September 2021

Salency : qui a tué la Rosière ?

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Rien ne va plus dans notre beau pays de France. On déboulonne les statues « encombrantes », on démolit les chapelles, on inonde d’éoliennes les paysages les plus gracieux, on abat les arbres centenaires pour faire des parkings et on se permet de supprimer une tradition plus que millénaire pour contenter quelques féministes enragées. Décidément, au XXIe siècle, il ne fait pas bon être un témoin de notre histoire collective.

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Voici la triste fin de la Fête de la Rosière contée par son plus vaillant défenseur, Bertrand TRIBOUT.

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Administrateur de Biens de profession et parisien de naissance, Bertrand TRIBOUT a passé tous les week-end et toutes les vacances de son enfance, dans la maison familiale de Salency, berceau de sa famille depuis le XIXème siècle. Salency dans l’Oise, est un village de 800 habitants, situé à 25 kms au nord-est de Compiègne et à 4 kms de Noyon. Tout jeune, il s’est passionné pour l’histoire locale de son village qui a vu naître Saint Médard. Il a compilé au cours des années une énorme collection d’archives, iconographique notamment, de tout ce qui touche à cette petite commune. Il a participé activement à la vie du village, où il a repris la demeure de famille dans laquelle il s’est installé, en s’impliquant localement à travers diverses associations et en étant élu au conseil municipal entre 2001 et 2008. Il y fut chargé du Patrimoine, ce qui n’est guère étonnant ! Il a collaboré à quelques ouvrages collectifs relatifs à la région noyonnaise, en ce qui concerne précisément, l’histoire de Salency. En 2019, à la suite de la tentative lamentablement avortée de faire renaître de la fête de la Rosière de Salency, fondée par Saint Médard au VIème siècle, un éditeur lui a demandé d’écrire un ouvrage traitant de l’histoire de cette tradition. C’est ainsi qu’est né le livre D’hier à aujourd’hui, La Rosière de Salency  (Cap Régions Editions), assorti d’une très riche documentation iconographique et qui connaît un certain succès. Bertrand TRIBOUT a en projet d’écrire d’autres ouvrages, traitant de divers aspects du riche passé du village de Salency.


LA FÊTE DE LA ROSIÈRE DE SALENCY

L’Institution de la fête de la Rosière à Salency (Oise), remonte au VIe siècle, ce qui en fait l’une des plus anciennes, sinon la plus ancienne fête de France.

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Saint Médard, évêque de Noyon, bien connu des observateurs de la météo, est né à Salency vers 450. Il voulut récompenser la vertu ou les vertus sur la terre qu’il tient de son père et institue donc la « Fête de la Rose ». Chaque année, les habitants s’assemblent pour choisir trois jeunes filles entourées de l’estime publique. Elles seront présentées à Saint Médard, qui désignera celle qui lui paraît la plus méritante.

Récompenser les vertus : de quoi s’agit-il ? Tout simplement, mettre en valeur une jeune fille qui a toute la force morale pour tendre au bien et fuir le mal. Mettre en valeur une jeunesse heureuse et saine d’esprit. Valoriser les sentiments de probité, de respect, d’assiduité au travail ou dans les études, être à l’écoute des autres et les aider si nécessaire, en s’impliquant dans la vie locale. En un mot, faire preuve de bienveillance.

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La récompense consistait en une dot de 25 livres et surtout en une couronne ou « chapeau de roses ».

Afin d’assurer la perpétuité de son institution, Saint Médard a distrait de son domaine environ douze arpents de terre, dont les revenus devaient servir à couvrir les frais de la fête, mais aussi à doter l’heureuse élue. Ces terres porteront et portent toujours aujourd’hui, le nom de « Fief de la Rose ».

La première rosière couronnée a été la propre sœur de l’évêque, devenue par la suite Sainte Médrine, imposée par les habitants eux-mêmes, en dehors de tout autre choix.

