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Cette affaire avait fait grand bruit au mois de mai. Olivier Fury comparaissait devant le Tribunal de Montpellier, après une assignation de la DRAC, pour avoir réalisé les travaux de restauration de sa chapelle sans autorisation.



Le chantier avait pourtant reçu à de nombreuse reprises la visite d’un Architecte des Bâtiments de France, mais les services de l’État ont considéré qu’il y avait matière à faire condamner un homme qui n’a jamais demandé un centime de subvention publique et qui a engagé plus de 350.000 euros pour sauver un édifice en ruine qui, jusqu’alors, n’avait jamais intéressé personne.



Lors de l’audience du 16 mai était requis la destruction pure et simple des travaux réalisés et une amende de 3000 euros pour le propriétaire et 3000 euros pour l’association de sauvegarde de la chapelle des augustins.


Le verdict est tombé comme prévu le 28 juin et même si tous les défenseurs du patrimoine croyaient encore à un miracle, il n’en fut rien.


La destruction du sol en béton ciré et des divers aménagements que tout le monde juge pourtant esthétique est confirmée. 12 ans de travail, 12 ans de passion risquent de finir en gravats et, bien évidemment, la destruction est à la charge du propriétaire.


Nous disons « risquent », car bien évidemment Olivier Fury a fait appel.


Il y aura donc un « match retour », en espérant que, cette fois, la justice ne condamnera pas un homme qui a sauvé un patrimoine de l’abandon.



 Voici le mail que nous a envoyé Olivier aujourd’hui :


Bonjour Alexandra,


Notre avocat est allé au tribunal pour faire appel sur la totalité du jugement.


Le greffe n'a pas pu donner de jugement papier.


Par contre nous sommes condamnés :  l'association à 3000 euros d'amende dont 1500 avec sursis et peine identique pour moi personnellement. (Alors que dans les statuts de l'association il est stipulé qu'elle est responsable de toute condamnation, et qu'elle a la gestion complète de l'église en lieu et place du propriétaire...)


Obligation de remettre en l'état l'église, avec destruction de tous les travaux faits sans autorisation (est ce qu'on doit comprendre qu'il faut avec une pelleteuse détruire toiture, mur etc ...) et ce sous 6 mois sinon astreinte de 75 euros x2 /jour.



Destruction du podium amovible qui est dans le cœur.


Saignées de 15 cm tout autour de la dalle béton ciré (pratique pour les gens qui veulent se rendre dans les chapelles car les pieds risque de se coincer au passage).


Nous pensons que la DRAC a suggéré 15 mm, mais le juge a lu cm.


Saillie dans la dalle au centre et sur les côtés. 


Il faut savoir que l'entreprise qui a fait la dalle, entreprise spécialisée avec 20 années d'expérience a fait des joints de dilatation, mais comme ils sont siliconés gris la DRAC n'a pas fait attention. De même sur le tour de la dalle où une protection d'étanchéité a été déposée.


Inutile de vous dire que nous sommes abattus puisqu'en plus la DRAC ne s'est pas porté partie civile, ne s'est jamais présentée aux 2 audiences, nous sommes donc condamnés alors qu'il n'y a aucun préjudice pour personne, et que nous avons le soutien de la mairie.


Dégoûtés, car nous avons des amendes alors que pendant les audiences comparaissaient des individus qui ont fait des constructions en zone Natura 2000, en zone de protection du littoral, et eux (tant mieux pour eux), sont condamnés à de petites amendes, presque tjrs avec du sursis !


Est-ce le patrimoine ou les églises qui gênent en France ?


Excusez ma colère, je vais, je pense, partir en vacances, et peut être avec quelques membres de l'association, prévoir une grève de la faim à l'intérieur de l'église en septembre.



Cordialement



Olivier



Nous ne pouvons qu’approuver la décision de faire appel, car nous sommes convaincus, que malgré ses manquements « administratifs », Olivier Fury n’a eu de cesse que de vouloir sauver cette chapelle et qu’il est absolument inconcevable qu’il soit condamné pour ça.

Comme « l’affaire » Saint-Joseph intéresse de plus en plus de monde, nous publions l’ensemble de nos articles qui font état de tous les événements, du plus récent au tout premier, en date du 20 mai 2020, jour où Urgences Patrimoine a lancé l’alerte sur le triste sort de l’édifice.



