques des églises devrait se faire de façon plus régulière pour éviter ce genre de sinistre, mais malheureusement, ce n’est pas nous qui faisons les lois.
Saluons encore une fois le courage et le professionnalisme de tous ceux qui, en ce soir du 1er mars, ont tout mis en œuvre pour que les dégâts soient limités et qu’il n’y ait eu aucune victime à déplorer.
Si les miracles sont la spécialité de Lourdes, il y en a bien eu un ce soir-là à Saint-Trivier-de-Courtes.
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Crédits photographiques : Photo 1 et 2 Jordan Photographie : https://www.facebook.com/jordanphotographie01 Photo 3 et 4 : Frédéric Vibert
La tombe du « petit Raymond » à Foix : derniers rebondissements

C’est en janvier qu’Urgences Patrimoine a été alertée au sujet de la possible démolition de la tombe de Raymond de Bellissen de Bénac, un bébé de dix mois enterré en 1879 sur les terres du Château de Bellissen à Foix. Le Château ayant été rasé en 1980, pour laisser place à l’Hôtel du Département, il donnait à penser que le Conseil Départemental de l’Ariège était propriétaire de cette tombe.
Or, après une enquête minutieuse menée grâce à la mobilisation citoyenne, puis de Monsieur Michel Larive Député de l’Ariège et enfin, de Madame Christine Téqui Présidente du Conseil Départemental et de son adjoint en charge des Bâtiments, il s’est avéré que la parcelle n’appartenait pas au Conseil Départemental.
Il a donc fallu retrouver les propriétaires, qui, un peu méfiants au départ, ont accepté qu’Urgences Patrimoine intervienne pour mener à bien ce projet de restauration. Eux-même étaient d’ailleurs attristés et désemparés face à l’état du petit édifice, mais ne pouvaient rien faire faute de moyens et surtout, n’habitant pas la région.
Ce matin, la propriétaire a contacté Urgences Patrimoine afin de donner son autorisation d’intervenir.
Depuis notre premier article concernant la tombe du petit Raymond, nous avons pu compter sur l’aide de nombreuses personnes. Nous espérons maintenant que toutes celles et ceux qui se sont manifestés pour participer à la restauration de l’édifice, vont aller jusqu’au bout de leur volonté.
N’hésitez pas à nous contacter, si vous souhaitez apporter votre « Geste à l’Édifice » : contact@lagazettedupatrimoine.fr
« Ensemble pour sauver la tombe de Raymond », témoin de l’histoire locale et de la mémoire des Bellissen de Bénac, c’est la meilleure fin que nous pouvions espérer pour cette histoire qui avait si mal commencé.
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Le petit Raymond devrait reposer en paix sur les terres qui l’ont vu naître en 1878
Suite à une alerte qu’Urgences Patrimoine avait reçu concernant la démolition probable de la tombe du petit Raymond de Bellissen de Bénac, mort à l’âge de 10 mois, et enterré dans ce qui était alors la propriété du baron de Bellissen de Bénac, nous avons remué ciel et terre pour essayer de trouver une fin heureuse à cette affaire.
Comme nous l’expliquions dans l’article du 31 janvier 2019, le château du baron a été rasé dans les années 80 et c’est l’Hôtel du Département qui occupe l’emplacement aujourd’hui, ce qui signifie que cette tombe se situe sur une parcelle qui est la propriété du Conseil Départemental.
Suite à notre article, puis à un appel sur les réseaux sociaux, la mobilisation citoyenne a été inespérée et nous a permis de faire avancer rapidement les choses. Un de nos contacts nous a mis en relation avec le Député de la circonscription, Monsieur Michel Larive, qui nous a immédiatement communiqué les coordonnées de Madame Christine Téqui, Présidente du Conseil Départemental de l’Ariège, ce qui nous a permis de lui présenter rapidement l’affaire qui nous occupait. Quelques heures plus tard, nous avons eu contact avec Monsieur Thomas Cantin, Directeur des bâtiments et de la logistique du Conseil Départemental, qui nous a assuré que la démolition de la tombe de Raymond n’était pas programmée.

Nous remercions infiniment l’ensemble des élus pour leur collaboration et leur réactivité. Pour nous, défenseurs du patrimoine, il est agréable de constater que certains d’entre-eux sont sensibles à notre cause. Ce fut le cas en Ariège.