La fête se renouvela ensuite tous les ans le 8 juin, « Jour de Monsieur Saint Médard » comme on disait alors, selon un cérémonial bien précis, mais sans que sa notoriété ne dépasse, au cours des siècles, les frontières de la contrée.

Dans les années 1760, la cérémonie fut mise sous le feu des projecteurs. Le sujet correspondait à l’air du temps. Sous l’influence de Rousseau notamment, on prônait un certain retour à la simplicité, à la vie campagnarde, aux traditions paysannes, aux vertus morales. Et une femme de lettres de cette fin du XVIIIe siècle, Félicité Comtesse de Genlis, de passage à Salency pour avoir eu vent de cette fête de la rosière, décida de la faire connaître à la France entière. Elle en fit une petite pièce de théâtre sentimentale, suivie par Favart, qui écrivit une comédie et la fit jouer devant le Roi en 1769. Grétry continua avec une pastorale en trois actes en 1774. Greuze illustra le thème, gravé par Moreau pour un frontispice. Huet en fit également un dessin pour une toile de Jouy et Boizot, un biscuit de Sèvres.
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Le couronnement des rosières s’est ainsi étendu à beaucoup d’autres villages français, chacun d’eux voulant avoir « sa » rosière.

En outre, un procès retentissant et suivi dans tout le royaume, opposant les habitants de Salency (qui le gagnèrent) à leur seigneur, eut lieu devant le Parlement de Paris en 1774 et aboutit à un arrêté édicté par cette institution, qui fixe dans les moindres détails - souvent surprenants - le déroulement de la cérémonie.

A la suite de l’abolition de l’autorité seigneuriale, la commune s’est substituée au seigneur tant pour le choix de la Rosière, que pour subvenir aux frais de la fête. Et au cours de l’Assemblée Municipale du 6 mai 1798, il a été décidé que le sort désignerait la Rosière, pour « ne faire injure à aucune des trois ».

A Salency, la coutume s’est poursuivie chaque année sans interruption, jusqu’en 1914. La tradition fut reprise en 1922 et l’on a continué au cours du XXe siècle à couronner les rosières, mais de manière beaucoup plus épisodique.

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La dernière cérémonie de la Rosière de Salency remonte à 1987, année du millénaire capétien.

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Certes, l’organisation d’une telle fête demande beaucoup de travail et grève le budget communal. Mais c’est surtout le désintérêt des municipalités successives pour le patrimoine en général et celui-ci, immatériel mais propre au village de Salency en particulier, qui explique que le couronnement de la Rosière soit tombé en désuétude depuis cette dernière date.

Toutefois, la Confrérie de Saint Médard de Salency, association purement laïque que j’ai l’honneur de présider, avait décidé de renouer avec la tradition en 2019. Avec le soutien initial de la municipalité et de la paroisse, tant il est vrai que cette fête champêtre est le fruit de l’heureuse union des autorités civiles et religieuses, sans que ni l’une, ni l’autre, n’empiète sur le domaine qui est le sien.

C’était sans compter avec un article de la presse locale, odieux et fielleux, qui voulut assimiler la vertu de la Rosière avec la virginité et la pureté !

A partir de là, les réseaux sociaux se déchaînèrent pour fustiger les odieux réactionnaires que nous étions et qui voulaient s’immiscer dans la vie privée et intime d’une jeune fille !

L’affaire, durant l’été 2018, prit rapidement une tournure nationale, voire internationale, avec des articles de presse et des reportages radiophoniques et télévisés pendant près d’un mois et surtout par des pétitions sur Internet, initiées par une association de féministes échevelées qui s’acharnèrent avec une virulence haineuse contre cette bien inoffensive fête campagnarde.

Le maire de Salency et son conseil municipal finirent par se ranger du côté des adversaires de la reprise de la tradition, contrairement à leurs déclarations précédentes et c’est ainsi que le projet ne put aboutir.

Une fois de plus, une fois encore, on jette aux orties un patrimoine local particulièrement riche de sens et d’histoire, pour se conformer aux lobbys parisiens, n’ayant évidemment aucune connaissance des origines de la fête, de son esprit et du passé du village.

