Jeudi 4 mai, nous étions tous réunis au cimetière sud de Wimille, afin de lancer officiellement le projet de restauration de la tombe de l’Abbé Gustave Lebègue et de celle de Théophile Dobelle, les deux co-fondateurs de l’âme de la commune de Wimereux, qui reposent l’un à côté de l’autre dans ce cimetière.
Pas moins de trois Maires avaient fait le déplacement. Messieurs Jean-Luc Dubaele, Antoine Logié et Christian Foucroy, respectivement Maires de Wimereux, Wimille et Equihen-plage. Réussir à faire déplacer un élu tient généralement du miracle, mais trois !!! Nous sommes vraiment heureux et fiers que notre projet de sauvegarde de ces deux sépultures retienne autant l’attention de ces trois municipalités. Nous les remercions bien sincèrement pour leur présence et leurs sympathiques interventions.
Le Père Derycke, coordinateur de la paroisse Saint-Jean du Wimereux était également présent pour honorer la mémoire de son illustre prédécesseur. Nous avons tous apprécié sa bonne humeur et son enthousiasme pour ce projet.
Enthousiastes étaient également les représentant de la paroisse, ainsi que Monsieur Alain Évrard, à l’origine de l’alerte concernant l’état des deux sépultures, qui a su en quelques mots nous rappeler qui étaient les deux défunts, et quel avait été leur rôle.
Mention spéciale pour Franck Weens, Président de l’Association des Amis de l’Église de l’Immaculée Conception de Wimereux, avec lequel nous sommes en contact depuis longtemps et qui est à l’origine de notre intervention.
Nous remercions également les représentants de la presse locale, ainsi que le service communication de la mairie de Wimereux.
Enfin, Cécile Fontaine Albagnac qui est à la tête de l’entreprise La Rose et la Pierre, était également présente, puisque c’est elle qui est en charge du nettoyage des deux sépultures. Cécile nous a très bien expliqué sa démarche, et quels moyens elle allait utiliser pour valoriser les deux sépultures quelque peu souillées par les affres du temps.
Au-delà du nettoyage, nous souhaitons remplacer la statue de la Vierge trônant sur la sépulture de l’Abbé Lebègue et qui a subi des dommages importants, ainsi que le buste de Théophile Dobelle, qui a été déplacé à la mairie de Wimereux pour des raisons de sécurité puisqu’il était en bronze, et que nous savons que ce genre de buste dans les cimetières est en proie à toutes les convoitises.
Concernant la statue de la vierge, nous souhaitons faire appel à un sculpteur local, quant au buste de Théophile Dobelle, nous ferons vraisemblablement réaliser une copie en résine.
Pour ces deux projets, nous avons lancé une souscription, car si notre Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire est en mesure de financer les travaux de nettoyages, pour la statue et le moulage il nous faut faire appel à la générosité des donateurs. La fin de la première tranche de travaux de valorisation devrait avoir lieu dans deux mois. Pour la statue et le buste, cela dépendra des dons récoltés, mais c’est bien connu, le patrimoine apprend à être patient…
En tout cas, nous sommes vraiment heureux de participer à ce projet hautement symbolique, car n’oublions pas que la mémoire ne doit pas être effacée, mais qu’elle doit être transmise.
Si vous souhaitez participer, cliquez ICI.
Le Père Gustave Lebègue naquit à Cucq le 11 avril 1814, il fit ses études au collège de Montreuil-sur-Mer, puis entra au grand Séminaire d’Arras. Ordonné prêtre le 21 décembre 1839, il fut nommé vicaire de la paroisse de Wimille de 1840 à 1842, puis curé de Maninghen et de Zoteux. Vicaire ensuite à l’importante paroisse de St-Joseph à Boulogne pendant 10 ans, il fut envoyé en mission à Equihen (petit et pauvre village de marins, sans clocher !) et il y construisit une église. Pour le remercier, son évêque le nomma ensuite curé de la riche commune agricole de Wimille, non sans l’opposition de quelques notables. A Wimereux, hameau dépendant de Wimille à l’époque, il n’y a que dunes de sable et vestiges du Camp de Boulogne de Napoléon Ier (prévu pour envahir l’Angleterre). Cependant tout allait changer : l’attrait pour les bains de mer, l’expansion du chemin de fer (avec la construction du viaduc pour relier Boulogne à Calais), et la capacité d’investissement immobilier des industriels textiles du Nord, ne sont pas restés inaperçus dans l’esprit visionnaire de l’abbé Lebègue qui décida de construire une chapelle de secours dans les dunes de sable de Wimereux, afin que la bourgeoisie du Nord, en villégiature durant tout l’été dans les villas qu’elle y faisait construire, accomplisse son devoir dominical et ne resta point sans la protection et le salut divin. Il fit poser la première pierre de l’église de Wimereux le 17 novembre 1866. Le viaduc était déjà achevé en 1863 (sous la responsabilité d’un dénommé Théophile Dobelle), et la gare de Wimille-Wimereux fut inaugurée juste après en janvier 1867. C’est autour de cette église que prit corps l’âme de Wimereux, qui s’urbanisa tout autour (sous l’impulsion de M. Dobelle) devant la multiplication des villas, des hôtels et casinos, et avec l’arrivée de l’aristocratie britannique. C’est fatigué après un longue carrière dans ses différentes et lourdes charges sacerdotales, amoindri par un premier AVC, que s’éteindra, frappé par une seconde attaque le 12 février 1876, le fondateur de l’église de Wimereux.
Théophile Dobelle (de son vrai prénom : « Prudent ») est né le 5 mars 1841 à Camon (dans la Somme). Il était employé aux Chemins de Fer du Nord et fut à ce titre envoyé sur Wimille pour participer à la construction du viaduc ferroviaire qui permettrait de relier Boulogne à Calais par le train. Il trouva le climat de Wimereux fort agréable... Est-ce par le fait qu’il fit la connaissance d’une demoiselle locale, Joséphine Mercier, fille d’hôteliers ? Ils se marièrent en 1864 et s’établirent définitivement à Wimereux. Ils eurent ensemble ... beaucoup de petits hôtels, et aussi quatre enfants dont l’un d’eux, appelé communément « Théophile » (aussi !), qui devint maire de Wimereux de 1910 à 1912. Théophile Dobelle (père) participa à l’organisation de l’urbanisation de Wimereux (réseau d’assainissement, voirie) rendue nécessaire devant la construction croissante des villas dans les dunes du hameau de Wimereux, et fut un ardent partisan de la séparation de Wimereux d’avec Wimille, commune agricole qui ne partageait pas les valeurs d’un tourisme balnéaire. Il n’eut pas le bonheur de connaître l’émancipation de la ville de Wimereux qui eut lieu le 26 mai 1899. Il décédera en effet le 4 juin 1897. Le viaduc et la voie ferrée sur lesquels il avait travaillé devinrent le trait de démarcation entre ces deux communes. C’est aujourd’hui le trait d’union entre celles-ci dans leur coopération. Sur le monument de Théophile Dobelle (père) (et non pas maire), on peut lire la mention « Fondateur de Wimereux ». Son buste trône sur le palier du 1er étage de l’Hôtel de Ville de Wimereux. Par la restauration de leurs monuments funéraires, les deux « co-fondateurs » de l’âme de Wimereux auront leur mémoire préservée pour les générations à venir.
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