Apprendre et comprendre
Avril 2020


S'éclairer autrefois
Marie-Claude Bakkal-Lagarde


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Marie-Claude Bakkal-Lagarde, licenciée en Histoire de l’art, docteur en Archéologie, ingénieure de recherches en exercice, est également présidente fondatrice d’une association locale sur le patrimoine (Association pour le Développement de l'Archéologie sur Niort et les Environs : ADANE). C’est dans ce cadre qu’elle se passionne pour les documents et les techniques, n’hésitant pas au besoin à expérimenter ou pratiquer afin de mieux comprendre. Pour appréhender le passé, il faut s’immerger dans les mêmes conditions. Selon elle « ce n’est pas l’homme qui commande la matière, mais la matière qui commande l’Homme ».

Présentation

En 1993, lors de l’acquisition de l’Aumônerie Saint-Jacques de la Villedieu du Pont de Vau à La Crèche (79), du XVème siècle, le dévouement des bénévoles de l’ADANE pour préserver cette maison ancienne a été remarqué. Notre récupération de matériaux permit de faire face aux premiers gros travaux de mise hors d’eau. Venant visiter les lieux, des voisins et des passants constatant que les pièces étaient bien vides nous donnèrent quelques objets et des outils anciens pour meubler. Ce fut le début de notre musée associatif.

Ces premiers dons en suscitèrent d’autres et cette générosité continue encore aujourd’hui. Cette collection ethnographique est variée et maintenant que la couverture du bâtiment a pu être partiellement refaite grâce à l’aide d’Urgences patrimoine, une salle est consacrée à la vie quotidienne vers 1914-1915, une autre restitue une ambiance de la fin du XVème siècle.

Pour les années à venir, nous poursuivons la mise en valeur par la réalisation d’une salle des outils anciens rangés selon la matière première travaillée.

Sur demande, ces objets peuvent aussi être prêtés pour des expositions ou des animations hors de nos locaux (école, EHPAD, etc.).

Lascaux (© - DAO MCBL)

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La Gazette du Patrimoine : Dans votre musée associatif, vous avez de nombreuses lampes, mais pour quelles raisons les premiers hommes inventèrent-ils l’éclairage ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde
 : Vous connaissez l’expression « La nuit, on n’y voit goutte ! ». Notre espèce est un animal diurne avec un œil inefficace lors d’un faible éclairage. Physiologiquement nos photorécepteurs au fond de notre rétine sont de deux types : 5 à 7 millions de cônes et environ 120 millions de bâtonnets par œil. Mais quand la lumière est faible seuls les bâtonnets, environ 1 000 fois plus sensibles que les cônes, réagissent. C'est la vision crépusculaire.

Or nos bâtonnets ne distinguent pas les couleurs et la nuit on voit plutôt en  « noir et blanc ». En plus ils sont absents de la zone située dans l’axe optique de l’œil qui permet de focaliser son regard où sont concentrés les cônes. Donc la nuit, pour bien voir un objet, il vaut mieux décaler légèrement sa vision. Subséquemment, la nuit en l’absence de pleine lune, l’Homme inventa l’éclairage portatif. Mais pour cela il dû auparavant maitriser le feu.

La Gazette du Patrimoine : Quand l’homme a-t-il commencé à s’éclairer ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : Les premiers objets qui nous sont parvenus, sont des lampes à graisse comme celle découverte dans la grotte de Lascaux. On connait plusieurs centaines de lampes de ce type au Paléolithique, et plus tard, en pierre calcaire, en grès, etc. La graisse animale fondue déposée dans la partie creuse, brûlait au moyen d’une tresse ou torsade végétale. C’était les premières mèches. Mais l’efficacité était relative et le dégagement de fumée important. Cependant la nuit était vaincue !

Ce principe va continuer durant quelques millénaires, jusqu’à l’Antiquité où le combustible change. On passe alors à un éclairage utilisant de l’huile minérale apurée, puis distillée.

Les lampes à huile gallo-romaine sont fréquemment en terre cuite. Elles étaient produites avec l’aide de moules, ce qui permettait d’avoir une assez grande variété d’ornementation. Cependant la faible épaisseur de leur paroi et leur exposition aux chocs thermiques expliquent souvent que les archéologues les trouvent fragmentées.

