July 2020

Flèche de Notre Dame : deux architectes répondent à ceux qui déplorent la reconstruction à l’identique !


Suite à une tribune de l’architecte Christian Jonas publiée dans le journal Le Monde (lire l’article ici) qui déplore la reconstruction à l’identique de la flèche, deux architectes nous ont fait cadeau de leurs réponses à ceux qui voient dans la cette reconstruction un geste réactionnaire.


Réponse 1 :

Réaction exaspérée à l’article du
Monde du 28 juillet 2020.

Pourquoi ouvrir un débat qui, selon les chartes internationales signées par la France, n’a pas lieu d’être ? Cela fait se rouler de rire les architectes et maîtres d’ouvrage des autres pays et risque de mettre en péril le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Il serait beaucoup plus pertinent de parler de vraies fouilles sous le sol de l’édifice, voire de ses alentours. Cologne, Geneve, Florence, etc. l’ont fait et c’est un résultat impressionnant tant par les découvertes que par l’architecture contemporaine (notamment dans la qualité et l’élégance de la prise en compte des besoins et des usages).

Le phallus qu’aurait été une flèche contemporaine ne m’intéresse pas, c’est encore un moyen de flatter son ego de maître d’ouvrage et d’architecte. Les quelques images que j’ai vu passer sont juste du niveau d’une première ou deuxième année d’architecture et totalement aberrantes d’un point vue structurel et climatique (la toiture verrière sans charpente et sans installations de climatisation étant le pompon).

Viollet le Duc l’a fait en son temps, de manière assez élégante et, c’est à noter, dans la continuité et la cohérence. On en a tous les détails, pourquoi un architecte d’aujourd’hui ne pourrait-il pas exercer ses talents ailleurs, plutôt que de nous encombrer d’un truc bavard et à tous points de vue contestable ?

Des exemples nombreux, souvent contestés, d’interventions sur des ouvrages anciens dont on n’avait pas de témoins utilisables existent. Voir le château de Falaise de Decaris notamment et bien d’autres. Ce même architecte reste respectueux dans ses restaurations avec témoins. Voir aussi les colonnes de Buren et la pyramide du Louvre qui recueillent aujourd’hui l’assentiment de beaucoup. Plus récemment l’anneau de la Mémoire de Philippe Prost, admirablement intégré dans un site fragile, les interventions sur la chapelle et autres du domaine viticole Château Lacoste et autres interventions poétiques, artistiques et architecturales qui nous enchantent.

Dans les années 50 à 90 on a assez détruit d’ouvrages voire de quartiers entiers (le quartier Saint Sauveur à Lille pour n’en citer qu’un). Un « geste contemporain » c’est vieux schnok, l’avenir n’est plus à la construction neuve sur tabula rasa mais, dès que c’est possible, à la réhabilitation mâtinée d’une élégance contemporaine discrète.

PS1. Les gargouilles reprochées existaient avant Viollet le Duc. Les lui attribuer est encore un fake,
PS2. Je n’ai pas lu l’article. Ce genre de débat me fatigue : fausse modernité, incompréhension des enjeux, irrespect des engagements nationaux et internationaux.

Christian Decotignie.
Diplômé architecte, ancien élève de Chaillot, assistant maître d’ouvrage depuis 2007.




Réponse 2

Monsieur l’Architecte, Cher Confrère,

Comme disait Jean Cocteau, « la mode c’est ce qui se démode » et, depuis le dramatique incendie qui ravagea une des cathédrales gothiques les plus emblématiques de France (et non pas la « mère des cathédrales » comme tu l’écris un peu vite, le prototype étant plutôt à chercher du côté de la basilique Saint-Denis), nous avons eu notre content de projets aussi creux que déjà dépassés tant ils se sont situés dans le consensus le plus mou : du projet « inclusif » et « éco-citoyen » à « un geste de notre temps » en passant par le « roof top festif », nous avons eu droit à tous les poncifs du « progressisme en marche », mais de culture et simple respect de notre patrimoine (sans parler de Dieu et la chrétienté), point !

Le tout nous a été servi par des images de synthèse dont la putasserie dissimulait mal l’inculture, la vacuité du propos et la méconnaissance crasse des techniques de mise en œuvre aussi bien anciennes que contemporaines. Mais peut-être est-ce là justement la marque de notre temps que tu appelles de tes vœux : le « geste », la « posture » et la « com’ », Sainte Trinité d’une société individualiste superficielle et nombriliste qui a jeté la transcendance aux orties. Je me délecte à l’idée des recensions qu’en feront les historiens de l’architecture dans quelques siècles.

Finalement, au-delà du respect des traités et chartes internationales qui imposaient de rebâtir strictement à l’identique, tout se recentre sur l’essentiel : une flèche pointant l’ardente espérance des hommes en direction du ciel (je n’ose même pas écrire Dieu, de peur de me faire cataloguer deux fois de « réactionnaire ») avec des matériaux et une mise en œuvre faits pour durer « mille ans » ….
Ne varietur !

Bien confraternellement,

Alexandre Bonnassieux
Architecte DPLG et du Patrimoine,
Expert de justice près la Cour d’Appel d’Orléans

Crédits photographiques :
Photo 1 : Phil Magness
Photo 2 : Ville de Paris / BHVP


La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques :

Pas de charité pour le patrimoine hospitalier.

Après Nantes, Le Puy-en-Velay et Le Mans, c’est au tour de Saint-Nazaire de démolir une de ses anciennes cliniques.

Ils se sont bien battus, mais ils ont perdu. Les associations Le Vieux Saint-Nazaire et 24B1–Jardin des Plantes ont été déboutées par le Tribunal administratif de Nantes. Un recours avait été déposé pour demander l’annulation du permis de démolir, mais la voix de la promotion immobilière à encore une fois été plus forte que celle du patrimoine.


Pourtant, l’édifice se situe dans le quartier « de La Havane », un des derniers quartiers « historique » de la ville et surtout l’un des seul à avoir été épargné par les bombardement pendant la seconde guerre mondiale. Mais sa valeur patrimoniale n’a pas ému la justice qui s’appuie essentiellement sur le fait qu’aucune mesure de protection n’avait été demandée jusqu’alors et que l’ancienne clinique n’était même pas inscrite dans le PLU.

Soit dit en passant, cela ne nous étonne guère quand on sait comment est traité le patrimoine de la ville, à l’exemple du château de Porcé que le Maire prend un malin plaisir à voir « tomber tout seul ».

C’est donc à un immeuble neuf que l’ancienne clinique cèdera sa place, mais il faudra encore attendre un peu, car le promoteur fait l’objet d’un second recours déposé contre le projet de démolition d’une autre clinique appartenant également au Pôle hospitalier mutualiste et située dans une autre rue de la ville.

Cette future démolition oriente notre réflexion quant à l’avenir des édifices appartenant aux hôpitaux. En effet, depuis quelques années, avec les regroupements de certains pôles médicaux, les démolitions vont bon train. On se souvient de la démolition cette année du Château de l’Épine, propriété du centre hospitalier du Mans. Ce dernier l’a rasé pour en faire un parking. En 2019, souvenons-nous de la clinique Saint-Augustin à Nantes ou de l'hôpital Sainte-Marie au Puy-en-Velay.


Château de l’Épine


Clinique Saint-Augustin


Hôpital Sainte-Marie

À ce rythme-là, dans quelques années, il ne restera plus rien du patrimoine hospitalier de notre territoire. Ce qui nous renvoie une fois encore à nos craintes quant à l’avenir de presbytère de Mamers, propriété du Centre Hospitalier Intercommunal Alençon-Mamers dont la direction s’obstine à vouloir le démolir au lieu de le vendre à la ville qui souhaiterait le valoriser.

Presbytère de Mamers

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques :
Photo 1 :
L’Echo de la Presqu’île
Photo 2 :
Le Maine Libre Yvon Loue.
Photo 3 :
Presse Océan Romain Boulanger
Photo 4 : Lionel Ciochetto
Photo 5 :
La Gazette du Patrimoine

Les vitraux de l’église Sainte-Germaine peuvent-ils sauver l’édifice de la démolition ?

L’affaire de la possible démolition de l’église Sainte-Germaine à Calais commence à faire grand bruit et nous en sommes satisfaits, car bien souvent s’agissant d’une démolition, le bruit est notre meilleur allié.

En parlant d’alliés, les vitraux de l’édifice pourraient être le meilleur argument de défense, car si l’église n’est pas protégée au titre des monuments historiques, les vitraux le sont, car ils sont l’œuvre de deux Maîtres verriers de renom,
Louis Barillet et Jacques Le Chevalier.

Ce qui signifie qu’en théorie nul n’a le droit de les détruire.


Si le Diocèse va jusqu’au bout dans sa volonté de démolir, il faudra donc demander l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France, en espérant qu’il émette un avis défavorable quant à la démolition. Nous avons cependant quelques craintes, puisqu’il est possible que ce soit l’architecte qui a émis un avis favorable pour la démolition de « la chapelle » de Roger Poyé qui soit consulté.

Ce qui signifie que l’édifice pourra être démoli, mais qu’avant, il faudra démonter l’ensemble des vitraux pour qu’en théorie, ceux-ci soient réaffectés à un autre édifice qui en serait dépourvu. Ça c’est en théorie, car nous savons qu’en règle générale, les éléments « déposés » sont stockés dans un coin puis oubliés, même en étant protégés MH.

Une chose est sûre, comme nous l’indiquions dans notre précédent article sur ce sujet, pour une fois nous avons encore du temps. Si nous n’arrivons pas à convaincre le Diocèse avant l’officialisation de la démolition, alors nous ferons un recours en justice comme la loi l’autorise, à partir du moment où le permis de démolir est affiché.


Mais nous n’en sommes pas là et nous souhaitons très sincèrement trouver la solution la meilleure à la fois pour le Diocèse, les fidèles et les habitants du quartier, car ces derniers sont bien décidés à garder « Leur » église.

N’oubliez pas de signer la pétition si ce n’est déjà fait 
ICI.

En savoir plus sur les vitraux :

Les vitraux de l’église Sainte—Germaine ont été réalisés en 1934 par deux maîtres-verriers très renommés avant la guerre : MM. Barillet et Chevalier. Les plus belles pièces sont les deux rosaces du chœur symbolisant, l’une, rouge, l’Ancien Testament, l’autre, bleue, le Nouveau. Les huit vitraux représentant les scènes de la vie de sainte Germaine, situés dans la nef sont de toute beauté. On trouve aussi des représentations de saint Mathieu, saint Luc, saint Marc et saint Benoît-Labre.


Ensemble de 28 verrières De : Barillet Louis (verrier) ; Hanssen T. (verrier) ; Le Chevalier (verrier) Ensemble daté vers 1934.
Les dix verrières des fenêtres hautes : Saint Ludovic, Sainte Anne, sainte Jeanne d'Arc, Sainte Thérèse d'Avila, Sainte Godeleine, Saint Jean, Saint Joseph, Saint Jean-Marie Vianney Curé d'Ars, Saint Vincent de Paul et Saint Benoît Labre
Les deux verrières du chœur : Saint Marc et Saint Matthieu
Les huit verrières des bas-côtés : Histoire de sainte Germaine et cinq autres verrières des bas-côtés : Moïse, Jésus et les enfants, Annonciation, Apparition du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacocque et Sainte Cécile
Les trois verrières de la chapelle des fonts baptismaux : Baptême du Christ, Résurrection et Péché originel


Autres œuvres

Il faut aussi signaler la présence de marbres d’Hydrequent et le chemin de croix en mosaïque. L’église abrite aussi, près de l’entrée, une très belle plaque rendant hommage aux enfants de la paroisse morte lors de la guerre 1914—1918. Elle a été réalisée par M. Desvergnes. Enfin, une découverte : un haut relief de Nicole Hemard représentant le Christ Ressuscité sortant du tombeau (1984), excentré de La Croix comme les faisait l’artiste, avec le sépulcre ouvert, la pierre roulée à côté, et l’ange annonçant qu’il est ressuscité.


La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits Photographiques : Franck Weens

Non, le Musée Rodin ne dilapide pas ses collections pour faire face à la crise

Il y a quelques semaines, la presse nationale et les réseaux sociaux faisaient leurs gros titres en faisant accroire que la direction du Musée Rodin avait décidé de vendre des œuvres de l’artiste afin de subvenir aux besoins du musée, très éprouvé par la crise du Covid.

Cette annonce avait provoqué la colère et l’indignation de milliers d’internautes criant au scandale. Nous ne pouvions pas imaginer une seule seconde que la direction du Musée puisse vendre les œuvres exposées. Les ventes concernent des « éditions » d’après les moules du sculpteur, qui sont appelées « œuvres originales » quand leur tirage est limité à 12 exemplaires.


C’est la raison pour laquelle nous avons contacté Madame Catherine Chevillot, Conservateur général, directrice du musée Rodin, qui a confirmé ce que nous pensions. Voici le communiqué de presse publié le 8 juillet :

« A la suite de la publication de l’article paru dans Les Echos du 6 juillet 2020 et des différentes dépêches concernant l’impact du COVID-19 sur son modèle économique, le musée Rodin souhaite apporter des précisions.

Le musée Rodin est le seul musée national français qui s’autofinance pour la totalité de son fonctionnement et de ses salaires. En plus des sources de financement communes à tous les musées (boutique et billetterie, locations d’espaces, itinérances d’exposition, concessions, partenariats et mécénat), le musée Rodin édite et vend des œuvres originales en bronze de Rodin depuis plus de cent ans. Cette activité est aussi ancienne que l’institution, mais son développement n’est pas lié à la crise sanitaire.

Editions d’œuvres originales

En tant que musée national, le musée Rodin ne vend pas les œuvres de sa collection, elles font partie du domaine public et sont à ce titre inaliénables et imprescriptibles. Il inclut traditionnellement dans ses collections un exemplaire de chaque édition originale de bronze, ceux-ci font également partie des collections nationales.

Le musée est en revanche « ayant-droit », c’est-à-dire héritier des droits d’auteur de l’artiste. C’est selon la volonté de Rodin lui-même que le musée Rodin édite et vend des œuvres originales en bronze, produite à partir des moules ou des modèles originaux légués par le sculpteur. Ces éditions sont réalisées dans le strict respect de la règlementation (limitation à douze exemplaires) et du droit moral de Rodin. Le musée fait respecter par ailleurs le droit moral de l’artiste, et intervient en justice en cas de contrefaçon.

Depuis quelques années, le musée Rodin poursuit un développement des éditions de bronze, appuyé sur d’importantes recherches d’archives et contrôlé par son Conseil Scientifique.

Rayonnement international de Rodin

Cette mission donnée par Rodin visait dans son esprit à assurer la survie de son musée et à contribuer à la diffusion internationale de son œuvre. Les collections constituées par Thomas Fortune Ryan pour le Metropolitan Museum de New York, par Jules Mastbaum pour le musée de Philadelphie et par Gerald B. Cantor pour le Iris & Gerald B. Cantor Center for Visual Arts de Stanford, au musée d’art occidental de Tokyo et au musée préfectoral d’art de Shizuoka au Japon, sont le résultat de cette activité d’édition d’œuvres originales.

Il ne s’agit aucunement de répliques ou de reproductions, mais bien d’œuvres originales.

Crise sanitaire - COVID-19

Autofinancé, le musée Rodin est par voie de conséquence très affecté par la fermeture de son site pendant plus de trois mois et par la chute du tourisme international qui constitue une grande part de sa fréquentation. Les recettes de sa billetterie et de sa boutique accusent une baisse importante. Face à la crise COVID-19, le musée compensera ces pertes par les réserves constituées par le passé grâce aux ventes de bronzes.

Le musée a également mis en place une campagne de don en ligne pour participer à la restauration de ces collections et ainsi poursuivre ses missions.

Le musée Rodin a réouvert ses portes au public le 7 juillet 2020 dans le respect des consignes sanitaires et propose tout l’été une programmation ouverte à tous.

Contact Presse : Clémence Goldberger
goldberger@musee-rodin.fr
01 44 18 61 86 / 06 71 68 68 75 »


Madame Chevillot s’est également exprimée suite à la publication d’un autre article incriminant, publié dans l’
Art Newspaper Daily, qui comporte des contre-vérités et ne tient aucun compte du communiqué de presse et qui surtout, n’a pas contacté les équipes du musée :

« Je n’ai aucunement tiré la sonnette d’alarme dans Les Echos. Le titre de ce dernier est en soit erroné : le développement de la politique du musée en matière d’éditions originales de bronzes n’est aucunement lié à la crise sanitaire. Il a été enclenché depuis trois ans. La vente des éditions originales de bronzes est constitutive du modèle économique du musée, institué par Rodin lui-même.

Le musée n’a pas prévu de vendre 130 œuvres. J’ai simplement indiqué à Mme Robert du journal
Les Echos le nombre de modèles potentiellement éditables. Nous ne vendons et ne continuerons à vendre que quelques œuvres d’éditions originales de bronzes par an.

Le musée n’est pas un EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) mais un EPA (établissement public administratif). Il n’a aucun intérêt à le devenir et d’un commun accord avec les tutelles du ministère, nous avons écarté cette hypothèse à la suite d’études juridiques poussées.

Il est faux de dire que les fonds issus des ventes ne peuvent pas être utilisés pour le fonctionnement du musée. Bien au contraire, il est alimenté les années de résultat positif par les ventes, et sert à amortir les années de résultats négatifs (travaux, crises).