Nous remercions également tous les artisans qui ont proposé d’intervenir dans le cadre du mécénat de compétences pour restaurer l’édifice, qui a beaucoup souffert depuis 2014, date à laquelle les photos qui nous avaient été communiquées, avaient été prises. Merci enfin à tous les internautes qui nous ont aidé, notamment grâce à leurs partages de publications et à leurs propositions de nous venir en aide lors du futur chantier. Il va y avoir un vrai travail de restauration si nous voulons remettre cette tombe dans son état d’origine, mais le petit Raymond le vaut bien.

Mais avant d’envisager le chantier de restauration, il va falloir passer par la « case administration », car même si ce chantier se fait dans le cadre du mécénat de compétences et donc, ne demande aucun argent public, une commission doit se réunir pour donner son accord. Nous ne doutons pas que cet accord nous sera donné, car il s’agit tout de même de la tombe du bébé d’un homme qui jadis fit beaucoup pour la ville de Foix et qui s’est notamment opposé au projet de démolition du Château des comtes de Foix — ce qui a ainsi permis à la ville de conserver un de ses trésors architecturaux. Cela vaut bien la restauration de la tombe de son enfant.
Et puis, savoir respecter les morts est un premier pas vers le respect des vivants… Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant des suites données à ce dossier, mais à priori, Raymond pourra reposer en paix.
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Crédits photographiques :
Photos 1 et 4 : Olivier Munin
Photos 2 et 3 : Jules Allais
Témoignage — Bénévolat : les dérives de certains propriétaires privés
Suite à notre article sur l’appel à bénévolat de Monsieur Julien Cohen pour la chapelle qu’il vient d’acquérir à Nevers, nous avons reçu un témoignage édifiant de la part d’une bénévole qui a œuvré pendant des années pour un propriétaire privé.
Elle nous fait part de son expérience, et jure que plus jamais elle ne s’investira gracieusement pour valoriser le patrimoine d’un propriétaire peu scrupuleux. Attention, nous ne souhaitons absolument pas décourager les bonnes âmes qui voudraient aider à sauvegarder le patrimoine, même quand il s’agit d’un patrimoine privé. L’action des bénévoles est souvent capitale pour certaines sauvegardes et nous le savons que trop bien.
À travers ce témoignage, nous voulons simplement alerter sur certaines dérives. Il serait peut-être judicieux de fixer quelques règles afin d’ éviter les dérives, notamment dans le cas où l’édifice concerné serait vendu une fois restauré.
Voici le témoignage de Magaly Augiron-Lamielle. Magaly Augiron-Lamielle a 49 ans. Elle est originaire du Doubs où elle est professeur d’Histoire de l’art, mais aussi professeur de couture et de cuisine.
Si elle n’est plus bénévole dans des chantiers de restauration de patrimoine, elle est membre de l’association « Dis Mamie », qui a pour vocation de transmettre les savoir-faire notamment dans les lycées.
« Les amoureux de l’histoire et du patrimoine donneraient toute leur énergie quand un bien est en danger, et c’est ce qui m’est arrivé ! Dans mon village, se trouve un château médiéval… petit mais illustre suite au passage de certains seigneurs bien connus. Quand il a été vendu, je suis allée voir les nouveaux propriétaires pour savoir s’ils avaient l’intention de le restaurer. Je leurs ai dit qu’ils pourraient éventuellement se faire aider par l’association Rempart (avec laquelle j’avais travaillé quand j’étais gamine) mais que, pour cela, il fallait créer une association.
L’association fut créée et les propriétaires décidèrent d’ouvrir les portes le temps d’un week-end pour permettre aux gens du coin de revenir au château très longtemps fermé. 350 visiteurs cette année-là !
L’association a donc décidé de créer une fête médiévale annuelle (plus de 5000 visiteurs) pour récolter quelques deniers, afin de restaurer les parties du château en grand péril, et surtout celles qui n’avaient pas la priorité du propriétaire. Le château fut, dans le même temps, inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques.
Les fêtes s’enchaînèrent, les travaux aussi ! Chaque gros chantier faisait l’objet de demandes de subventions auprès du Conseil Départemental, de la DRAC mais aussi auprès de fondations bien connues.
