Auréole
Juin 2020
Saint Thomas d'Aquin intemporel (1225-1274)
« La paix entre les hommes est mieux garantie si chacun se trouve satisfait de ce qui lui appartient. Ce qui convient le mieux à l'homme par rapport aux biens extérieurs, c'est de s'en servir. Sous cet angle, toutefois, l'homme ne doit pas posséder ces biens comme s'ils lui étaient propres, mais comme étant à tous. Il doit donc être disposé à en faire part aux plus pauvres »
— Somme théologique.
— Somme théologique.

Professeur en 1252 puis titulaire d’une chaire de théologie en 1256 il enseigne une pensée nouvelle, qu'il expose dans de multiples ouvrages, dont le plus connu est la Somme Théologique. Il soutient des controverses (les disputes médiévales) avec des intellectuels chevronnés et se défend d’accusations d’hérésie. Souvent malade, il voyage néanmoins à la demande des Papes. Il décède en chemin vers Lyon où il devait participer au grand concile de 1274 sur la réconciliation des églises d’occident et d’orient.
Jacques Attali écrit dans « Raison et foi » « Comme il est de forte corpulence et d’humeur taciturne, ses camarades le surnomment Bœuf de Lucanie. Albert le Grand (qu’il suit à Cologne en 1248) aurait prédit que « ce bœuf emplirait un jour le monde de son meuglement ». Thomas est extrêmement pieux. Un de ses premiers biographes, Guillaume de Tocco, note : « Tous les jours, si la maladie ne l’en empêchait pas, il célébrait la messe ; il en entendait une seconde, de l’un ou l’autre de ses frères et il la servait très souvent. Parfois il semblait saisi pendant la messe d’un abandon à Dieu si puissant qu’il fondait en larmes, tant il était consumé par les saints mystères d’un si grand sacrement et réconforté par ses dons. »

« La vérité de notre foi devient la risée de l’incroyant quand un chrétien, ne possédant pas les connaissances scientifiques suffisantes, tient pour article de foi quelque chose qui n’en est pas en réalité et qui, à la lumière d’un examen scientifique approfondi, se révèle une erreur »
Avant Thomas, la pensée chrétienne était dominée par saint Augustin qui, au Vème siècle, enseigne que les hommes doivent se fier à leurs sens, à leur intuition, à leur foi et non à leur raison et attendre la compréhension de la grâce divine.
Après Thomas, appuyée sur Aristote, se développe la pensée scientifique qui fera la gloire de nos savants et produira notamment le positivisme (fonder la connaissance sur les lois scientifiques et refuser ce qui n’est pas prouvable).

« En effet, il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement. » — Somme théologique.
Thomas n’est pas le fondateur de la démarche scolastique, mais son architecte au travers notamment de la Somme Théologique. Une stratégie d’enseignement qui a encore cour dans des formations philosophiques et théologiques. Complétée des autres approfondissements de la compréhension du monde, elle demeure le passage obligé de la pensée catholique. `
Impossible de résumer la Summa Theologiae, en 512 questions et 2.669 articles ou le Docteur Angélique rappelle tout de même que « Comme la vie entière, l'esprit humain doit être sans cesse éclairé par la prière et par la lumière qui vient du Ciel".

Un autre partie de la Somme Théologique fait référence en nos temps si troublés : « La prudence »
La citation est longue, certes, mais dense :
« La prudence est la vertu la plus nécessaire à la vie humaine. Bien vivre consiste en effet à bien agir. Or pour bien agir, il faut non seulement faire quelque chose, mais encore le faire comme il faut, c'est-à-dire qu'il faut agir d'après un choix bien réglé et pas seulement par impulsion ou passion. Mais puisque le choix porte sur des moyens en vue d'une fin, sa rectitude exige deux choses : une juste fin et des moyens adaptés à cette juste fin... Pour ce qui est des moyens, il faut qu'on y soit directement préparé par un habitus de la raison, car délibérer et choisir – opérations relatives aux moyens – sont des actes de la raison. Et c'est pourquoi il est nécessaire qu'il y ait dans la raison une vertu intellectuelle qui lui donne assez de perfection pour bien se comporter à l'égard des moyens à prendre. Cette vertu est la prudence. Voilà pourquoi la prudence est une vertu nécessaire pour bien vivre. »
L’adoration eucharistique
« Par la vertu d'un agent fini on ne peut ni changer- une forme en une autre, ni une matière en une autre. Mais par la vertu de l'agent infini, dont l'action s'étend à tout l'être, une telle conversion peut se réaliser, car les deux formes et les deux matières ont quelque chose de commun: l'appartenance à l'être. Et ce qu'il y a d'être dans l'une, l'auteur de l'être peut le convertir en ce qu'il y a d'être dans l'autre, en supprimant ce qui les distinguait. ». Somme Théologique, III Qu.75 a.4.
Cette phrase, complexe, évoque le principe de la transsubstantiation (transformation du pain et du vin en corps et sang du Christ). Ce mystère, au cœur de la vie du catholique, n’a pas fini de susciter perplexités et moqueries. Il met le croyant en obligation d’effectuer l’un des sauts paradoxaux (concilier dans une compréhension approfondie deux vérités antinomiques) les plus difficiles de la Foi.
On attribue à Saint Thomas 5 hymnes eucharistiques dont deux sont repris dans la liturgie dite de l’adoration du Saint Sacrement. Le « Pange Lingua » et « l’Adorote Devote » dont voici la traduction partielle :
« Je T'adore dévotement, Dieu caché, Qui, sous ces apparences, vraiment prends corps, À Toi, mon cœur tout entier se soumet Parce qu'à Te contempler, tout entier il s'abandonne.
La vue, le goût, le toucher, en Toi font ici défaut, Mais T'écouter seulement fonde la certitude de Foi. Je crois tout ce qu'a dit le Fils de Dieu, Il n'est rien de plus vrai que cette Parole de Vérité. Sur la Croix se cachait Ta seule Divinité, Mais ici, en même temps, se cache aussi Ton Humanité.
Toutes les deux, cependant, je les crois et les confesse, Je demande ce qu'a demandé le larron pénitent. Tes plaies, tel Thomas, moi je ne les vois pas, Mon Dieu, cependant, Tu l'es, je le confesse, Fais que, toujours davantage, en Toi je croie, Je place mon Espérance, je T'aime. »

