September 2020

Il faut sauver Sainte-Germaine : le cri du cœur d’un ancien paroissien.

Depuis le 22 juillet Urgences Patrimoine œuvre à la sauvegarde de l’église Sainte-Germaine à Calais.


Notre pétition, créée en collaboration avec Magali Domain membre de l’association Environnement et Patrimoines du Calaisis et également correspondante d’Urgences Patrimoine, rencontre un certain succès.

Nous poursuivons nos démarches de demande d’inscription de l’édifice afin qu’il ne soit pas démoli, et nous ne ménageons pas nos efforts pour orienter les représentants du Diocèse afin qu’ils s’orientent vers la vente de l’église plutôt que de la démolir.

Aujourd’hui, nous avons tenu à publier un article rédigé par un ancien paroissien, dont la mère fut l’une des principales actrices de la levée de fonds organisée afin de faire ériger l’édifice. C’est donc en toute légitimité que Robert Jourdain nous parle de cette église et des sacrifices que certains ont fait pour que l’église Sainte-Germaine voit le jour.

Car bien évidemment, une église n’est pas qu’un « tas de pierre ». Elle est aussi l’âme de ceux qui l’ont construite et un témoin de l’histoire locale qui ne mérite en aucune façon de finir en poussière sous les pelleteuses.

Je suis du Pont du Leu et Sainte Germaine , c’est notre Patrimoine !!! Le projet tel que dessiné par les architectes.

A l’heure où singulièrement « on » dit que la destruction de l’Eglise Sainte Germaine serait pour bientôt, il est toujours intéressant de noter à quel point une église est liée à l’histoire du site sur laquelle elle est construite.

Alors je vous propose non pas l’histoire architecturale, ni la démarche de construction mais bien celle des habitants d’un quartier atypique dans l’histoire Calaisienne, tant sur le plan de la cité que sur le plan paroissial.

Etes -vous prêt ? Alors allons regardons la géographie du quartier.

Le pont du leu ( pont du loup) est situé à l’entrée de la ville de Saint-Pierre qui ne fera plus qu’un avec Calais à la fin du XIXe siècle. On peut imaginer qu’aux origines c’étaient des terres marécageuses avec très peu d’habitations.

En 1912 il fut décidé la création d’une paroisse confiée à l’abbé Holuigue qui décida la construction d’une Eglise en bois montée par les charpentiers de l’orphelinat du Quai de l’Yser sous l’autorité de l’abbé Damelencourt .

En 1919 L’abbé Constant Hanse, vicaire de St Pierre, est nommé officiellement curé de Sainte Germaine à Calais. Ce jeune prêtre aussitôt démobilisé va se charger de l’implantation de la paroisse aux contours particuliers, puisqu’elle prendra sur le marais de coulogne , le marais de coquelles et le pont à trois planches qui séparait coquelles et Coulogne de Frethun.


Sur ce territoire l’abbé Hanse voit les filés de calais s’installer sous la houlette de deux frères, Messieurs Désiré et Raymond Devos qui seront à l’origine de Courtaulds France et de Courtaulds Angleterre qui deviendra Courtauls limited . Cette usine va permettre la création de nombreux logements sur le pont du leu, tout un chacun voulant vivre auprès des lieux de son travail.

La pratique religieuse étant telle à cette époque que l’église envisagée par Mr l’abbé Hanse allait devenir réalité. Alors quelle stratégie adopter ? L’abbé Hanse réunit à ses côtés toutes les bonnes volontés. La paroisse crée un bulletin de liaison : La Voix de Sainte Germaine. Ce bulletin permettait de voir l’évolution des dons au mois le mois !

En 1923 les briques arrivent et en 1928 pose de la première pierre. Brillante cérémonie autour de l’Evêque d’Arras où toute la population est présente. Et là on va intensifier la recherche de dons : un grand nombre de gens de paroissiens va utiliser les liens familiaux et amicaux ! on va pédaler. eh oui, ils en feront des kilomètres à vélo tout le temps de la construction, afin de faire en sorte que celle-ci ne s’arrête pas, même si la crise de 1929 et les grèves de 1936 ont créé des difficultés notables, la générosité populaire ne s’est jamais démentie. Qu’ils soient ingénieurs, cadres ou ouvriers, tout le monde a mis la main à la pâte . Pour toute la population c’était une nécessité ! Dans le quartier vont apparaître les cités sncf qui vont venir agrandir la démographie. Une figure du pont du leu parcourra le département, voire la France, car elle descendra jusqu’à Pibrac en stop jusqu’au village de sa sainte Patronne. C’est Melle Germaine Dubois, qui sera jusqu’à sa mort un des pivots de la paroisse.


1938 Bénédiction de l’Eglise par Monseigneur Dutoit

Puis viendront les grandes kermesses qui aux plus belles époques duraient 2 week-end : 1er dimanche et deuxième dimanche de mai avec restaurations, stands multiples, buvette, alimentation, lingerie , fleurs, jouets, manèges , loteries, jeux extérieurs etc.

C’est là que l’on pouvait voir le dévouement d’un nombre important de bénévoles heureux de se retrouver pour financer leur église et son entretien…… Ils seront attentifs à la vie de leur concitoyens les patronages qui ont regroupé jusqu’à 150 garçons et une centaine de filles aux meilleures périodes, deux mois d’été et tous les jeudis scolaires. Des ateliers de trousseau pour les futurs mariés, une chorale brillante sous la houlette de Mr l’abbé Boucher organiste…

Enfin, une école viendra se greffer en 1942 après la destruction de Calais Nord où elle était installée.

L’Abbé Ducatel, qui succédera au chanoine Hanse entretiendra le patrimoine, mettra en place des obligations qui lui permettront de continuer les travaux et de terminer le clocher qui fut Béni par Mgr Derouet. L’abbé sillonnera le quartier avec son solex, son béret et sa vareuse noire. De temps en temps on le retrouvait sur les toits pour entretenir l’édifice … Tous les habitants le connaissaient et l’attendaient. Il a su mettre en place des équipes et leur faire partager son attachement à la paroisse. Paroisse où ils faisaient bon vivre, l’abbé avait su unir la population. Il aimait les gens et ils lui rendaient bien.

Une petite idée au niveau patrimoine construit ou mis en œuvre par l’abbé : une Salle paroissiale, une école , une salle de cinéma, le clocher de l’église et bien entendu son entretien et une fresque de la Résurrection dans l’église par une artiste locale.

Aujourd’hui on envisagerait de détruire l’élément majeur qui est l’église. Bien sûr l’Eglise n’est pas un bâtiment, mais bien le rassemblement de chrétiens voulu par le Christ. Mais les bâtiments sont aussi autre chose que des briques les unes sur les autres, ils sont les témoins de l’histoire et de la volonté créatrice des hommes. Mais si au lieu de détruire on envisageait un autre usage ? Si pouvoirs publics, église, habitants du quartier et bonne volonté, pouvions nous retrouver autour d’une table pour envisager sereinement l’avenir ? serait-ce possible ? Je pense à ces prêtres et ces bénévoles qui de là-haut nous regardent et qui pourraient nous dire un jour : « Tout cela pour ça ».

Le seul tort de Ste Germaine c’est d’être née après 1905. Mais c’est un des plus beaux monuments de cette époque par sa construction, son architecture et sa décoration. Le marbre d’hydrequen utilisé est d’une rare beauté, simple mais vrai. Les vitraux, le monument aux morts … etc Alors qu’attendons-nous pour sauver Sainte-Germaine ?


Sur cette photo prise en 1963 vous avez quelques uns de ceux qui ont sillonné la région pour la construction autour de L’abbé Ducatel. Melle Germaine Dubois est au 1er rang à gauche de la photo. Cette photo a été prise lors d’un pèlerinage à Lourdes .

Robert Paul Jourdain


Pour signer la pétition, chiquez
ICI.
Lire nos autres articles dans
La Gazette du Patrimoine sur ce sujet  ICI et ICI.