Il est choquant d’induire que j’ai pu vouloir faire pression sur les pouvoirs publics et le ministère de la Culture : le ministère a toujours soutenu le musée dans son action, et j’ai toujours travaillé en étroite collaboration avec le Service des musées de France et la Direction générale du Patrimoine. Ils œuvrent en ce moment même à accompagner le musée à trouver de nouvelles solutions et conforter son modèle économique. »


Tout cela prouve bien qu’il n’y avait aucune inquiétude à avoir au sujet de ces ventes, et qu’au lieu de polémiquer la meilleure des choses à faire est d’aller visiter ce merveilleux Musée.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine

Adieu Joséphine : destruction d’un monument historique qui aurait pu être évitée

La statue de Joséphine à Fort-de-France n’a pas résistée au mouvement contestataire qui s’amplifie depuis quelques mois.

Cette statue avait été inaugurée le 29 août 1856. Réalisée en marbre de Carrare, elle mesurait approximativement de 5 mètres de haut. Elle a trôné ainsi plus d'un siècle au centre du parc de la Savane, avant d'être reléguée dans un endroit plus discret du parc sur ordre du maire de Fort-de-France Aimé Césaire en 1974 pour ne pas heurter une certaine partie de la population.

JOSEPHINE PHOTO 1 @François Marlin



D’ailleurs en 1991, la statue fut décapitée pour rappeler le sort de la guillotine auquel Joséphine échappa de justesse. Après avoir longtemps hésité quant à une éventuelle restauration, il a été décidé de la laisser « en l’état ». Cela souligne surtout le sentiment des martiniquais vis-à-vis de Joséphine de Beauharnais. Si certains voient elle une illustre ancêtre née dans l'île, pour d'autres elle représente celle qui aurait conseillé à Napoléon Bonaparte de rétablir l'esclavage en 1802 alors que ce système avait été aboli par la Révolution Française en 1794.

JOSEPHINE PHOTO 2 AZ Martinique


Bien entendu, nous ne contestons aucunement l’histoire et en particulier l’horreur de l’esclavage. Mais ce n’est pas en détruisant les œuvres que l’on efface l’Histoire. Bien au contraire, il est important que celles-ci en soient les témoins et que l’on dénonce à travers leur présence les faits qui ont été commis. C’est l’éducation qui changera le monde et pas la destruction massive des œuvres.

Car il s’agit bien d’une œuvre, bien au-delà d’un symbole contestable. L’œuvre du sculpteur Vital Gabriel Dubray, auteur également du bas-relief du monument Jeanne d’Arc à Orléans ou encore de la statue équestre de Napoléon à Rouen.

Cette œuvre était protégée au titre des monuments historiques depuis 1992, c’est à dire tout juste un an après sa « décapitation ».

josephinephoto4


La question qui se pose aujourd’hui est pourquoi l’État n’a pas protégé cette statue sachant pertinemment qu’elle était la première cible en Martinique du mouvement contestataire qui sévit actuellement dans le monde ?

Pourquoi ne pas l’avoir transférée pour protéger un « monument historique » de la destruction ?

Ces questions resteront sans réponse, pourtant porter atteinte à l’intégrité d’un monument protégé est un délit passible de 10 ans de prison.(lire notre article sur ce sujet ICI).

Il ne fait nul doute que la responsabilité de cet acte incombe en premier lieu aux hautes instances chargées de la protection des biens et des personnes. Quant aux « vandales » qui ont commis les faits, ils ont été largement identifiés sur les nombreuses photos et vidéos prises lors des faits, mais seront-ils sanctionnés ? Il y a peu de chance qu’une suite judiciaire soit donnée, comme c’est hélas souvent le cas.

Quoi qu’il en soit, ce dimanche 26 juillet 2020, c’était la dernière révérence de Joséphine à Fort-de-France.

Lire l’article de La 1ere Martinique ICI.

Historique de l’œuvre ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Photo 1 : François Marlin/La 1ere Martinique Photo 2 : AZ Martinique

teamers2

Qui recevra la pelleteuse d’or 2020 ? #Balancetondémolisseur

Pelleteuse d'Or 2020


Les démolitions vont bon train sur l’ensemble du territoire, c’est la raison pour laquelle La Gazette du Patrimoine lance un grand concours afin de « récompenser » le responsable de la disparition d’un patrimoine remarquable.

Il est important de dénoncer les mutilations commises sur de nombreux édifices.

Il faut impérativement lutter contre celles-ci et surtout ne plus les passer sous silence.

Si nous dénonçons le plus souvent possible ces actes, alors peut-être qu’enfin « en haut lieux », la voix des défenseurs du patrimoine se fera entendre.

Ce prix est symbolique, mais il est lourd de sens.

À vous tous maintenant de nous aider à identifier ces démolisseurs afin d’établir une liste de « nommés » qui sera ensuite publiée afin qu’elle soit soumise aux votes des internautes à partir du 1er septembre 2020.

Vous aurez ensuite jusqu’au 20 septembre pour élire celui qui recevra « La Pelleteuse d’Or » pour son « œuvre ».

Puisque c’est à la mode le hashtag #Balancetondémolisseur servira de slogan à cette opération.

Bien entendu, vous pouvez nous contacter afin de nous signaler une démolition qui nous aurait échappé en nous adressant un mail à : contact@lagazettedupatrimoine.fr ou via le groupe Facebook dédié.

D’avance merci pour votre participation.
« Le patrimoine ne peux pas lutter, ensemble nous pouvons ».

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine

teamers2

Antiquaires : le S.O.S d’une profession en détresse

La crise que nous traversons a été un fléau pour l’économie, que ce soit sur le plan mondial que national. Certains se relèveront, d’autres pas. Mais pour se relever, il faut pouvoir travailler et si certains secteurs sont repartis « comme avant », d’autres souffrent toujours et sont dans l’attente de mesures qui leur permettraient non pas d’espérer vivre, mais au moins survivre. C’est le cas des antiquaires qui exercent leur profession majoritairement sur les salons et les grandes foires internationales.

Dans un courrier adressé à Roselyne Bachelot, notre Ministre de la Culture, François-Xavier Bon alerte sur la disparition imminente de son métier et nous relayons ici son « appel du 23 juillet 2020 ».

bonportrait


Antiquaire depuis plus de 20 ans « Less Curiosités d’Ainay », installées à Lyon, ont vu le métier évoluer, mais pas forcément dans le bon sens… Comment ne pas remarquer les centres villes se vider de leurs commerces d’antiquités ?  Souvent regroupés dans les quartiers historiques, parfois acteurs d’une rue entière que l’on nommait volontiers « la rue des antiquaires », oubliant jusqu’à son vrai nom, les antiquaires se sont réduits comme peau de chagrin.

A Paris, le Louvre des Antiquaires, le carré rive Gauche, la rue du Cherche-Midi, à Lyon la rue Auguste Comte, à Rouen la rue Damiette… Les derniers, peut être les meilleurs, comme on peut l’entendre parfois, sont à leur tour touchés par la crise du COVID-19 qui peut leur être fatale si les salons et foires d’antiquaires ne reprennent pas. Comment pouvons-nous laisser disparaître ainsi dans un silence absolu et dans l’indifférence générale ce métier ? On ne peut pas l’accepter et c’est pourquoi nous avons voulu alerter de cette situation les instances gouvernementales. Comment pouvons-nous assister à ce gâchis et perdre cette spécificité et ce charme français ? La transmission de l’objet et donc du patrimoine se fait dans le dialogue et la rencontre — et éventuellement par la suite par internet. Mais il est illusoire de croire que le monde du commerce de l’art peut se passer des antiquaires.

Nous espèrons que cette démarche personnelle sera prise en compte et suivie de mesures concrètes.

FRANCOIS PHOTO 1


Madame la Ministre,
Lyon le, 23/07/20

Je voudrais par la présente vous informer de la situation dramatique que vit le métier d’antiquaire.

Je comprends que vous êtes sollicitée par d’autres urgences, plus générales ou plus pressantes, qui requièrent l’attention du pays. Mais je ne peux me résoudre à croire que l’actualité, chargée, semble plonger notre profession dans l’indifférence.

Depuis le 17 mars notre situation ne fait que d’aller de mal en pis à l’image du commerce en général. Mais je voudrais attirer votre attention sur une particularité de notre profession qui semble vous être méconnue.

En effet depuis les années 2000, la profession est confrontée à une crise qui nous a conduit à une situation hélas regrettable : notre marché de l'art, jadis glorieux, voire le premier du monde, s'est dramatiquement affaissé. Cette situation a conduit à la fermeture massive de confrères et poussé à une adaptation rapide et brutale pour les 15000 restants. Cette mutation s’est faite pour une grande partie (environ 80 %) par une installation dite « en chambre » et par la participation aux foires et salons. Ces derniers représentant quasiment la totalité du chiffre d’affaire.

Or, depuis le début du confinement toutes les foires et salons sont annulés et au vu de l’avancée actuelle du COVID 19 la tenue de ceux de la rentrée de septembre semblent bien compromise.

Sans points de ventes, Comment voulez-vous que l’on vive ? Si l’on voulait nous faire disparaître on ne s’y prendrait pas autrement ! A l’heure où vous semblez défendre le petit commerce, sommes-nous si petits pour vous être autant indifférents ? Je suis bien conscient que le marché de l'art en France est mal connu et ne représente plus une part majeure de l’économie mais ce marché a surtout une fonction culturelle essentielle pour notre pays. Il y a des synergies et des complémentarités entre le marché de l’art et les collections privées, entre marché de l’art et métiers de la conservation et restauration d’ouvres d’art, entre collections privées et collections publiques, entre le marché et l'histoire de l'art, dont les progrès ne tiennent pas qu'à l'action désincarnée des seuls professeurs et conservateurs.

La France ne peut se résoudre à réduire le marché de l’art aux ventes aux enchères qui grâce à leur corporatisme et internet a réussi à se maintenir, car c’est bien mal connaître les rouages. Les maisons de ventes ne sont que la partie émergée de l’iceberg, par rapport à l’ensemble du commerce de l’art et des antiquités. Les antiquaires et brocanteurs sont l’une des pierres angulaires de notre patrimoine. Le premier contact du débutant avec les antiquités se fait chez le commerçant : poser des questions, toucher l’objet, se faire conseiller, réfléchir, s’informer, revenir…. Voici tout un processus qui a besoin de temps, forme la mémoire et l’identité d’un pays par son patrimoine, ses objets, son art de vivre à la française… d’où la nécessité pour la France de conserver ses magasins, ses marchés aux puces, ses foires et ses salons d’antiquaires.

Est-il l’heure de sonner le tocsin ? Nombre de spécialistes et de professionnels éminents le pensent si vous ne prenez pas des mesures urgemment. Nous sommes des passionnés qui ne comptons pas nos heures, prêts à se lever aux aurores pour « chiner » et se coucher à point d’heure pour effectuer des recherches afin de trouver le pourquoi et le comment d’un objet, transmettre l’amour de l’art du savoir et de l’histoire dans toutes les couches de la société, participer au rayonnement de la culture française. Mais, avec tout le dynamisme du monde, nous ne pouvons relever ce défi avec une aussi grande précarité de nos revenus.

Il est possible de proposer des mesures politiquement réalistes en inscrivant notre profession dans le plan de relance sans allouer de gros moyens budgétaires pour nous aider à franchir ce cap.

Je reste à votre disposition et j’espère au nom de tous les antiquaires et brocanteurs que l’on puisse déboucher sur des décisions effectives.

Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma très haute considération.

FRANCOIS PHOTO 2


Souhaitons que cet appel soit entendu et que la crise du Covid ne soit pas fatale à une profession qui est pourtant l’une des grandes ambassadrices de l’excellence française à travers le monde.

Nous ne manquerons pas de revenir sur ce sujet et nous vous informerons de la suite qui aura été donnée à ce courrier.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Les Curiosités d’Ainay/ François-Xavier Bon

teamers2

Démolition d’un monument : le droit au secours du patrimoine 

Est-il si facile de détruire un monument ? Ce peut être une impression qui se dégage à la vue des multiples dossiers dont se saisit Urgences Patrimoine où autant d’églises, villas, chapelles et autres éléments du « petit » et du « grand » patrimoine se retrouvent menacés par le godet des pelleteuses.

DESTRUCTION MONUMENTS PHOTO 1


Malheureusement, il arrive trop souvent que le combat se mène en session de rattrapage, lorsque le permis de construire ou de démolir a été accordé et que le délai de recours pour saisir le tribunal est dépassé. Cela ne signifie pas pour autant que l’échec est inéluctable : la récente affaire de la Chapelle Saint-Joseph est un témoignage de la remarquable efficacité que peut avoir un combat mené en-dehors de l’arène judiciaire.

Ceci étant, bien qu’aléatoire puisqu’elle aussi humaine, la voie de la justice peut s’avérer profitable. Elle l’est d’autant plus que le droit pose en la matière un régime protecteur des sites d’intérêt patrimonial, qu’ils fassent l’objet d’un classement aux Monuments historiques ou non.

En cas de classement ou d’inscription MH, la protection est d’ordre procédural. Rappelons d’abord le principe posé par le code du patrimoine (art. L. 621-29-1) : le propriétaire a la responsabilité de la conservation du monument historique inscrit qui lui appartient. Ce faisant, la démolition du bien ne peut être qu’exceptionnelle et doit en cela être justifiée par l’existence d’un péril imminent, ce qui suppose de justifier que l’immeuble menace ruine. Auquel cas, la démolition est obligatoirement soumise à la délivrance d’un permis après avis de l’architecte des bâtiments de France.

Cela signifie-t-il que les monuments hors-MH ne bénéficient quant à eux d’aucune protection ? Non, bien au contraire.

D’abord, les élus locaux peuvent décider en amont d’inventorier le « petit patrimoine » communal dont il est souhaitable d’assurer la conservation, pour ensuite en acter le caractère obligatoire dans le plan local d’urbanisme. Cette faculté est ouverte à l’article L. 151-19 du code de l’urbanisme.

Ensuite, et surtout, lorsque vient un projet de démolition d’un site remarquable, celui-ci « peut être refusé ou n'être accordé que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales si les travaux envisagés sont de nature à compromettre la protection ou la mise en valeur du patrimoine bâti ou non bâti, du patrimoine archéologique, des quartiers, des monuments et des sites. » (article L. 421-6 du code de l’urbanisme).

Le juge administratif peut ainsi être saisi d’un recours contre le permis s’il contrevient à cet impératif de préservation du patrimoine. Sa démarche est même plus protectrice encore puisqu’il n’hésite pas à contrôler lui-même que le projet n’y porte pas atteinte, en recherchant l’existence d’un intérêt patrimonial notable ou remarquable, et annuler les décisions qui entreraient en violation avec ce texte.

Cette approche jurisprudentielle a notamment été inaugurée à l’occasion de la triste affaire de l’église de Gesté. Cette église néo-gothique du Maine-et-Loire avait pu être sauvée des pelleteuses (1) : la commune, propriétaire, en avait initialement voté la démolition, ce qui avait valu la saisine du tribunal administratif de Nantes, lequel avait dans un premier temps rejeté le recours. La Cour administrative de la même ville avait finalement annulé le jugement : les juges d’appel avaient eux-mêmes relevé la particularité patrimoniale de ce monument et avaient conclu que même si le bien n’était ni inscrit ni classé, il ne pouvait pour autant faire l’objet d’une démolition tant qu’il ne menaçait pas ruine.

La Cour avait également rappelé, pour l’avenir, que « la circonstance, à la supposer établie, que le coût d'une restauration complète ne pourrait être supporté par les finances communales est sans influence sur la légalité de la décision contestée » …

Cette jurisprudence a trouvé maintes applications, avec comme dernier exemple en date celui de la maison du 32 rue du Phare de Saint-Pierre-d’Oléron, qui devait être « regardée comme un témoignage de l'expansion et de l'organisation du village en adéquation avec son environnement spécifique. »

catry


________

(1) Pour un temps seulement : l’histoire de l’église de Gesté a finalement tourné à la tragédie puisque les travaux de démolition ont tout de même été entrepris par la force. Le juge des référés, saisi une nouvelle fois, a statué que les travaux étant commencés, l’église était cette fois-ci en état de péril imminent et que la seule façon d’y mettre fin était de mener les travaux de démolition à leur terme.

Maître Théodore Catry
19 Avenue de Grammont
37000 TOURS
Téléphone: 02 47 61 31 78
Télécopie: 02 47 20 26 02
tcatry@avocatatours.fr 

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : démolition de l’église de Gesté © Jo Baron/ France 3

teamers2

Calais : sombre avenir pour l’église Sainte-Germaine ?

L’annonce a fait grand bruit hier et vous êtes des dizaines à nous avoir contacté pour nous alerter au sujet du projet de démolition de l’église Sainte-Germaine à Calais et nous vous remercions.

GERMAINE PHOTO 1


En premier lieu, nous avons souhaité interroger les contacts que nous avons au Diocèse d’Arras afin de connaître l’état réel de la situation et nous attendons leurs réponses.

Quoi qu’il en soit, même s’il faut être très vigilants quant à l’avenir de l’édifice, sa démolition n’interviendra pas demain.

En effet, il faut tout d’abord engager la procédure de désacralisation, mais également, obtenir l’accord des Bâtiments de France, puisque les vitraux de l’église sont protégés au titre des Monuments Historiques (inscription faite le 03/02/1997) pour ceux du chœur, de la nef, des fenêtres hautes et bas-côtés, ainsi que ceux de la chapelle des fonts baptismaux.