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C’est d’autant plus lamentable que la cause des femmes mérite largement mieux que ces stupides coups d’épée dans l’eau, quand on pense au sort que celles-ci subissent dans leur cœur et dans leur chair dans tant de pays, dont le nôtre d’ailleurs, sans que cela n’émeuve plus que cela ces soi-disant bonnes consciences…


Crédits photographiques : BetrandTribout

Rouen : patrimoine VS matrimoine ?

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Au départ, le Napoléon rouennais devait quitter la place qu’il occupe depuis 156 ans pour se refaire une beauté, car une des pattes de son fidèle destrier montrait quelques signes de faiblesse. C’était sans compter sur le sémillant maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui, décidément, doit avoir une dent contre cette figure emblématique de l’Histoire de France.

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Nous aurions pu appeler ça le « Le Rossignol et l’Empereur », sauf que l'histoire qui ici est en train d’être écrite risque de mal se terminer — avec un nouvel exil à la clef, non pas à Sainte-Hélène, mais à l’île Lacroix, un lieu de Rouen qui se situe suffisamment loin de la place de l’Hôtel de Ville.

La raison invoquée de ce déboulonnage en règle est la volonté de « féminiser » l’espace public, qui serait dépourvu de représentations adéquates. La place de l’Hôtel de ville ne pourrait-elle pas accueillir une grande et belle statue de Gisèle Halimi, sans pour autant déloger Napoléon ? La culture, ce n’est pas mettre au placard ce qui fait l’identité d’une ville. La culture, c’est enrichir cette identité en ajoutant des œuvres, sans en soustraire aucune. Et Jeanne d'Arc au fait ? ….

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Mais au-delà de la polémique du déboulonnage de Napoléon, s’est invitée dans le débat, la question du « matrimoine ». L’étymologie du mot « patrimoine » nous renvoie à « ce qui vient du père », donc des hommes. Mais les « vieux réacs » que nous sommes interprèteront cela comme « ce qui vient de l’Homme », dans le sens « être humain », sans distinction de sexe. Au passage, on peut commencer à s’inquiéter pour l’avenir du « Musée de l’Homme » à Paris dont le nom, sous certaines pressions féministes, pourrait bien changer.

Cette notion de matrimoine est une « fausse barbe », qui permet de se désintéresser un peu plus du « patrimoine » et de se donner bonne conscience pour le faire disparaître ou le laisser à l’abandon. Nous aimerions bien savoir ce que Madame Laura Slimani, l’adjointe en charge de l’égalité homme/femme à la mairie de Rouen qui défend bec et ongles la mise au rebut de Napoléon, a fait pour la sauvegarde du patrimoine. Pour nous, défenseurs de la mémoire des Hommes (hé oui, encore), le matrimoine est un terme qu’ont réinvesti des « bobos-intellos » afin de « moraliser » notre histoire collective. Inutile de nous rappeler que le mot matrimoine existe bien dans la langue française, et ce depuis le moyen-âge, mais, depuis les années 2000, une étrange dialectique consiste à l’opposer au mot « patrimoine » — et ce n’est pas en créant des oppositions et des idéologies séparatistes qu’on fait avancer la cause.

En tout cas, si Nicolas Mayer-Rossignol voulait faire briller Rouen dans les médias, c’est réussi, mais nous ne sommes pas certains que cette ville magnifique au riche PATRIMOINE, ait besoin de ce genre de publicité, surtout lorsqu’on prétend au titre de Capitale Mondiale de la Culture.

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Ce sera aux rouennais de trancher cette question de la féminisation de l'espace via une consultation publique en ligne, en espérant que le bon sens et surtout l’amour du territoire — tel qu’il est — remettront Napoléon sur la place de l’Hôtel de Ville. Et si cette statue gêne autant Monsieur le Maire, nous lui suggérons de laisser son fauteuil à une femme ! C’est vrai ça, à quand une « Mairesse » de Rouen ?