Lampe de la villa gallo-romaine des Chapelles à Port-des-Barques (© - DAO MCBL).
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La Gazette du Patrimoine : Les matières employées changèrent-elles ensuite ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : L’époque médiévale continue l’emploi d’huile produite localement, dans le nord l’huile de navette et dans le sud l’huile de noix. Depuis l’antiquité, les lampes sont en poterie, métal mais aussi parfois en verre. Leur forme est avant tout fonctionnelle, la mèche doit tremper dans l’huile et la partie supérieure qui se consume, nécessite une surveillance et une intervention régulière pour la sortir.

La Gazette du Patrimoine : N’y avait-il pas d’autres procédés plus simples ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : Si, plus simple et moins onéreux, comme les chandelles de jonc. On fendait la tige de cette plante avec précaution pour ne pas abimer la moelle. Puis elle était trempée dans de la graisse végétale ou animale qu'on laissait sécher et durcir ensuite. On les faisait brûler dans des « brûle-joncs ».

Reproduction d’une lampe du XIVe siècle (collection ADANE, © MCBL)
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Un autre procédé employait la résine. Elle provenait des résineux côtiers, puis à partir du XVIIIe siècle, de la forêt des Landes qui venaient seulement d'être créée. Dans le bocage vendéen leur usage perdure jusqu’au début du XXe siècle. Les gens achetait de la résine, dénommée localement « rousine » ou « résune » et fabriquaient leurs chandelles à la maison. Une fois terminée, on les plaçait dans la « réserve à chandelles », c'est-à-dire une cavité aménagée dans la muraille de la cheminée, ou parfois deux tuiles « tiges de bottes » inversées mises dans le mur pendant sa construction. Elles sont encore visibles dans certaines maisons anciennes.

Pour s’éclairer, la chandelle était fixée sur un support en bois fendu. Il semble avoir été appelé de plusieurs noms en Vendée « bois-sec » à Palluau, « l'oube » ou « l'ube » dans le Bocage.

La « chondelle de rousine » offrait une lueur incertaine à laquelle on doit des apparitions étranges venues d'un autre monde ou des tréfonds d'un passé que chacun s'efforçait d'oublier.

Réserve de chandelles de Rousine près d’une cheminée (85) (© MCBL)

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La Gazette du Patrimoine : Quand l’usage des bougies apparaît-il  ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : Le nom bougie apparaît dans la langue française au XIVe siècle. Il correspond au nom kabyle de la ville algérienne maritime de Bgayet qui fournissait l’importante quantité de cire utilisée à la place du suif dans les chandelles, qualifiées alors de « bougies».

À l’origine naturellement les bougies sont de couleur jaunâtre, mais une exposition de la cire au soleil durant plusieurs jours ou semaines les blanchit. Elles ont alors un coût plus élevé que les jaunes et sont presque exclusivement utilisées par les nobles.

Bougeoir ancien (collection ADANE ©MCBL)
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La Gazette du Patrimoine : La production était-elle uniquement domestique ou organisée ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : Au XIVe en France, la corporation des chandeliers-ciriers-huiliers a pour patron protecteur Saint Nicolas. Le terme « chandelle» est réservé aux dispositifs faits de suif. Le métier consiste à clarifier le suif et la cire, à couper et à ajuster les mèches de deux fils de coton et d’un fil de chanvre, à les attacher par rangées à une baguette, à les plonger et à les replonger dans le récipient qui contient le suif ou la cire en fusion, jusqu’à ce qu’elles aient la grosseur et le poids souhaité.

Cette corporation est très réglementée pour éviter la fraude. Il est interdit de mélanger la vieille cire avec la nouvelle, le suif de mouton avec le suif de vache, et de mettre plus d’étoupe que de coton dans les mèches.

La noblesse et le clergé s'éclairent avec des cierges en cire d'abeille, laissant l'éclairage au suif au peuple. Le cierge de cire conserve les avantages de la chandelle et en élimine les défauts. Mais le prix est élevé. À titre indicatif, sous Louis XIV, le coût d'une bougie correspond au salaire journalier d'un ouvrier spécialisé soit environ 2,5 £.