Dans l’Avenir de l’Artois le représentant du Diocèse donne les raisons de cette décision :

« L’économe diocésain en charge des deniers du diocèse d’Arras évoque « une église digne d’un mastodonte et de fait, très coûteuse en termes d’entretien. C’est un vrai gouffre pour le diocèse ». Au minimum, l’économe diocésain parle d’une enveloppe de réfection de plusieurs millions d’euros. L’électricité est à refaire, et les sous-sols font régulièrement l’objet d’inondations « en raison du terrain marécageux sur lequel l’église a été construite. Il y a une instabilité constante du terrain ». Autre argument du diocèse qui ne pourrait régler la facture des travaux, la faible affluence lors des messes, toutes les deux semaines. « Ce n’est pas non plus une église qui accueille 1000 personnes. Elle est trop grande. » S’il n’y a pas de contre-ordre du nouvel évêque, l’église sera rasée, mais le culte ne devrait pas totalement disparaître du quartier. Si le diocèse est en relation avec des bailleurs pour vendre les 4500m2 de terrain afin d’y construire des logements, un lieu de culte plus petit devrait être érigé. Petite chapelle, lieu de culte modulable, rien n’est écarté et Lionel Delcroix assure que « les paroissiens et le curé seront associés ». L’objectif est d’entériner le dossier « pour la fin d’année ».  

GERMAINE PHOTO 2


Nous sommes très étonnés des sommes annoncées pour une éventuelle restauration, d’autant que de nombreux travaux avaient déjà été entrepris dans les années 90. Certes le temps a dû depuis faire son ouvrage, mais il n’y a aucun péril imminent.

Dans l’article il est aussi question de la vente du terrain pour y construire des logements, mais si le terrain est marécageux, cela signifierait qu’il n’est pas constructible. Tout ceci pose questions.

Un autre problème se pose : celui de la démolition d’un édifice religieux dans un contexte sociétal difficile. Nous sommes nombreux à nous insurger contre les actes de vandalisme perpétré contre de nombreux édifices, mais si l’institution catholique elle-même détruit son patrimoine, c’est la porte ouverte à toutes les exactions.

GERMAINE PHOTO 3-


Quoi qu’il en soit, une fois encore Urgences Patrimoine va se mobiliser pour essayer de trouver une alternative à cette démolition en collaboration avec l’EPAC (Environnement et Patrimoines du Calaisis), association fraichement créée suite à la démolition de la maison de Roger Poyé et à la mobilisation initiée par Magali Domain.

Nous avons conjointement décidé de lancer une pétition, qui nous le savons tous, n’est pas une solution miraculeuse, mais un moyen de faire entendre la voix des amoureux du patrimoine qui ne veulent pas voir disparaître les témoins de leur mémoire collective.

Pour signer la pétition cliquez sur le lien ICI.

Historique de l’édifice

Placée sous le patronage de sainte Germaine Cousin, une bergère qui vivait près de Toulouse au XVIème siècle et qui a été canonisée en 1867, l’église du Pont-du-Leu située rue de Montréal est née en grande partie grâce à la volonté de l’abbé Constant Hanse qui voulait édifier un beau lieu de culte dans une paroisse appelée à se développer, notamment suite à l’implantation de la grande usine « Les Filés de Calais » produisant de la soie artificielle.

Une souscription fut lancée après la Grande Guerre pour remplacer le baraquement qui faisait jusqu’alors office de lieu de culte rue de Lima. Les paroissiens du Pont-du-Leu eurent beaucoup de difficultés à rassembler tout l’argent nécessaire au financement du chantier, la crise économique des années 1930 frappant durement le Calaisis. Le diocèse d’Arras apporta sa contribution et des dons des « Germaines » de toute la France ont permis à l’église de voir le jour.

SAINTE GERMAINE PHOTO 4


Mgr Julien, évêque d’Arras, posa la première pierre en 1928 mais les travaux furent difficiles en raison du caractère sableux et très mouvant du terrain choisi. Il fallut y enfoncer plus de 160 colonnes en béton et les relier au niveau du sol par du ciment armé afin de pouvoir élever les murs. Ces différentes opérations engloutirent des sommes énormes, si bien qu’il fallut une ultime récolte de fonds pour pouvoir élever le clocher.

Mgr Dutoit inaugura l’édifice le 1er avril 1934. Œuvre de l’architecte Julien Barbier, la grande église, au plan en croix latine, se distingue par son revêtement en briques rouges et son clocher-porche. À l’origine, son autel était celui de l’ancienne église de Pétresse (ou Saint-Pierre, commune avec laquelle Calais a fusionné en 1885), qui avait été récupéré par les Petites Sœurs des Pauvres. Le lieu de culte recèle aujourd’hui quelques merveilles Art Déco : un chemin de croix en mosaïque et vingt-huit magnifiques verrières réalisées par les célèbres maîtres-verriers Louis Barillet, Le Chevalier et Théo Hanssen. Ces verrières ornent le chœur, la nef, les fenêtres hautes et les bas-côtés ainsi que la chapelle des fonts baptismaux et figurent à l’inventaire des objets mobiliers inscrits au titre des monuments historiques (référence PM62008410 dans la base Palissy).

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM62008410

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Magali Domain

Sans titre 3


teamers2

Et ça continue encore et encore…

erpétrés contre des éléments de notre petit patrimoine.

En Bretagne le Christ du calvaire de Gréavo, sur l’île d’Arz dans le Morbihan a été cassé et la vierge de la commune Montaud, dans l’Hérault, a été décapitée.
Des actes qui ont profondément affecté les habitants des communes concernées, élus en tête, ces derniers dénonçant fermement ces exactions.

CALVAIRE-VIERGE PHOTO 1


La presse nationale n’en parlera pas et aucun ministre ne se déplacera. Jusqu’à quand le petit patrimoine de nos territoires subira les assauts des vandales dans l’indifférence générale ?

S’en prendre à ces petits témoins de notre histoire revient à s’en prendre à nous-même et à engendrer une « haine de l’autre » sans précédent.

Les commentaires que nous lisons sous certaines de nos publications sont de plus en plus agressifs et nous le regrettons. Au lieu de rassembler, ils divisent, alors que la cause du patrimoine aurait plutôt vocation à rassembler.

Non, tous ceux qui défendent le patrimoine ne sont pas des « fachos » et non, les dégradations ne sont pas commises systématiquement par des fichés S. La bêtise est hélas universelle parce qu’elle est humaine et c’est parce qu’elle est humaine qu’elle est infinie.

CALVAIRE-VIERGE PHOTO 2


Alors au lieu de s’insulter à travers les écrans d’ordinateurs, il serait plus judicieux de se poser les vraies questions à commencer par : comment lutter contre ces actes ? Faut-il les passer sous silence, ou bien au contraire les mettre en lumière afin qu’ils servent d’étendards à la lutte contre le vandalisme croissant ?

En premier lieu, il est sans doute de la responsabilité de chacun de veiller à la bonne conservation de ces « petits patrimoines », car souvent, ils sont abandonnés par les communes sur fond de : « pas de budget ». Or nous savons tous que cette fallacieuse excuse cache surtout la peur des réactions de certains qui brandissent haut et fort les principes primaires de l’ultra laïcité.

Combien d’élus nous ont dit : « vous comprenez, si je mets de l’argent dans la restauration de l’église, une partie de mes administrés vont voir dans cette dépense pour un édifice religieux un acte contraire au principe de laïcité, car nombreux ignorent que pour tous les édifices édifiés avant 1905, leur entretien est à la charge des communes. C’est en grande partie pour cette raison que nous laissons le temps faire son œuvre sans réaction ».

Voilà une des clés du problème. Il est donc primordial de changer de discours et de mettre le plus souvent possible en avant la valeur culturelle et non pas la valeur cultuelle de ce patrimoine.

Nous savons que ce discours peut heurter de nombreux catholiques pratiquants, mais si nous voulons voir le patrimoine religieux protégé et entretenu, il faut absolument le replacer sans honte au cœur de notre culture comme un marqueur incontournable de notre histoire collective.

N’ayons pas honte de cette identité culturelle, car c’est elle qui fait de la France ce grand Musée que le monde entier nous envie.

Certes, ces deux éléments du patrimoine vandalisés passeront inaperçus tant notre pays en est riche, et d’ailleurs nous savons qu’ils seront restaurés mais il est important de changer notre regard sur ces actes qui ne concernent pas forcément la haine contre une religion, mais la haine contre un État tout entier.

Alors plutôt que de nous entretuer au nom de la laïcité, défendons ensemble notre culture et surtout, n’en ayons pas honte. Relever les pierres pour relever la tête sera le meilleur moyen de nous protéger contre l’extrémisme, quel qu’il soit.

Lire l’article de Ouest-France au sujet du calvaire de l’île d’Arz ICI.

Lire l’article du Midi-Libre au sujet de la Vierge de Montaud ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Photo 1 : Vierge de Montaud : F3 LR / L.Calmels. Photo 2 : Calvaire d’Arz : Christophe Stener

Sans titre 3


teamers2

L’Hallali a sonné pour la « chapelle » de l’architecte Roger Poyé

C’est terminé, l’édifice est en train de périr sous les pelleteuses.

109764285_663772004210693_6397104932980028806_n


Cette maison, signée par l’architecte Roger Poyé à Calais, est rend son dernier souffle. Dans quelques jours il ne restera plus rien de ce témoin du patrimoine art-déco, malgré une mobilisation forte des calaisiens et bien au-delà.

Près de 3000 personnes ont répondu à l’appel de Magali Domain et ont signé sa pétition de la dernière chance, pour dire « non » à la démolition de ce patrimoine emblématique de la ville, laissé à l’abandon pendant des années, puis revendu à l’Office Public de l’Habitat-Terre d’Opale Habitat.

Les délais de recours étant passés, cette mobilisation citoyenne était le dernier espoir permettant de sursoir à la démolition, mais malgré tous les efforts des défenseurs du patrimoine, la démolition a bien eu lieu. Comble de l’inconvenance : une réunion devait avoir lieu aujourd’hui à 14 heure en mairie avec tous les acteurs concernés, y compris un représentant de l’Office Public de l’Habitat et l’Architecte des Bâtiments de France qui a donné un avis favorable à la destruction de l’édifice, mais au dernier moment sans véritable motif, cette réunion a été annulée.

HALLALI PHOTO 2-


La petite nièce de Roger Poyé, Emmanuelle Villaneau, est venue de Bordeaux pour assister à cette réunion qui n’aura pas lieu. Elle est elle-même architecte et connaît exactement la valeur patrimoniale de l’édifice et a exprimé tout à fait légitimement son mécontentement dans la presse locale.

« Ce qui a été fait est extrêmement lâche, je ne pensais pas être confronté à ça dans ma vie. C’est insupportable. Ce sont des habitations qui ont été faites pour les habitants, les ouvriers et la ville ne respecte pas du tout cette histoire. Elle aurait dû entretenir ce lieu et cela n’a pas été fait. C’est une honte et ça va à contresens d’une ville qui a utilisé cet immeuble pour acquérir le label Ville d’Art et d’Histoire. Avec cette destruction, ce label est compromis. C’est un manque de culture, il n’y a pas de mots. Il y avait quelques fissures en façade, mais ça tenait encore debout et la charpente aurait pu être conservée. Ce n’est qu’un bâtiment et il y a plus grave évidemment, mais cela reflète l’état d’esprit actuel sur la vision que l’on a de notre patrimoine ».

Synthèse que nous partageons tout à fait. Nous l’avons écrit maintes fois, à l’heure où le Sénat publie un rapport en faveur de la valorisation du petit patrimoine des territoires, c’est tous les jours que ses dignes représentants sont mutilés.

HALLALI PHOTO 3


Quant au label Ville d’Art et d’Histoire, nous espérons que le jury qui l’a décerné à la ville de Calais va revoir sa copie, car effectivement, « la chapelle » de Roger Poyé figure bien dans le dossier de candidature de la ville à la page 66.

Un comble quand on voit l’édifice finir en tas de gravats un an après l’obtention de ce label. La ville de Calais, durement touchée par les destructions des deux guerres mondiales, avait tout à gagner en conservant au moins la façade de cet immeuble, œuvre d’un architecte reconnu.

Sa sauvegarde aurait également contribué à la protection d’un pan du patrimoine régional lié à l’univers ouvrier. Toutefois, à partir du moment où l’Architecte des Bâtiments de France avait donné sa « bénédiction », il était difficile de sauver ce témoin de la mémoire calaisienne. D’ailleurs, nous ne comprenons toujours pas la position des services de la culture actuellement, car ils semblent peu réceptifs à nos appels désespérés concernant la sauvegarde du patrimoine.

La semaine dernière nous avons essayé de contacter le Président de la Région Hauts-de-France, Monsieur Xavier Bertrand, pour avoir au moins son avis quant à cette démolition et plus généralement sur la politique patrimoniale de sa Région, mais nous n’avons obtenu aucune réponse de sa part.

Bien entendu, en premier lieu, c’est vers notre Ministre de la Culture, Madame Roselyne Bachelot, que nos espoirs résidaient, car il lui suffisait d’une signature pour suspendre la démolition et ordonner une mesure de protection d’urgence. Hélas, là aussi, nous n’avons obtenu aucune réponse de sa part.

Nous qui placions tant d’espoirs lors de sa nomination, nous commençons à nous inquiéter. Quand nos édiles entendront-ils enfin « la voix du peuple » qui ne souhaite pas voir disparaître son patrimoine commun ? En tout cas, pas aujourd’hui.

HALLALI PHOTO 4


Enfin, en parlant de nomination, que Madame Natacha Bouchart, la Maire de Calais, ne s’inquiète, nous avons décidé de lancer cette année le grand concours des « Pelleteuses d’or » et son nom devrait figurer en bonne place.

Lire tous nos précédents articles sur ce sujet :

03/02/2020 :

06/04/2020

18/06/2020

14/07/2020

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Magali Domain

Sans titre 3


teamers2

Le fort du Mont-Vaudois vandalisé

Situé sur la commune d’Héricourt dans le département de la Haute-Saône, le fort du Mont-Vaudois a subi les assauts d’un groupe d’individus peu scrupuleux, probablement un peu avant le 15 juillet et pour la seconde fois en moins d’un mois.

Les vandales se sont introduits dans l’enceinte de l’édifice, bravant les interdictions, et l’ont dégradé et souillé.

FORT PHOTO 1


Le président de l’Association des Amis du Fort du Mont-Vaudois, Alain Roëss, ne peut imaginer que cet acte de vandalisme ne soit l’œuvre que d’une seule personne. Selon lui, un premier individu aurait escaladé l’enceinte pour ensuite déverrouiller la porte principale permettant à ses complices de pénétrer sur le site.

Une fois entrés, les vandales armés de bombes de peinture ont tagué les murs. Croix gammées et injures en tout genre sont visibles à de nombreux endroits. Non contents de souiller les murs avec leurs inscriptions, les individus ont aussi uriné abondamment ce qui explique l’odeur épouvantable qui se dégage au sein du Fort.

Bien évidemment une plainte a été déposée au commissariat de Montbéliard.

FORT PHOTO 2


Jusqu’alors le fort avait été préservé de toute intrusion et de tout acte de vandalisme et c'est la deuxième fois en deux semaines qu'un groupe réussit à pénétrer l'enceinte interdite au public. C'est le gardien du fort qui a constaté les dégâts le 15 juillet. Difficile de savoir précisément à quel moment les individus ont commis leurs méfaits les jours précédents.

Le Procureur de la République de Vesoul s’est exprimé à ce sujet dans le journal l’Est Républicain :  « Nous sommes sur des gestes extrêmement symboliques. Ces tags portent une idéologie nazie, dans une région qui s’est fait remarquer par de grands actes de Résistance. Les faits se sont passés en journée, avant le 15 juillet, sur un vaste domaine de cinq hectares très difficile d’accès, protégés par des barbelés, ce qui montre la détermination des individus à vouloir s’introduire sur le site.  Un appel à témoins vient d'être lancé par le parquet de Haute-Saône, l'enquête ouverte pour dégradation de biens publics a été confiée au commissariat de Montbéliard. »

Nous ne cachons pas notre indignation, car au-delà des actes de vandalisme intolérables qui portent atteinte à l’intégrité et au symbole de ce patrimoine, c’est aussi un manque de respect envers la mémoire collective, mais également envers tous les bénévoles qui œuvrent sans répit pour la restauration et la valorisation de l’édifice. C’est leur travail qui se voit ici méprisé.

FORT PHOTO 3


Jusqu’où ira la bêtise humaine ? Nous n’en savons rien puisqu’elle semble reculer ses limites chaque jour. En revanche, nous savons que les auteurs de ces faits sont d’une lâcheté incommensurable, car s’attaquer aux pierres pour revendiquer une quelconque idéologie n’a jamais été la plus grande preuve de courage.