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Crédits photographiques :
Photo 1 : Magali Domain
Autres photos  : Robert Jourdain

Un Geste à l’édifice : des nouvelles de l’« Adoration des Mages »

Même si notre opération « Un Geste à l’Édifice » irrite certains professionnels, nous persistons à dire que c’est une formidable opportunité pour le patrimoine en péril, pour lequel il n’existe aucune subvention et aucun budget, ce qui est très souvent le cas s’agissant d’œuvres non protégées. C’est la raison pour laquelle nous nous félicitons d’être à l’initiative de cette opération, née d’une rencontre avec une restauratrice qui s’était proposée de restaurer gracieusement une œuvre si l’occasion se présentait.

Déjà une dizaine d’œuvres ont été sauvées ou sont en cours de restauration.

La France étant un pays plein de contradictions, alors que tout le monde évoque le manque de budget pour le patrimoine, notre principal problème est de faire comprendre que la gratuité n’est pas synonyme de travail d’amateurs ou de travail de mauvaise qualité. Ce n’est pas parce qu’un artisan ou un artisan d’art fait preuve de générosité, qu’il est nul et qu’il cherche à s’occuper.


Toutes les personnes qui interviennent dans le cadre d’« Un Geste à l’Édifice » sont des professionnels reconnus et qui ont pignon sur rue. Simplement, ils acceptent de mettre leur talent et leurs compétences au service d’un patrimoine condamné, parce qu’ils ont ce qui s’appelle le sens du devoir et de l’engagement.

Ne vous imaginez surtout pas que nous leur mettons un révolver sur la tempe pour les obliger à restaurer des œuvres. S’ils le font, c’est parce qu’ils le veulent. En revanche, nous ne leur imposons aucuns délais, ce qui est bien normal. D’autant plus normal qu’il est évident que dans la période que nous traversons et qui a notamment fortement touché les artisans, il est bien naturel qu’ils privilégient les restaurations rémunérées et qui leur permettent de vivre ou, du moins, de survivre.

Aujourd’hui, c’est dans l’atelier de Sophie de Joussinneau et d’Osanne Darantière que nous prenons des nouvelles de cette œuvre anonyme du XVIIe siècle retirée de l’église Saint-Loup à Courlon dans le département de l’Yonne. Il faudra du temps pour que cette « Adoration des Mages » retrouve tout son éclat et sa place dans son église, mais elle est entre de bonnes mains.


Après un bon dépoussiérage et quelques premiers soins, Sophie est entrain de procéder à l’allègement du vernis qui est très encrassé. Sans doute que la dernière petite « mise en beauté » de l’œuvre remontait au XIXe siècle ; le temps a donc fait son ouvrage depuis.

La peinture est aussi très craquelée, mais cela ne fait pas peur à nos fées des pinceaux.


Dans quelques mois, ce tableau retrouvera sa place initiale, sans doute pour le plus grand bonheur des habitants du village, très attachés à leur patrimoine.


Nous ne remercierons jamais assez les professionnels qui s’engagent à nos côtés pour sauver ces petits témoins du passé dont l’avenir était compromis.

Nous profitons de cet article pour rappeler que depuis le début d’Un Geste à l’Édifice il y a trois ans, c’est plus de 50.000 euros que nous avons fait économiser à la collectivité et donc, indirectement, aux contribuables…


Contacts :
Sophie de Joussineau
Restauratrice-conservatrice de tableaux
https://www.facebook.com/sophierestaurationdetableaux

Osanne Darantière Restauratrice-conservatrice de tableaux 
et d'objets d'art polychromes
http://atelier-osanne.fr/

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Crédits photographiques : Sophie de Joussineau/Osanne Darantière

Sierck-Les-Bains : édifiée en 1664, la Maison Berweiller doit être démolie !

À la veille des Journées du Patrimoine, c’est avec stupeur que nous avons pris connaissance de cette nouvelle en découvrant l’article du journal Le Républicain Lorrain.


Propriété privée, elle n’a pas pu être entretenue et personne ne s’est ému de cette situation avant qu’il ne soit trop tard. Pourtant, cette maison figure sur tous les guides touristiques, car elle fait partie des fleurons du patrimoine local.


Le Maire de Sierck-Les-Bains affirme que pour la sauver il faudrait un million d’euros et la commune n’a pas les moyens. Nous sommes toujours un peu surpris des sommes annoncées sans la moindre étude préalable et nous sommes certains qu’avec un minimum de bonne volonté des solutions pourraient être trouvées.

Nous connaissons bien le sujet, car nous avons réussi à sauver une maison médiévale à Orpierre dans les Hautes-Alpes alors même que c’était une propriété privée. La propriétaire n’avait pas hésité une seconde à céder son bien pour l’euro symbolique afin de ne pas avoir à supporter les frais d’une démolition très coûteuse vu son contexte géographique en plein centre historique du village.

C’est un entrepreneur qui s’est alors porté acquéreur et qui est entrain de lui redonner vie. Lire notre article sur ce sujet 
ICI.

Alors pourquoi ne pas faire la même chose pour la Maison Berweiller, et même pour certaines autres, puisque l’article fait état d ‘un patrimoine immobilier délaissé?


Nous en revenons toujours à la même question : pourquoi personne ne tire jamais la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard ? Il est vrai que, s’agissant de patrimoine privé, c’est encore plus compliqué puisqu’en théorie le droit de la propriété est inaliénable, mais si on ne veut pas voir disparaître les trésors de nos centres-anciens, il va falloir trouver des solutions et très vite. Nous évoquons les propriétés privées, mais bien souvent le patrimoine appartenant aux communes n’est pas mieux traité et il finit aussi sous les pelleteuses.


Quant aux financements dont ne dispose pas la commune, car sa priorité est la rénovation du groupe scolaire et nous l’entendons bien, il ne fait nul doute que si la Région et le Département pouvaient participer financièrement, tout comme par exemple la Fondation du Crédit Agricole et bien d’autres acteurs privés, les choses iraient peut-être sans le bon sens.

C’est dans ce genre de situation que nous constatons les failles des dispositifs mis en place par le Ministère de la Culture, car, en ayant « oublié » le patrimoine non protégé, nous assistons à son inexorable agonie.

Espérons tout de même qu’un miracle se produira, car il n’est jamais trop tard pour bien faire…

Lire l’article du Républicain Lorrain 
ICI.

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Crédits photographiques:
Photo 1 : RL /Pierre HECKLER
Photo 2 : Gribouille
Photo 3 : Bernard Blanc
Photo 4 : Les bons restaurants/Marc et Sylvie Muller

Sauvegarde du patrimoine : réacs, fachos, nazis… Arrêtons la stigmatisation !

Au bout d’un moment, la coupe est pleine et j’ai tenu, en mon nom, à remettre « l’église au milieu du village ». Les propos qui suivent n’engagent donc que moi.


Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, poursuit ses délires et vient de déclarer « l’opinion des fachos je m’assoie dessus ». Pour un Élu de la République, tenir de tel propos n’est à mon avis pas acceptable. Le fait de ne pas vouloir renoncer à un des symboles de fêtes de Noël ferait donc de nous de dangereux fachos.


Seulement, il n’est pas tout seul à penser ça. Il suffit de lire les commentaires haineux sous certaines de mes publications pour se rendre compte que défendre un patrimoine commun, une histoire commune et des traditions communes, n’est pas toujours de bon ton dans notre société.

Autrefois, tout au plus, je me faisais traiter de réactionnaire. J’étais considérée comme une femme aux idées poussiéreuses, pour qui toute modernité était à proscrire. Je tiens à rassurer ceux qui m’ont affublé de cet adjectif par le passé, je ne m’éclaire pas à la bougie, et j’attends avec impatience la fibre. Incroyable non ?