La Gazette du Patrimoine : Quelles furent ensuite les nouvelles découvertes ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : Vers 1783, le chimiste suédois Carl Scheele fait des recherches sur le savon. Il fait bouillir de l'huile d'olive avec de l'oxyde de plomb et obtient une nouvelle substance au goût sucré : l’ Ölsüss. C’est la glycérine.
Quarante ans après le chimiste français Michel-Eugène Chevreul reprend cette découverte et s’aperçoit que ce ne sont pas les corps gras qui se combinent avec l'alcali pour former le savon, mais qu'ils se décomposent en acides gras puis en glycérine ou glycérol. À base de cet acide gras particulier, l'acide stéarique, il invente la bougie stéarique. C’est notre bougie actuelle. En 1825, elle remplace définitivement la chandelle de suif.

Désormais, savonniers et ciriers regroupés dans la même corporation produisent massivement la bougie et le savon. Nantes devient la capitale de la production française avec une production de 80 % des bougies. L'apparition de la paraffine solide ou distillat du pétrole et de la stéarine, extrait de graisse animale et végétale, permet désormais la production de bougies de meilleure qualité.


Éclairage de vélo à bougie (collection ADANE, © MCBL)

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La Gazette du Patrimoine : Pourquoi la bougie est-elle plus éclairante et fonctionnelle ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : Le principe du fonctionnement de la bougie repose sur le phénomène d'auto-alimentation. La bougie est formée d’un bloc de stéarine enrobé de paraffine, dont le centre est traversé par une mèche, en fil de coton tressé imbibée d'acide borique.

Lorsque la bougie est allumée, l’air chauffé fait fondre la stéarine autour. Par capillarité, elle monte le long de la mèche puis se vaporise et se décompose en un gaz combustible au contact de la flamme. En s'oxydant rapidement dans l'air, ce gaz combustible entretient la flamme et fait fondre à nouveau la stéarine et la paraffine permettant au processus de continuer. Toutefois la paraffine est moins fusible que la stéarine. Elle fond plus lentement permettant la formation d'une coupelle au centre où se trouve la mèche. Ainsi, la bougie « coule » moins que les chandelles ou les cierges offrant une plus longue durée d'utilisation pour une quantité de matière donnée.

Elle s'éteint lorsque l'on souffle sur sa flamme, car on rompt le triangle du feu, ce qui stoppe instantanément sa combustion car son mélange carburant-air est trop pauvre. L'odeur de bougie éteinte est celle des gaz combustibles. Ils continuent de s'échapper de la mèche tant qu'elle reste suffisamment chaude pour fondre la stéarine. Cette émanation de gaz permet de la rallumer encore chaude à distance. La cire à bougie passe au stade gazeux vers les 900 °C.

La Gazette du Patrimoine : Avez-vous des applications d’usage de bougies en extérieur ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : C’était l’éclairage des premiers moyens de transport. Calèche, puis vélocipède, automobile. Dans nos collections nous avons des éclairages de bicyclettes du début du XXe siècle. Ils sont en métal avec une poignée en bois ou pas, et un système de fixation à l’arrière pour le guidon. Dans sa boite, avec une vitre sur une face, parfois une vitre est rouge, la flamme est protégée des courants d’air. Cependant l’air peut pénétrer par le haut afin qu’elle ne s’étouffe pas.

Éclairage de vélo à bougie, vue face (collection ADANE, © MCBL)
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La Gazette du Patrimoine : C’est astucieux, mais existaient-ils d’autres principes ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : Nous avons des lampes à vélo à acétylène. Il s’agit de générateurs autonomes miniatures, domestiquant la réaction entre l'eau et le carbure de calcium. Ce procédé est aussi employé pour les lampes des gros véhicules nécessitant une bonne luminosité et une bonne constance que n’offraient pas les bougies. Le générateur d’acétylène fut également employé pour éclairer les frontales des casques de mineurs.

Un bémol toutefois : une fois la réaction chimique enclenchée, il faut attendre que tout le carbure soit consommé pour que la lumière s’éteigne. Il faut donc gérer son temps d’éclairage. Là aussi, diverses formes de modèles se développent. Mais le principe consiste toujours à avoir un réservoir de carbure surmonté d’un réservoir d’eau, qui se vide lentement en produisant le gaz alimentant le phare.