Source : France 3 Bourgogne Franche-Comté

En savoir plus sur le fort :

Historique

Après la défaite de la guerre de 1870, Belfort se situe à quelques kilomètres de la frontière allemande.Les frontières françaises sont fragilisées : l'évolution de l'artillerie et des techniques de guerre ont rendu le système défensif institué par Vauban obsolète.
A la demande du gouvernement français, le Général Séré de Rivière invente alors un nouveau système. Il crée notamment deux rideaux défensifs : l'un entre les places de Verdun et Toul, et l'autre entre Épinal et Belfort.A partir de 1874, des forts militaires sont construits tout autour Belfort. Ils sont destinés à protéger la "trouée de Belfort", et assurer la défense de la place forte. La construction du fort du Mont-Vaudois commence en 1874 pour être livré en 1877. Celui-ci a les caractéristiques "classiques" des forts isolés. Culminant à 525m d'altitude, il s'étend sur plus de 5 hectares et est conçu pour vivre en autonomie pendant 6 mois et avec une garnison de près de 700 hommes. Pour plus de détails sur l'histoire du fort, découvrez la page approfondir l'histoire

Venir et visiter

Vous êtes invités à monter pacifiquement à l'assaut du fort. Par un chemin carrossable de quelques kilomètres dans un environnement forestier bucolique, vous arriverez au sommet du Mont-Vaudois. Garez votre véhicule sur le parking, le fort se terre à quelques mètres de vous et se laisse tout juste deviner.
Le chemin vous amène face à un porche dont le pont levis sera baissé pour vous accueillir. On pourra éventuellement le faire fonctionner comme le faisaient les militaires pour se retrancher. Un passage voûté aux sombres meurtrières débouche rapidement dans une première cour ensoleillée. Vous allez admirer les plateformes d'artillerie où se trouvaient les canons à l'air libre, raison d'être du fort. Plus loin, vous pénétrerez dans d'impressionnantes caves à canons où étaient tapies d'autres bouches à feu, invisibles de l'ennemi.

Pour alimenter toutes ces pièces d'artillerie, nul doute que vous serez impressionnés par la visite d'un des deux magasins à poudre qui pouvait contenir chacun jusqu'à 100.000 kg de poudre noire. Mais il ne faudra pas rater la visite des cours d'honneurs desservant les lieux de vie pouvant accueillir jusqu'à plus de 670 soldats, artilleurs, fantassins avec leurs officiers.

Ainsi vous verrez les casemates logements, les magasins aux vivres, les citernes prévues pour six mois de siège et la boulangerie. Si vous venez un jour favorable vous sentirez la bonne odeur du pain tout juste sorti des fours que vous pourrez déguster comme à l'époque. Si vous avez du temps, l'abri-caverne créé à la suite des progrès de l'artillerie, vous attend dans les profondeurs de l'ouvrage. Pour finir avant de remonter à l'air libre, la caponnière double vous démontrera toutes les précautions prises pour que le fort résiste vaillamment aux ultimes assauts ennemis.

Pour clore en beauté en beauté cette visite, vous pourrez découvrir, du sommet du fort, un panorama aux vues étendues qui devrait vous séduire. N'oubliez pas la visite du modeste musée et où il sera possible d'acheter des livres écrits par nos historiens et des cartes postales en souvenir de votre "plongée dans le passé".

Source : Les Amis du Fort du Mont Vaudois
Site internet.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Photo 1 : France 3 Bourgogne Franche-Comté Photos 2 et 3 : A.F.M.V

Sans titre 3


teamers2

15 édifices religieux victimes d’incendies depuis le début de l’année 2020 : mais seul celui de Nantes fait la une !

L’incendie de la Cathédrale de Nantes occupe les esprits depuis hier matin et les médias nationaux font la part belle à cette triste nouvelle et à la perte inestimable de l’orgue et du tableau de Flandrin.

Trois ministres, pas moins, ont fait le déplacement pour venir au chevet de la pauvre victime, chacun y allant de son commentaire consterné. Nous ne pouvons que saluer ce geste symbolique de nos politiques qui, pour une fois, montrent ouvertement de la compassion pour la cause du patrimoine national.

Cependant, c’est un air de déjà vu et cela nous renvoie directement au drame de Notre-Dame-de-Paris qui avait ému le monde entier.

Mais voilà, nous constatons une fois de plus qu’il n’y a compassion que lorsqu’il s’agit d’une cathédrale, accessoirement propriété de l’État, mais que c’est dans un silence assourdissant que les églises et chapelles de nos territoires subissent le même sort. Il faut alors se contenter de trois lignes dans le média local qui, entre deux kermesses et le vol d’un kilo d’oranges, se voit contraint de publier un article au sujet d’un clocher ravagé par les flammes.

FEU PHOTO 1


C’est —en partie—ce silence assourdissant qui provoque des déchaînements de haine sur les réseaux sociaux. Nous l’observons depuis quelques temps, la montée en puissance des commentaires haineux est sans conteste le résultat de ces nombreux actes dont est victime le patrimoine religieux, délibérément passés sous silence.

Nous ne pensons pas une minute que la majorité des français respectueux du patrimoine religieux, qu’ils soient croyants ou non, ait une telle affliction pour la haine et les propos qui en découlent, mais nous croyons sincèrement que le silence est un ennemi sournois, qui transforme n’importe quel agneau en loup.

Alors arrêtons d’occulter ces atteintes au patrimoine de nos territoires et ayons le courage de les dénoncer à chaque fois qu’une église ou qu’une chapelle est victime d’un acte de vandalisme. En parler ne règlera pas tout, mais au moins les choses seront claires. Il serait également de bon ton que nos édiles se manifestent même quand il s’agit d’un modeste édifice de province.

Nous sommes bien évidemment sensibles au fait que notre premier Ministre soit venu au chevet de « la belle Nantaise », mais nous regrettons que lors de sa première sortie officielle à Corbeil-Essonnes le 3 juillet 2020, pour visiter une usine, il ne se soit pas rendu au chevet de l’église Saint-Paul, dont la toiture a été entièrement détruite le matin même, privant ainsi deux cents fidèles de la communauté Franco-Polonaise de son lieu de culte. Mais il est vrai qu’une petite église de briques du XIXe siècle est bien trop anecdotique pour justifier le « détour » d’un Premier Ministre.

D’ailleurs de mémoire, le dernier ministre, à s’être rendu dans une église après un incendie, était Bernard Cazeneuve en 2016 lors de l’incendie de l’église Saint-Louis à Fontainebleau. Pourtant, nous ne doutons pas une seule seconde que les Français apprécieraient de voir leurs Ministres s’indigner du sort réservé à leurs églises.

Restons optimistes et espérons que la prochaine fois qu’un « drame » de ce genre se produira dans un édifice de province, aussi modeste soit-il, il se passera quelque chose, aussi bien dans la presse que dans la bouche de nos ministres. Certes les miracles n’ont lieu qu’à Lourdes, mais l’espoir fait vivre…

En attendant, voici la liste des 15 édifices qui ont été victimes d’incendies depuis le début de l’année. Certains n’ont subi que des dommages relatifs, d’autres sont détruits en grande partie. Pour les 15, à chaque fois « une enquête est ouverte », mais nous sommes toujours en attente du résultat.

On constate que, dans la majorité des cas, on parle de « piste accidentelle ». Nous ne ferons aucun commentaire.

Enfin, il est vrai que « râler » ne suffit plus. Comme l’écrivait le grand Victor Hugo, « il vient une heure où protester ne suffit plus, après la philosophie il faut l’action ; la vive force achève ce que l’idée a ébauché. »

Alors offrons à tous les édifices religieux de France et de Navarre la possibilité d’être équipés de système de vidéo-surveillance. Toutes nos communes en sont dotées, il ne faut donc pas grand-chose pour que les équipements aillent au moins jusqu’aux portes de nos églises. Imaginons même qu’ils pourraient être financer en partie par les compagnies d’assurances, car un système de protection coûte à terme bien moins cher que le remboursement d’un sinistre.

Cela ne résoudra pas tout, mais au moins nous pourrons espérer les portes de nos églises ouvertes en limitant les « envies » de certains contrevenants de commettre des actes répréhensibles, qui sont une offense à notre culture et à notre mémoire collective.

Alors souvenons-nous :

8 Janvier 2020 :

— Chapelle de l’hôpital à Montauban (82)

FEU PHOTO 2 Chapelle_St-Jacques Hôpital de Montauban @Totem infos


« Un incendie volontaire a eu lieu mardi en début d'après-midi dans la chapelle Saint-Jacques située au sein de l'hôpital de Montauban. Un individu a été repéré par des passants et a réussi à prendre la fuite. Il est toujours recherché. Selon nos informations, un harmonium a entièrement été détruit. Le feu aurait été déclenché à plusieurs endroits différents sur des nappes et des tissus qui recouvraient du mobilier religieux. L'individu aurait sans doute utilisé des cierges allumés près d'un autel pour mettre le feu à divers endroits. La crèche n'a en revanche pas été touchée. »

Lire l’article dans son intégralité ICI.


11 janvier 2020 :

— Église du Saint-Esprit à Bayonne (64)

FEU PHOTO 3 BAYONNE ÉGLISE SAINT-ESPRIT  © Crédit photo - Pantxika Delobel- SUD OUEST


« Le lieutenant Olivier Mancino, chef du groupement de pompiers du BAB, décrit une opération qui a mobilisé 22 hommes. "Par chance, une ambulance avec des pompiers était sur place et a pu mener une première action avec des extincteurs de la gare et du restaurant voisin." Le feu est actuellement maîtrisé. Michel Garat, le prêtre de la paroisse Saint Vincent de Paul dont dépend l’église, s’est rendu sur place pour évaluer les dégâts. Les pièces classées monument historique qui se trouvaient à l’intérieur de l’édifice ont été mises à l’abri. »

Lire l’article dans son intégralité ICI.

16 Janvier 2020 :

— Église de Saint-Laurent-de-la-Salanque (66)

FEU PHOTO 4 incendie_creche_st_laurent_de_la_salanque © F3 LR


« Un incendie s'est déclaré mercredi matin à l’intérieur de l’église de Saint-Laurent-de-la-Salanque, dans les Pyrénées-Orientales. Le feu a pris aux alentours de 9h30. Prévenus par un voisin, les pompiers sont arrivés sur place vers 10h et ils ont rapidement maîtrisé les flammes. L’église était alors ouverte au public mais le feu ne se voyait pas de l’extérieur car les portes étaient closes. La gendarmerie s’est ensuite rendue sur les lieux du sinistre avec un expert. La crèche est calcinée, le plafond a été brûlé par les fortes chaleurs et une partie des bancs a été touchée. »

Lire l’article dans son intégralité ICI.

1er Mars 2020 :

— Église de Saint-Trivier-de-Courtes (01)

FEU PHOTO 5 Saint TRIVIER @Jordan photographie


« Le drame a eu lieu dimanche 1er mars un peu après 20 heures. L’église Saint-Trivier est située à Saint-Trivier-de-Courtes dans le département de l’Ain. Ce sont les riverains qui ont donné l’alerte en voyant d’épaisses fumées sortir de l’horloge du clocher. Rapidement arrivés sur place, les pompiers, venus de nombreuses casernes des communes voisines, ont lutté sans relâche afin de maitriser l’incendie qui s’est propagé rapidement à l’ensemble de l’édifice. C’est vers 22 heures que le clocher s’est effondré à l’intérieur de l’église. Le Maire de la commune s’est immédiatement rendu sur place et a fait évacuer les riverains qui auraient pu être en danger, à cause de la propagation de l’incendie. »

Lire notre article dans son intégralité ICI.

15 Mars 2020 :

— Église Notre-Dame Souveraine du Monde à Sète (34)

FEU PHOTO 6 sete-n-d-du-monde-copie


« Les faits se seraient déroulés vendredi soir. Selon des témoins directs, deux jeunes sont arrivés avec un bidon d'essence et ont allumé un feu à l'entrée de l'église Notre-Dame-Souveraine-Du-Monde, à Sète, avant de s'enfuir rapidement. Intervention rapide, dégâts minimes. Assistant en direct à la tentative d'incendie des voisins sont alors immédiatement intervenus pour stopper les flammes. Grâce à eux, les dégâts sont minimes et sont visibles sur le parvis et les portes d'entrée en bois. Les pompiers n'ont pas eu à intervenir. »

Lire l’article dans son intégralité ICI.

3 mai 2020 :

— Église Le Marais-La-Chapelle (14)

FEU PHOTO 7 Le marais la-chapelle @Ouest France


« C’est dans la nuit du dimanche 3 mai, c’est un incendie volontaire qui a dégradé l’édifice. Le combustible utilisé serait probablement du fioul qui s’est embrasé, en détruisant une des portes d’accès à l’église. Si les dommages ont été limités grâce à l’intervention rapide des pompiers, l’installation électrique a souffert et l’intérieur est maculé de noir de fumée, ce qui nécessitera un important nettoyage et une surveillance de la structure puisque certaines pierres ont été exposées à de fortes températures. La même nuit, à quelques kilomètres de là, un tracteur a été incendié sur le même mode opératoire. Hasard ou coïncidence, l’enquête qui a été ouverte nous en apprendra peut-être un peu plus dans les semaines à venir. »
Lire notre article dans son intégralité ICI.

31 Mai 2020 :

— Chapelle des Saints à Schweyen (57)

FEU PHOTO 8 La chapelle des Saints à Schweyen Mosaik Cristal


« Mercredi matin, un incendie s’est déclaré au sein de la chapelle des Saints de Schweyen. “Une enquête est en cours : la gendarmerie déterminera la cause de l’accident, mais il semblerait que ce soit accidentel, indique Joël Schwartz, le maire de la commune. Le vent aurait déplacé l’un des cierges…” Cette chapelle attire en effet de nombreuses touristes. Pour les habitants des alentours, c’est également un lieu de recueillement et de promenade très apprécié et très prisé. »

Lire l’article dans son intégralité ICI.

12 juin 2020 :

— Église de Beauchamp (95)

FEU PHOTO 9 BEAUCHAMPS VAL D4OISE @DR - La Gazette du Val d'Oise


« Les secours ont été dépêché en nombre vendredi 12 juin 2020, vers 22h30, à la suite d’un feu de façade de l’église de Beauchamp (Val-d’Oise), avenue Charles-de-Gaulle. Pour une raison qui reste à déterminer, l’antenne relais fixée sur le haut du clocher du lieu de culte s’est embrasée. L’incident a nécessité la mobilisation de sept engins et 21 sapeurs-pompiers qui ont effectué des reconnaissances à l’aide de leur drone équipé d’une caméra pour effectuer des relevés thermiques. L’incendie, qui n’a pas fait de blessé, a finalement été éteint au moyen d’une lance sur la grande échelle. »

Lire l’article dans son intégralité ICI.

— Cathédrale de Rennes (35)

FEU PHOTO 10 Cathédrale de Rennes @DR- Ouest-France


« Il était environ 1 h 45, dans la nuit de jeudi à vendredi, quand les pompiers ont été appelés suite à un début d’incendie à l’arrière de la cathédrale Saint-Pierre, à Rennes. Le feu a démarré dans une poubelle placée devant une porte. Sans l’alerte donnée par des riverains - en particulier une employée d’un restaurant voisin - les dégâts auraient pu être beaucoup plus graves. Les pompiers ont été mobilisés durant une demi-heure. Une enquête a été confiée à la police judiciaire de Rennes. »

Lire notre article dans son intégralité ICI.

29 juin 2020 :

— Église de La Dominelais (35)

FEU PHOTO 11 INCENDIE DOMINELAIS @Ouest France


« Quand j’ai poussé la porte, c’était complètement enfumé à l’intérieur », raconte cette fidèle qui a donné l’alerte, lundi 29 juin, peu après 17 h, à La Dominelais, au sud de Rennes. Le feu a pris sur l’estrade, située derrière l’autel en bois. « On a vraiment eu peur. La fumée sortait du clocher. » L’incendie, rapidement maîtrisé par les pompiers, a causé des dégâts importants dans l’édifice. »

Lire l’article dans son intégralité ICI.

— Église de Réaumont (36) 

FEU PHOTO 12 RÉAUMONT  @ LE DAUPHINE l-incendie-de-l-eglise-1593539662


« L’église de Réaumont a été endommagée ce lundi soir par un incendie qui s’est déclaré dans la sacristie peu avant 19 heures. Le feu a provoqué un important dégagement de fumée, et a été combattu par d’importants moyens dépêchés sur place par les sapeurs-pompiers de l’Isère. Ces derniers sont parvenus à stopper une éventuelle propagation à l’ensemble du bâtiment, de sorte que seule une surface d’environ 15 mètres carrés a été concernée par le sinistre, qui est resté cantonné à la sacristie. »

Lire l’article dans son intégralité ICI.

3 juillet 2020 :

— Église Saint-Paul À Corbeil-Essonnes (91)

FEU PHOTO 13 INCENDIE 2020 CORBEIL (©Sdis91)


« C’est vers 4h30 ce samedi 4 juillet qu’un habitant demeurant non loin de l’édifice a donné l’alerte. Cette petite église construite en 1911 était surtout fréquentée depuis une vingtaine d’année par la communauté franco-polonaise et réunissait régulièrement plus de deux cents fidèles. D’ailleurs, une messe avait encore été célébrée la veille. Le père Andrzej Barnas ne comprend absolument pas comment son église a pu être ainsi mutilée, mais il rappelle qu’il y a deux ans elle avait été taguée de façon très agressive. Malgré l’intervention rapide de nombreux pompiers, l’intérieur de l’édifice est ravagé et nous ignorons pour le moment si la restauration sera envisageable. »

Lire notre article dans son intégralité ICI.