J’ai eu également droit à : « Vieille bourge catho de droite ! » Alors dans l’ordre : vieille : oui à cinquante ans on peut être considérée comme vieille, mais je ne pense pas que ce soit une tare.

Bourge : petite fille de mineur, je sais exactement d’où je viens et ce qui me connaissent savent que je ne me suis jamais prise pour ce que je n’étais pas. Ce qui est intéressant, c’est de constater que, dans l’esprit embrumé de certains, il faut être forcément riche et appartenir à une certaine classe sociale pour défendre le patrimoine. Ce qui est une hérésie totale. Même si dans les « hautes sphères » on ne prend en compte que l’avis « des hautes sphères », le « peuple », dont je suis issue, a aussi largement son mot à dire sur le sujet.

Catho : Je suis de confession catholique, mais une partie de ma famille est protestante. Je ne vais pas à la messe et je suis même entrée en « guerre » contre l’institution catholique elle-même, notamment, en ce moment encore, pour sauver l’église Sainte-Germaine et la chapelle Saint-Joseph de la démolition. C’est quoi encore cette idée qu’il faut-être une « grenouille de bénitier » pour défendre le patrimoine religieux ?

Enfin : de droite : Depuis la création d’Urgences Patrimoine, jamais je n’ai été « encartée » où que ce soit. Ceux qui suivent mes combats depuis le début peuvent en attester. Je fais la « Guerre aux démolisseurs » tous partis confondus. Et je trouve fort regrettable qu’une étiquette « Extrême droite » soit collée sur le dos de tous ceux qui défendent le patrimoine.

La cause du patrimoine est l’affaire de tous. Et peu importe que les personnes qui défendent cette cause soit d’extrême droite, d’extrême gauche, du centre, du centre droit, du centre gauche… Le principal étant qu’ils agissent et qu’ils n’affichent pas leurs idées politiques lors de leurs actions. C’est le principe même de la démocratie.

Si les « étiquettes », c’étaient limitées à ça, cela m’aurait plutôt fait rire, mais depuis quelques temps, les choses ont franchi une limite inacceptable.

Facho et Nazie : tout a commencé lorsque j’ai relayé l’action des jeunes parisiens qui ont voulu nettoyer et protéger les statues à Paris. J’ai eu droit à une avalanche d’insultes, suite à cette publication et se faire traiter de nazie sous prétexte que ces jeunes sont « de droite » est absolument inacceptable.

Cependant, effectivement, quand on s’engage pour la cause du patrimoine on s’expose à ce genre de dérives.

Reste le traditionnel : « réac » ! Bon, soit je veux bien tolérer cette remarque. Car si être « réac », c’est défendre la mémoire collective et l’identité culturelle, alors je suis effectivement cela.


Mais ceux qui se permettent d’émettre ce genre de jugement, ne devraient-ils pas se demander si la cause du patrimoine est aussi poussiéreuse que ça ? Car, même si tout n’est pas « patrimoine », un pays comme le nôtre est quand même pourvu de richesses patrimoniales qui font vivre (ou survivre) des milliers de personnes. Alors la cause du patrimoine ne serait-elle pas au contraire très moderne et un formidable vecteur économique et social d’avenir ?

En tout cas, quand le maire de Bordeaux stigmatise tous ceux souhaitent voir maintenu le traditionnel sapin de Noël dans leur ville et les affuble de l’étiquette de « fachos », il ferait mieux d’aller vérifier la définition du mot « fascisme » dans le dictionnaire et ainsi se retourner le compliment, car comme disait Albert Camus dans
L’homme révolté : « Toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme. »

En attendant, continuons à nous mobiliser pour ce bien commun qu’est le patrimoine, mais de grâce, que ceux qui méprisent notre cause et la trouve poussiéreuse arrêtent de jeter des pierres à ceux qui la défendent.

Nous ne sommes ni nazis ni fachos, nous sommes juste des citoyens libres qui respectons le passé dans l’espoir de lui offrir un avenir.

« Lorsque le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche vers les ténèbres » — Alexis de Tocqueville


Alexandra Sobczak-Romanski

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Photo 1 et 3 :
La Gazette du Patrimoine
Photo 2 : copie d’écran
Actu Bordeaux

Le Maire de Rouen panse les stigmates de la Guerre avec des LEGOS !

Non, il n’y a hélas pas de faute d’orthographe à « panser » ! C’est dans le cadre du festival « Rouen Impressionnée » que l’artiste Jan Vormann va, à l’aide de Legos, « colmater » les traces laissées par les bombes pendant la seconde Guerre Mondiale sur les murs du Palais de Justice de la ville.


(Photomontage)

La démarche de l’artiste est
a priori intéressante et ludique, car son idée première est de « soigner » les monuments en ruine du monde entier à l’aide des célèbres petites briques de plastique coloré. Nous trouvons que cette idée est une belle idée, surtout pour sensibiliser les jeunes publics à la problématique de l’abandon du patrimoine et surtout à sa fragilité.

Dans une interview à
Télérama, il expliquait sa démarche de la façon suivante : « J’ai toujours cherché à améliorer l’apparence de l’espace public de façons diverses, que ce soit par le graffiti, le collage… D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais apprécié la grisaille des villes et j’ai toujours voulu leur redonner des couleurs… »


MAIS, dans le cas du Palais de Justice de Ville de Rouen — qui n’est absolument pas en ruine —, ce ne sont pas de vulgaires trous laissés par les affres du temps dans l’espace public qu’il s’agit de boucher, mais bel et bien les stigmates de la Seconde guerre mondiale.

Or, ces traces des horreurs passées sont
justement là pour nous rappeler que des hommes se sont battus pour la France et sont morts pour la France.

Jusqu’à présent, elles sont restées volontairement présentes pour « ne pas oublier », comme l’explique l’historien et guide-conférencier à l’office de tourisme de Rouen Jacques Tanguy, dans un article de presse de
76actu, en août dernier : « Il s’agit des restes des bombardements de 1944, entre les mois d’avril et de juin. Et je précise : ce sont bien des éclats de bombes, et non des tirs de mitrailleuses comme certains peuvent le penser ! »

Le spécialiste explique qu’à l’époque, la salle des procureurs, dite la Grande salle, est ravagée et que l’aile nord est brûlée.  Tout le quartier a souffert, mais lors de la phase de reconstruction, à la fin des années 1940, les impacts engendrés par les bombes ont été délibérément conservées pour ne jamais oublier cet épisode de la Seconde Guerre mondiale. « Il y a des trous similaires dans une table en marbre noir de la salle des procureurs, conservés pour les mêmes raisons. »


Nous avons survolé, ici et là, les commentaires des Rouennais sous les publications traitant de ce sujet et, à quelques rares exceptions près, ils sont tous unanimes : sous couvert d’une manifestation culturelle, c’est une atteinte à la mémoire.

« Les exceptions » pensent que cela peut justement sensibiliser les jeunes aux exactions de la guerre. Nous pensons qu’il n’y a pas meilleure sensibilisation qu’une immersion dans la réalité. Ces traces parlent d’elles-mêmes ; elles n’ont nullement besoin d’artifices en plastique.


Il ne fait nul doute que certains lecteurs penseront une fois encore que notre vision des choses est poussiéreuse. Alors nous avons demandé au Président National du Souvenir Français, Serge Barcellini quel était son avis :

Sa réponse fut courte mais explicite : « Je pense comme vous ».

Nous sommes les premiers à applaudir les manifestations culturelles qui mettent de la couleur dans les Centres-Villes, mais nous ne pouvons admettre que la Guerre soit un sujet que l’on bafoue et que l’on travestisse.


Décidemment Monsieur Nicolas Mayer-Rossignol, le Maire de Rouen doit avoir des problèmes avec l’Histoire. Non content d’avoir décidé en tête à tête avec lui-même que la statue de Napoléon devait disparaître de la place de l’Hôtel de Ville pour laisser sa place à une « Dame », Il fait de la guerre un événement festif. Nous sommes convaincus que l’artiste aurait pu se livrer à son art en colorant les lézardes d’autres façades de la ville.