Ces articles permettront à tous ceux qui souhaitent comprendre la situation de constater que nous n’avons jamais ménagé nos efforts pour sauver la chapelle de la démolition et que ceux qui revendiquent une quelconque action en faveur de sa sauvegarde ont jusqu’alors été cruellement absents.



À l’issue de cette lecture, nous espérons que nous pourrons vous compter parmi nos futurs adhérents, car plus nous seront nombreux à nous unir pour ce genre d’action, plus la voix d’Urgences Patrimoine sera entendue.

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Lancer une pétition pour « faire du bruit » était nécessaire, mais présenter un projet alternatif qui permet de conserver la chapelle pour un coût inférieur à celui de la démolition/reconstruction, l’était tout autant.Après quelques jours de travail, un ingénieur économiste, membre d’Urgences Patrimoine, propose un projet alternatif qui, nous l’espérons, permettra l’ouverture du dialogue avec le maître d’ouvrage du projet « Camplus ».Le Collège Saint-Joseph de Lille et le projet Camplus de la CathoUne rare opportunité développement durable et réputation d’excellence sur la base d’un projet alternatifCamplus : un programme ambitieux mais « tabula rasa »


Le projet Camplus est dans la logique du projet fondateur des écoles d’ingénieurs HEI, ISA, ISEN : proposer des outils de connaissance et de savoir-faire en complément de ceux mis à disposition par l’Etat. Après plus de 120 ans de développement continu, un nouvel élan est proposé en confirmant la cohérence du projet pédagogique et en lui donnant une ampleur « développement durable », notamment par l’appropriation du Palais Rameau, jusqu’alors utilisé par la ville de Lille. 


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Les documents accessibles en ligne semblent de niveau concours, voir un peu plus, ce qui laisse accroire que le projet n’est pas encore totalement communicable. Ce niveau de définition induit une relative imprécision et amène à se poser quelques questions notamment concernant l’ex collège Saint Joseph. Des usages en développement 

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Sur l’emprise du l’ex collège sont proposés les usages suivants :

  • Un incubateur (lancement micro société) côté boulevard Vauban.

  • Un pôle master et recherche sur la chapelle, les bâtiments de la rue Colson et l’aile 1950. 


Le pôle master comprend 4 fonctions :


  • Amphithéâtre VIP dans la cour Ouest.

  • Serres sur 4 niveaux à l’emplacement de la nef.

  • Learning center (médiathèque et salles d’études) à l’emplacement du ChÅ“ur.

  • Espaces de travail le long de la rue Colson.

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Si l’amphithéâtre ne peut pas trouver place dans les bâtiments existants (sauf à envisager une réhabilitation du théâtre actuellement hors périmètre) et les serres demandent un éclairage important les autres fonctions sont compatibles avec l’existant notamment :


  • Le Learning center dans la nef.

  • Les espaces de travail dans les bas-côtés, tribune, ex sacristie, ex gymnase, salle de musique et ateliers.


Les besoins en surface ne sont pas exprimés mais la volumétrie présentée semble correspondre à un gabarit rez-de-chaussée plus 4 étages, sur la largeur totale de la chapelle, ce que confirme le plan.



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L’on peut ainsi faire une approche des besoins en surface hors œuvre au droit de la chapelle jusqu’à la rue Colson:

  • Serres 5 niveaux de 400 m2, soit 2 000 m2 hors sous-sol,

  • Learning center et une partie des espaces de travail 4 à 5 niveaux de 540 m2 soit 2 200 à 2 700 m2 hors sous-sol. 

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Des bâtiments systématiquement remplacés 

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Le permis accordé porte sur la démolition de la chapelle, de la sacristie et des bâtiments situés au-delà du théâtre (ex gymnase, ex ateliers, ex salles de musique, etc.). Ces derniers bâtiments n’ont pas un intérêt aussi manifeste que la chapelle, mais font partie d’un ensemble pédagogique cohérent, dont on pourrait tirer parti dans une réhabilitation habile.