— Chapelle de l’ange gardien au Quesnoy-sur-Deûle (59)

FEU PHOTO 14 CHAPELLE DES ANGES GARDIENS QUESNOY-SUR-DEÛLE @La Voix du NORD


« Six pompiers du centre de secours local sont intervenus jeudi, un peu avant 22 heures, pour éteindre l’incendie de la chapelle de l’Ange gardien, un petit bâtiment caché dans la végétation entre le nouvel écoquartier de l’Ange gardien et l’ancienne usine de textile Van Robaeys. Sur son fronton, on peut encore y lire « Saints Anges gardiens, veillez sur nous », mais de la chapelle qui date de 1817, reconstruite après la Grande Guerre, il ne reste que les murs. » 

Lire l’article dans son intégralité ICI.


18 juillet 2020 :

— Cathédrale de Nantes (44)

FEU PHOTO 15 CATHEDRALE DE NANTES


« Ce joyau gothique du XVe siècle classé aux Monuments Historiques depuis 1862, avait déjà été victime d’un incendie en 1972. L’on avait alors conclu à l’incendie accidentel — un chalumeau utilisé par un couvreur aurait mis le feu à la charpente.Sa restauration avait duré 13 ans et elle avait été rendue au culte en 1985. Cependant, l’incendie qui s’est déclaré en ce samedi 18 juillet 2020, aux alentours de 7h30, est autrement plus inquiétant, car d’après le procureur de la République de Nantes, trois départs de feu ont été constatés à proximité du grand orgue de la Cathédrale. « Les dégâts sont concentrés sur le grand orgue qui semble être entièrement détruit. La plate-forme sur laquelle il se situe est très instable et menace de s’effondrer », a déclaré le directeur départemental des pompiers, le général Laurent Ferlay. » Le grand orgue affirmait son existence au sein de la Cathédrale depuis quatre siècles. Il n’aura pas survécu au XXIe siècle. »

Lire notre article dans son intégralité ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Photo 2 : Chapelle St-Jacques Hôpital de Montauban @Totem infos Photo 3 : Bayonne Église du Saint-Esprit @Pantxika Delobel/ SUD OUEST Photo 4 : crèche de l’église St-Laurent-de-la-Salanque @ F3 LR Photo 5 : église St-Trivier-de-Courtes @Jordan photographie Photo 6 : église Notre-Dame-du-Monde Sète @Midi Libre Photo 7 : église Le-Marais-La-Chapelle @Ouest-France Photo 8 : La chapelle des Saints à Schweyen @Mosaik Cristal Photo 9 : église de Beauchamp @DR / La Gazette du Val d'Oise Photo 10 : Cathédrale de Rennes @DR/ Ouest-France Photo 11 : église de La Dominelais @Ouest France Photo 12 : église de Réaumont @ LE DAUPHINE Photo 13 : église St-Paul Corbeil-Essonnes @Sdis91 Photo 14 : chapelle des Anges Gardiens Quesnoy-sur-Deûle @La Voix du Nord Photo 15 : Cathédrale de Nantes @Diocèse de Nantes

Sans titre 3


teamers2

Incendie de la Cathédrale de Nantes : un « patrimonicide » de trop ?

teamers2


Après la Cathédrale de Notre-Dame de Paris, c’est au tour de celle de Nantes, consacrée à Saint-Pierre et Saint-Paul, d’être victime d’un incendie.

NANTES PHOTO 1


Ce joyau gothique du XVe siècle classé aux Monuments Historiques depuis 1862, avait déjà été victime d’un incendie en 1972. L’on avait alors conclu à l’incendie accidentel — un chalumeau utilisé par un couvreur aurait mis le feu à la charpente.

Sa restauration avait duré 13 ans et elle avait été rendue au culte en 1985.

Cependant, l’incendie qui s’est déclaré en ce samedi 18 juillet 2020, aux alentours de 7h30, est autrement plus inquiétant, car d’après le procureur de la République de Nantes, trois départs de feu ont été constatés à proximité du grand orgue de la Cathédrale. « Les dégâts sont concentrés sur le grand orgue qui semble être entièrement détruit. La plate-forme sur laquelle il se situe est très instable et menace de s’effondrer », a déclaré le directeur départemental des pompiers, le général Laurent Ferlay.

Le grand orgue affirmait son existence au sein de la Cathédrale depuis quatre siècles. Il n’aura pas survécu au XXIe siècle.

NANTES PHOTO 2


Le caractère criminel de cet acte ne fait aucun doute, même si les médias restent prudents.

Le Premier ministre se rendra aujourd’hui sur place, et a tenu à apporter son soutient à l’ensemble des soldats du feu qui ont combattu cet incendie. Roselyne Bachelot, ministre de la Culture et Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, se rendront également sur les lieux.

NANTES PHOTO 3


Espérons que cela fasse réagir notre gouvernement quant aux dégradations incessantes du Patrimoine religieux Français. Vols, vandalismes et incendies deviennent monnaie courante dans de nombreuses églises de France et souvent dans l’indifférence générale de nos édiles et même des médias.

Ayons une pensée aujourd’hui pour la Basilique Saint-Donatien et Saint-Rogatien de Nantes, qui a également fait les frais d’un incendie en 2015 et dont les travaux de restauration se poursuivent actuellement.

NANTES PHOTO 4 ST DONATION LA DÉPECHE


Nathan Guigand, correspondant Urgences Patrimoine / La Gazette du Patrimoine Loire-Atlantique

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Photo 1-2-3 : Diocèse de Nantes Photo 4 : incendie de la basilique St Donatien en 2015 : La Dépêche

Sans titre 3

Patrimoine classé mais abandonné : quand l’État cautionne un « patrimonicide »Patrimoine classé mais abandonné : quand l’État cautionne un « patrimonicide »


Nous avons eu le privilège de visiter un trésor du patrimoine national, dont les peintures murales sont classées au titre des monuments historiques depuis 1909. L’édifice quasi millénaire est pour sa part classé dans son ensemble depuis 1976.



C’est à Vezot, une petite commune de la Sarthe de moins de cent âmes, toute proche de la ville de Mamers, qu’en toute humilité se dresse cette petite église depuis près de 1000 ans. Humble par son architecture, mais magistrale dans son ensemble.

À peine passe-t-on la porte étroite de l’édifice que l’on ressent ici quelque chose de particulier. Impossible de définir ce que c’est. En revanche, on est tout de suite subjugué par la beauté du lieu.


Passées les « envolées lyriques » et l’ivresse provoquée par cette découverte, on se « réveille » avec la gueule de bois, car on est bel et bien face à un véritable scandale patrimonial.

En effet, malgré le fait que l’édifice et l’ensemble de ses œuvres peintes soient protégés au titre des Monuments Historiques, c’est l’état d’abandon manifeste qui nous saute aux yeux.

Seule chose positive, grâce à un voisin de cette « vieille dame », il est possible de visiter les lieux. Avec d'autres habitants du village il veille également à ce que l’intérieur de l’édifice soit toujours propre, mais ne peut hélas faire entreprendre les moindres travaux. Il a alerté à plusieurs reprises les élus locaux, mais le Maire n’a visiblement pas l’intention d’entreprendre quoi que ce soit pour le moment, car il y a d'autres priorités dans la commune. Il est, cependant, conscient de l'urgence de la situation.



Et c’est bien là le problème dans notre pays. On laisse se dégrader, sans réaction aucune, certains patrimoines remarquables, sans qu’il n’y ait jamais de sanctions. Et pour cause, dans le cas de cette église c’est le Maire qui est responsable de l’entretien et des restaurations d’urgence sous contrôle de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Or, si cette dernière ne se manifeste pas, il ne se passe rien.

Dans le cas de l’église de Vezot, on se demande bien quand quelqu’un tirera la sonnette d’alarme, afin de sauver ces trésors datant pour la plupart, du Moyen-Âge et de la Renaissance.


Ce qui est également un non-sens, c’est que si nous proposions de faire intervenir des artisans qualifiés bénévolement dans le cadre du mécénat de compétences, nous nous exposerions à de lourdes sanctions s’agissant d’un patrimoine protégé.

Donc, en France, on a le droit de laisser disparaître les œuvres sans être inquiété. En revanche, on risque d’être poursuivi si on veut les sauver.


Nous entendons déjà les commentaires : il n’y a pas d’argent pour restaurer le patrimoine, nous ne pouvons pas tout sauver, c’est un petit édifice de province, l’argent doit aller aux grands édifices plus connus…

Sauf que, dans le cas de Vezot, ce ne sont pas des millions d’euros qu’il faudrait pour sauver ces trésors. La structure de l’édifice ne présente pas d’importants désordres. En revanche, il faudrait d’urgence stopper les infiltrations d’eau, car des murs commencent à verdir de toutes parts, et certaines sculptures se délitent à cause de cette humidité, tout comme les somptueuses peintures murales du XIVe siècle qui disparaissent au fil des ans.

À ce rythme-là, dans dix ans, les œuvres de l’église de Vezot ne seront plus que l’ombre d’elles-mêmes.

Il suffit d’ailleurs de comparer les photos des Bases Mérimée et Palissy qui datent d’une vingtaine d’années, et celles que nous avons prises samedi 11 juillet.


Une question se pose : puisque cette précieuse base de données des monuments historiques existe, pourquoi n’y a-t-il pas plus de surveillance de la part des services de la culture ? Pour des édifices « sensibles », un contrôle régulier de l’état de conservation des œuvres nous semble de la plus haute importance. Mais si ce contrôle est peut-être parfois effectué, ce n’est pas le cas pour l’église de Vezot.

Nous nous émouvons des dégradations volontaires dans nos églises de France, mais le plus grand des vandales reste l’abandon ou la négligence. Et ce avec la « bénédiction » de l’État.

Dans certains pays, la destruction du patrimoine est considérée comme un crime contre l’humanité. Tenir ce genre de propos au sujet de notre patrimoine national oublié serait peut-être exagéré, mais sans honte nous pouvons parler d’homicide culturel. Et lorsqu’on qu’une œuvre est détruite, à cause de son manque d’entretien, même s’il n’y a pas préméditation, l’on peut parler « d’homicide involontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner ». Et si certains s’offusquent de la comparaison avec les hommes, alors inventons le terme : « patrimonicide ».



Dénoncer, c’est important, mais agir est encore mieux. C’est la raison pour laquelle Urgences Patrimoine va prendre la liberté d’alerter La Direction Régionale des Affaires Culturelles, ainsi que le Préfet qui, en tant que représentant de l’État, devrait sans tarder prendre des mesures pour assurer l’avenir de l’église de Vezot et de ses trésors.

Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant des réponses qui nous auront été faites.



En savoir plus
ICI.

Consulter la fiche de la
Base Mérimée.

Consulter les fiches de la Base Palissy
ICI et ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine

Démolition de la « chapelle » à Calais : « J’ai 100 ans et je ne veux pas de Bulldozers pour mon anniversaire »

teamers2


POYÉ PHOTO 1-LA GAZETTE DU PATRIMOINE  (1)


C’est l’une des affiches que l’on trouve sur l’édifice surnommé « La chapelle », œuvre de l’architecte Roger Poyé, condamnée à la démolition dans les jours qui viennent.

Deux professeurs sont à l’origine d’une pétition qui a recueilli près de 3000 signatures afin de faire entendre la voix de ceux qui considèrent que détruire un édifice pensé par l’un des plus célèbres architectes Calaisiens, est un non-sens, surtout après que la ville puisse s’enorgueillir d’avoir été labellisée « Ville d’art et d’histoire », notamment grâce aux édifices emblématiques de cet architecte.

Pour signer la pétition ICI.

Elément intéressant : même les nièces de Roger Poyé ont demandé « grâce » à Madame la Maire, mais leurs appels sont restés sans réponse.

Rappelons que ce patrimoine condamné doit laisser place à « un espace vert », alors qu’il aurait pu très bien profiter d’une réhabilitation intelligente, offrant des logements de qualité, même s’il s’agissait de logements dit « sociaux ».

POYÉ PHOTO 2- LA GAZETTE DU PATRIMOINE.JPG


La question se pose aujourd’hui de la toute-puissance des « élus démolisseurs », qui à partir du moment où une décision est actée, n’ont pas l’humilité et la bienveillance nécessaire pour admettre qu’ils sont peut-être allés trop vite quant à la délivrance du permis de démolir. « La voix du peuple » est toujours méprisée et nous ne pouvons que le déplorer.

Les personnes à l’origine de la pétition ont contacté la SPPEF pour tenter une ultime action, nous ignorons si celle-ci permettra de bloquer cette démolition imminente.

Puisque nous suivons cette affaire depuis le mois de mars, juste avant que la pétition soit lancée, nous allons également tenter une action de la dernière chance, mais en ce qui concerne le patrimoine, « il est toujours plus tard qu’on ne le pense », hélas…

POYÉ PHOTO-3 LA GAZETTE DU PATRIMOINE.JPG



Sauf si, bien entendu, Madame la Ministre de la Culture avait la bonne idée de signer une mise sous protection d’urgence de l’édifice, ce qui permettrait de débattre de l’avenir de l’édifice plus sereinement.

Lire nos précédents articles sur le même sujet : février / avril / Juin.

Lire l’article de la SPPEF.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine

Sans titre 3

Démolition du Presbytère de Mamers : une réunion pour un espoir
13/07/2020 10:12

teamers2


REUNION PHOTO 1 LA GAZETTE DU PATRIMOINE


Samedi 11 juin, les principaux acteurs du collectif de sauvegarde de l’ancien presbytère de Mamers étaient conviés par Vincent Gomas, premier adjoint au Maire de la commune en charge du patrimoine, afin d’évoquer l’avenir de l’édifice toujours menacé par le projet de démolition de son propriétaire, le Centre Hospitalier Intercommunal Alençon-Mamers.

REUNION MAMERS PHOTO 2 LA GAZETTE DU PATRIMOINE


En effet, le « CHIC » souhaite démolir le presbytère depuis de nombreuses années afin de procéder à une éventuelle extension du foyer pour personnes âgées qui se trouve juste derrière. Pourtant, l’établissement, qui est fortement endetté, n’a pas forcément les moyens de ses ambitions, mais il s’obstine à vouloir détruire cet emblématique témoin de l’histoire locale.

Il y a un peu plus d’un an, la démolition avait d’ailleurs commencé. De nombreuses boiseries intérieures avaient été retirées et une grande partie des fenêtres démontées, laissant béantes certaines ouvertures et précipitant ainsi les dégradations dues en partie aux infiltrations d’eau.

Les prémices de cette démolition avaient été stoppées net grâce à l’intervention de l’Architecte des Bâtiments de France qui devait donner son accord, puisque le presbytère se trouve dans un périmètre protégé et qu’il n’avait pas été consulté avant le début des travaux.

Il existait bien une solution « miracle » pour sauver l’édifice. Le faire protéger au titre des Monuments Historiques. Hélas, malgré le travail remarquable effectué par Jean-David Desforges et Frédéric Poupry, mettant en lumière l’intérêt historique et architectural de l’édifice, celui-ci a été « recalé » en Commission Régionale du l’Architecture et du Patrimoine. Seule préconisation lors de cette commission : conserver les éléments de façade.

Comme le « CHIC » n’est pas à son premier projet de démolition, nous pouvons aisément nous rendre compte du résultat de ce genre de préconisation, puisqu’en se rendant dans la rue derrière, nous pouvons contempler le résultat de ce « façadisme », puisqu’un autre édifice a déjà été détruit et qu’il ne reste de lui qu’un petit élément de façade « collé » contre le bâtiment principal du centre hospitalier, comme on peut le voir sur la photo qui suit.

RÉUNION MAMERS PHOTO 3 - LA GAZETTE DU PATRIMOINE


RÉUNION MAMERS PHOTO 3 - LA GAZETTE DU PATRIMOINE


Sauf que dans le cas du presbytère, si son ensemble n’est pas maintenu dans son intégralité, il y a fort à parier que la façade ne résistera pas. Nous avons suggéré à plusieurs reprises,depuis les débuts de « l’affaire », que le propriétaire fasse restaurer le presbytère pour l’intégrer à son projet d’extension, mais cette proposition a toujours été refusée.

REUNION MAMERS PHOTO 4 LA GAZETTE DU PATRIMOINE


Reste l’option « intelligente » de céder le presbytère à la ville qui est prête à prendre en charge sa réhabilitation. Le CHIC pourrait très bien procéder à la construction d’un étage sur l’hôpital existant. Mais cette solution simple n’est pas du goût de la direction, du moins jusqu’à présent.

C’est en partie pour cette raison que Monsieur Gomas nous a reçu, puisqu’il va rencontrer dès la rentrée le Directeur du Centre Hospitalier afin d’essayer de trouver une ultime fois, un accord pour sauver l’édifice.

Cette sauvegarde est d’autant plus importante pour la commune de Mamers, que celle-ci souhaite accéder au label « Petites citées de caractères ». La disparition du presbytère remplacé par un cube de béton face à l’église classée, compromettrait de facto cette labellisation.

REUNION MAMERS PHOTO 5


En attendant, le presbytère, bien que mutilé, résiste aux assauts des éléments et attend fébrilement d’être fixé sur son avenir. À l’issue de cette réunion cordiale, nous avons décidé de poursuivre notre demande de mise sous protection de l’édifice, car même si la Commission Régionale de l’Architecture et du Patrimoine l’a « recalé », nous allons solliciter Madame la Ministre de la Culture qui sera en mesure de statuer une bonne fois pour toute sur l’avenir de ce patrimoine remarquable.