Comme on n’est jamais trop prudent, et que les résultats des consultations de ce genre peuvent réserver des surprises, Urgences Patrimoine va quand même demander une mise en instance de classement de la statue et de son socle. Si le Ministère de la Culture juge que cette œuvre mérite une protection, alors Napoléon restera à sa place.

À suivre…

Nous remercions Pauline Astolfi, Redpaln de son nom d’artiste pour son illustration. Redpaln vient d’ailleurs de publier un livre d’illustrations sur Napoléon, accompagnées de textes de David Chanteranne, grand spécialiste du sujet. (Ouf, parité respectée).


Crédits photographiques : photo 1 : Redpaln ; photos 2 et 3  : Mélaine Lhomme/La Gazette du Patrimoine


Gironde : SOS d’un château en détresse

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Urgences Patrimoine vient d’être sollicitée afin d’essayer de sortir de l’oubli et surtout de la déshérence, un patrimoine d’exception : le Château des Tours. Une double sollicitation d’ailleurs, car ce sont deux personnes qui ne se connaissent pas et qui, à quelques jours d’intervalle ont fait la même démarche.

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Il y a quelques années, un jeune étudiant nous avait déjà alerté, mais nous n’avions à l’époque ni l’expérience, ni le réseau, pour mener cette délicate opération. En effet, s’agissant d’un bien privé, il est toujours délicat d’intervenir.

Aujourd’hui nous sommes prêts. Il ne sera pas question de lancer une souscription internationale, comme certains internautes le suggèrent en commentaires de publications relatives à l’édifice. D’ailleurs, à quoi servirait une souscription, puisque le château n’est pas à vendre ? Nous mettons en garde nos lecteurs à ce sujet : si une quelconque cagnotte était en ligne pour la sauvegarde du Château des Tours, c’est forcément une arnaque.

Depuis quelques jours, nous travaillons déjà en collaboration avec la personne qui nous a alertés. Une de nos déléguées départementales s’est rendue sur place dimanche et a pu échanger avec certains habitants du village, afin d’en savoir un peu plus. Nous allons tout mettre en œuvre afin de rencontrer le propriétaire, avec pour seule envie de trouver une solution pour l’avenir du château. Parallèlement, nous allons faire une demande de mise en instance de classement auprès de la DRAC.

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Il ne nous appartient pas de juger, il nous appartient d’agir. D’agir dans le seul but de sauver ce patrimoine remarquable. Peu importe les raisons qui ont conduit à son état. Il est bien, parfois, de ne pas rester englué dans le passé et de se concentrer sur l’avenir.

Nous avons la chance d’avoir un réseau important dans la région bordelaise, et nous pouvons d’ores et déjà compter sur le soutien de Madame Laurence Dessertine, Conseillère Départementale de Gironde et membre d’Urgences Patrimoine, qui a immédiatement accepté de nous accompagner dans cette action de la dernière chance.

Bien évidemment, nous ne manquerons pas de vous tenir informés de l’avancée de ce nouveau dossier. Voici un petit résumé de la situation rédigé par la jeune femme qui nous a contacté et qui a déjà entrepris certaines démarches.

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Appel à l’aide pour le Château des Tours

Le château des Tours est un château du XIV siècle situé en Gironde sur la commune de Montagne, dans les vignobles du Saint Émilionnais. On le découvre au détour d’une allée entourée de vignes, imposant avec ses quatre tours, son portail et sa cour intérieure, il impressionne les curieux. Il est entouré d’un parc et est bordé par une parcelle de massif forestier.

Aujourd’hui il est bien connu des urbex et des squatteurs. Son état inquiète, une partie du toit de la partie nord est effondrée, les vitres et volets sont cassés ou inexistants. Pourtant les herbes hautes sont coupées quelquefois dans l’année, des travaux d’entretien semblent commencer puis s’arrêter.

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La mairie, la DRAC et les associations d’histoire locales, n’ont pu fournir que peu d’informations pour le moment sur l’histoire ou la situation actuelle. Deux lettres ont été envoyées au propriétaire afin de prendre contact et d’échanger sur un éventuel projet de sauvegarde mais aucune réponse n’est revenue pour le moment.