 






Les schémas publiés révèlent d’autres intentions de remplacement :

  • L’aile Saint-Ruth bâtie par les jésuites pour les classes préparatoires.

  • L’aile de 1962 sur la rue Solferino.

  • Les ouvrages de la fin du XXe siècle dans le prolongement de l’aile Saint-Ruth. 


Tous ces bâtiments ont fait l’objet d’investissements assez importants dans le cadre de l’installation et de l’extension de l’IESEG. 


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Cette démarche de « tabula rasa » apparaît extrêmement surprenante et suscite beaucoup de perplexité quant à l’intelligence du projet et à sa cohérence, avec une orientation générale se voulant développement durable. 



Un contre-projet dans l’air du temps et moins onéreux


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Seule la chapelle (et incidemment les autres bâtiments de l’emprise projet) est actuellement concernée. Mais le théâtre, (propriété du centre scolaire, ce qui le met à l’abri au moins temporairement), est aussi un bâtiment d’intérêt. 



Un projet revu développement durable confortant la réputation du pôle ingénierie de la Catho ?



L’époque des constructions neuves à grands coûts et durée de vie aléatoire est bientôt révolue. L’avenir est à la réhabilitation, moins dispendieuse, moins polluante et moins tape à l’œil. La notoriété des maîtres d’ouvrage se fonde de plus en plus sur des réhabilitations réussies et internationalement reconnues.  Les dispositifs d’optimisation ont de plus en plus la faveur des administrations : panneaux thermiques (les photovoltaïques ne sont pas encore réellement écologiques), effet de serre, récupération des eaux pluviales, géothermie, puits canadiens, pompe à chaleur air/eau (opportunité de l’Arbonnoise), etc.


Qui plus est l’ampleur du projet (palais Rameau, patrimoine ancien de la Catho, chapelle voire théâtre) et son intelligence potentielle, sont susceptibles d’augmenter significativement la réputation « développement durable » du pôle d’excellence que constitue déjà l’ensemble universitaire et les écoles supérieures. 



Une reconversion de la chapelle intelligente et techniquement facilement réalisable. 

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Les exemples de reconversion réussies de chapelles ne manquent pas. Le volume actuel de la chapelle peut se prêter à la création de niveaux partiels voire complets (sous-sol et combles) moyennant ouvrages de reprises des charges ajoutées (structure et exploitation) et vérification de la profondeur des fondations existantes.



Les bâtiments actuels ne porteraient ainsi que leur charge propre, de nouvelles fondations venant assurer l’ensemble des charges structurelles et d’exploitation créées.



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L’alternative pourrait donc être la suivante (nota toutes les surfaces sont annoncées utiles et approchées).  1/ Learning Center et espaces liés :

  • Dans le vestibule et la nef : le rez de chaussée en espace commun (accueil, information, détente, distribution, etc.) et 5 niveaux de plateaux de libre consultation pour 1 800 m2.

  • Dans les bas-côtés, déambulatoire et galeries : des espaces de travail cloisonnés ou non pour 720 m2.

  • La sacristie de 120 m2 et son comble de 100 m2 pouvant être également dévolue à des espaces de travail.

  • Des sous-sols et les étages au-dessus du vestibule servant aux installations techniques et stockages pour 750 m2.


Les circulations verticales étant majoritairement disposées en rapport direct avec le vestibule et complétées ponctuellement selon réglementation et besoins. 


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L’on serait sur une surface utile hors locaux techniques et circulations principales de 2 540 m2 pour un total pressenti à 2 700 m2 hors œuvre (environ 2 160 utile) A quoi s’ajoutent environ 750 m2 de locaux techniques. 



2/ Les serres et espaces liés :


  • Construction d’un bâtiment neuf de 9 niveaux au droit de la nef côté Ouest.

  • Transformation de la toiture de la chapelle en serre.

  • Puit de lumière entre la nef et l’ouvrage neuf servant également de passage de gaines verticales.

  • Entre la serre toiture et les niveaux 6 et 7, passerelles de communication.

  • Le long du niveau -1 cour anglaise d’éclairage naturel.

  • Au-dessus du hall d’accès au vestibule locaux de fonctionnement. 


L’on serait sur une surface utile hors circulations principales, de 2 000 m2 pour un total pressenti à 2 000 m2 hors œuvre (environ 1 700 m2 utiles). 