Quel sera le prochain épisode des aventures du « petit Nicolas » à Rouen ? La suppression des commémorations du 11 novembre et du 8 mai 1945 ?

En attendant on pourrait se demander si Monsieur le Maire n’a pas LEGO démesuré.

Lire le communiqué officiel de la ville ICI.

En savoir plus sur l’artiste
ICI.

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Crédits photographiques:
Photo 1 : (©J-BM/76actu)/Jan Vormann
Photo 2 : (©J-BM/i)
Photo 3 : Photo D.R./Coll. Part.
Photo 4 : Jan Vorman

Aucun avenir pour la rotonde SNCF de Laon ?

L’emblématique Rotonde SNCF de Laon a failli disparaître, mais c’était sans compter sur la passion d’un homme, Monsieur Jean-Claude Dehaut — à l'époque président des Amis de Laon — qui a réussi en 2015 à faire protéger ce patrimoine remarquable, évitant ainsi de justesse sa démolition. Un permis de démolir avait été déposé en 2012 par la SNCF, mais la DRAC en a décidé autrement, en actant l’inscription au titre des Monuments Historiques de l’édifice.


Malheureusement, la SNCF, toujours propriétaire, n’a pas l’air de se décider à offrir un avenir à cette rotonde. Elle est toujours à l’abandon et son accès est totalement fermé au public, alors que, jusqu’à son inscription, on pouvait la visiter lors des journées du patrimoine. Nous avons demandé au responsable du patrimoine de la SNCF si un projet était envisagé, mais il ne nous a pas répondu pour le moment.


En revanche Monsieur
Éric Delhaye, maire de Laon, a accepté de s’exprimer sur ce sujet, puisque certains bruits courraient sur le possible rachat de la rotonde par la ville :

« Il n’y a pas de projet de la ville sur la Rotonde qui se trouve excentrée au nord- ouest de la ville, dans une vaste friche appartenant la SNCF, non accessible par la route et non desservie par les réseaux. La Ville concentre ses investissements et projets sur la réhabilitation de son patrimoine (remparts, chapelle des Templiers retenue par la mission Bern, Cathédrale de Laon, Abbaye Saint Vincent, places urbaines du Cœur de Ville, musée etc.... ). Nous n’avons pas les moyens d’intervenir sur la Rotonde qui appartient qui plus est à la SNCF. Une étude de reconversion devait être menée par leurs soins. La Rotonde ne peut être qu’un projet à définir de long terme mais sur laquelle la Ville n’est pas en capacité d’intervenir aujourd’hui compte tenu des enjeux qu’elle a sur son propre patrimoine et son Cœur de Ville. »

De son côté, le Président de l’Association SOS Laon Monsieur
Jean-Jacques Simon, nous fait part d’un projet inspiré de la réhabilitation de l’ancienne rotonde de la ville de Düsseldorf, en Allemagne, en Musée de la Voiture Ancienne :

« Proposition : un pôle d’exception de la voiture ancienne, autour d’un musée consacré aux véhicules historiques. En France, le marché de la voiture ancienne s’établit autour de 2 à 3 milliards d’euros par an, il n’est donc pas déraisonnable de vouloir en capter une partie sur l’Agglomération de Laon. LAON bénéficie d’une notoriété internationale en la matière, grâce à « La Montée Historique », et sur le plan au moins régional d’autres associations de véhicules anciens sont très actives (par exemple le Tour de L’Aisne).


LAON n’est pas très loin de Paris (et de l’Île de France) où de nombreux et fortunés collectionneurs de vieilles voitures rencontrent de grandes difficultés pour stationner leurs véhicules en lieux sûrs. Si l’Agglomération de Laon pouvait leur offrir un garage sécurisé qui serait en même temps un musée, cela permettrait de créer un nouveau pôle d’attraction autour duquel toute une Cité de la Voiture Ancienne pourrait s’animer.

Pourquoi un « garage/musée » : cela permet d’avoir des véhicules en exposition sans avoir à les acheter (ce que l’on appelle généralement « le fond d’un musée » et qui coûte très cher).Le pôle d’excellence que constituerait ce musée s’articulerait autour d’un centre technique, avec des ateliers spécialisés en voitures anciennes pour la mécanique, la carrosserie, la peinture, la sellerie, et un magasin en bourse d’échanges et ventes de pièces détachées. Ces ateliers pourraient fonctionner en partenariat avec une section spécialisée du CFA pour former des ouvriers reconnus dans ce domaine spécifique.

Cette Cité pourrait également contenir une salle des ventes avec un podium qui servirait aussi bien pour les voitures de collections que pour les voitures d’occasions courantes ou de flottes des Administrations, LAON devenant une ville réputée pour son site d’enchères de voitures.

Le site de la Rotonde comporte aussi un grand bâtiment qui pourrait accueillir des salles de conférences ou séminaires, un restaurant.

La parcelle sur laquelle est implantée la Rotonde est très grande ; elle pourrait servir à recevoir des manifestations comme la présentation des véhicules de La Montée Historique, ou être les points de départ et d’arrivées de rallyes automobiles.

Mais cette parcelle immense pourrait aussi accueillir la fête foraine de « La Cité des Cheminots » (c’est aussi un lieu important pour les anciens cheminots), ce qui permettrait de libérer toutes les rues occupées et plus ou moins détériorées lors de cette fête annuelle.

Ce Musée apportera un flux important de touristes et de chalands qu’il conviendra d’accueillir et d’accompagner, en particulier au niveau de l’hôtellerie. On ne peut imaginer que des personnes se déplaçant de Paris pour faire « tourner » leur vieille Jaguar ou Roll Royce, ou la faire entretenir, ne viennent que pour quelques heures : alors la présence d’un hôtel de caractère sur le site de l’ancienne abbaye Saint-Vincent prendra tout son sens ainsi que l’impact d’une rénovation urbaine en Cœur de Ville Médiévale (limitée aux immeubles situés entre la rue Devisme et le parvis de la cathédrale).

Voilà un vrai programme d’Agglomération qui devrait enthousiasmer toute sa population, à commencer par ses conseillers communautaires qui doivent se mettre au travail pour trouver l’adhésion de tous, intervenants, investisseurs, financiers, artisans spécialisés, élus, opérateurs, futurs clients et visiteurs !

En conclusion, si aujourd’hui l’action c’est la lutte contre la pandémie de Covid-19, l’urgence est de préparer l’avenir par un projet structurant, porteur de notoriété et de retombées économiques pour le Pays de Laon. »


Si un tel projet ne peut pas être porté par la ville, ce qui peut se comprendre vu l’ampleur de son patrimoine, d’autres opérateurs publics pourraient s’y intéresser, ou pourquoi pas un opérateur privé ?

Quoi qu’il en soit, il serait urgent d’agir si l’on ne veut pas voir disparaître de témoin de l’histoire locale en déshérence.

Ne serait-il pas temps pour la SNCF de remettre enfin ses pendules à l’heure de son patrimoine ?



En savoir plus sur les rotondes « Laffaille » :
Nogue, Nicolas, « Reconstruction et modernisation de la SNCF : les nouvelles rotondes pour locomotives à vapeur (1944-1952) », Revue d'histoire des chemins de fer 28-29 (2003).

Accéder au document dans son intégralité ICI.

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Crédits photographiques:
Photo 1-3- : SOS Laon
Photo 2 : France 3 Picardie
Photo 4-5 :Eric Delaye
Photo 7 :
Journal l’Union

« J’étais la France. Qu’est-ce qu’il en reste ? »

Les mesures les plus extravagantes fleurissent en ce moment portant indéniablement atteinte à l’ADN même de nos territoires et à leur intégrité — mesures prises généralement par des élus en mal de reconnaissance médiatique et qui cherchent tous les moyens pour se faire remarquer, au mépris des modestes citoyens que nous sommes. Dans un pays qui se veut démocratique, la dictature n’a pas sa place et priver les citoyens que nous sommes de leur culture et de leurs traditions (pour leur imposer des pratiques qui sont à des années lumières des leurs) est chose inacceptable.