REUNION MAMERS PHOTO 6


Notre pétition est donc plus que jamais active et nous vous invitons à la signer ICI.

Pour en savoir plus lire notre article précédent ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine

Sans titre 3

Démolition du Presbytère de Mamers : une réunion pour un espoir

teamers2


POYÉ PHOTO 1-LA GAZETTE DU PATRIMOINE  (1)


C’est l’une des affiches que l’on trouve sur l’édifice surnommé « La chapelle », œuvre de l’architecte Roger Poyé, condamnée à la démolition dans les jours qui viennent.

Deux professeurs sont à l’origine d’une pétition qui a recueilli près de 3000 signatures afin de faire entendre la voix de ceux qui considèrent que détruire un édifice pensé par l’un des plus célèbres architectes Calaisiens, est un non-sens, surtout après que la ville puisse s’enorgueillir d’avoir été labellisée « Ville d’art et d’histoire », notamment grâce aux édifices emblématiques de cet architecte.

Pour signer la pétition ICI.

Elément intéressant : même les nièces de Roger Poyé ont demandé « grâce » à Madame la Maire, mais leurs appels sont restés sans réponse.

Rappelons que ce patrimoine condamné doit laisser place à « un espace vert », alors qu’il aurait pu très bien profiter d’une réhabilitation intelligente, offrant des logements de qualité, même s’il s’agissait de logements dit « sociaux ».

POYÉ PHOTO 2- LA GAZETTE DU PATRIMOINE.JPG


La question se pose aujourd’hui de la toute-puissance des « élus démolisseurs », qui à partir du moment où une décision est actée, n’ont pas l’humilité et la bienveillance nécessaire pour admettre qu’ils sont peut-être allés trop vite quant à la délivrance du permis de démolir. « La voix du peuple » est toujours méprisée et nous ne pouvons que le déplorer.

Les personnes à l’origine de la pétition ont contacté la SPPEF pour tenter une ultime action, nous ignorons si celle-ci permettra de bloquer cette démolition imminente.

Puisque nous suivons cette affaire depuis le mois de mars, juste avant que la pétition soit lancée, nous allons également tenter une action de la dernière chance, mais en ce qui concerne le patrimoine, « il est toujours plus tard qu’on ne le pense », hélas…

POYÉ PHOTO-3 LA GAZETTE DU PATRIMOINE.JPG



Sauf si, bien entendu, Madame la Ministre de la Culture avait la bonne idée de signer une mise sous protection d’urgence de l’édifice, ce qui permettrait de débattre de l’avenir de l’édifice plus sereinement.

Lire nos précédents articles sur le même sujet : février / avril / Juin.

Lire l’article de la SPPEF.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine

Sans titre 3

Démolition du Presbytère de Mamers : une réunion pour un espoir
13/07/2020 10:12

teamers2


REUNION PHOTO 1 LA GAZETTE DU PATRIMOINE


Samedi 11 juin, les principaux acteurs du collectif de sauvegarde de l’ancien presbytère de Mamers étaient conviés par Vincent Gomas, premier adjoint au Maire de la commune en charge du patrimoine, afin d’évoquer l’avenir de l’édifice toujours menacé par le projet de démolition de son propriétaire, le Centre Hospitalier Intercommunal Alençon-Mamers.

REUNION MAMERS PHOTO 2 LA GAZETTE DU PATRIMOINE


En effet, le « CHIC » souhaite démolir le presbytère depuis de nombreuses années afin de procéder à une éventuelle extension du foyer pour personnes âgées qui se trouve juste derrière. Pourtant, l’établissement, qui est fortement endetté, n’a pas forcément les moyens de ses ambitions, mais il s’obstine à vouloir détruire cet emblématique témoin de l’histoire locale.

Il y a un peu plus d’un an, la démolition avait d’ailleurs commencé. De nombreuses boiseries intérieures avaient été retirées et une grande partie des fenêtres démontées, laissant béantes certaines ouvertures et précipitant ainsi les dégradations dues en partie aux infiltrations d’eau.

Les prémices de cette démolition avaient été stoppées net grâce à l’intervention de l’Architecte des Bâtiments de France qui devait donner son accord, puisque le presbytère se trouve dans un périmètre protégé et qu’il n’avait pas été consulté avant le début des travaux.

Il existait bien une solution « miracle » pour sauver l’édifice. Le faire protéger au titre des Monuments Historiques. Hélas, malgré le travail remarquable effectué par Jean-David Desforges et Frédéric Poupry, mettant en lumière l’intérêt historique et architectural de l’édifice, celui-ci a été « recalé » en Commission Régionale du l’Architecture et du Patrimoine. Seule préconisation lors de cette commission : conserver les éléments de façade.

Comme le « CHIC » n’est pas à son premier projet de démolition, nous pouvons aisément nous rendre compte du résultat de ce genre de préconisation, puisqu’en se rendant dans la rue derrière, nous pouvons contempler le résultat de ce « façadisme », puisqu’un autre édifice a déjà été détruit et qu’il ne reste de lui qu’un petit élément de façade « collé » contre le bâtiment principal du centre hospitalier, comme on peut le voir sur la photo qui suit.

RÉUNION MAMERS PHOTO 3 - LA GAZETTE DU PATRIMOINE


RÉUNION MAMERS PHOTO 3 - LA GAZETTE DU PATRIMOINE


Sauf que dans le cas du presbytère, si son ensemble n’est pas maintenu dans son intégralité, il y a fort à parier que la façade ne résistera pas. Nous avons suggéré à plusieurs reprises,depuis les débuts de « l’affaire », que le propriétaire fasse restaurer le presbytère pour l’intégrer à son projet d’extension, mais cette proposition a toujours été refusée.

REUNION MAMERS PHOTO 4 LA GAZETTE DU PATRIMOINE


Reste l’option « intelligente » de céder le presbytère à la ville qui est prête à prendre en charge sa réhabilitation. Le CHIC pourrait très bien procéder à la construction d’un étage sur l’hôpital existant. Mais cette solution simple n’est pas du goût de la direction, du moins jusqu’à présent.

C’est en partie pour cette raison que Monsieur Gomas nous a reçu, puisqu’il va rencontrer dès la rentrée le Directeur du Centre Hospitalier afin d’essayer de trouver une ultime fois, un accord pour sauver l’édifice.

Cette sauvegarde est d’autant plus importante pour la commune de Mamers, que celle-ci souhaite accéder au label « Petites citées de caractères ». La disparition du presbytère remplacé par un cube de béton face à l’église classée, compromettrait de facto cette labellisation.

REUNION MAMERS PHOTO 5


En attendant, le presbytère, bien que mutilé, résiste aux assauts des éléments et attend fébrilement d’être fixé sur son avenir. À l’issue de cette réunion cordiale, nous avons décidé de poursuivre notre demande de mise sous protection de l’édifice, car même si la Commission Régionale de l’Architecture et du Patrimoine l’a « recalé », nous allons solliciter Madame la Ministre de la Culture qui sera en mesure de statuer une bonne fois pour toute sur l’avenir de ce patrimoine remarquable.

REUNION MAMERS PHOTO 6


Notre pétition est donc plus que jamais active et nous vous invitons à la signer ICI.

Pour en savoir plus lire notre article précédent ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine

Sans titre 3

« Elle est moche cette église, il faut la démolir ! »


Suite à notre publication concernant la possible démolition de l’église de Mouflers dans la Somme, un commentaire nous a interpellé, c’est la raison pour laquelle nous souhaitons nous faire l’avocat de ce petit patrimoine Picard.


Voici le commentaire de Gilles X :

« Je vais peut-être me faire huer… je défends notre patrimoine et ai mené des actions dans ce sens, notamment dans des cimetières où certaines maires voulaient démolir des tombes et monuments réputés à l’abandon, ce qui est un pur scandale quand il s’agit de jeunes qui se sont faits tuer pour la France en 14/18.

Mais là… elle est moche, cette église, mal proportionnée… elle a l’air sinistre ! Mieux vaut faire un joli parc ou un beau jardin. »

Ce à quoi nous avons répondu :

« Imaginez que, du jour au lendemain, on décide de soigner uniquement les personnes au physique avantageux et qu’on laisse délibérément mourir les moches. Et bien pour le patrimoine, c’est pareil. »

Oui, c’est pareil. Car juger un édifice uniquement sur ses qualités esthétiques nous semble être très réducteur. Et puis le « beau » est une valeur tellement subjective. Décider de la destruction d’un patrimoine uniquement parce qu’il ne répond pas aux critères esthétiques de certains nous paraît extrêmement dangereux pour l’avenir.


N’oublions pas que même ces patrimoines « moches » ont été à un moment édifiés sur des critères esthétiques d’une époque, avec des matériaux d’une époque et le savoir-faire de cette même époque. N’oublions pas que des gens ont donné beaucoup d’argent pour faire construire cet édifice « moche », que des gens ont prié dans cet édifice « moche », qu’ils y ont trouvé du réconfort, qu’ils y ont baptisé leurs enfants, qu’ils s’y sont mariés, qu’ils y ont enterré des êtres chers…

Une église, même « moche », avant d’être un simple témoin architectural, est un symbole. Un symbole de notre histoire et de notre mémoire collective et il est parfaitement inconcevable que dans des périodes aussi tourmentées que la nôtre, on détruise ces symboles simplement parce qu’ils sont « moches ».

D’ailleurs, nous attendons toujours le « grand plan églises » évoqué dans l'Express par l’ancien député Yves Jégo le 5 août 2016, alors que la France était sous le choc de l’assassinat de Père Hamel quelques jours auparavant et suite au projet de démolition de l’église Sainte Rita dans le XVe arrondissement de Paris.

"Il y aurait actuellement plus de 300 églises menacées de disparition dans notre pays", interpelle le député-maire de Montereau. Yves Jégo souhaite rendre difficile la démolition des "édifices cultuels construits il y a plus de 75 ans "en les classant automatiquement comme "monument historiques". 

Une classification qui permettrait l'entretien, les réparations ou les restaurations des édifices par le ministère de la Culture, selon l'article 19 de la loi de 1905. Le député propose aussi de créer une "fondation du patrimoine religieux" et de transformer les édifices pour en faire "un usage culturel respectueux de ce qui fut le caractère sacré des lieux".


Hélas, il n’y a jamais eu de « plan églises » et les pelleteuses ne sont jamais bien loin des centaines d’édifices laissés sans « soins » depuis des décennies, auxquels on trouve tous les défauts du monde pour empêcher une quelconque restauration.


Nous savons pertinemment que certains diront que si les églises de France sont aujourd’hui en grand péril, c’est parce que les « fidèles » les ont désertées. Ce qui n’est pas faux. Mais est-ce une raison suffisante pour les détruire ?

N’oublions pas que le patrimoine, qu’il soit religieux ou non, peut se voir offrir un bel avenir dans une nouvelle affectation et qu’une réhabilitation sera toujours préférable à une démolition.

Lire notre précédent article au sujet de la démolition de l’église de Mouflers
ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Photo 1 : Église de Mouflers : Le Courrier Picard
Photo 2 : Église Saint-Jacques d’Abbeville : Le Courrier Picard
Photo 3 : Église Notre Dame des Anges à Belfort : France 3
Photo 4 : Église de Gesté :
La Croix

Quand l’art fait le mur…


C’est dans une petite commune d’Indre-et-Loire qui se nomme Les Hermites qu’une œuvre insolite orne désormais la façade de l’église Saint-Benoît, permettant notamment de mettre en valeur son cadran solaire.


Cette œuvre a été réalisée en utilisant la technique du sgraffito.

Le sgraffito trouve son origine dans le mot italien « graffiare » qui signifie griffer. Cette technique, qui nous vient de la Renaissance, consiste à gratter un motif sur deux couches d’enduit de chaux naturelle. La première couche foncée et rugueuse est alors recouverte d’une couche d’enduit plus lisse et plus claire que l’on gratte ensuite à l’aide d’une pointe.

On trouve ce genre d’ornements très fréquemment en Italie et notamment à Florence sur les façades de nombreux palais et demeures qui les mettent ainsi en valeur.

Certes Les Hermites ce n’est pas Florence, mais l’église Saint-Benoît méritait amplement d’être ainsi parée et, d’ailleurs, l’œuvre s’intègre tellement sur la façade que l’on pourrait croire que Saint Benoît et son corbeau ont toujours été là.

C’est Corinne Tual, co-gérante du Conservatoire Muro dell’Arte, qui détient ce précieux savoir-faire depuis vingt-cinq ans. Il a fallu deux mois d’études préparatoires pour la conception de cette œuvre, et c’est en compagnie d’Alejandro Cadena, artisan maçon du patrimoine et d’Anne Gervais étudiante au conservatoire, que Corinne Tual l’a réalisée.


Il aura fallu une semaine d’un travail sans relâche pour voir enfin apparaître Saint Benoît, car la technique du sgraffito ne supporte pas les fortes chaleurs et l’enduit doit être frais pour être travaillé. « Nous sommes au service du matériau », précise Corinne Tual, donc aucun temps de repos avant que l’œuvre ne soit achevée.

Cette réalisation est une première en France sur la façade d’une église.

Elle a été rendue possible grâce à la générosité d’un mécène qui est à l’origine de ce projet original.

Donc, que les traqueurs de dépenses d’argent public se rassurent, cela n’a rien couté à la commune. Bien évidemment le conseil municipal, les prêtres de la paroisse et la commission d’art sacré ont donné leur accord et ont accueilli très favorablement ce projet.

Cette œuvre unique qui pare désormais la façade de l’église rend ainsi hommage à Saint Benoît et à son histoire, mais également au savoir-faire de nos artisans et à la transmission d’un geste vieux de plus de cinq cents ans.


Notes :

Au sujet de ce « geste », Corinne Tual a appris il y a bien longtemps la technique de la fresque Renaissance dans un monastère de Haute-Provence auprès d'une moniale bénédictine qui avait appris elle-même auprès d'un maître italien ... La boucle est bouclée. Et, de plus, elle rêvait de pouvoir faire cela un jour sur une façade d'église.  


Saint Benoît de Nursie a fondé l'ordre bénédictin au VIe siècle et a répandu sa règle : les moines doivent partager leur temps entre la prière, le travail manuel, la lecture d'ouvrages spirituels et la copie de ceux-ci. Tous ses monastères se voient alors doté d'un scriptorium. Benoît a écrit dans sa retraite (une grotte) ses règles car la vie des monastères qu’il avait visités ne lui plaisait pas. Il a été décrié et on a voulu l'empoisonner avec du pain corrompu. Il a chargé le corbeau qu'il nourrissait tous les jours d'aller emporter ce pain très loin pour que personne ne puisse le manger. Et c'est dans sa grotte qu’il a écrit les règles du futur ordre bénédictin. Ce sgraffito évoque les quatre premiers chapitres de ses règles.


La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Conservatoire Muro del’Arte



Ils ont nettoyé la fontaine du Châtelet souillée : Guard Industrie les a accompagnés.


Mercredi 8 juin, une quinzaine de jeunes du collectif « Défendons notre patrimoine » se sont réunis autour de la fontaine du Châtelet, non pas pour manifester leur haine comme certains aiment à le penser, mais bel et bien pour venir au secours du patrimoine parisien en proie aux vandales qui trouvent judicieux de détériorer sans relâche les témoins de notre histoire culturelle.


Parce qu’ils veulent bien faire, ils souhaitent être guidés par des professionnels du patrimoine, mais pour le moment malgré notre appel, personne ne souhaite soutenir leur démarche. Il est vrai qu’il existe des dizaines de supports différents et qu’expliquer comment nettoyer un édifice de façon générale est délicat.


Alors pour limiter les risques de dégradations dus à l’utilisation de produits trop agressifs, nous avons demandé à l’entreprise Guard Industrie, spécialisée dans les produits de nettoyage des bâtiments de les accompagner dans leur démarche.

C’est donc tout naturellement que Barnabé Wayser, Président de Guard Industrie, a répondu à notre appel et a offert à ces jeunes des bidons de produit bio afin de limiter au maximum les risques de dégradations dues au nettoyage.


Les inscriptions étant très incrustées, l’opération s’en avérée plus difficile que prévue c’est pourquoi une séance de « finition » est prévue jeudi prochain. En espérant que, d’ici là, nous trouverons un professionnel du patrimoine qui acceptera d’encadrer ces jeunes plein de bonne volonté qui ne demandent qu’à bien faire.

En attendant, nous tenons à remercier Barnabé Wayser pour son geste.

Merci à cette entreprise se s’engager à nos côtés.

Liens vidéo
ICI et ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Thomas Perrigault

Mouflers : le maire envisage de démolir son église.

C’est à Mouflers, un charmant village situé dans le département de la Somme, que Monsieur le Maire, Yves Crépy, a eu la bonne (?) idée de mettre à l’ordre du jour de son conseil municipal du 3 juillet le devenir de l’église de la commune.

MOUFLERS PHOTO 1

Laissée à l’abandon depuis plus de dix ans, il a sans doute trouvé judicieux d’annoncer tout simplement que n’ayant pas les moyens, il fallait envisager la démolition de l’édifice construit en 1868.

Un état de péril est d’ailleurs fièrement affiché et on peut lire une date qui en dit long sur la réactivité des élus de cette commune : 2009 ! cela veut dire que depuis 11 ans, un arrêté de péril court toujours, sans que la moindre action ait été entreprise. Et l’élu est en place depuis 2001.