3/ les espaces polyvalents et circulations partagées, le mobilier :


  • Dans le chÅ“ur : un espace polyvalent (culte quand même, conférence, concerts et autres usages compatibles avec la dignité du lieu) conservant tout ou partie des aménagements liturgiques sur une surface utile d’environ 160 m2.

  • Les deux entrées latérales, le vestibule et la galerie de la sacristie pour 100 m2. 


Le mobilier du chœur peut être laissé en place dans la mesure ou le sol ne serait pas à reprendre. Les autres mobiliers, notamment ceux des absidioles, ne gênent pas le fonctionnement sauf à l’emplacement éventuel des escaliers de secours.  L’orgue, dans la mesure où il présente un intérêt musical et historique, pourrait être déplacé tout ou partie à la limite nef chœur.


L’on dispose donc d’une marge de manœuvre pour éventuellement dé densifier les plateaux de la nef et réduire l’épaisseur du bâtiment lame. Pour les autres bâtiments un projet plus ambitieux, financés par la réduction des coûts. 


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A l’échelle du site ex Saint-Joseph et dans la mesure ou le Centre Scolaire Saint-Paul et les facultés catholiques s’associent au projet l’on pourrait envisager un programme plus ambitieux et des coûts mieux maîtrisés. Le choix de réhabiliter et adapter les bâtiments existants des rue Colson, boulevard Vauban et rue Solferino dégagerait des marges financières conséquentes, et renforcerait les orientations développement durable de Camplus. 


Dans la même logique l’utilisation de l’ex théâtre pour en faire un amphithéâtre partagé, coûterait moins cher que le projet neuf proposé et permettrait, moyennant refonte de l’arrière des bâtiments Vauban, de créer un espace vert dans le prolongement des serres et au-dessus du parking maintenu. 


Le geste architectural porterait alors sur la création d’une entrée monumentale rue Solferino, soit au droit du transept du Palais Rameau, moyennant négociation avec le centre scolaire, avec accès direct sur le vestibule de la chapelle, soit dans l’aile 1962. Dans cette hypothèse, la circulation Est Ouest pourrait se faire par les vestibules de la chapelle et de la sacristie. Les annexes techniques, loges administratives et l’accueil sont facilement réalisables entre la sacristie et le théâtre. La sacristie devenant alors un salon VIP et les locaux de travail alors déplacés à l’étage du bâtiment neuf. Le jardin entre la chapelle et les cours de Saint Paul étant un prolongement naturel de cet espace VIP. En cas de manifestation exceptionnelle les cours du lycée pourraient être utilisées comme esplanade. L’amphithéâtre programmé fait environ 600 m2. La salle de théâtre y compris les tribunes, environ 630 m2. Cela semble donc jouable moyennant la création d’un bâtiment lame devant la façade, faisant fonctions de vestibule et de circulations verticales complémentaires.  Les gaines de ventilation étant disposées au-dessus de la toiture existante rénovée et isolée.Réhabilitation = économies substantiellesSans entrer dans le calcul des surfaces on peut déjà avoir une idée des coûts indicatifs comparés au m2 de plancher toutes taxes comprises (en neuf TVA 20%, en existant TVA 10%, autres taux 7 et 5,5 à faible incidence), les économies ainsi réalisées sont un ordre de grandeur :

  • Pour les fonctions proposées dans la chapelle et ses annexes démolition plus travaux neufs 2 200, réhabilitation 1 600 = économie 600€,

  • Pour l’amphithéâtre, démolition plus travaux neufs 2 700, réhabilitation dans l’ancien théâtre 1 600 plus bâtiments annexes neufs à 2 200 pour 100% de surface en plus soit une moyenne de 1 900 = économie 800€,

  • Pour les bâtiments Solferino et Vauban, démolition plus travaux neufs 2 300, rafraîchissement et développement durable 750 = économie 1 550,

  • Pour les bâtiments rue Colson, démolition plus travaux neufs 2 200, réhabilitation 1 100 = économie 1 100€.


Les chiffres parlent d’eux même…  



Laurent Lequeuche 


Pour La Gazette du Patrimoine



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