Récapitulons :

8 septembre :

• Le Maire de Lyon a refusé de se rendre à la Basilique de Fourvière pour assister à la traditionnelle cérémonie du vœu des Échevins qui a lieu tous les 8 septembre depuis 1643 et il en rajoute une couche en fustigeant le Tour de France qui d’après lui est une manifestation machiste et polluante.

10 septembre :

• Le Maire de Rouen ne veut plus voir Napoléon sous ses fenêtres et souhaite le remplacer par une « figure féminine ».

11 septembre :

• Le Maire de Bordeaux ne souhaite plus voir de sapins de Noël dans la ville parce que ce sont des « arbres morts ».

13 septembre :

• Le Maire de Rennes autorise un défilé de cyclistes entièrement nus dans la ville au prétexte de dénoncer la fragilité des deux roues dans l’espace public.


Et demain ?

On ferme toutes les boutiques de fleuristes, car (si l’on se livre aux mêmes raccourcis de la pensée) elles vendent des « fleurs mortes » ?

On ne construit plus que des charpentes métalliques et on fabrique des meubles en plastique ?

On supprime toutes les traditions comme la Saint-Fiacre ou la Saint-Vincent ?

On enlève toutes les statues représentant des hommes et on les remplace par des « figures féminines » ?

On se ballade tous dans notre plus simple appareil tant que les vêtements ne seront pas en coton bio ?

Si l’on réfléchit bien, les polémiques ont commencé avec les crèches de Noël qu’il a fallu retirer de l’espace public il y a une bonne dizaine d’années. S’en sont suivies, à plusieurs reprises, des polémiques au sujet des villes commençant par « Saint-» qu’il faudrait « laïciser ». Je souhaite juste rappeler que les révolutionnaires de 1789 s’étaient déjà essayés à ce petit jeu : 1200 villes et villages furent ainsi (momentanément) débaptisés.

On vient de décider de changer le titre français d’un roman d’Agatha Christie.

La viande est interdite dans certaines cantines (vive le tofu).

On veut nous enlever nos jolies hôtesses du Tour de France et si l’on pouvait supprimer le Tour directement, ce serait mieux.

On interdit aux femmes la pratique du monokini.

Un musée vient même d’interdire son accès à une femme pour un décolleté jugé trop avantageux.

« La Libre Pensée » demande le retrait des calvaires et des statues religieuses (souvent centenaires) dans certaines communes.

Certaines écoles interdisent les Pères Noël au nom de la laïcité.


Enfin, inutile d’évoquer le sujet qui nous concerne en priorité, à savoir le nombre incalculable de démolitions d’édifices en tout genre, des églises aux châteaux en passant par les presbytères qui sont sacrifiés sur l’autel de la promotion immobilière.

Voilà donc une liste non exhaustive (et sans ordre précis), mais qui prouve bien les dérives auxquelles nous assistons.

Toute représentation de notre histoire, de notre culture, de nos traditions est devenue indésirable dans l’espace public.


À côté de ça, on « bétonise » à tout va, même dans les territoires dits « patrimoniaux ». On nous invite à manger mieux et bio des produits qui viennent de l’autre bout du monde. On nous assomme de programmes télévisés plus débiles les uns que les autres et on nous oblige même à payer une taxe pour ça. Fumer c’est mal, boire c’est mal, conduire une voiture c’est mal, avoir des seins c’est mal et voir des Saints c’est mal, penser c’est mal, et dire ce que l’on pense c’est encore plus mal… D’ailleurs on peut se demander si le port du masque obligatoire n’est pas pour nous habituer à porter une muselière plus tard.

Que l’on nous prive de liberté pour notre sécurité nous pouvons encore l’admettre, mais que l’on nous prive de tous les témoins de notre histoire collective, de notre culture et de nos traditions et même de nos habitudes cela commence à devenir insupportable. D’autant plus insupportable que les décisions de nos édiles sont souvent prises de façon unilatérale et sans aucune concertation. Or, le « peuple » ne peut pas être seulement considéré comme un contribuable. Payer c’est bien, mais payer pour voir son territoire perdre son identité et les français leur liberté est inacceptable.

Liberté, Égalité, Fraternité ? Si cela continu c’est cette devise qu’il faudra enlever de l’espace public, car elle ne correspondra plus à rien.

La France pays des lumières ? Hâtons-nous de les rallumer.

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Rouen : place de l’Hotel de ville, la Cour des Adieux pour Napoléon ?

Alors qu’aux Invalides on s’apprête à restaurer le tombeau de Napoléon, à Rouen on l’envoie aux oubliettes.

Si Sainte-Hélène est bien connue pour être la terre d’exil de Napoléon Bonaparte, il se pourrait bien que Rouen se positionne sur ce « même créneau ».

Le Maire de Rouen souhaite remplacer la statue équestre de Napoléon sur la place de l’Hôtel de ville par une « figure féminine », mettant ainsi fin à 155 ans de règne de l’Empereur.


Certes, la statue retirée de son piédestal en juillet dernier est bien partie en convalescence pour soigner ses fragilités dues aux usures du temps, mais une fois restaurée, elle devait retrouver son emplacement d’origine. C’est ce qui avait été clamé haut et fort par le maire de Rouen.

Certaines « mauvaises langues » avaient vu dans ce retrait une volonté de faire disparaître définitivement Napoléon de cette place pour faire dans le « politiquement correct »mais, naïvement sans doute, nous n’y avons pas cru une seconde. Au contraire, nous avons même cru que suite aux événements qui conduisaient bon nombre de statues par terre dans le monde entier, cette mesure était une façon de mettre l’œuvre en sécurité.

Nous nous sommes trompés.

Alors cette restauration était-elle l’alibi d’une éviction préméditée ? C’est tout à fait possible.


Pour rappel, cette statue du sculpteur Vital-Dubray,avait été érigée en 1865 et inaugurée en grandes pompes. Le bronze utilisé provenait des canons de la guerre d’Austerliz : tout un symbole.


La question qui se pose aujourd’hui est : les élus ont-ils le droit de vie ou de mort sur le patrimoine de leur commune ? Certes, les Rouennais doivent être consultés, mais visiblement pas pour dire « stop ou encore » à Napoléon, mais pour choisir la « figure féminine » qui le remplacera.

Certes, il ne faut pas être contre la modernité et la mise en place d’œuvres contemporaines qui un jour seront-elles aussi considérées comme patrimoniales, mais mettre au rebut les statues emblématiques d’une ville pour les remplacer sur la seule volonté d’un élu nous semble totalement inopportun, voire provocant.

Le Président Macron dans une de ses allocutions avait bien affirmé qu’en France on ne déboulonnerait aucune statue. Alors à moins que l’information nous ait échappée, mais, jusqu’à preuve du contraire, Rouen est bien encore en France.


Certes, la volonté du maire fraîchement nommé est de faire de Rouen la capitale de la Culture, mais nous ne sommes pas certains que faire table rase du passé de la ville soit une bonne stratégie. D’autant que cette place de l’Hôtel de Ville est immense et que Napoléon pourrait parfaitement cohabiter avec des œuvres contemporaines. Patrimoine et modernité sont des mots qui peuvent aller très bien ensemble, à partir du moment où l’on respecte l’identité propre des œuvres.

Une ville ne doit pas rester figée, elle doit pouvoir s’enorgueillir de s’enrichir culturellement au fil des ans. Mais s’enrichir, c’est ajouter quelque chose et, en aucun cas, retirer l’existant. D’autant que sur l’ensemble du territoire, nous avons perdu de nombreuses statues en bronze pendant la guerre, fondues pour récupération sous le gouvernement de Vichy.

