Quand la mort devient art

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Comme nous parlons beaucoup de patrimoine funéraire depuis notre implication pour la sauvegarde de la tombe du petit Raymond de Bellissen-Bénac à Foix, nous nous permettons une petite visite au Cimetière Russe de Sainte-Geneviève-des-Bois où l’on peut admirer l’une des plus belles et insolites tombes de France.

Insolite non pas pour son gigantisme, comme peuvent l’être certaines chapelles ou certains mausolées réalisés à la gloire de personnes illustres, mais insolite par sa facture. Une tombe humble par sa taille et par son emplacement sur le côté d’une allée, mais remarquable et époustouflante par sa réalisation.

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Cette tombe bien connue est celle du danseur et chorégraphe Rudolf Noureev, décédé en 1993. C’est un tapis de mosaïque qui recouvre entièrement la tombe et l’effet est subjuguant. Le défunt souhaitait que sa dernière demeure ait un parfum d’Orient, et cette réalisation du décorateur et costumier Ezio Frigerio ne pouvait être plus évocatrice. On se demandera un instant si la symbolique de ce tapis n’est pas aussi une façon de faire voler Noureev vers les cieux, mais aussi, peut-être, une façon pudique de se cacher de la mort, tout en imposant sa présence à celui qui viendra se recueillir.

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Au passage, nous ne pouvons que féliciter les personnes en charge de ce cimetière, qui est extrêmement bien entretenu.

En savoir plus :

Suivant sa volonté, Rudolf Noureev fut inhumé au Cimetière russe de Sainte-Geneviève des Bois en région parisienne. La cérémonie se déroula le 12 janvier 1993. Le lundi 6 mai 1996, le caveau de Rudolf Noureev fut inauguré dans le cimetière russe de Sainte-Genevière-des-Bois. C’est Ezio Frigerio, décorateur qui a souvent collaboré avec Noureev, qui en a assuré la conception et la réalisation. Entièrement revêtu de mosaïque, ce tombeau se présente sous la forme d’un kilim recouvrant les malles de l’errance. Il est aussi un rappel de l’Orient d’où Noureev était originaire et rappelle son goût du voyage.

C’est Ezio Frigerio lui-même qui, dans une lettre émouvante, raconte cette expérience : 

« Après avoir suivi de très près le destin glorieux de Rudolf Noureev, on m’a confié la tâche d’en imaginer le tombeau : un mandat qui m’enthousiasmait et qui en même temps me meurtrissait. Il m’était en effet extrêmement difficile de l’imaginer immobile pour toujours. N’importe quel symbole de fin, de fermeture, me semblait à éviter, me paraissait même répugnant. J’ai donc décidé que si le légendaire nomade s’en était allé, et pour toujours, il fallait que son ultime départ ne soit pas marqué dans le temps par une pierre tombale mais par quelque chose lié à ses expériences vécues sur terre. J’ai ainsi eu l’idée d’un grand tapis multicolore qui recouvre le scandale du cercueil avec toutes les suggestions de l’art oriental, tellement proches de l’esprit et de la nature profonde du grand ami disparu. » (Source : Fondation Noureev)

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Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine