Le patrimoine demande beaucoup d’attention, mais également, beaucoup d’implication financière de la part de tous ceux qui souhaitent lui donner un avenir. L’État et les collectivités ne peuvent pas tout et peuvent même de moins en moins. Par manque de volonté parfois, par manque de moyens souvent. Chaque mois, nous vous présenterons des projets pour lesquels la mobilisation citoyenne et celle des entreprises sont capitales pour espérer les voir se concrétiser.
À l'aide !
Octobre 2020
La mobilisation continue sur les terres de Proust
Comité du « Non au méthaniseur au pays du Combray de Proust »

Après que le maire ait annoncé la volonté du quatrième adjoint et porteur du projet de cette usine, de sortir de la salle, le conseil votait et le dépouillement donnait des résultats très serrés : 9 pour, 3 abstentions et 10 contre. Ainsi, Illiers-Combray était scindé en deux mais le NON l’emportait à une voix d’écart. Première étape dans notre combat contre cette usine…. Mais nous ne pouvons nous réjouir trop vite car la décision de la préfecture de l’Eure et Loir de donner son aval sur le dossier ICPE est encore à venir… laissant au maire d’Illiers-Combray la charge de signer le permis de construire sollicité.


Ce choix s’explique essentiellement par la proximité de la porcherie industrielle du quatrième adjoint qui se trouverait, ainsi, être un fournisseur privilégié pour alimenter en lisier le méthaniseur. D'autres châteaux et domaines forestiers encerclent ce lieu, notamment le château des Forts (qu’Henri IV a honoré d'une visite et qui possède un lien avec l'Abbaye de Thirons-Gardais), but de balade très prisé par les promeneurs et randonneurs, le château du Rouvray et son étang, le plus proche voisin de ce projet avec le lieu-dit Les Dauffrais.
Les habitants des Dauffrais et des hameaux des alentours sont bien conscients des impacts écologiques et humains qu’entrainerait une telle installation : pollution des eaux, de la nappe phréatique, des sources et des puits liées aux 2000 hectares prévus d’épandages du digestat ou à des fuites de cuves mal entretenues (ce sont les mêmes porteurs de projets qui s’improviseraient agents d’entretien et de sécurité… ! Il faut savoir que les usines de méthanisation sont en auto-surveillance !), risques bactériologiques de ces mêmes épandages, odeurs irrespirables au sens propre (qui pousseraient très vite les riverains à quitter leurs maisons si celles-ci étaient encore négociables, baisse de la valeur immobilière estimée par des agences immobilières d’Illiers-Combray de 25% …), ballet incessant de semi-remorques qui amèneraient le digestat et la matière première « pour nourrir le monstre en fusion permanente » dans ce pays de sources, de vallonnements et de forêts comme il est noté dans le dossier ICPE (Installation Classée Pour l’Environnement) consultable sur le site de la Préfecture de Chartres, avec ses petites routes de campagne dévastées par leurs passages, et pour finir tous les risques d’incendies, d’explosions… liés au méthane produit par ce genre d’installation. La liste est longue de cette pollution environnementale et aussi psychologique, ne l’oublions pas.
Peut-on laisser les terres être accaparées par des cultures destinées à « nourrir » le méthaniseur au détriment de l’alimentation de la population et des animaux et cela, en cette période de réchauffement climatique ?
Beaucoup de questionnement que d’autres communes n’ont visiblement pas pris en compte. On peut s’étonner que certaines communes qui devraient accueillir les cuves de stockage du digestat, qui devraient se trouver sur les lieux d’épandage et qui verraient leurs routes envahies par la dangereuse présence de semi-remorques, aient votées « pour » le permis de construire de cette usine.

Une usine de méthanisation a t-elle réellement sa place dans ses lieux de mémoires ? Doit-elle servir des intérêts économiques privés au mépris de l’écologie et des paysages patrimoniaux, au détriment des populations locales ? La décision finale repose désormais entre les mains de Madame la Préfète de l’Eure et Loir, qui nous l’espérons, se prononcera, en son âme et conscience, en faveur d’un avenir serein et plein d’espoir pour les habitants de cet « entre Méséglise et Guermantes ». Habitants qui, à l’instar de Marcel Proust, éprouvent un profond attachement envers cette région qu’ils ont choisie pour sa beauté et sa tranquillité, « Le côté de Méséglise avec ses lilas, ses aubépines, ses bluets, ses coquelicots, ses pommiers, le côté de Guermantes avec sa rivière à têtards, ses nymphéas et ses boutons d’or, ont constitué à tout jamais pour moi la figure des pays où j’aimerais vivre » Du côté de chez Swann.
Aidez le collectif en signant la pétition ICI.
Lire notre précédent article sur le sujet ICI.
Crédits photographiques : Christine Cloos