A ne pas confondre avec l’apôtre des Indes, Thomas d’Aquin est repérable à deux représentations principales :
- Le livre ouvert (parfois fermé car complet) et la plume ;
- L’Ostie soit seule en soleil au niveau symbolique du cœur, soit dans un ostensoir tourelle.
D’autres sont aussi assez fréquentes :
- La colombe représentation du Paraclet (le vent du Saint Esprit) qui insuffle à son oreille la sagesse divine;
- Le crucifix étendard de la Foi;
- L’Eglise manifestée dont il est un docteur (qui enseigne calmement et fermement);
- La fontaine de la Sagesse qui fortifie par la raison les trois vertus théologales que sont l’Espérance, la Foi et la Charité.
- Quasi systématiquement, il est représenté en grand voyageur dominicain (cape à capuche noire doublée blanc sur habit blanc).
Fête et dédicaces
Saint Thomas d’Aquin est fêté le 28 janvier, comme prêtre de l'Ordre des Prêcheurs et Docteur de l’Eglise (titre donné aux 36 dont 4 femmes qui ont apporté un éclairage fondamental à la foi catholique).
Les églises dédicacées sont rares (apparemment 5 dont une à Paris) mais de nombreuses universités, départements de théologie et studentum dominicains sont mis sous sa protection. Il est le patron des étudiants.
Autres prénoms rattachés et nombreux : voir In Nominis.
Articles connexes pour éventuellement approfondir
Les écrits sont nombreux, ne serait-ce que ceux de Benoit XVI. Un seul est proposé ici: Jacques Attali « Raison et foi ».
Crédits photographiques
Photo 1 : Vitrail représentant Saint Thomas d’Aquin Chapelle de la maison diocésaine d’Arras, ex grand séminaire de 1906 à 1970. Les vitraux de la chapelle, réalisés en 1927 par les ateliers J. Benoît sont une une évocation de la destination initiale des lieux. Crédits photographiques : Maison diocésaine d’Arras.
Photo 2 : Sculpture XVIIe de Saint Thomas d’Aquin Musée de Bratislava Slovaquie crédits photographique : Svencb
Photo 3 : Saint Thomas d’Aquin par Zurbaran 1631. Crédits photographiques : Musée des Beaux-Arts de Séville
Photo 4 : Andrea di Bonaiuto, Triomphe de Saint Thomas d’Aquin, Eglise Santa Maria Novella, Florence, 1365-67.
Photo 5 : Le Triomphe de Saint Thomas d’Aquin par Gozzoli 1420-1497 Musée du Louvre crédits photographiques : AKG-images/Erich Lessing
Photo 6 : Saint Thomas d’Aquin en extase dans sa bibliothèque avec deux anges par Jacopo Vignali. Crédits photographiques : Musée des Beaux-Arts de Brest .
Saint Thomas d’Aquin est fêté le 28 janvier, comme prêtre de l'Ordre des Prêcheurs et Docteur de l’Eglise (titre donné aux 36 dont 4 femmes qui ont apporté un éclairage fondamental à la foi catholique).
Les églises dédicacées sont rares (apparemment 5 dont une à Paris) mais de nombreuses universités, départements de théologie et studentum dominicains sont mis sous sa protection. Il est le patron des étudiants.
Autres prénoms rattachés et nombreux : voir In Nominis.
Articles connexes pour éventuellement approfondir
Les écrits sont nombreux, ne serait-ce que ceux de Benoit XVI. Un seul est proposé ici: Jacques Attali « Raison et foi ».
Crédits photographiques
Photo 1 : Vitrail représentant Saint Thomas d’Aquin Chapelle de la maison diocésaine d’Arras, ex grand séminaire de 1906 à 1970. Les vitraux de la chapelle, réalisés en 1927 par les ateliers J. Benoît sont une une évocation de la destination initiale des lieux. Crédits photographiques : Maison diocésaine d’Arras.
Photo 2 : Sculpture XVIIe de Saint Thomas d’Aquin Musée de Bratislava Slovaquie crédits photographique : Svencb
Photo 3 : Saint Thomas d’Aquin par Zurbaran 1631. Crédits photographiques : Musée des Beaux-Arts de Séville
Photo 4 : Andrea di Bonaiuto, Triomphe de Saint Thomas d’Aquin, Eglise Santa Maria Novella, Florence, 1365-67.
Photo 5 : Le Triomphe de Saint Thomas d’Aquin par Gozzoli 1420-1497 Musée du Louvre crédits photographiques : AKG-images/Erich Lessing
Photo 6 : Saint Thomas d’Aquin en extase dans sa bibliothèque avec deux anges par Jacopo Vignali. Crédits photographiques : Musée des Beaux-Arts de Brest .