Alors cette décision unilatérale nous semble surréaliste de nos jours, même si le maire évoque la possibilité d’installer l’œuvre de Vital-Daubray dans un autre quartier de Rouen.

De plus, n’oublions pas que ce genre de « fantaisie » a un coût. L’extraction du piédestal toujours en place, son déplacement, et les fondations pour l’accueillir risque de se faire à grands frais. Alors même que la ville a du mal à entretenir son remarquable patrimoine, qu’elle a été contrainte de vendre plusieurs de ses églises, nous ne sommes pas certains que les contribuables Rouennais voient d’un bon œil ce tripatouillage.


Si Napoléon venait à disparaître de sa place, l’on pourra toujours se consoler en contemplant la médaille éditée pour l’inauguration de la statue le 14 août 1865.


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Photo 1 : Mélaine Lhomme pour La Gazette du Patrimoine
Photo 2 : © Grégory Thélu / France Télévisions
Photo 3-4-5 : Collection particulière
Photo 6 : Paris Musées

614 millions de d’euros pour le patrimoine : qui va toucher le Jackpot ?

614 millions d’euros, une somme colossale jusqu’alors jamais allouée au patrimoine.

Alors que de nombreux médias encensent cette mesure du plan de relance, notre enthousiasme est plus mesuré.

Enthousiastes, nous le sommes à l’idée que de nombreuses entreprises spécialisées dans la restauration des monuments historiques vont voir leurs carnets de commandes se remplir, en espérant que ce ne seront pas que les « grosses » entreprises qui bénéficieront de « l’accélération » des chantiers de restauration et qu’il y aura également de la place pour les artisans des petites structures. La relance économique passe forcément par l’emploi et sur ce point, l’État semble assurément tenir ses promesses.

En revanche, c’est avec stupeur que nous avons pris connaissance des mesures en faveur du patrimoine à proprement parlé. Avant de connaître la répartition des 614 millions d’euros, nous étions déjà en train de calculer combien chaque département ou région allait recevoir pour venir en aide au patrimoine des territoires. Notre déception fut alors grande car, en fait, cette manne providentielle est destinée dans sa quasi-totalité à financer le patrimoine appartenant, non pas aux communes, mais à l’État.

Ce plan permet donc à l’État de restaurer les édifices laissés à l’abandon depuis des décennies — édifices dont il avait la charge. Il vaut mieux tard que jamais penserez-vous, mais nous nourrissions d’autres espoirs pour le patrimoine au sens plus large du terme. Seuls 40 millions d’euros sur 280 destinés aux édifices iront aux communes et propriétaires privés. Et pas n’importe quels édifices, uniquement ceux qui sont protégés au titre des Monuments Historiques.

Explications en chiffres :


614 millions =

• 280 millions d’euros : Valorisation des métiers d’art et les savoir-faire d’excellence.

« Le patrimoine innerve les territoires. Or il a cruellement besoin d’être entretenu et restauré, alors que la crise sanitaire a pesé sur les financements. Le plan de relance permettra de le remettre en état, avec des effets très concrets en termes de développement économique, d’attractivité et de rayonnement international de notre pays, et de fréquentation des monuments et des autres équipements patrimoniaux (musées, archives, archéologie) dans les territoires. » (Ministère de la Culture)

Voici le détail de la répartition de ces 280 millions d’euros :

•80 millions d’euros : plan cathédrales

• 40 millions d’euros : accélérer la restauration des monuments nationaux présentés par le Centre des monuments nationaux à travers l’ensemble du territoire.

• 100 millions d’euros : mener pleinement le projet de restauration et de mise en valeur du château de Villers-Cotterêts.

• 20 millions d’euros : rénovation d’autres équipements patrimoniaux (musées, archives, archéologie)

• 40 millions d’euros : pour la restauration des monuments historiques appartenant aux communes et aux propriétaires privés.

Les chiffres parlent d’eux même. Ce sont bien 240 millions d’euros qui serviront à restaurer le patrimoine qui est à la charge de l’État, c’est à dire les cathédrales et les Monuments Nationaux. Sur ces 240 millions, 100 sont destinés à la restauration du Château de Villers-Cotterêts, qui fait lui-même partie de ces Monuments nationaux.

Les collectivités et les propriétaires privés de Monuments Historiques devront se « contenter » de 40 millions, ce qui fait 396.040 euros par départements.

Au risque de paraître défaitistes, nous ne sommes pas certains qu’avec 396.040 euros on puisse restaurer « Le Patrimoine » des territoires. Et comment vont être distribués ces 40 millions ? Qui va décider ? Les DRAC, la Fondation du Patrimoine ?

Mais réjouissons-nous tout de même avec le « plan Cathédrales » à 80 millions d’euros. Certaines d’entre-elles sont dans un état plus que préoccupant et si cette somme ne permettra pas de les restaurer toutes, elle permettra sans doute d’effectuer les premiers travaux d’urgences.


Mais depuis le début de notre article, nous ne parlons que de 280 millions en faveur du patrimoine et pas de 614 millions. Pourquoi ?

Simplement, parce que les 334 autres millions ne sont en aucun cas destinés au patrimoine tel que nous l’entendons, mais aux grandes « structures patrimoniales » comme cet extrait du communiqué du Ministère de la Culture l’indique :

334 millions d’euros : soutien à la reprise d’activité des établissements publics patrimoniaux soutenant l’attractivité et le rayonnement international de la France.

« Les établissements publics patrimoniaux (musée du Louvre, château de Versailles, Centre des monuments nationaux, musée d’Orsay et de l’Orangerie, RMN-GP, Centre Pompidou, Universcience, etc.) font face aujourd’hui à une crise sans précédent, qui affecte leur modèle économique et culturel. Leur fréquentation, qui dépend pour une part importante du tourisme international, s’est effondrée (entre -40 et -80%) réduisant considérablement leurs ressources de fonctionnement et leur capacité à investir et à se projeter en termes de programmation pluriannuelle scientifique, artistique et culturelle. Les contraintes sanitaires nécessitent par ailleurs de pouvoir adapter l’offre et les formes culturelles. Au regard de leur rôle essentiel en termes de rayonnement international et d’attractivité de la France et de locomotive du tourisme, le plan de relance permettra de soutenir ces établissements dans leur reprise d’activité. »

Cette mesure est tout à fait compréhensible, puisque la crise sans précédent que nous vivons a vidé les grands musées de leurs visiteurs.  Donc, il faut compenser les pertes financières abyssales dues au manque de fréquentation pour ne pas conduire ces « fleurons de notre culture » à leur perte.


Sauf qu’une fois encore, ce seront les « grands » qui seront sauvés par ces mesures. Donner de l’argent pour le Louvre, Versailles, Orsay peut se comprendre, mais que percevront ces milliers de petits musées de province à l’équilibre financier déjà fragile ? Rien. Car c’est bien connu, chez nous « on ne prête qu’aux riches. »

D’ailleurs cette petite phrase mythique extraite de « La folie des grandeurs » est tout à fait d’actualité : «  Les riches c’est fait pour être très riches et les pauvres, très pauvres ». C’est un bon résumé de la cause que nous défendons.

Car le « petit patrimoine », celui qui n’est ni inscrit ni classé, ne bénéficiera d’aucun dispositif, ce qui risque de le conduire directement sous nos chère pelleteuses. En lieu et place pousseront des immeubles de standing ou de jolis parkings, pour la plus grande joie des touristes qui, un jour, reviendront, iront au Louvre et à Versailles, et peut-être à Villiers-Cotterêts, mais nulle part ailleurs, car ailleurs, ce sera : « circulez il n’y a plus rien à voir ».


Reste à espérer que les Régions et les Départements prendront à bras le corps ce patrimoine vernaculaire qui fait la richesse de nos territoires et participe amplement au rayonnement de la France, comme le rapport du Sénat (encore lui) le souligne.