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Le château est encore debout, les travaux sont importants mais pas impossibles. Pour le sauver, c’est maintenant que des décisions doivent être prises et que des actions doivent être faites. L’objectif est de travailler en accord avec le propriétaire, ainsi qu’avec tous les acteurs locaux qui pourraient jouer un rôle pour la sauvegarde du château.

A.C

Si vous avez des informations qui pourraient nous être utiles ou des photographies, n’hésitez pas à nous contacter : urgences.patrimoine@gmail.com


Crédits photographiques :
photos 1-2-3-4- : A.C / Urgences Patrimoine; photos 5 : C.D.S / Urgences Patrimoine


Salon du patrimoine : pourquoi nous y serons

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Urgences Patrimoine est née en 2014. En 2015 et 2016, il nous avait semblé judicieux d’être présents au Salon International du Patrimoine au Carrousel du Louvre, même si nous n’en avions pas les moyens. Ce salon est le plus important du genre pour tous les acteurs du patrimoine, il était donc important d’y figurer, surtout pour sortir de la virtualité dans laquelle nous étions un peu enfermés. En effet, Urgences Patrimoine est une association née sur les réseaux sociaux un peu par accident, et son incarnation physique était nécessaire pour la suite.

En 2015, nous avons été considérés comme la « révélation » du salon. Nous avons eu les honneurs de tous, institutionnels en tête, qui sont tous venus nous féliciter, surtout après une intervention mémorable lors d’une conférence qui avait pour titre : « Le patrimoine est-il réactionnaire ? ».

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Passés les honneurs et les courbettes, la réalité a été tout autre. Mépris des uns, menaces des autres, il a fallu subir bien des déconvenues pour avoir envie de porter haut et fort la voix du patrimoine, et notamment, la voix du « petit patrimoine ».

Comme notre seule ambition a toujours été de faire de notre mieux pour servir la cause qui nous est chère, nous avons certes parfois « courbé l’échine », mais nous n’avons jamais renoncé, malgré des périodes difficiles emplies de doutes et de coups bas en tout genre.
Il y a surtout une chose à laquelle nous n’avons jamais renoncé, c’est à notre liberté d’expression (à part une ou deux fois peut-être, nul n’est parfait).

C’est justement cette liberté de ton qui a permis de faire de la cause du patrimoine une cause « populaire » et de la sortir un peu de son univers feutré, réservée à une pseudo élite, plus préoccupée par les dîners en villes, que par le patrimoine.

Il est vrai qu’à nos débuts nous ne savions pas trop où nous allions, mais nous sommes allés là où tous ceux qui nous suivaient nous ont conduits, à savoir la lutte contre les démolisseurs. Car, s’il existe pléthore de structures qui accompagnent les projets de restauration (et il en faut), rares sont ceux qui traquent les pelleteuses, ou alors, lorsqu’ils le font, il faut que la cause soit très médiatique, et surtout lucrative.

Peu importe, nous ne sommes pas là pour juger, mais pour agir. C’est justement pour cette raison que nous avons souhaité être présents cette année au salon.

Car on peut nous reprocher beaucoup de choses, mais on ne pourra jamais dire de nous que nous nous contentons de regarder ce qui se passe en mangeant des petits fours et en buvant du champagne. Certes, nous ne sommes pas infaillibles et nous ne faisons pas tout bien, mais nul n’est parfait, et nous ne sommes que des êtres humains.

Nous avions renoncé à cette manifestation, car elle est totalement hors de notre portée financièrement. Mais ne pas être présents cette année, après toutes les actions qui ont été les nôtres, serait bien plus dommageable que de se mettre en danger financièrement.

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Si nous avons tenu à cette présence, c’est avant tout pour rappeler à tous les acteurs du patrimoine, à tous les institutionnels et à tous les politiques, qui feront le déplacement, que le patrimoine est de plus en plus menacé par la promotion immobilière (entre autres) et que le loto c’est bien, mais que ce n’est pas avec un ticket de grattage à 15 euros que l’on sauve le patrimoine des territoires des griffes des pelleteuses. Nous voulons également être présents pour rendre visibles nos différents dispositifs qui permettent d’offrir un avenir au patrimoine, comme « Un Geste à l’Édifice » qui consiste à faire restaurer des œuvres gracieusement des œuvres pour lesquelles les communes n’ont pas de budget, par des restaurateurs professionnels, dans le cadre du mécénat de compétences.

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Ou notre dispositif « PPA » un Patrimoine, un Projet, un Avenir qui permet de trouver des porteurs de projet sérieux pour faire revivre des édifices menacés ou abandonnés.

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Sans parler de notre toute nouvelle Commission de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire grâce à laquelle de nombreuses tombes civiles ou militaires seront restaurer et valoriser.

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N’oublions pas non plus notre Gazette du Patrimoine qui est devenue en moins de deux ans un média en ligne incontournable pour tous ceux qui s’intéressent au patrimoine et qui, en fonction de l’actualité, peut réunir jusqu’à 100.000 lecteurs par mois. La Gazette mérite vraiment sa place au salon et c’est pour cette raison d’ailleurs que nous allons éditer un numéro spécial en version papier pour l’occasion.
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Enfin, ce salon est pour nous un moyen de rendre un ultime hommage à celle qui est tombée en début d’année, malgré un combat acharné : La chapelle Saint-Joseph.

Nous voulons rappeler à tous, à quel point cette démolition était injustifiée. Nous lui devons bien de nous sacrifier pour lui rendre hommage et nous allons le faire.

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C’est pour tout cela que depuis quelques jours nous faisons appel à la générosité de tous, car il est inutile de répéter qu’Urgences Patrimoine ne bénéficie d’aucune subvention publique. Nous avons tenté de demander une subvention exceptionnelle à la Région Normandie, puisque nous sommes la seule association nationale à avoir notre siège social en province, mais la Région ne finance pas les salons. Il ne nous reste que le mécénat, en espérant que certaines personnes et certaines entreprises s’associeront à notre démarche parce qu’ils auront compris que, restaurer le patrimoine c’est important, mais que le sauver de la démolition c’est encore mieux.

« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble, nous pouvons ».

Pour faire un don cliquez sur le lien ICI.

Si vous souhaitez être mécène ou annonceur dans notre Gazette spéciale salon, n’hésitez pas à nous contacter par mail si vous souhaitez figurer parmi nos soutiens : urgences.patrimoine@gmail.com


Crédits photographiques : Urgences Patrimoine

Verdun : le message d’Adieu de Roselyne Bachelot à la caserne Miribel

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Tous ceux qui s’intéressent au patrimoine doivent se souvenir de la mobilisation pour sauver la caserne Miribel en début d’année 2021. Urgences Patrimoine n’a pas participé au combat pour la sauvegarde de l’édifice, car au moment où nous avions été alertés, nous étions encore en pleine « affaire Saint-Joseph » et les grandes institutions étaient déjà mobilisées. Il est vrai qu’il est plus « politiquement correct » de défendre une caserne qu’un édifice religieux. Peu importe, le résultat a été le même que pour la chapelle Saint-Joseph, la glorieuse caserne est tombée.

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Si nous revenons sur ce sujet aujourd’hui, c’est que nous avons eu connaissance de la réponse donnée par notre très chère Ministre de la Culture, lors d’une séance à l’Assemblée Nationale le 31 août dernier. Si le sujet n’était pas aussi triste, nous aurions pu y voir un trait d’humour de la part de Roseline Bachelot, mais ce n’est absolument pas la cas.

En effet, c’est presque deux mois après la démolition de l’édifice, que la réponse à la question posée par Nicolas Dupont-Aignan au mois de mai à l’Assemblée, obtient enfin une réponse.

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Comme d’habitude, le même discours. A croire qu’on manque un peu d’imagination au ministère. « Intérêt patrimonial insuffisant ». Certes, peut-être qu’au niveau national, l’édifice ne rentrait pas dans les cases du « remarquable », mais localement il l’était. Sans parler de la valeur mémorielle, puisque tout le monde faisait remarquer que c’était un des rares bâtiments à ne pas avoir été mutilé lors de la première guerre mondiale.

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Mais la valeur mémorielle d’un édifice à Verdun est le cadet des soucis d’un ministère parisien qui n’a de bienveillance que pour les « grands opérateurs ». Rappelons-nous de la réaction édifiante de Roselyne Bachelot, lorsqu’on lui reprochait de ne pas assez s’intéresser au patrimoine de nos belles provinces : cette dernière avait simplement répondu que « le Palais Garnier n’était pas à Montauban, mais bien à Paris » !

Pelleteuse sur le gâteau, ce nouveau « patrimonicide » fait partie du programme « Action Cœur de Ville » dont nous rappelons ici les principes de base. Cette image est extraite directement du site du Ministère de la cohésion des territoires en charge dudit dispositif.

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Décidément, nous n’avons vraiment pas la même interprétation du mot réhabilitation, ni des termes « mise en valeur du patrimoine ». Et tout ça pour un budget de 40 millions d’euros !

Vous constaterez que la valorisation du patrimoine n’est pas flagrante dans ce projet. Un bâtiment devait être cependant conservé, sans doute pour se donner bonne conscience et calmer les esprits. Nous écrivons « devait », car au moment même où nous rédigions cet article, il a été victime d’un incendie qui a mobilisé des dizaines de soldats de feu.
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Nous ignorons pour le moment l’étendue des dégâts, mais cet ultime témoin de la caserne Miribel et de son glorieux passé semble condamné par le destin. Enfin, le destin à bon dos ! Sans doute que l’édifice était trop « encombrant » pour certains, et que cet incendie n’est pas le fait du hasard. Un problème électrique sans doute…

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Crédits photographiques : L’Est Républicain

Deux-Sèvres : péril en la demeure à Saint-Maixent-l’École

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Encore un exemple d’édifice menacé en plein cœur de ville. L’ancienne boucherie Griffer, dont l’enseigne date du XIXe siècle, est aujourd’hui frappée d’un arrêté de péril qui pourrait bien conduire à sa démolition. Certains diront sans doute qu’il ne s’agit pas là d’un édifice remarquable, mais pourtant sa base médiévale atteste de son importance patrimoniale au sein d’un ensemble architectural cohérent.

Pour le moment, aucune étude précise sur le bâti n’a été réalisée, mais cette maison pourrait livrer quelques secrets.

Marie-Claude Bakkal-Lagarde, Présidente de l’Association pour le Développement de l’Archéologie sur Niort et les Environs (ADANE) et déléguée départementale d’Urgences patrimoine, s’est émue du triste sort de l’édifice et tente de le sauver. Nous espérons que le maire de la commune, qu’elle doit rencontrer prochainement, saura être attentif à sa demande de réhabilitation.

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Marie-Claude Bakkal-Lagarde, licenciée en Histoire de l’art, docteur en Archéologie, ingénieure de recherches en exercice, est également présidente fondatrice d’une association locale sur le patrimoine. C’est dans ce cadre qu’elle se passionne pour les documents et les techniques, n’hésitant pas au besoin à expérimenter ou pratiquer afin de mieux comprendre. Pour appréhender le passé, il faut s’immerger dans les mêmes conditions. Selon elle « ce n’est pas l’homme qui commande la matière, mais la matière qui commande l’Homme ».

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Sortant de l’abbatiale, le visiteur saint-maixentais peut découvrir la ville, notamment la rue Anatole France (anciennement rue de la Croix). Elle a conservé quelques belles façades en pierres apparentes du XIXe siècle et aussi de plus anciennes dont celle d’une belle maison médiévale à colombage du XVe siècle, dont l’inscription HIC VALETVDO  rappelle qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles ce fut la demeure de la famille Valette.

