Vendredi 5 juin, un peu après 21 heures, Stéphane Bern m’a appelé pour me prévenir que nous avions gagné notre combat contre le projet de démolition de la Chapelle. Comme je ne réponds jamais aux appels masqués, je n’ai pas décroché, mais il m’a laissé un très gentil message.
Passé l’euphorie et le soulagement à l’annonce de cette nouvelle, je considère cette « victoire », comme un premier pas vers l’évidence et le bon sens, mais en aucun cas comme la fin du combat.
On va dire que c’est une trêve, mais en aucun cas une capitulation avérée du maître d’ouvrage. Tant que « l’armistice » ne sera pas officiellement signé, il faudra rester extrêmement vigilants. J’ai d’ailleurs fait part de mes inquiétudes à Stéphane Bern dans un mail, dès le lendemain matin :
Cher Stéphane,
Passée l'euphorie de l'annonce d'hier, je pense qu'il faudra rester tout de même très vigilant, car pour le moment rien ne dit qu'à l'issue des réflexions avec la direction, la chapelle sera réhabilitée.
Nous sommes dans la même problématique que celle de la Halle Lustucru en Arles, que nous avions réussi à sauver de la démolition grâce à l'intervention de Françoise Nyssen et qui est toujours en train de pourrir dans un terrain vague.
Et bien entendu, le petit Château de Navarre, que nous avions sauvé avec Thierry Coudert et qui a tout de même été démoli malgré son inscription MH…
Réponse de Stéphane Bern :
Chère Alexandra,
Merci pour vos messages que je découvre ce matin, en tournage dans le sud. Comme vous je reste vigilant mais je crois le Ministre de bonne foi quand il me dit qu’il ne laissera pas détruire la chapelle St-Joseph de Lille.
Merci encore de m’avoir alerté et bravo pour votre action persévérante…
Certains d’entre vous penseront sans-doute que je suis trop pessimiste, mais hélas, en six ans de « combats » pour le patrimoine, j’ai vu tellement de choses exaspérantes, que je ne dormirai tranquille que lorsque l’édifice bénéficiera de la mise sous protection d’urgence que nous demandons ou lorsqu’Yncréa aura fait un communiqué officiel.
Car n’oublions pas qu’un permis de démolir ne peut être annulé, donc, le risque est toujours présent jusqu’à l’expiration de sa validité, à savoir, le 28 mai 2021.
Comme Stéphane Bern, je pense le Ministre de bonne foi, mais comme le patrimoine n’a jamais été sa priorité depuis son arrivée au ministère, on peut se poser tout de même la question quant à cet intérêt soudain.
Le remaniement ministériel annoncé ne serait-il pas à l’origine de cette décision, qui chercherait à montrer que Franck Riester peut « aussi » s’intéresser au patrimoine ? Nous lui laisserons le bénéfice du doute et nous dirons, donc, qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Mais enfin, soyons sérieux. Lorsque nous lisons dans la presse nationale que des « tractations » avaient lieu entre le ministère et la mairie de Lille depuis des semaines, nous savons qu’il n’en est rien, puisque nous n’avons relancé l’affaire que le 22 mai 2020, soit exactement 15 jours avant la décision du ministre.
Preuve en est, l’étonnement d’Yncréa, de voir surgir de nulle part Urgences Patrimoine un an après la délivrance du permis de démolir, obtenu sans difficulté, avec la bénédiction de l’ABF.
Même si certains occultent totalement notre action dans cette décision ministérielle, nous savons exactement quel rôle déterminant a été le nôtre pour la préservation de la chapelle.
D’ailleurs, puisque Monsieur le Ministre souhaite étudier les solutions alternatives, nous lui avons fait parvenir celle de notre ingénieur économiste, que nous avions publiée dans La Gazette du Patrimoine du 27 mai.
N’oublions pas également, que le « doux parfum » des élections municipales du 28 juin se fait sentir, et que les électeurs seront sans doute sensibles à cette décision de sauver in extrémis ce symbole patrimonial, au-delà de toute considération religieuse d’ailleurs.
Résumons : c’est un sursis et pas une certitude. Donc, la pétition suit son cour tant que la situation ne sera pas claire.
Pour signer, cliquez ici.
Je profite de cet article pour remercier très sincèrement tous les acteurs qui nous ont aidé dans cette première phase de combat, qu’ils soient ceux de l’ombre ou ceux de la lumière.
Alors merci à mon ami Laurent Lequeuche, notre ingénieur, avec qui j’ai travaillé quinze jours non-stop de 6h30 le matin à bien souvent jusqu’à 22h le soir.
Merci à l’architecte Etienne Poncelet pour son combat antérieur et ses conseils.
Merci à mon ami Pascal Payen-Appezeller, Fondateur du Geste d’Or pour son intervention auprès du ministère.
Merci à Stéphane Bern, qui a répondu présent à notre appel et qui est incontestablement l’acteur clé de cette victoire.
Merci à Franck Riester pour cette décision « suspensive », en attendant qu’il accorde la mise sous protection d’urgence.
Merci à tous ceux qui ont relayé notre action et en particulier à : Anne-Sophie Hourdeaux (Lille-Actu), Fanny Magdeleine (La Croix), Didier Ryckner (La Tribune de l’Art) et Adrien Goëtz .
Enfin, un grand merci à vous tous qui avez signé notre pétition et qui nous avez accompagné durant ces quinze jours et qui j’espère, allez nous accompagner encore jusqu’à la victoire contre le déni de patrimoine de nos territoires.
Ah oui, et à l’attention des journalistes du Figaro, BFM, 20 minutes…. Le crédit photo que vous attribuez à Secrets d’Histoire est erroné. Cette photo est la propriété d’Urgences Patrimoine et de La Gazette du Patrimoine. Il suffit de lire notre pétition ou de prendre note de notre article du 22 mai pour vous en rendre compte.
« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble nous pouvons »
Alexandra Sobczak-Romanski
Présidente d’Urgences Patrimoine
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