Éclairage de vélo à acétylène (collection ADANE, © MCBL)

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La Gazette du Patrimoine : À partir de quand ce procédé est-il employé ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde 
: On doit la découverte de ce composé chimique d’hydrocarbure à l’anglais Edmund Davy en 1836 . Mais le développement de la production de ce gaz est l’invention du chimiste français Marcellin Berthelot. Il le fabrique à partir du carbone et de l’hydrogène sous l’action d’un arc électrique dans un appareil surnommé « œuf de Berthelot ». Quant à l’application comme éclairage autonome, elle revient à Henri Moissan qui, en 1892, produit ce gaz de manière industrielle par l’hydrolyse du carbure de calcium obtenu par la fusion à haute température du coke et du calcaire dans un four à arc électrique.

En Europe et aux États-Unis, l’importante production de carbure de calcium permet l'éclairage public en 1904 à Callac dans les côtes d’Armor, puis dans beaucoup de ville jusqu'à la fin de la Grande Guerre, et les années 1920 virent l'arrivée de l'éclairage électrique.

La Gazette du Patrimoine : Que deviennent les lampes à huile avec ces progrès ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : Elles sont en métal. En Centre-Ouest, on les appelle « charail » ou « chaleuil ». Mais leur forme n’a guère évolué, l’objet est avant tout fonctionnel. C’est toujours un petit réservoir, avec un système de suspension, parfois doté d’un couvercle et doté d’un bec pour la mèche. Elles n’ont rien à envier aux lampes à huiles gallo-romaines.

Lampe à huile ou « Charail » début XXe siècle (collection ADANE, © MCBL)
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La Gazette du Patrimoine : Ces formes sont très anciennes. Quelles sont les améliorations ensuite ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : Disons qu’à partir de 1780, la lampe à huile connaît de notables progrès grâce au chimiste Joseph-Louis Proust. Il invente la lampe à huile à réservoir latéral. Sans en avoir l’air, c’est un très gros progrès. En effet l’huile se trouve plus haut que le bec et elle y est poussée par son propre poids. Les mèches auparavant fabriquée en chanvre, en laine ou en lin, le sont en coton à partir du XVIIe siècle, avec l’essor de l’économie des colonies.

Puis en 1782 le Genevois François-Pierre-Amédée Argand, dit « Ami Argand », invente la mèche cylindrique à double courant d'air. Elle est dix à douze fois plus puissante qu'une simple chandelle. Il améliore la protection de la flamme par une cheminée en tôle.

Enfin en 1784 le pharmacien Antoine Quinquet substitue des mèches en forme de tube aux mèches pleines, qui donnent beaucoup de fumée et peu de lumière. Il a l'idée d'ajouter une cheminée de verre, qui se loge dans le « bec d'Argand ». Elle reste d’usage courant jusqu’à l’arrivée de la lampe à pétrole et tellement utilisée que le nom de son inventeur devient un nom commun : le quinquet.

Pour faire écho à la polémique annuelle sur le changement entre heures d’été et d’hiver, le Journal de Paris de Benjamin Franklin évoque cette alternative. Il se demande déjà quel serait l’économie d’huile réalisable sur la consommation des quinquets ?

Quintet XIXe siècle (© - DAO MCBL)

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La Gazette du Patrimoine : Quel changement apporta l’usage du pétrole ?

Marie-Claude Bakkal-Lagarde : À partir de 1853 le pétrole lampant, une huile légère et fluide issue du pétrole, améliore l’éclairage. Il est obtenu par la distillation du pétrole brut entre 150 et 300° et va être employé jusqu’à l’arrivée de l’électricité, et parfois dans les campagnes jusqu’en 1960. Nous en avons divers modèles reçus en don, car dans les maisons, la lampe à pétrole est peu à peu passée du rang d’objet utilitaire à celui d’objet de décoration et de plaisir.

On peut mentionner la célèbre phrase du général De Gaulle dite en 1960 : « comme on peut regretter la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages ».

La Gazette du Patrimoine : Présentez-nous quelques modèles de lampe à pétrole et leurs caractéristiques ?