Cela se passe de commentaire.

MOUFLERS PHOTO 2


Quoi qu’il en soit, lors de ce conseil, une élue s’est farouchement opposée à l’idée de cette démolition, et il ne fait aucun doute que les habitants feront de même.

Comme l’édile a de la suite dans les idées, il avance que si un référendum populaire était organisé, comme les habitants sont en majorité des jeunes, qui ne sont pas originaires de Mouflers, le résultat serait sans appel et la démolition serait approuvée par la majorité des habitants.

Nous pensons que c’est sous-estimer la jeunesse, mais soit. Alors pour éviter les déconvenues de ce référendum « à charge », il est bon de rappeler que depuis 1905 la commune a la charge de l’entretien de son patrimoine religieux et que si rien n’a été fait depuis des décennies, cela est tout à fait contraire à la loi.

MOUFLERS PHOTO 3


Il est important de rappeler également, que lorsque les édifices sont très endommagés, il est possible de réaliser les restaurations par tranches. Les travaux d’urgence en premier lieu, et le reste un peu chaque année. Cela permet de ne pas impacter les contribuables et de ne pas mettre en danger les finances de la commune. Le mécénat, les chantiers bénévoles et les souscriptions peuvent être d’un grand secours, sans oublier les subventions régionales et départementales, car même si l’église n’est pas protégée au titre des monuments historiques, la Région Hauts-de-France est la première à avoir mis en place des dispositifs d’aides pour le patrimoine non protégé. Mais si on ne demande pas, on n’a pas !

MOUFLERS PHOTO 4


L’élu précise cependant que rien n’est décidé et qu’il faut encore demander les autorisations au Diocèse et au Préfet.

Bien évidemment, nous suivrons cela de très près afin que cet édifice reste debout. Ce département a déjà connu une démolition « traumatisante » avec l’église Saint-Jacques d’Abbeville, il est inutile d’en rajouter.

Sources : Le Courrier Picard

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Le Courrier Picard

Sans titre 3

Orpierre martyrisé, mais Orpierre libéré !

teamers2


Pour tous ceux qui ont suivi la « saga » du village d’Orpierre, nous arrivons à l’avant-dernier épisode. Alors que la maison « Della Ragionne » était frappée d’un arrêté de péril, la grand’rue de ce joli village médiéval des Hautes-Alpes avait été fermée il y a deux ans, pour des raisons de sécurité.

GRAND RUE PHOTO 1


On imagine les contraintes supportées par les riverains pendant tout ce temps. Mais le lundi 6 juin à 18h30, la rue a été rendue à ses habitants, car la maison ne présente plus aucun risque pour la sécurité des personnes, grâce au remarquable travail mené sans relâche, depuis l’hiver, par Éric Avargues, son nouveau propriétaire et sauveur.

Certains penserons que nous en faisons trop pour une « simple » petite maison de village, mais cette maison est un bel exemple de ce que l’on peut faire pour la sauvegarde du petit patrimoine de nos territoires et parce qu’il n’y a pas de grand ou de petit patrimoine, il y a « Le » patrimoine.

Il aura suffi d’un message sur LinkedIn (enfin deux, puisque nous n’avions pas réagi au premier) pour que cette maison soit sauvée alors que les démons de la démolition menaçaient.

Puis, il a suffi d’une idée : proposer l’édifice à l’euro symbolique. Erreur de notre part, car si une commune a le droit de proposer ce genre de transaction, un propriétaire privé non.

Peu importe, sur ce point-là, les choses ont mis plus de temps que prévu, mais sont en passe d’être réglées.

Puis, il a suffi de deux publications sur Facebook pour trouver celui qui relèverait ce défi. Et nous l’avons trouvé, malgré les coups bas de l’ancien maire qui ne rêvait que d’une chose, voir l’édifice par terre, pour des raisons que nous ignorons toujours.

Enfin, nous vous présentons ici une synthèse très édulcorée de notre action, car si effectivement, elle se résume à deux messages et deux publications, en « coulisse » les choses ont été bien différentes.

GRANDE RUE PHOTO 2-


C’est l’histoire d’une bonne centaine de mails, à peu près le même nombre d’heures passées au téléphone, des jours et des nuits d’inquiétude, avec entre temps un nouvel arrêté de péril et surtout l’angoisse du temps qui passe et qui se rapproche un peu plus de la démolition, prévue seulement trois semaines après le début de notre action.

On comprendra mieux que la maison d’Orpierre est pour nous, bien plus que la simple sauvegarde d’une maison médiévale.

Et l’humain dans tout ça ?

On nous reproche souvent de nous occuper plus des pierres que des hommes.

Et bien là, c’est aussi une incroyable aventure humaine, émaillée de belles rencontres. Des rencontres avec des personnes passionnées et passionnantes, comme il en existe sans doute beaucoup, mais qu’il est rare de croiser. Des personnes qui ont l’amour des pierres dans les veines et qui donnent tout pour les sauver.

Comme dans tous les films, à la fin, il y a le générique avec le nom des acteurs, alors nous nous permettons de nommés tous ceux dont le rôle a été déterminant et nous leur adressons tous nos remerciements.


-Catherine de Ségovia Spada qui nous a alerté via LinkedIn

-Annick Chappaz-Gillot, présidente de l’association « Les amis d’Orpierre » avec laquelle nous avons échangé si longuement pour trouver une solution.

-Madame la Sénatrice Patricia Morhet-Richaud qui nous a été d’un grand secours en servant de « médiateur » entre nous, la préfecture et la mairie alors que le dialogue était impossible.

-Et enfin, Monsieur Éric Avargues et son épouse, nos acquéreurs providentiels et sauveurs incontestables de ces pierres multi-centenaires, qui malgré toutes les difficultés rencontrées n’ont jamais renoncé.

GRANDE RUE PHOTO 3


[Eric Avargues et son épouse en compagnie d’Annick Chappaz-Gillot et du Maire Gilles Crémilleux]

Cette histoire scelle sans doute la renaissance de ce magnifique village, car désormais, c’est un maire soucieux de son patrimoine qui est fraichement élu et qui, nul doute, prendra cette « aventure » en exemple pour valoriser ses « pierres d’or ». Monsieur Gilles Crémilleux, a donc rendu lundi sa liberté à la grand’rue et, symboliquement, a libéré Orpierre.

GRANDE RUE PHOTO 4-


GRANDE RUE PHOTO 5


Message personnel : Merci à Jean-Philippe Chappaz-Gillot et à mon mari Phillippe Romanski d’avoir supporté pendant un mois nos conversations téléphoniques et nos angoisses.

Rendez-vous à Orpierre dans quelques temps pour l’épisode final : l’inauguration de la maison restaurée.

Lire notre précédent article sur ce sujet ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Photos 1-2-3-4 : Jean-Philippe Chappaz-Gillot Photo 5 : Gilles Crémilleux

Sans titre 3

Promotion immobilière : coup de tonnerre sur Brest

teamers2


Depuis quelques jours, un projet immobilier fait gronder les Brestois et en particulier les riverains du cours Dajot.

BREST PHOTO 1


Alors même que la villa Crosnier fait partie des édifices emblématiques de la ville, tout comme son « voisin » l’hôtel Caradec, c’est entre les deux qu’un promoteur souhaite construire un immeuble de 7 étages — rien que ça !

Si ce projet se concrétise, c’est tout un côté de la villa Crosnier qui se retrouverait « aveugle ».

BREST PHOTO -2


Le permis de construire est en cours d’instruction, en attente de l’aval de l’Architecte des Bâtiments de France. Les propriétaires de la villa sont inquiets et consternés :

« Nous sommes propriétaires de la villa Crosnier un des rares édifices d'avant-guerre encore debout et témoin exemplaire du prestige patrimonial de l'histoire de Brest.

Il y a tout juste trois semaines, nous avons été avertis de manière officieuse que la mairie a donné son accord pour la construction d'une barre d'immeuble de sept étages agglutiné à la villa Crosnier et qui va donc boucher entièrement l'une des quatre façades de cet emblème brestois.

Alors que nous nous devons de demander la permission aux bâtiments de France dès lors qu'il s'agit de la couleur des volets ou des matériaux utilisés à la rambarde de la maison, pourquoi déroule t-on le tapis rouge à un promoteur immobilier en pleine zone protégée de la ville à moins de cinq cent mètres du château de Brest, monument historique, et à moins de deux cent mètres d'un autre ISMH de la ville, à savoir le monument américain ? »

BREST PHOTO 3-


BREST PHOTO 4_


« On a essayé de nous amadouer, symboliquement de nous faire taire en nous disant qu'on devrait être content que la construction se fasse, car elle va faire grimper les prix de l'immobilier à huit-neuf mille euros le mètre carré, et de cette manière faire grimper la valeur de la villa Crosnier.

Cette histoire ubuesque ressemble à un mauvais rêve, mais c'est la triste réalité qui dépasse la fiction. Nous propriétaires de la villa Crosnier, nous nous retrouvons à lutter face à des ennemis tout puissants qui font leur loi dans toute la ville. C'est David contre Goliath. »

Un collectif de sauvegarde est en cours de création et compte bien empêcher la naissance de ce projet, contraire à la mise en valeur du patrimoine brestois et contraire aux lois relatives à la protection des Monuments Historiques.

BREST PHOTO 5


La balle est donc dans le camp de l’ABF, mais nous savons que, parfois, les décisions concernant les constructions dans des zones protégées sont des plus… surprenantes. Cela étant dit, si l’ABF autorise cette construction, alors tout est dorénavant permis !

À suivre…

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Photos 1-2-5 : Jacqueline Kernéïs photo 3 : Château de Brest © Guillaume Team/Brest.fr photo 4 : Monument Américain, cours Dajot © Mathieu Le Gall/Brest.fr

Sans titre 3

Le top-départ du show « Son & Lumière 2020 » de la Cathédrale de Rouen

teamers2


“Ce que je ferai, ce sera l’impression de ce que j’aurai ressenti” aurait dit Claude Monet, artiste peintre français mondialement reconnu comme étant le fondateur de l’impressionnisme. Parce qu’il en est le fondateur, on peut dire que cette citation définit à la perfection les fondements de ce mouvement pictural de la seconde moitié du XIXe siècle.

MONNET PHOTO 1.JPG


« Les voyages impressionnistes » est un évènement culturel qui devait avoir lieu d’avril à juillet 2020 mais qui s’est vu reporté de juillet à septembre-octobre en raison de la crise sanitaire.


9 territoires sont concernés et seront marqués par des activités culturelles qui plairont aux petits et aux grands : la région de Caen, l’Estuaire de la Seine, la Côte d’Albâtre, Rouen et les boucles de la Seine, Giverny et ses environs, Auvers-sur-Oise, les Bords de Seine, Paris et Montmartre, et enfin la région Île-de-France, de Yerres à Barbizon.



Le 04 juillet au soir avait lieu à Rouen le premier son et lumière de l’année 2020. Et si chaque année la Cathédrale de « la Ville aux Cent clochers » se pare de lumière, cette année l’édifice est apparu aux yeux de son public avec des allures impressionnistes, tout en mettant en avant la fière culture normande. Ainsi, le spectacle s’est ouvert avec des panneaux animés racontant brièvement l’histoire médiévale de la Normandie (la Guerre de Cent ans notamment) et en mettant à l’honneur l’héroïne de la région : Jeanne d’Arc. Puis le spectacle a continué permettant aux spectateurs de ressentir ce que les peintres impressionnistes ont ressenti à leur époque, alors que leurs pinceaux dansaient sur leurs toiles.

MONNET PHOTO 2.JPG


Un spectacle de toute beauté qui s’est déroulé sous la pluie. Une fois n’est pas coutume, le temps de Normandie s’est invité à la fête. Ce qui n’a pas particulièrement dérangé la foule, étonnamment peu nombreuse, qui est restée pour admirer la Cathédrale dans son écrin de lumière. La Normandie, on l’a dans la peau ou on ne l’a pas !


Il faut saluer l’organisation de l’évènement par la métropole qui pour réguler la foule avait prévu trois entrées différentes afin d’assurer la sécurité sanitaire des spectateurs. On regrettera juste l’horaire tardif de cette manifestation haute en couleurs et en émotions, qui n’a pas permis au public venu en transports en commun, de rester jusqu’à la fin, les derniers bus passant bien avant la fin du spectacle.



Néanmoins, l’horaire de début du spectacle va évoluer au cours de l’été comme indiqué sur le site de l’Office de Tourisme de Rouen : 22h30 dès le 1er août, 22h à partir du 16 août, et 21h30 à partir du 1er septembre. Ce qui permettra à tout un chacun d’assister à l’illumination de la Cathédrale 2020 !

MONNET PHOTO 3.JPG


En tout cas, c’est un bel événement rouennais mêlant nouvelles technologies et Histoire, Art et Culture, passé et présent.

Mélaine Lhomme pour La Gazette du Patrimoine

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Mélaine Lhomme

Sans titre 3

Tombes profanées dans l’Eure : pas de repos éternel pour la bêtise humaine


C’est à Lieurey, un petit village tranquille du département de l’Eure, que les faits se sont déroulés.


Une dizaine de tombes a été vandalisée probablement à coups de masse. D’après les gendarmes en charge de l’enquête, les faits remonteraient à fin mai ou début juin. C’est en effectuant des travaux de nettoyage dans ce petit cimetière un peu isolé de la commune que des employés municipaux ont constaté les dégâts le 11 juin dernier.

Aucun « tag », ni aucune inscription, n’a été découvert sur les lieux pour indiquer les motivations des vandales. Un acte « gratuit » probablement.


Le seul dénominateur commun entre ces tombes mutilées, c’est qu’elles sont anciennes. Parmi elles figure même celle d’un bébé d’un an, enterré ici dans les années 1950. Aucun corps n’a été bien heureusement exhumé, mais les dégâts sur certaines sépultures sont importants. Pour d’autres, ce sont « seulement » les croix qui ont été brisées.

Comme ces tombes sont anciennes, il a été impossible de retrouver les familles. C’est donc la commune qui a porté plainte.


Sauf à imaginer que des faits similaires se reproduisent bientôt et que les vandales soient pris en flagrant délit, il est peu probable ce derniers soient inquiétés.

Pour l’aider à résoudre cette affaire, la gendarmerie lance un appel à témoins. Toute personne pensant disposer de renseignements liés à cette affaire est invitée à prendre contact avec la brigade de gendarmerie de Saint-Georges-du-Vièvre (tél. 02 32 42 80 17).


Nous allons nous rapprocher de la commune afin de connaître les modalités de restauration envisagées, pour rendre leur dignité à ces morts qui n’avaient rien demandé à personne.


Si la mise en place d’un chantier bénévole est possible, nous ne manquerons pas de lancer un appel dans ce sens dans les prochains jours.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques Steven Soulard pour La Gazette du Patrimoine




Corbeil-Essonnes : l’église Saint-Paul ravagée par un incendie

teamers2


CORBEIL PHOTO 1


C’est vers 4h30 ce samedi 4 juillet qu’un habitant demeurant non loin de l’édifice a donné l’alerte. Cette petite église construite en 1911 était surtout fréquentée depuis une vingtaine d’année par la communauté franco-polonaise et réunissait régulièrement plus de deux cents fidèles. D’ailleurs, une messe avait encore été célébrée la veille.

Le père Andrzej Barnas ne comprend absolument pas comment son église a pu être ainsi mutilée, mais il rappelle qu’il y a deux ans elle avait été taguée de façon très agressive.

Malgré l’intervention rapide de nombreux pompiers, l’intérieur de l’édifice est ravagé et nous ignorons pour le moment si la restauration sera envisageable.

CORBEIL PHOTO 2


On ignore aussi pour le moment les causes de l’incendie, mais les gendarmes ont remarqué qu’une salle toute proche, utilisée pour le catéchisme, a subi une tentative d’intrusion.

Pour les habitants du quartier c’est « comme pour Notre-Dame mais en plus petit ».

Voir disparaître sous les flammes un patrimoine familier, que l’on soit pratiquant ou non, est toujours un déchirement.

Si l’incendie est d’origine criminelle, nous espérons que les auteurs seront identifiés et sévèrement punis pour leurs actes.

Sources : Le Parisien.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédit Photographiques : Le Parisien /Gérald Moruzzi  

Sans titre 3

Non, les jeunes qui se mobilisent pour nos statues ne sont pas des « fachos » !

teamers2



STATUES JEUNES PHOTO 1-


Leurs actions ont fait grand bruit dans bon nombre de médias nationaux, suite aux actes de vandalisme perpétrés sur de nombreuses statues à Paris et ailleurs. Ils ne sont pas armés de bombes lacrymogènes ou de matraques, mais de gants, de seaux et de brosses et ils ont voulu remettre en état les statues souillées par les vandales.

Mais voilà, alors qu’ils mériteraient presque une médaille, ils se retrouvent sous la mitraille.

Accusés d’appartenir à des mouvements d’ultra droite, nous avons souhaité être les « avocats du diable » en les présentant tels qu’ils sont vraiment.

JEUNES STATUES PHOTO 2 Thomas


[Thomas Perrigault ]

Suite aux dégradations de nombreuses statues, Thomas Perrigault , un jeune étudiant en droit a créé un groupe Facebook avec quelques amis. « Défendons notre patrimoine » est le nom donné à ce groupe, qui a pour seul but de mobiliser les bonnes volontés afin de protéger les statues qui sont en proie au déchaînement de haine de certains « ultras », ceux qui, précisément, pensent que c’est à coup de bombes de peinture que l’on peut effacer les « drames » de l’histoire.