Les choses dégénérèrent quand les propriétaires ont commencé à vouloir faire du business avec leur château ! Tout était bon pour faire du « fric » et en récupérer. Ils ont fourni de fausses factures pour récupérer les subventions des fondations (qui ne paient que sur factures pour des chantiers réalisés par des professionnels) et se sont reposés sur les économies de l’association, afin de ne plus demander d’argent à l’état et ainsi passer outre les recommandations des architectes des bâtiments de France.
Le pire, c’est d’avoir voulu transformer les granges (le château avait été racheté par les paysans du seigneur après la Révolution, et celui-ci fut transformé en domaine agricole), dont les derniers changements dataient du XIXe siècle, en salle d’apparat avec fenêtres à meneaux, percement de portes ... Au lieu de privilégier des chantiers comme la restauration de l’escalier à vis en pierre qui menaçait de s’effondrer (et qui menace toujours), le propriétaire a obligé l’association à mettre ses deniers dans ces granges pour qu’elles deviennent des salles pour mariages et autres réunions rapportant de l’argent .
Si esthétiquement c’est joli, historiquement c’est un désastre ! Et bien sûr, tout cela dans « le dos » de la DRAC !
Je suis partie très vite car je ne voulais pas être la complice de malversations financières, et surtout d'un carnage sur un monument historique !
Les monuments subissent des transformations à travers les siècles et sont rénovés suivant l’époque et cela ne me dérangeait pas du tout. Ce château avait des parties médiévales, renaissance, XVIIIème, XIXème et même XXème siècle. Mais créer des portes et des fenêtres « à la façon » de … Non ! On est au XXIème siècle et même si ce n’est pas mon style, je préfère qu’on installe un escalier de secours en métal qui correspond à notre époque plutôt que de faire « du style Renaissance » au XXe siècle.
De toute façon, œuvrer pour un propriétaire privé, c’était déjà tendancieux. Certains (pas tous, fort heureusement) profitent des amoureux du patrimoine qui s’investissent à fond pendant des années, et donnent de la valeur à leur bien. Personnellement, je ne regrette rien, car je me dis que certaines parties du château ont été sauvées et que, sans moi (j’étais Présidente de cette association), cela n’aurait pas été le cas, car ce n’était pas la priorité du propriétaire.
Malheureusement, la déconvenue a laissé des traces et, comme on dit, « chat échaudé craint l’eau froide » et ça, c’est triste ! (et encore j’ai résumé brièvement l’histoire).
Je ferai n’importe quoi pour sauver le patrimoine, mais quand le bien est privé, je pense qu’il faut qu’il y ait un cadre juridique qui évite ce genre de problèmes, aussi bien financièrement qu’historiquement. J’ai toujours été étonnée que la DRAC n’y accorde pas plus de d'attention que ça. »
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Crédits photographiques : Magaly Augiron-Lamielle
Incendie de l’église Saint-Trivier 24 heures plus tard

Le feu est bien évidemment maîtrisé, les abords de l’édifice sécurisé et des bâches de protection ont été installées sur les parties endommagées de la toiture. Il apparaît que les dégâts sont importants, mais l’église n’est pas détruite dans son intégralité.
Pour le moment, l’accès à l’intérieur est formellement interdit, dans l’attente de la venue des experts qui seront en mesure de faire un inventaire précis des dommages à la fois structurels et mobiliers.
Car si le précieux triptyque est en sécurité depuis deux ans au Monastère Royal de Brou, suite à son transfert pour des raisons de conservation, l’église contenait de nombreux objets mobiliers protégés au titre des monuments historiques et nous ignorons pour le moment si l’incendie les a épargnés ou si malheureusement ils sont perdus.
Parmi eux figuraient les objets suivant :
Reliquaire de Sainte Agathe
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM01001344
Statue en terre cuite de Saint-Trivier
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM01001338
Statue du Christ en croix sur poutre de gloire
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM01001340
Fontaine de sacristie
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM01001346
Statue de Saint Trivier bois doré
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM01001337
Statue en bois doré de Sainte Agathe
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM01001339
Tableau : Le Christ aux outrages
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM01001336
Tableau : Déploration du Christ
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM01001343
Croix reliquaire
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM01001345
Il est donc fort probable que le Christ en Croix n’est pas résisté à la chute intérieure du clocher. Bien entendu, beaucoup d’autres objets et œuvres étaient présents dans l’édifice, mais il faudra attendre un autre inventaire, car celui du Ministère de la Culture ne référence que les biens bénéficiant de la protection MH.
