Coup de Grâce à Cadaujac

Cette ravissante commune des environs de Bordeaux dispose d’un riche patrimoine bâti. Parmi ce patrimoine, un édifice datant du XVIIIe siècle portant le doux nom de « La Grâce » ou château de la Grâce. Or ce gracieux petit édifice a été préempté par l’Établissement Public Foncier, ce qui ne laisse rien présager de bon.

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Voici les dernières informations qui nous sont parvenues.

Jusque récemment, la propriété appartenait à Madame Rode. Au moment de la vente, l'EPF (Établissement Public Foncier) a préempté au profit d'un projet communal à établir. La Mairie a mis le bâtiment à la disposition de l'école de musique communale, pour une durée de 1 ans. Renouvelable ? La Mairie a 4 ans pour accepter un projet présenté par un promoteur, dans les règles du PLU.

Elle a rejeté un premier projet, au motif qu'il y avait une trop grosse densité de logements ( 80 logements prévus). Elle en aurait accepté un second, aussi dense, le problème est que seul le maire et son adjoint à l'urbanisme ont vu le projet et personne ne sait si la démolition du château y figure. Cependant, vu l'emprise, il semble improbable de construire 80 logements sans détruire.

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Tout ceci ne laisse rien présager de bon, mais attendons un peu d’en savoir plus sur ce projet. Il est vrai que créer quatre-vingt logements entre ces murs, nous semble mission impossible sans détruire l’édifice.

Nous allons essayez d’en savoir plus dans les prochaines semaines, car comme on pourrait dire chez nous « tant qu’il n’y a pas de pelleteuse, il y a de l’espoir ».

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La Grâce
 
D’après la carte de Belleyme, la Grâce existait à la fin du XVIIIème siècle. Le cadastre de 1810 atteste déjà des plans actuels. Si les communs ont été agrandis, l’architecture du logis et des façades a été respectée. Les deux ailes des communs sont de longueur identique mais de largeur différente. On accède à la grande cour rectangulaire largement ouverte à l’Ouest par un magnifique portail en fer forgé. Les ardoises couvrent le toit du logis alors que la toiture des ailes est constituée de tuiles. Les pierres de taille d’origine ont été enduites d’un crépi de ciment peint en blanc. Le corps du logis présente une élévation centrale d’un étage formant un pavillon. Six fenêtres en plein cintre symétriquement réparties s’ouvrent sur la cour intérieure.

Une frise de pierre, surmontée d’une corniche fortement accentuée, parcourt l’ensemble de la façade soulignant la séparation entre le rez-de-chaussée et le premier étage du pavillon. L’entrée dans le bâtiment s’effectue par la porte centrale du pavillon ; celle-ci a été construite sur le modèle des fenêtres latérales. De part et d’autre de la porte se situent deux fenêtres couronnées d’un fronton triangulaire reposant sur une console. Sur la façade Est s’ouvrent six baies sur la partie basse, réparties de part et d’autre du pavillon symétrique à la façade Ouest.
 
La Grâce a été bien entretenue par ses propriétaires successifs. Après la révolution, elle appartient à un riche américain qui achète également le château des Faugères. En 1937, le château est loué au patronage « Etoile Saint Louis ». Jusqu’en 1946, réunions, séances de cinéma, cours d’enseignement ménager s’y succèdent. Cette même année y est organisée la première kermesse paroissiale. En 1948, les murs de la Grâce abritent « la Coopérative d’Amélioration de l’élevage de la Gironde ». Il s’agit d’un centre d’insémination artificielle ayant pour but d’améliorer la race bovine en Gironde. Très vite l’entreprise étend ses services aux départements voisins et prend alors le nom de « Coopérative interdépartementale girondine et d’insémination artificielle ». Dans les années 60, elle possède une quarantaine de taureaux de cinq races différentes. Elle deviendra en suite une résidence privée.

Sources : Cadaujac et ses châteaux. Tome 1 publié dans le Journal de la Promenade ( ISSN 1959-4259) le 6 septembre 2009 par Frédéric Durand, Jean Claude et Jeanie Grenier.