Si leurs premières actions de nettoyage ont eu « bonne presse », très vite, de nombreux professionnels du patrimoine ont manifesté leur colère, car il est vrai que l’on ne nettoie pas une statue en pierre comme on nettoie un simple trottoir.

Pas simple pour ces jeunes de faire la différence entre les différents types de pierres plus ou moins poreux qui supportent mal les agressions du white spirit, ce qui est le cas également pour les patines de certains bronzes.

Après de nombreuses réprimandes, ils ont bien compris que le nettoyage d’une œuvre plus que centenaire était une affaire de professionnels. Depuis ils ne demandent qu’à apprendre « les gestes qui sauvent » le patrimoine.

Mais pour le moment, pas un seul professionnel n’a souhaité les aider et, surtout, les sensibiliser au fait qu’ils ne devaient pas recommencer, du moins, sans être guidés par un expert et surtout, après avoir demandé l’autorisation d’intervenir.

STATUES JEUNES PHOTO 3-


Car c’est bien connu, en France, on a le droit de dégrader en tout impunité, mais lorsqu’on souhaite bénévolement agir pour le bien commun, il faut toujours des autorisations. Nous ne rentrerons pas dans ce débat…

Urgences Patrimoine et La Gazette du Patrimoine ont souhaité accompagner un peu ces jeunes dans leur démarche, non pas pour leur donner des leçons, car nous n’avons aucune légitimité pour ça, mais plutôt pour les guider, afin que leur action devienne légale et surtout pérenne.

Car le plus difficile dans l’univers impitoyable de la sauvegarde du patrimoine, c’est d’inscrire son projet dans la durée.

Donc, plutôt que d’être « nettoyeurs », au risque de causer des dégâts irréversibles et d’être accusés de dégradation sur le patrimoine, c’est dans leur rôle de « vigiles » qu’ils seront certainement les meilleurs. S’ils se retrouvent en présence d’une statue dégradée ou souillée, ils peuvent faire un constat d’état, des photos et alerter les autorités compétentes. Et, là, plus personne ne pourra leur reprocher quoique ce soit.

Bien entendu, lors de certaines manifestations, ils peuvent également « prendre le risque » de former un cordon de protection autour de la statue, ça, on ne pourra pas leur reprocher. Décourager des jeunes qui s’engagent pour le patrimoine est une erreur. Car les jeunes qui s’engagent aujourd’hui sont ceux qui s’impliqueront pour la sauvegarde du patrimoine demain. Alors au lieu de leur tirer dessus « à boulets rouges », accompagnons-les dans leurs démarches.

STATUES JEUNE PHOTO 4


C’est vrai, certains membres de l’ultra droite se sont appropriés leur combat. Pourtant, Thomas et ses amis refusent de voir leur action ainisi politisée et font de plus en plus attention. Ils vont d’ailleurs dès aujourd’hui faire signer une charte de « bonne conduite » à tous ceux qui souhaitent agir sur le terrain au nom du groupe « Défendons notre patrimoine ».

Cela permettra de freiner les ardeurs de ceux qui veulent profiter d’une action louable pour aller au conflit et nuire à la cause.

Nous ne le répèterons jamais assez, la cause du patrimoine ne doit jamais être politisée, car le patrimoine est notre bien commun. Il n’appartient à aucun parti, à aucune communauté, à aucune classe sociale. Le patrimoine appartient à ceux qui l’aiment et le respectent.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Thomas Perrigault

Sans titre 3

Il faut sauver la chapelle Saint-Joseph de Lille !

teamers2


Alors que le remaniement ministériel est imminent, quel sort va être réservé à la chapelle Saint-Joseph ? Le rendez-vous entre le Ministre de la Culture et Yncréa devait avoir lieu de 10 juillet, mais il nous est donné à penser qu’il sera reporté.

CHAP ST JO PHOTO 1_


D’ailleurs, ce report pourrait-être l’occasion de convier un « opposant » au projet de démolition, car le rendez-vous initial était « à charge » puisque seuls les « démolisseurs » étaient conviés et nous ignorons si le Ministre a tenu compte de notre proposition contradictoire mettant en avant le fait que la réhabilitation était bien moins couteuse et beaucoup plus écologique que la démolition/reconstruction portée par Yncréa.

Voir notre projet contradictoire ICI.

Monsieur Étienne Poncelet, éminent architecte lillois, Architecte en chef et Inspecteur Général des Monuments Historiques est un opposant de la première heure au projet de démolition. Il pourrait être « l’avocat » idéal lors de ce rendez-vous pour plaider la cause de la chapelle. Il a adressé le 26 juin, une note au Ministère en faveur de la réhabilitation, dont il nous a permis de diffuser le contenu :


Note en faveur de la réhabilitation de la Grande Chapelle St Joseph.

  • A l’occasion du débat sur son avenir, la grande chapelle du collège Saint-Joseph nous dévoile ses cinq atouts :


  • Mémoire historique de la présence des jésuites à Lille.

  • Marqueur urbain à l’entrée de Lille agrandie.

  • Architecture originale ceinturée par sa loggia formant un cloître suspendu.

  • Conservatoire des métiers d’art et de leurs oeuvres, ornements, vitraux et tapisseries.

  • Occasion de devenir le démonstrateur d’une architecture intelligente, intégrant l’histoire dans le projet d’avenir de l’université.


La mémoire historique de la présence des jésuites à Lille

L’agrandissement impérial de Lille en 1858 a été l’occasion de développer, à la couture de la vieille ville et des nouveaux quartiers, deux pôles universitaires, l’un au Sud, pour les écoles laïques, l’autre au Nord pour les facultés catholiques.

C’est dans ce nouveau quartier que les jésuites reviennent à Lille installer leur nouveau collège, prenant la suite de leur première implantation au XVII° siècle.

Un marqueur urbain à l’entrée de ville

L’architecte Auguste Mourcou construit en 1876 de part et d’autre du nouvel axe Nord-Sud, un couple architectural original comprenant le Palais Rameau, grande serre botanique et, de l’autre côté de la rue Solférino, le collège Saint-Joseph.

La grande chapelle du collège, construite en 1886 est dans le prolongement exact du transept du Palais Rameau.

Ce doublet architectural constitue une sorte d’entrée de ville en face de l’ancien pont de France, l’ancienne entrée dans le faubourg de la Barre protégé par la digue de Vauban dont la chapelle suit l’emprise exacte.

Une architecture originale ceinturée d’un cloître suspendu en forme de loggia.

La grande chapelle est une construction originale organisée en parfaite adéquation avec son programme de chapelle de collège, servie par une architecture éclectique savante, mélant les références historicistes de différentes époques.

CHAP ST JO PHOTO 2


Le tracé est dessiné à partir du chiffre sept. Aux sept travées de la nef, réservée aux élèves, répondent les sept travées du chœur des Pères, disposées en pans coupés pour recevoir sept absidioles évoquant le pèlerinage aux sept basiliques romaines. La chapelle absidiale est remplacée par le petit clocher couvert à l’impériale sommé de son lanterneau. Cette décomposition est marquée à l’extérieur par les quatre clochetons d’angle autour du volume de la nef.

Le maître-autel est abondamment éclairé par les deux grandes fenêtres du faux transept.

La chapelle, presque invisible depuis l’extérieur, est strictement réservée au collège. L’accès des élèves se fait par le narthex reliant, par le grand escalier d’honneur, le rez-de-jardin entre les cours et les couloirs du bel étage.

L’accès des Pères se fait par deux couloirs latéraux, traités en loggia ouverte sur l’extérieur, reliant l’étage de la clôture et le chœur. Ce parti original donne à la chapelle son caractère palatial. L’architecte Auguste Mourcou utilise ce même parti de loggia à la romaine au Palais Rameau, en vis-à-vis de la chapelle.

Ce cloître suspendu est ouvert sur le jardin des Pères et sur le chevet.

Les façades sont traitées en alternant la polychromie de la brique et de la pierre. Comme à Rome, les colonnettes du choeur sont construites en briques revêtues d’un enduit imitant la pierre.

Dans cette architecture, la toiture compte peu, réalisée avec la pente minimale qui convient à l’ardoise. Le dôme à l’impériale, bien visible au chevet, est couvert en écailles de zinc.

L’espace intérieur forme un grand volume unifié, bien éclairé par les fenêtres hautes, axé sur le vitrail du calvaire tricolore. Les galeries latérales, fermées du côté de la nef étaient sans doute destinées à être peintes de scènes figuratives.

Au droit du chœur, elles s’ouvrent, tel un triforium, contribuant à donner une profondeur et une luminosité en second jour au sanctuaire. Cette ouverture vers le chœur permettait également aux Pères d’être associés aux cérémonies, de plain-pied avec l’étage de la clôture.

Les bas-côtés et le déambulatoire éclairés par les vitraux aux scènes édifiantes permettent la desserte rapide de la nef et du choeur pour les divisions des élèves, sans fonction liturgique spécifique.

Le sol de la chapelle est composé d’un parquet à chevrons au droit des bancs et d’allées de dessertes carrelées.

Une tribune d’orgue est installée au-dessus du narthex d’entrée surmontée par une deuxième tribune métallique en communication avec l’étage des dortoirs.

Un conservatoire des métiers d’art

La chapelle est aussi un conservatoire des métiers d’art, comprenant ceux du XIX° siècle avec les décors architecturaux néo-byzantins, la belle statue polychrome de saint Joseph et de l’enfant Jésus, les ferronneries d’art du triforium du chœur ainsi que les vitraux de l’atelier Latteux-Bazin, actif de 1862 à 1890, dont certaines œuvres sont protégées comme Monument Historique.

ST JO-vitrail PHOTO 3


Elle est aussi le témoignage de la méthode pédagogique originale des « Équipes », développée par les jésuites au XX° siècle, ce dont témoignent les tapisseries de l’équipe « tapisserie » sous la direction et la signature artistique du père Lartilleux.

L’occasion de devenir le démonstrateur d’une architecture intelligente.

L’intérêt de cet ensemble architectural, décoratif et urbain se confronte aujourd’hui à un paradoxe concernant l’avenir de cet ensemble harmonieux.

Le Palais Rameau, d’un côté, est classé Monument Historique. En face, la chapelle, non protégée au titre des Monuments Historiques, est menacée de disparition par un permis de démolir provisoirement suspendu par l’intervention du Ministre de la Culture et de Stéphane Bern.

Plutôt que d’effacer la mémoire du lieu, le projet de renaissance de la grande chapelle pourrait devenir le démonstrateur d’une architecture intelligente. Celle-ci serait respectueuse du site urbain et patrimonial, soucieuse de l’économie de moyens et de la réappropriation de l’existant. Ce projet, tourné vers l’avenir, accueillerait des éléments du programme universitaire à l’instar de nombreux exemples de réutilisation. Sa conservation et sa restauration n’en sont que plus désirables.


Nous espérons que le nouveau Ministre prendra connaissance de cette note, tout comme de notre ébauche de projet de réhabilitation, publié dès lors que nous avons appris le projet de démolition.

CHAP ST JO PHOTO 4


À ce sujet : on nous reproche d’avoir lancé notre action très tardivement, alors que les recours n’étaient plus possibles.

Nous l’entendons bien, mais si nous n’avions pas intenté cette action « de la dernière chance », il n’y aurait même pas eu de suspension du projet de démolition.

Nous ne sommes d’ailleurs pas satisfaits du résultat, car c’est une simple suspension, et non une mise sous protection d’urgences comme nous le demandons depuis le début de notre action. Protection d’urgence, qui permettrait de revoir le dossier avec plus de sérénité, puisque cette mesure gèle toute démolition pendant un an. C’est donc dans ce sens que nous continuons à travailler « dans l’ombre ». Si nous n’obtenons pas cette protection, « la messe sera dite » pour la chapelle et Yncréa pourra démolir en toute impunité.

D’ailleurs Yncréa est persuadée que les négociations seront stériles puisqu’un de ses membres a demandé à ce que l’orgue soit démonté pour être réhabilité dans une église qui en est dépourvue. Bien entendu, cet acte est louable, car faire revivre l’instrument ailleurs est une très bonne chose et nous ne pouvons qu’apprécier cet acte « généreux », mais dans notre projet de réhabilitation, il restait en lieu et place. L’enlever à la hâte signifie bien que la démolition est toujours bien « dans les tuyaux ».

Nous savons que si tel était le cas, alors là, tout le monde dirait « qu’Urgences Patrimoine a perdu son combat » et nous serons jetés aux lions. Mais peu importe, nous commençons à avoir l’habitude, mais nous savons que quoi qu’il advienne, nous aurons fait notre maximum pour sauver l’édifice, alors que d’autres auront beaucoup parlé, mais n’auront rien fait.

Encore merci à Étienne Poncelet pour son indéfectible soutien ainsi qu’à Stéphane Bern et merci aux plus de 8000 internautes qui se sont manifestés pour dire « Non à la démolition de la chapelle Saint-Joseph » à travers notre pétition ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Anne-Sophie Hourdeaux

Sans titre 3

Quelles sanctions en cas d’atteinte au patrimoine ?


Les dégradations volontaires à l’encontre du patrimoine ne sont pas une nouveauté, mais nous assistons en ce moment à une recrudescence des actes de vandalisme, essentiellement perpétrés contre certaines statues de l’ensemble de notre territoire.


Lors de son dernier discours télévisé, le Président Macron a affirmé sa volonté de ne « déboulonner » aucun témoin de notre histoire. Nous ne cesserons jamais de penser qu’effacer les traces de notre passé, même quand celles-ci sont contestables, serait une erreur. Les erreurs doivent être assumées et reconnues, mais en aucun cas effacées.

N’oublions pas que si ces statues font partie intégrante de l’histoire, elles font également partie de l’histoire de l’art et, dans certains pays, tout acte de destruction d’un monument historique est considéré comme « un crime contre l’humanité ». Certes, un « coup de bombe de peinture » n’est heureusement pas irréversible, mais quelle sera la suite ?

En attendant, nous avons souhaité rappeler quelles étaient les sanctions encourues pour des dégradations volontaires, en souhaitant vivement que les condamanations soient appliquées et que ce qui se passe actuellement ne soit pas considéré comme uniquement des actes « isolés » de la part de « déséquilibrés » reconnus non responsables de leurs actes.

Les lois sont faites pour être appliquées, sinon, à quoi servent-elles ?

Maitre Théodore Catry, notre avocat, répond à cette question :

Plusieurs sanctions administratives et pénales sont applicables en cas d’atteinte au patrimoine.

De manière générale, la destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien appartenant à autrui est punie de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende ainsi que le prévoit l’article 322-1 du code pénal. Une peine « allégée » (3 750 euros d’amende et peine de travail d’intérêt général) est aménagée lorsqu’il ne résulte de cette atteinte qu’un « dommage léger. »

Si le bien atteint fait l’objet d’un classement ou d’une inscription aux monuments historiques, il s’agit d’un délit spécial pour lequel l’article 322-3-1 du code pénal prévoit une peine pouvant aller jusqu’à sept années d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende. Il en va de même des atteintes portées à des découvertes archéologiques ou des biens culturels exposés dans des lieux publics.

Il existe toute une série de circonstances aggravantes, listées à l’article 322-3 du code pénal, qui portent le plafond des sanctions à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. On y trouve par exemple l’atteinte par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou complice, la dissimulation du visage pour empêcher l’identification de l’auteur.

Précisons en outre que ces peines peuvent être augmentées jusqu’à la moitié de la valeur du bien atteint.

Enfin, le volet pénal peut être complété par une action en dommages et intérêts qui peut s’accompagner d’une demande tendant à ce que la remise en état du bien détruit, dégradé ou détérioré soit ordonnée – aux frais, toujours, de l’auteur de l’infraction.

Maître Théodore Catry
19 Avenue de Grammont
37000 TOURS
Téléphone: 02 47 61 31 78
Télécopie: 02 47 20 26 02
tcatry@avocatatours.fr
Contacter via Facebook

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Photo 1 : Statue de Napoléon à Rouen taguée : Mélaine Lhomme
Photo 2 : Buste de Léon Gambetta retiré de sa stèle à Villeneuve-sur-Lot : Brendan Pélissier


Article de l’hebdomadaire « La Vie » : la Chapelle de la discorde


Pour ne pas oublier le combat que nous menons contre la démolition de la chapelle Saint-Joseph à Lille.


Presque un mois après l’annonce du Ministre de la Culture de la suspension du projet de démolition de la chapelle Saint-Joseph, Pierre Jova journaliste à l’hebdomadaire
La Vie, revient sur cette triste affaire.

En attendant le rendez-vous entre les responsables du projet et le Ministre de la Culture fixé le 10 juillet afin d’étudier une solution alternative à la démolition, il était judicieux de rappeler les faits.

Tout est dit dans cet article de La Vie
ICI.

Télécharger le PDF de la version papier plus détaillée ICI.

Notre pétition vient de franchir le cap des 8000 signatures. Merci de continuer à signer et à partager
ICI.

La Gazette du Patrimoine compte sur vous ! Afin de rester libre et indépendante, notre publication ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne peut s’appuyer que sur la générosité de ses lecteurs.

Merci pour votre soutien. Cliquez ICI pour faire un don.

Crédits photographiques : Anne-Sophie Hourdeaux / La Croix de Lille/Lille Actu