Même si cette information n’a pas dépassé les « frontières de l’Ain » d’un point de vue médiatique, notre premier article a tout de même fait grand bruit sur les réseaux et bien au- delà des frontières du territoire national.
Nous insistons sur le fait que ce drame patrimonial n’est pas dû à un attentat terroriste, mais qu’il est bel et bien accidentel. Peut-être une défaillance du paratonnerre ainsi qu’un manque d’entretien de l’édifice.
L’enquête nous permettra d’en savoir plus dans les prochains jours.
Encore un grand bravo à nos soldats du feu, ainsi qu’au Maire de la commune et à l’équipe municipale pour leur réactivité et pensée pour les habitants et paroissiens qui doivent être encore sous le choc de cet incendie.
À suivre…
Lire notre article sur le même sujet ici.
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Crédits photographiques : photos 1-2-12-13 : Frédéric Vibert.
Photos des œuvres : conservation des antiquités et objets d’art de l’Ain ; Conseil départemental de l’Ain
Photo terre cuite de Saint Trivier : Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, Conservation des antiquités et des objets d’art de l’Ardèche – Diffusion RMN-GP
Eglise Saint-Trivier en flamme. 500 ans d’histoire en cendres.

Le drame a eu lieu dimanche 1er mars un peu après 20 heures. L’église Saint-Trivier est située à Saint-Trivier-de-Courtes dans le département de l’Ain. Ce sont les riverains qui ont donné l’alerte en voyant d’épaisses fumées sortir de l’horloge du clocher.
Rapidement arrivés sur place, les pompiers, venus de nombreuses casernes des communes voisines, ont lutté sans relâche afin de maitriser l’incendie qui s’est propagé rapidement à l’ensemble de l’édifice. C’est vers 22 heures que le clocher s’est effondré à l’intérieur de l’église. Le Maire de la commune s’est immédiatement rendu sur place et a fait évacuer les riverains qui auraient pu être en danger, à cause de la propagation de l’incendie.
L’édifice était bien connu pour renfermer un trésor du patrimoine national, un triptyque du peintre Grégoire Guérard, peint en 1526. Mais ce dernier, par chance, n’y était plus exposé pour des raisons de conservation et avait rejoint, en 2018, la salle Renaissance du Monastère Royal de Brou, situé à quelques kilomètres.
En revanche, l’église contenait de nombreuses œuvres inscrites ou classées à l’inventaire des Monuments Historiques et, pour le moment, nous ignorons si elles ont été miraculeusement épargnées par l’incendie. Nousz émettons énormément de doutes à ce sujet, notamment concernant le Christ en Croix sur Poutre de Gloire.
Bien évidemment, la presse nationale ne se fera pas le relai de cette information. Une église de province qui brûle, c’est un fait divers comme un autre, qu’on laisse bien volontiers à la presse locale.
Une fois encore nous assistons à une sorte de discrimination territoriale. Certes, l’église Saint-Trivier n’est pas Notre-Dame, et Saint-Trivier-de-Courtes, ce n’est pas Paris. Pourtant la perte patrimoniale est immense et les habitants tout aussi consternés que les millions de personnes qui ont vu brûler la star des Cathédrales.
Il n’y aura pas de mobilisation nationale, encore moins internationale. Au mieux, la commune est bien assurée, au pire, si les travaux sont trop lourds, elle n’aura d’autre choix que celui de démolir.
Si la presse nationale n’en parle pas, en revanche, les commentaires sur les réseaux sociaux vont bon train. Beaucoup y voient un attentat, un acte anti-chrétiens. Pourtant les premières conclusions quant à ce drame laissent à penser que ce serait tout « simplement » la foudre qui se serait abattue sur le clocher durant les gros orages de l’après-midi dans la région.
Ne nous trompons donc pas de combat. Dans ce cas précis, il faut juste se poser la question du pourquoi l’église a pris feu suite à cet impact de foudre, et quelles seraient les mesures de précautions à prendre afin que ce genre d’accident ne se produise pas ailleurs.
