Comme annoncé dans notre précédent article, le propriétaire de la chapelle des Augustins de Montagnac comparaissait ce matin au Tribunal Correctionnel de Béziers pour ne pas avoir demandé d’autorisation préalable de travaux à la DRAC et pour avoir fait un béton ciré sur le sol de l’édifice en lieu et place d’une dalle de ciment.
Rappelons que la chapelle était en ruine au moment de son acquisition en 2011 et qu’Olivier Fury a dépensé plus de 360.000 euros sur ses deniers personnels pour offrir un avenir à un édifice condamné.
Certes, nous sommes conscients qu’il y a des lois et qu’il faut les respecter, mais lorsqu’un édifice ne tient plus qu’à un fil, il faudrait que la loi soit adaptée à la situation. Oui, il s’agit d’un édifice inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, et le propriétaire a des devoirs envers lui. Mais le premier devoir ne devrait-il pas être celui de le sauver ? Et c’est ce qu’Olivier Fury a fait. Il a redonné vie à un édifice abandonné depuis 50 ans, ce qui jusqu’alors n’avait pas posé de problèmes aux services de la culture.
Le problème est bien là. Sur l’ensemble du territoire, il y a des centaines d’édifices qui sont protégés au titre des Monuments Historiques et qui sont dans un état d’abandon manifeste, mais ceux-là ne font l’objet d’aucune action de l’État envers leurs propriétaires, ou alors très rarement. Urgences Patrimoine a d’ailleurs plusieurs dossiers en cours concernant des édifices protégés et nous n’arrivons jamais à obtenir la moindre réponse des DRAC.
Pire, nous avions réussi à faire inscrire un château en 2017 pour lui éviter de finir sous les pelleteuses, deux ans plus tard, la DRAC Normandie a autorisé sa démolition.
Mais revenons à la chapelle des Augustins. Le jugement définitif sera rendu le 28 juin 2022. Voici ce que le procureur a requis : 3000 euros d’amende pour le propriétaire et la même somme pour l’association de sauvegarde dont il est le président. Destruction du béton ciré et de tous les travaux intérieurs dans un délais de six mois avec au-delà 75 euros d’astreinte par jour de retard.
Si cette condamnation est confirmée, alors ce sont 12 ans de travail qui seront détruits, et 360.000 euros d’investissement qui partiront en poussière.
Et la suite ? Il va de soi que la DRAC, qui sait si bien rappeler à l’ordre les contrevenants, n’aura aucune solution pour sauver l’édifice. Au mieux, elle pourra abonder à hauteur de 30% du montant des travaux puisque l’édifice est inscrit, mais comme les caisses sont vides, ce sera plutôt de l’ordre de 10%. Alors pas la peine d’être Madame Irma pour savoir qu’il n’y aura jamais plus de travaux dans cette chapelle, et que si Monsieur Fury est condamné, c’est avant tout l’édifice qui sera condamné.
Rendez-vous le 28 juin pour le dernier acte.
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