Quoi qu’il en soit, réjouissons-nous quand même pour ceux qui bénéficieront de ce « plan de relance ». Nous remarquerons juste que la communication est mauvaise, car elle sous-entend que le patrimoine va être sauvé, ce qui est totalement faux, puisque ce ne sera qu’une poignée d’édifices qui bénéficiera de ces financements. Il aurait fallu nommer cela : « Plan de relance des entreprises du patrimoine et des grands Musées de France »

En communiquant de cette façon, le gouvernement s’expose une fois encore à ce que les potentiels petits donateurs à la cause du patrimoine se désengagent encore un peu plus et finissent par ne plus rien donner, ce qui mettrait un terme à des milliers de petits projets de sauvegarde.

Des centaines d’associations sont à l’agonie faute de dons, des centaines de propriétaires privés d’édifices non protégés ont eux aussi subi cette crise de plein fouet, mais, pour eux, pas une aide et l’ombre de l’arrivée de la taxe foncière est un cauchemar pour eux. Mais ils devront payer, pas de mesure exceptionnelle pour alléger leur souffrance. Et ils devront entendre sans doute une fois de plus : « si vous n’avez pas les moyens, vendez » — sinon, les huissiers s’en chargeront.


Allez, restons positifs et apprécions tout de même que les « Grands » se portent mieux grâce à ce « Plan relance », en espérant qu’un jour enfin, nos instances parisiennes se souviennent qu’il n’y a pas de grand ou de petit patrimoine, mais qu’il y a : LE PATRIMOINE

Lire le communiqué de presse du Ministère de la Culture 
ICI.

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Crédits photographiques:
Photo 1  Château de Villers-Cotterêts :  L’Union
Photo 2  Cathédrale de Condom : tourisme-condom
Photo 3 Musée du Louvre :
La Gazette du Patrimoine
Photo 4  Château de Navarre :
La Gazette du Patrimoine
Photo 5 Maison du cocher du Château du Parc :
La Gazette du Patrimoine

Un méthaniseur dans le pays de Marcel Proust : l’odeur du scandale

Nous avons, dans un premier article (ICI), relayé un « cri du cœur » concernant le projet d’installation d’un méthaniseur de trois cuves sur la commune d’Illiers-Combray ou plus exactement au lieu-dit « Les Dauffrais ».


Aujourd’hui, nous prenons part au combat des habitants qui ne veulent pas subir les nuisances de ce type d’installation à seulement 400 mètres de leurs maisons et, surtout, ne veulent pas être exposés aux risques multiples que représente la présence d’un méthaniseur.

Bien entendu, les neuf agriculteurs qui portent ce projet affirment que les risques sont inexistants, que les odeurs dégagées par les méthaniseurs sont une légende et que de ce fait, construire leurs trois cuves au milieu d’un ensemble de châteaux sur le terre de Marcel Proust ne leur pose aucun problème.

Vue du champs à 100 mètres du futur méthaniseur

Certaines personnes favorables au projet vous diront également que ce paysage « proustien » a déjà été défiguré depuis longtemps déjà par un château d’eau, des pilonnes électriques et autres infrastructures à l’esthétisme douteux et que ce méthaniseur ne sera pas forcément pire que ce qui existe déjà.

Sauf que le dit méthaniseur représentera un risque pour la population, c’est indéniable et nous avons d’ailleurs de nombreux exemples pour étayer nos propos. Pas plus tard que le 20 août 2020, à Plouvorn (Finistère), alors que la structure n’était pas encore en fonction, une de ses cuves a explosé.

Lire l’article de Ouest France ICI.

À Escrennes dans le Loiret, les habitants sont excédés par les nuisances dues au méthaniseur qui avait été « vendu » comme très écologique et sans odeur . L’extrait de l’article qui suit est édifiant :

L'usine de méthanisation d'Escrennes, près de Pithiviers est inaugurée en novembre 2018. Est présent le ministre de la transition écologique, François de Rugy. Une usine "zéro odeur" est alors promise aux habitants. Moins d'un an plus tard, c'est un constat d'échec qui est dressé par les habitants. Jean-Marie Desgrolard habite à 800 mètres de l'usine, et sent parfois de fortes odeurs chez lui. "Il peut arriver que je ne puisse pas sortir dans mon jardin, en fonction de la direction du vent, dénonce-t-il. A un moment donné, on n'en peut plus. Et tout cela est accompagné d'une certaine indifférence, _aucune solution n'est proposée pour pallier cette situation." Il cible notamment des camions qui arrivent non-bâchés à l'usine, alors que les règlements l'imposent. Mais les soucis peuvent également être médicaux. Dans leur domicile, situés à une cinquantaine de mètres seulement de l'usine, Stevo et Vera Cestic souffrent. "J'ai les yeux qui pleurent, le nez qui coule, la gorge qui me fait mal et qui pique, souffle Vera. Cette usine a détruit ma vie." Son mari détaille : "Je ne peux pas faire une grillade dans le jardin, on ne peut pas inviter des amis, et ça attire un nombre de mouches incroyable." 


Des promesses d'une usine "zéro odeur" :

L'objectif de ces habitants : obtenir des réponses, et des changements. Mais la mairie et l'usine apportent peu de réponses selon eux. Un banderole "Promesses non tenues, biogaz, Escrennes pue" est posée devant la maison du couple Cistic. Une page Facebook et une pétition ont été mises en ligne, pour faire parler de la situation. La colère vient notamment des promesses de cette usine, inaugurée par François De Rugy : "Quand on voit un ministre débarquer dans un petit village comme Escrennes, on se dit que c'est sérieux, que tout est en règle, témoigne Sandra. Cela avait l'air de rouler sur de bons rails, mais au bout du compte, les gens qui habitent là subissent les mauvaises odeurs." (Sources France Bleu Orléans)


Cet article résume à peu près ce que risque d’être le quotidien des riverains des Dauffrais.

Autre aspect à prendre en compte et pas des moindres, la présence du méthaniseur divisera au moins par deux le prix des habitations à proximité, même constat pour les châteaux situés dans ce périmètre. Si les propriétaires décident de vendre, il faudra baisser considérablement le prix de vente à cause de la présence du méthaniseur, et encore, à condition de trouver un acheteur qui acceptera de vivre avec cette installation sous ses fenêtres. Alors qui dédommagera les propriétaires ?


Attention, les opposants au projet le sont par rapport au projet tel qu’il a été envisagé, mais la présence du méthaniseur au milieu des champs loin de chez eux ne leur pose aucun problème. Hélas, cette solution simple d’éloignement qui pourrait satisfaire tout le monde n’est pas à l’ordre du jour pour les sept agriculteurs qui considèrent qu’une construction plus éloignée entraînerait un surcoût financier important, compte tenu du fait qu’il faudrait faire placer des conduites de gaz inexistantes à cet endroit. Et de rajouter que les riverains doivent s’estimer heureux que, dans « un élan de bonté », ces mêmes agriculteurs aient accepté de construire leur méthaniseur à 400 des habitations au lieu des 150 mètres qu’ils avaient prévus.

Nous avons été sollicités pour mobiliser l’opinion contre le projet et nous avons bien évidemment répondu favorablement à cet appel. Non seulement au nom de la sauvegarde du patrimoine d’un territoire d’exception, mais également au nom des habitants attachés à leur cadre de vie afin de ne pas voir leur paradis se transformer en enfer.

Une pétition vient d’être mise en ligne
ICI, merci de la signer et de la partager.


Accédez à la consultation publique lancée par le préfet est en ligne depuis le 30 août
ICI.

En savoir plus sur les risques encourus avec l’exemple de cette étude réalisée dans l’Isère
ICI.

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Crédits photographiques:
Photos  1-2-5 : Christine Cloos
Photo 3 : DR/France Bleu Orléans
Photo 5 : Mélanie Saury

Lille : la chapelle Saint-Joseph bientôt démolie ?

