Les clefs de l'iconographie
Février 2020
SAINTE BARBE


Pour ce deuxième opus, nous allons évoquer une jeune femme que j’ai rencontrée deux fois lors de mes chantiers de restauration. Comme Saint Pierre, je l’ai découverte sur les murs du logis prieural de Vendangers.
Je l’ai eue face à moi à nouveau lors d’une dé-restauration (et oui, il m’arrive aussi d’intervenir pour réparer de mauvais gestes) dans l’église de Fléac, près d’Angoulème. Ce qui était intéressant, c’est que la totalité du martyr de cette sainte était peint sur les murs de cette église.
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Vers l’an 250 celui-ci, partit en voyage, enfermant Barbe dans une tour à deux étroites fenêtres afin « de soustraire sa resplendissante beauté aux assiduités de quelques jeunes seigneurs ». Il destinait sa fille à un riche et influent personnage de la haute société romaine. A son retour, il la retrouva convertie au christianisme.
Baptisée, elle avait fait percer une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour honorer la Sainte Trinité et faire entrer sa « Lumière ». Furieux, Dioscore mit le feu à la tour. Barbe réussit à s'enfuir, mais un berger découvrit son refuge au creux des rochers d'une montagne proche et avertit son père. Désespérant de vaincre sa résistance, bien qu’elle n’eût que seize ans, son père la mena devant le cruel Marcien, gouverneur romain de la Bithynie afin qu’il la raisonne. Celui-ci, échouant à la convaincre, commanda alors qu’elle soit « dépouillée, meurtrie à coups de nerfs de bœuf, déchirée et brûlée avec des ongles de fer rougis, à avoir les mamelles coupées et à être ignominieusement promenée nue à travers la ville de Nicomédie ». Devant la foi inébranlable de Barbe, son père Dioscore décida lui-même de son arrêt de mort, devenant ainsi juge et bourreau : il trancha la tête de Barbe. C’est alors que s’en retournant triomphant à la Cour, Dioscore fut « par le ciel, frappé d’un soudain et violent coup de foudre qui met son corps en cendres et précipite son âme maudite dans le fond des enfers pour enrager avec les démons ». Ainsi, par cette intervention divine contre son père, Barbe était révélée « Puissance du feu ».

Son culte décline à la fin du XVIIe siècle mais, surnommée la sainte « aux cent patronages », elle est toujours la protectrice des métiers du feu (artilleurs, artificiers, fondeurs…), des mineurs, des étudiants, des maçons, des prisonniers, des élèves de l’Ecole Polytechnique, des Ingénieurs civiles des Mines et des Sapeurs-pompiers. Certains corps de métiers ont des médailles à son effigie.

Eglises et musées possèdent de nombreuses représentations artistiques de sainte Barbe : enluminures, icônes, peintures murales, mais aussi sculptures, vitraux… et peintures de chevalet par de grands artistes comme Memling, Van Eyck, Véronèse, Goya.
Sainte Barbe est généralement représentée en jeune fille, avec une palme de martyre, elle portant parfois une couronne et un livre. Une tour à trois fenêtres (en référence à son adoration de la Sainte Trinité) est son principal attribut, un éclair, un ciboire surmonté d’une hostie, une plume de paon constituent également d'autres attributs de la sainte. De même, elle peut être représentée durant toutes les phases de son supplice ou foulant à ses pieds son père qui est aussi son persécuteur.
Elle est souvent associée à trois autres saintes ayant fait vœux de chasteté : Catherine, Marguerite et Geneviève, ou encore à saint Nicolas, avec lequel elle partage un culte important en Lorraine.
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