Néanmoins au cours de cette promenade idéale, plus précisément au n° 9 de la rue Anatole France, le regard est immédiatement interpelé par la devanture en bois d’une boucherie du XIXe siècle, digne d’un décor de tournage de film.

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Son charme désuet permet d’imaginer la vie de l’établissement, avec ses stores en bois derrière ses remarquables grilles de protection. La boucherie Griffier, comme l’appellent les anciens, possède même plusieurs salles médiévales voutées en sous-sol. Son rez-de-chaussée donne au sud sur une cour intérieure arborée, non exempte de charme, entourée de ses divers bâtiments de pierre.

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Certes, cette devanture est « dans son jus », mais depuis deux ans elle est gardée par des grilles de sécurité, sur lesquelles est affiché l’arrêté de péril qui frappe son bâti. Distante seulement de 5 m de la maison médiévale à colombage, la façade du 11 (anciennement, maison à pans de bois, propriété de la famille Vallette) également en belles pierres de taille, sert d’appui à la maison Hic Valetudo.

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Nous avons donc tenté de contacter le propriétaire pour lui faire une proposition. Demeurant à l’étranger, la crise sanitaire bloquant tout déplacement, il n’a pas donné suite à nos courriers et les dégradations continuent. L’arrêté de péril va donc s’imposer, avec une éventuelle démolition qui sera préjudiciable sur le plan visuel et structurel pour le bâti contigu.

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Il importe d’intervenir rapidement, aussi avons-nous sollicité un rendez-vous auprès du maire M. Stéphane Baudry mi-septembre. Nous espérons qu'il sera sensible à notre demande et à notre projet de redonner vie à ce lieu tout en respectant son architecture d’antan. Mais n’en dévoilons pas davantage …

Affaire à suivre dans un prochain article de La Gazette du patrimoine.

Marie-Claude Bakkal-Lagarde


Crédit photographiques : ADANE, SHAVDS, https://showmystreet.com/ Hic Valetudo et O. Pollet

Evreux : “Cimetière des fous" vandalisé, mais indexation terminée (indexation complète dans cet article)

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C’est avec consternation que nous avons appris, lundi 2 septembre 2021, que le cimetière de Navarre avait été victime d’actes de malveillance.

C’est en se rendant sur place pour effectuer les dernières photos nécessaires à son indexation qu’Anaïs Poitou a constaté qu’un grand nombre de plaques indiquant les noms ou matricules des défunts avait été arraché et que même quelques croix avaient été brisées.

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Si, jusqu’alors, la médiatisation concernant l’avenir de ce cimetière avait été utile et avait provoqué des réactions très positives, il est affligeant de constater qu’une ou plusieurs personnes aient été capables de proférer de tels actes.

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Une chose est sûre, le vandalisme « gratuit » n’est pas une option à retenir, car retirer les plaques nominatives et les matricules sur les croix a dû demander du temps et de la précision. À croire que quelqu’un a souhaité que la mémoire des défunts soit effacée à tout jamais, en faisant disparaître l’identité de certains.
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Quoi qu’il en soit, si ces actes ont été réalisés dans le but d’empêcher l’indexation, il est trop tard, puisque tout a été fait de façon précise au mois de juillet.

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Voici l’indexation complète du cimetière de Navarre rédigé par Anaïs Poitou dans le cadre de La Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire. Ce document est la propriété exclusive de son auteur, il n’est pas diffusable ou duplicable sans autorisation.

Document à télécharger ICI.

Pour toute information complémentaire, merci de contacter Anaïs Poitou : anais27000@hotmail.fr

Ou la Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire : patrimoine.funéraire@gmail.com

Pour le moment, nous ignorons encore si l’État, propriétaire du lieu, déposera plainte contre X ou non. Nous ne manquerons pas de revenir sur ce sujet, notamment pour apporter des précisions concernant certaines sépultures.


Crédits photographiques : Anaïs Poitou