Depuis son sursis accordé par l’ancien Ministre de la Culture, Monsieur Franck Riester, le 5 juin dernier comme suite à notre action, nous n’arrivons pas à obtenir la moindre information concernant l’avenir de la chapelle Saint-Joseph.


Madame Roselyne Bachelot, Ministre de la Culture fraichement nommée, ne répond pas à nos interrogations alors que nous misions tant d’espoirs sur elle. Elle ne répond pas non plus au grand architecte Lillois, Étienne Poncelet, qui dans, un courrier adressé rue de Valois le 9 juillet, demandait que soient auditionnés les acteurs du projet de sauvegarde de l’édifice, projet qui, rappelons-le, est plus économique que la démolition/reconstruction portée par l’Université Catholique de Lille et surtout, beaucoup plus écologique. Justement, à l’heure où l’écologie s’invite dans tous les débats, ce dernier argument aurait dû peser dans la balance du bon sens et de la raison.

Une rencontre devait avoir lieu le 10 juillet au ministère avec les représentants du projet de démolition, mais comme cette date a coïncidé avec la passation de pouvoirs entre les ministres, nous ignorons même si elle a eu lieu. Ce que nous savons, c’est qu’en l’absence de réponse, tout est permis, y compris de voir la chapelle grignotée par les pelleteuses un beau matin puisque le permis de démolir accordé par la ville est toujours valide.


Nos inquiétudes sont légitimes, car nous avons fourni un travail titanesque pour obtenir ce sursis et retourner une situation qui semblait perdue d’avance en à peine quinze jours.

Cependant, nous n’avons jamais vraiment été convaincus par cette mesure qui, certes, nous avait alors donné un peu d’espoir et de satisfaction, mais qui aujourd’hui nous prouve que nous avions sans doute raison de ne pas crier victoire trop vite. Monsieur Stéphane Bern s’était voulu rassurant en affirmant avoir toute confiance en Monsieur Franck Riester quant à sa décision finale, mais c’était sans compter sur un remaniement ministériel « surprise » qui n’a pas donné au Ministre le temps d’avoir le mot de la fin et nous le regrettons profondément.

En attendant, nous ne sommes pas les seuls à nous inquiéter. En effet, bon nombre de Lillois attachés à cet édifice qui leur est familier attendent eux aussi des réponses.

C’est le cas notamment d’un collectif de riverains inquiets pour l’avenir de « leur » chapelle, chapelle qui fait partie intégrante de leur quotidien et qu’ils ne veulent pas voir disparaître.

C’est d’ailleurs dans ce genre de situation que la célèbre phrase de Victor Hugo extraite de « La guerre aux démolisseurs » prend tout son sens : « Il y a deux choses dans un édifice, son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire et sa beauté appartient à tout le monde, à vous, à moi, à nous tous. Donc, le détruire, c’est dépasser son droit ».

Oui, c’est exactement cela. On peut dire que les démolisseurs outrepassent leur droit, surtout quand ils souhaitent mettre à terre un témoin de l’histoire collective, même si ce dernier ne date « que » du XIXe siècle et n’a pas eu grâce aux yeux de l’Architecte des Bâtiments de France qui a donné, sans sourcilier, son accord pour la démolition, avec pour seul argument son époque de construction.

Nous trouvons cela un peu réducteur, car si la chapelle Saint-Joseph n’est certes pas un fleuron de l’architecture française, elle n’en est pas moins esthétique, très bien proportionnée et n’a rien à envier à certains édifices protégés de la même période. D’autant qu’il est important de rappeler qu’elle est érigée dans le périmètre protégé du Palais Rameau et lui fait écho. Alors Saint-Joseph, ce n’est pas Notre-Dame-de-Paris, mais est-ce pour cela que l’institution catholique a le droit de la détruire ?

Nous pensons qu’au vu du contexte sociétal actuel pour le moins complexe, démolir un édifice religieux est une grave erreur, même quand la laïcité prédomine. Car soyons sérieux, en démolissant cette chapelle c’est un symbole que l’on détruit, mais aussi un pan de l’histoire locale.


Nous allons une fois encore saisir Madame la Ministre de la Culture afin qu’elle statue sur cette triste affaire une bonne fois pour toute, notamment en signifiant sa mise sous protection — ce qui permettrait à tous les acteurs du projet de revoir leur « copie » en tenant compte du projet contradictoire qui leur ont été soumis et qui offrirait une seconde vie à l’édifice.

En attendant, voici le cri du cœur de la porte-parole du collectif de riverains qui en dit long sur leur attachement à la chapelle Saint-Joseph :

Madame, Monsieur, 

Je m'adresse à vous, URGENCES PATRIMOINE, car je sais que vous défendez « notre » chapelle.

Membre du conseil syndical de la résidence Vauban-Colson à Lille, je suis la porte-parole des 50 résidents, de leurs familles et aussi de plusieurs personnes du quartier Vauban avec qui j'ai eu un contact.

Je veux vous dire notre émotion, notre tristesse et notre colère face à ce projet de destruction d'un édifice qui fait partie du paysage de notre quartier.

En ce qui me concerne, lorsque j'ai visité l'appartement que j'occupe depuis près de 30 ans, j'ai eu un coup de cœur pour cette vue splendide sur cette chapelle nichée dans la verdure et mon achat en a été très influencé.

Depuis les arbres qui se trouvaient à l'angle du boulevard Vauban et de la rue Colson ont été abattus pour laisser la place à un horrible bâtiment de l'ISEN, tellement moche qu'il va être détruit (20 ans plus tard !!!) pour faire place à un autre plus grand qui doit entraîner la destruction de la chapelle. Bravo !!

Dans le quartier, nous sommes très attachés à ce bâtiment qui, certes, ne date pas du Moyen-Age mais qui reste un témoin du passé et qui s'inscrit dans le périmètre d'un autre bâtiment historique, Le Palais Rameau.

Il ne manque pas de charme avec ses clochetons et ses vitraux et, pour une chapelle il a de belles dimensions. Ce fut un lieu de culte, bon nombre de lillois y ont fait leur communion. Cette belle Chapelle mérite une nouvelle vie et au lieu de la détruire, il faudrait la restaurer et la rendre accessible à un plus large public en la transformant en lieu d'expositions par exemple.

Pour la petite histoire, je vous signale que, lorsque nous devons effectuer une transformation sur nos immeubles (changement de fenêtre par exemple), nous devons demander des autorisations et monter d'énormes dossiers car nous sommes dans le périmètre d'un bâtiment historique alors que l'on s'apprête à détruire impunément un ouvrage qui date du XIXème siècle et qui a une âme (contrairement à nos banales résidences).

Je dois aussi vous dire que nos impôts fonciers sont très conséquents pour ces mêmes raisons.

Nous comptons sur vous pour nous soutenir et pour nous faire entendre auprès des instances concernées. Je pense que la Mairie de Lille et la région ne seront pas insensibles à notre légitime revendication.

Merci à vous de nous tenir au courant des suites de cette affaire et de nous dire si nous pouvons vous aider.

Pour le collectif de quartier

Josette HEMSEN

Tout est dit dans ce mail que nous avons reçu samedi et, bien évidemment, plus que jamais nous défendrons cet édifice.

« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble nous pouvons »


Nous vous rappelons que notre pétition est toujours en ligne et que le seuil des 10.000 signatures serait un atout pour nous. Si vous avez déjà signé, n’hésitez pas à partager sur l’ensemble de vos réseaux.

Attention : Nous vous rappelons également que vous n’êtes pas obligés de faire un don à la plateforme de pétition car l’argent qui vous est demandé ne va pas à notre cause. Enfin, ne répondez à aucune sollicitation financière qui ne viendrait pas d’Urgences Patrimoine ou de
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Pour lire nos précédents articles sur le sujet :
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/96e4550157ade0fea66230bf046b26ce-93.html
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/c0565fba1dceb9509113652212deeb23-98.html
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/1007427d872d0c0867d1ee1b35126680-107.html
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