Enfin, ayons une pensée pour nos soldats du feu, qui ne se verront pas remettre de médailles pour avoir maitrisé l’incendie. À Paris, ils ont été érigés au rang de héros (ce que tous les pompiers sont d’ailleurs au quotidien et partout), mais à Saint-Trivier-de-courtes ils n’auront fait « que » leur travail, sans tambour ni fanfare.
Crédits photographiques : photos 1-2-6_7 : Jordan Photographie
https://www.facebook.com/jordanphotographie01
Photos 3-4 : Monastère Royal de Brou
http://www.monastere-de-brou.fr/
Photo 5 : Conservation des antiquités et objets d’art de l’Ain ; Conseil départemental de l’Ain.
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Le vent de la démolition souffle sur le Petit Pont de La Faute-sur-Mer

En ce triste 10e anniversaire du passage de la tempête Xynthia, qui avait fait 29 victimes dans la commune de La Faute-sur-Mer, nous souhaitions rendre un petit hommage (peut-être le dernier) à un rescapé de ce tragique épisode. « Le Petit Pont » également appelé « La Passerelle », qui a été épargné par les éléments déchaînés et ce, depuis sa construction en 1908.
Aujourd’hui, la tempête dont il risque d’être victime est celle de la démolition orchestrée par des élus, plus préoccupés par les élections que par le patrimoine historique de leur territoire.
Pourtant, si l’on remonte quelques années en arrière, pour les maires de La Faute-sur-Mer et de l’Aiguillon-sur-Mer, il n’était pas question de toucher « à leur ADN ». Ce petit pont, qui relie leurs deux communes, semblait donc intouchable et devait continuer à assurer le passage des piétons et des cyclistes (lire le communiqué du Maire du 2 août 2018 ).
Cependant, les communes n’étant pas propriétaires, elles n’ont sans doute qu’un poids relatif dans ce débat. C’est le Conseil Départemental qui a la charge de l’entretien et la gestion de l’édifice. Il semblerait que plusieurs études aient été réalisées et, bien entendu, elles sont « à charge » contre le Petit Pont plus que centenaire. Il est vrai qu’un tel ouvrage aurait nécessité un entretien régulier, afin d’assurer sa solidité et, de fait, son avenir, mais peu de choses ont été faites dans ce sens.
Il est vrai que les tragiques incidents du pont de Gênes et de celui de Mirepoix-sur-Tarn n’ont pas joué en faveur de celui de La-Faute-sur-Mer. Alors plutôt que de se concentrer sur des études de restaurations, on préfère n’envisager que la démolition avec une éventuelle reconstruction à l’identique. Une étude avait tout de même prouvé qu’il était possible de restaurer l’ouvrage, mais dans un délai très court, et le Conseil Départemental n’a soit disant pas trouvé d’entreprise capable d’intervenir rapidement. À notre connaissance, aucun appel d’offre n’a été lancé en ce sens, ou alors de façon extrêmement discrète.
Quoi qu’il en soit, un protocole a été mis en place par le Conseil Départemental, protocole visiblement accepté par l’ensemble des élus concernés. La seule question restant en suspend étant la reconstruction à l’identique ou pas, mais plus aucune hypothèse de restauration et d’avenir pour le Petit Pont Historique, le trait d’union entre La-Faute-sur-Mer et l’Aiguillon-sur-Mer depuis 1908.
En ce jour de recueillement, le vent s’est encore invité. Madame la Ministre Élisabeth Borne, présente pour la cérémonie d’hommage aux victimes, ne s’est pas rendue au mémorial situé à l’entrée du Petit Pont comme cela était prévu, car la marche programmée n’a pas eu lieu. Un peu comme si le Petit Pont refusait désormais le défilé des officiels qui participe directement ou indirectement à sa destruction.
La pétition contre la démolition du Petit Pont est toujours en ligne, n’hésitez pas à la signer en soutien au Collectif de sauvegarde dont nous saluons l’incroyable énergie avec laquelle ses membres défendent ce patrimoine emblématique de leur territoire.
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Crédits Photographiques : photos 1-2-5 : Roland Texie ; photo 3 : Christiane Maury ; photo 4 : Sylvie Vanhove