« Lampe tempête » (collection ADANE © MCBL)
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Marie-Claude Bakkal-Lagarde : Pour moi, la première serait la « lampe-tempête » transportable en extérieur, elle est synonyme de lutte contre l’obscurité et contre les éléments naturels. Si elle a une connotation d’aventure pour notre génération, à l’époque elle était commune. Sa flamme est toujours protégée du vent. Il en a existé deux modèles au XXe siècle. Le premier utilisait la recirculation de l’air chaud, le modèle récent plus efficace fonctionne sur la recirculation de l’air froid. Ces deux modèles utilisent une mèche plate avec un verre bombé, plus ou moins allongé ou piriforme.


« Lampe Pigeon» avec verre décoratif (collection ADANE, © MCBL)

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En second, je présenterai la lampe domestique la plus connue, développée à partir de1884 par Charles Pigeon. D’ailleurs, elle porte son nom : la « lampe pigeon », même si parfois elle n’a pas été produite dans son usine. Il souhaitait produire une lampe domestique de sécurité  fonctionnant à l’essence minérale. À ce titre, la base est large et lestée pour garantir la stabilité. Outre l’aspect sécuritaire le coût doit être abordable. Il va donc employer le fer blanc ou bien recycler les chutes de laiton utilisé pour la fabrication des lampes standards. Enfin à la demande de certains clients il privilégie la solidité.

Le corps est une feuille de métal enroulée et brasée en forme de cylindrique. Il contient à l’intérieur des bandes de feutre roulées servant de réservoir de carburant. À l’arrière, une anse plate permet de la maintenir à la main et une boutonnière sert à l’accrocher au mur. Sur le dessus, un trou permet de recevoir un déflecteur de lumière.

Sur le dessus serti des plus anciennes, le corps est percé de deux orifices : un pour le vissage du bec et l’autre destiné au remplissage du réservoir. Mais pour imposer le remplissage du corps lampe éteinte, il supprime le second trou et il faut désormais dévisser le bec pour la remplir.

C’est ce bec qui est l’élément principal. La mèche y est enfermée dans un tube, seulement protégée par quatre fils d’acier lui permettant d’être en contact permanent avec le feutre imbibé. Le pétrole lampant monte par capillarité et la hauteur de la mèche est réglable, ce qui influe sur l’intensité de la lumière.

Afin de freiner l’évaporation de l’essence pendant le repos, la tige de réglage est parfois dotée d’une chaînette maintenant un capuchon de fermeture du bec.

Pour permettre une bonne circulation de l’air qui augmente par trois la puissance éclairante de la flamme, il a ajouté « la galerie à flamme » autour du bec. C’est une bande de métal ajouré qui maintient également la verrine qui était fabriquée hors des ateliers Pigeon. Certaines sont simples, d’autres plus décoratives. Un abat-jour pouvait compléter le dispositif.

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En troisième, ce sont incomparablement les lampes d’intérieur, celles qui ont permis d’éclairer la maisonnée le soir, qui permettaient aux enfants de faire leur devoir et de s’éclairer pendant le dîner.

Elles étaient produites industriellement. Leurs réservoirs sont en métal ou en verre. Elles sont stylistiquement intéressantes. Elles reflètent les styles Art déco, Art nouveau, etc.

On pouvait les acheter par correspondance ou dans les magasins. Souvent les verres se cassaient et, selon la fortune de l’usager, le verre a été changé ou pas.

Pour finir je présenterai ces deux grandes lampes à pétrole fabriqué dans les tranchées durant la 1ère guerre mondiale. Elles nous ont été offertes par une famille dont l’ancêtre était ferblantier avant le conflit. Ce soldat a employé les matériaux qui étaient autour de lui pour produire des lampes destinées à éclairer sa guitoune. Ce sont deux œuvres de l’art des tranchées. Le corps de la lampe est constitué d’un obus allemand de 70 mm de diamètre, supporté par trois baïonnettes allemandes tordues de 55 cm de longueur. Les douilles des baïonnettes servent de bougeoirs. Tout comme le réservoir de pétrole lampant en verre, la « galerie à flamme » semble avoir été achetée. Pour ces deux exemples, nous n’avons pas le verre de protection de la flamme.

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Lampe à pétrole, art des tranchées restaurée (collection ADANE, © MCBL)
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Lampe à pétrole art des tranchées en cours de restauration (collection ADANE, © G. R.)

Crédits photographiques : ADANE