Seconde vie mai 2020 |

SECONDE VIE
Mai 2020

Une belle histoire et une fin heureuse
pour la maison médiévale d'Orpierre (05)

Pour tous ceux qui suivent les « aventures patrimoniales » d’Urgences Patrimoine, cette histoire, ou devrions nous dire cette belle histoire, ne doit pas vous être inconnue. Pour ceux qui n’en ont pas connaissance, nous allons nous faire un plaisir de vous la raconter.

C’est à la fin du mois de septembre qu’Urgences Patrimoine a été contactée afin d’essayer de trouver une solution pour la sauvegarde d’une charmante maison médiévale située dans la commune d’Orpierre dans les Alpes de Hautes-Provence. Cette maison était frappée de deux états de péril et l’échéance du dernier arrivait à terme mi-octobre. Au-delà de cette date, si des travaux n’étaient pas entrepris par les propriétaires, la mairie allait procéder à la démolition.

Les propriétaires étaient des gens âgés qui avaient dû renoncer à entretenir la maison suite à une longue maladie et qui n’avaient hélas pas les moyens d’effectuer les importants travaux demandés.

C’est donc une course contre la montre qu’il a fallu mener pour sauver cette maison. Heureusement, sur place, la Présidente de l’association de sauvegarde du patrimoine local « Les amis d’Orpierre », n’a pas ménagé ses efforts sur le terrain et c’est en étroite collaboration qu’Urgences Patrimoine et Annick Chappaz-Gillot ont tenté le tout pour le tout.

L’idée de la dernière chance, fut de proposer la maison à la vente pour 1 euro symbolique. L’annonce fit grand bruit sur les réseaux sociaux et plus d’une quinzaine de personnes se sont montrées intéressées. Mais hélas, une seule se déplacera et disparaîtra après la visite malgré un intérêt avéré pour l’édifice.

C’est plus tard que la raison de ce manque d’engagement fut connue. À chaque fois qu’un « candidat » à la reprise contactait la Mairie pour avoir quelques renseignements concernant l’arrêté de péril, Madame le Maire de l’époque le décourageait immédiatement. C’est donc la mort dans l’âme qu’Urgences Patrimoine annonçait dans un post la démolition prochaine de l’édifice sous le titre « Requiem pour Orpierre ». Et c’est à travers cet ultime appel, que le miracle s’est produit.

Éric Avargues, un entrepreneur spécialisé en rénovation de bâti ancien, s’est ému de la cause de cette pauvre maison médiévale et s’est fait connaître comme repreneur potentiel. Rendez-vous fut pris avec la Présidente des Amis d’Orpierre pour la visite de « la dernière chance » et ce fut la bonne.

À compter de ce jour d’octobre, l’entrepreneur n’a jamais renoncé, malgré les découragements multiples de Madame le Maire qui voulait plus que jamais voir cette maison à terre. Nous passerons sur les indigestes détails administratifs, les demandes de rapports au bureau d’étude, les lettres d’avocat de la propriétaire à l’attention du Maire pour confirmer la reprise de son bien et sa restauration prochaine, la mise en sécurité d’urgence ordonnée sous huit jours et bien entendu, l’angoisse des deux associations qui craignaient que le repreneur renonce au dernier moment.

Mais il a tenu bon et a exécuté toutes les contraintes qui lui étaient imposées dans les temps impartis.

Un étayage d’urgence est venu soulager l’édifice, en attendant que les « choses » administratives s’éclaircissent.

Avec une angoisse :et de taille. La maison, déjà très fragilisée, allait-elle passer l’hiver ?

Miracle ! Elle a tenu, comme si elle non plus, n’avait jamais renoncé à occuper sa place depuis des siècles.

L’hiver est passé, les contraintes administratives se sont allégées, les élections municipales ont offert à Orpierre un Maire soucieux de la sauvegarde de son patrimoine et c’est tout naturellement qu’il a manifesté son contentement de voir ce patrimoine renaître.

Chaque lundi, Éric Avargues vient soigner sa vieille Dame de Pierre, qui, même si elle n’est pas encore tout à fait en forme, est définitivement hors de danger.

Cette rubrique s’intitule seconde vie, et la seconde vie de « La maison médiévale d’Orpierre » c’est pour bientôt.

Deux appartements vont être réalisés et le rez-de-chaussée sera mis à la disposition des artistes pendant la saison touristique. Un lieu ouvert à tous, qui participera à la vie de la commune à la plus grande joie de Monsieur le Maire et de tous les acteurs locaux qui se sont mobilisés pour que ce petit patrimoine de leur territoire ne finisse pas en gravats.

Éric Avargues et Annick Chappaz-Gillot devant la maison

Des histoires comme celle-ci, nous aimerions en raconter plus souvent, mais hélas il faudra encore des années pour faire comprendre aux Élus que le patrimoine n’est pas leur ennemi et que le remettre debout leur offre la possibilité de créer une dynamique économique et culturelle au sein de leur commune.

Nous profitons de cet article pour remercier chaleureusement Éric Avargues pour son engagement sans faille, Annick Chappaz-Gillot pour son enthousiasme et sa détermination et Madame la Sénatrice Patricia Morhet-Richaud qui a permis les contacts avec la Préfecture et la Mairie, rendus difficiles par l’incapacité de ll’ancien Maire à trouver une solution..

Crédits photographiques : Éric Avargues et Annick Chappaz-Gillot