Adieu couvents, casernes, hôtels, petits ponts de pierre, manoirs, fermes, gares….

En ce début d’année que nous souhaitons meilleure à tous, le patrimoine de nos territoires va, sans surprise, poursuivre sa lente agonie, le conduisant inexorablement vers sa disparition.


Parce qu’en France on veut du neuf, du béton, du cube et surtout du parking !

L’État met en place des pseudo-mesures pour favoriser les réhabilitations, mais les bonnes intentions sont uniquement couchées sur le papier et ne sont nullement appliquées dans la réalité.

À quand une prise de conscience réelle de la disparition irréversible de tous ces petits témoins de notre histoire ?

À quand une campagne à grands frais qui encouragerait la seconde vie du patrimoine comme celle mise en place pour la seconde vie des objets, dans un but essentiellement écologique pour limiter les déchets ? Parce que s’il existe bien quelque chose de peu écologique, ce sont les chantiers de démolition.


À quand une cohérence dans les propos de nos édiles de la République qui, d’un côté, nous enfume avec le loto du patrimoine et qui, de l’autre côté, laisse détruire sans vergogne tous ces patrimoines vernaculaires qui sont le visage même de nos territoires ?

Madame Bachelot s’est brillamment illustrée en ce qui concerne « Notre » chapelle Saint-Joseph, en tenant des propos jusqu’alors inédits pour un ministre de la culture à savoir : « Nous ne souhaitons pas classer cette chapelle car cela retarderait sa démolition ». Cette phrase résume parfaitement la politique patrimoniale française.

Certes, on abonde à grand coup de millions d’euros les « grands opérateurs culturels », mais « les petits, les sans grades » sont totalement oubliés des mesures gouvernementales.

Pire, on encourage la grande « tabula rasa » et pour se justifier on se réfugie vers le sempiternel « on ne peut pas tout sauver ». Certes, on ne peut pas tout sauver, mais on pourrait tout de même laisser une chance à certains édifices, en les proposant à la vente pour des projets privés ou se creuser un peu les méninges pour les réhabiliter de façon intelligente, leur offrant ainsi un avenir.

Il serait peut-être temps de revoir également les frais notariés pour l’acquisition des biens anciens qui sont trois fois plus élevés que pour l’acquisition d’un bien neuf. Cela encouragerait sans doute quelques « primo-accédants » à s’orienter vers l’acquisition d’une petite maison à colombages plutôt que vers un cube de béton sans toit ni âme et contribuer ainsi à la sauvegarde de nos centres anciens.

L’idée n’est pas de dépouiller les notaires de leurs commissions et s’attirer les foudres de la profession, mais de créer un taux unique intermédiaire aussi bien pour le neuf que pour l’ancien.

Cela dit, cette mesure est anecdotique quand on sait que certaines communes sont devenues spécialistes des acquisitions au nom de la « réserve foncière », exerçant de façon régalienne leur droit de préemption, souvent en argumentant un pseudo désir de réhabilitation pour mettre par terre l’édifice quelques années plus tard au prétexte qu’il est en mauvais état.

Nous ne ferons pas aujourd’hui la liste des « il faudrait ». Nous ne ferons que le triste constat d’un « patrimonicide » toujours grandissant dans l’indifférence générale de nos édiles, sous les applaudissements de ceux qui pensent que démolir est un acte raisonné et raisonnable et quand on souhaite prétendre être résolument tourné vers l’avenir. Ceux-là même qui affirment que tous ceux qui défendent le patrimoine sont de vieux réacs d’extrême droite, les deux pieds vissés dans un passé dépassé et poussiéreux.

Les solutions miracles n’existent pas hélas, mais pour faire face aux démolisseurs, seule une mobilisation citoyenne massive pour alerter et dénoncer tous les projets de démolitions pourra freiner l’épidémie de « démolitionnite aigüe ».

Nous ne pouvons que vous conseiller de rejoindre Urgences Patrimoine afin de dire non à la défiguration de nos territoires en cliquant sur ce lien 
ICI.

Notre but n’étant pas de nous enrichir, mais bien de donner du poids à nos actions, l’adhésion 2021 est de 9 euros. Avec cette somme nous ne nous payerons pas de somptueux sièges sociaux parisiens et nous ne nous pourrons pas diffuser de couteux spots publicitaires, mais nous pourrons faire entendre la voix de tous ceux pour qui le mot patrimoine a encore de la valeur et du sens.

« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble nous pouvons ».


Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine