À l’heure où le covid-19 se propage à vitesse grand V, et que nous voilà à nouveau confinés, les débats portent essentiellement sur l’opposition entre commerce de proximité et grande distribution et accessoirement sur l’impossibilité pour certains de rejoindre leur résidence secondaire.
Quant aux médias, ils ont les yeux et les caméras rivés vers un autre continent, puisque le suspense est à son comble concernant l’avenir des Etats-Unis d’Amérique.
Pourtant en France, il y a des gens pour qui la victoire de Trump ou de Biden est totalement indifférente et pour qui l’opposition commerce de proximité/ grande distribution est anecdotique.
Ces gens ne sont pas des êtres incultes peu enclin aux sujets d’informations. Non, ce sont les malheureuses victimes de la tempête Alex qui, il y a déjà deux mois, a dévasté l’arrière-pays niçois.
Au lendemain de ce terrible événement, toutes les hautes sphères de la République s’étaient rendues sur place, le Président Macron en tête pour assurer du soutien indéfectible de l’État, qui jurait que tout allait être mis en place pour que les habitants de ces villages sinistrés retrouve une vie « normale » au plus vite.
Deux mois plus tard, certains n’ont toujours pas l’eau courante et sont coupés du reste du monde parce que les routes emportées par les eaux n’ont pas été reconstruites. Les commerces de proximités ? Ils ne peuvent toujours pas ouvrir puisqu’ils sont en partie détruits et ne peuvent pas être approvisionnés. Rien, ils n’ont plus rien, à part le courage et la détermination et surtout, un amour infini pour leur village qu’ils refusent d’abandonner.
Au lendemain de cette catastrophe, je m’étais dit que j’allais proposer aux municipalités sinistrées un peu d’aide pour la restauration de certains éléments du patrimoine qui auraient été endommagés. J’y ai renoncé car je trouvais absolument indécent après réflexion, de proposer cela alors que tout le monde comptait ses morts.
Je le ferai sans doute plus tard, ou si on me le demande.
J’ai tenu à rédiger ces quelques lignes, suite à un échange avec une de mes connaissances qui habitait jadis un de ces villages. Ce village c’est La Brigue. À l’époque, elle m’avait demandé d’intervenir au sujet du pont romain du village qui devait supporter la lourde charge de certains camions qui ne respectait pas l’interdiction d’y circuler. Je n’imaginais pas qu’un jour ce village serait dévasté.
Voici le message qu’elle m’a envoyé lorsque je lui ai demandé de ses nouvelles il y a quelques jours. Il résume très bien la situation de nombreux villages de l’arrière-pays.
Chère Alexandra,
J'accepte avec plaisir que vous publiez mon petit compte rendu, vu du petit bout de lorgnette, les petits commerces de Tende à Breil ont été enterrés avec cette tempête . Certains parlent du barrage EDF de Casterino qui aurait été lesté durant les inondations, ce qui aurait aggravé fortement la situation en contre- bas :
Je vous remercie infiniment de penser à moi, et à cette vallée oubliée des Elus régionaux. Le petit pont du Coq a bien résisté (pas si fous ces romains !)
Je ne vis plus dans cette région mais les contacts que j'ai gardé me parlent d'une situation apocalyptique proche d'un Mad Max 5. Les pillages vont de bon train, alors que les denrées alimentaires collectées ne sont pas réparties équitablement. Cette vallée ne s'en remettra pas , ni psychologiquement ni économiquement.
Le principal acteur politique est le président de la CARF, Jean-Claude GUIBAL maire de Menton depuis 25 ans. Il n'investira rien dans la reconstruction de la vallée qui a déjà été abandonnée pas les secours de l'armée et des pompiers.
Un travail titanesque pour reconstruire les routes et les ponts, et aucunes subventions. Ils sont coupés du monde et de leurs emplois , ce qui va entraîner un exod, et je ne parle pas des morts, du cimetière englouti, des sans-abris qui ont perdu une maison et des proches.
J'espère que pour vous tout va bien.
Amicalement
Je pense qu’après la lecture de ces quelques mots, il n’y a rien à ajouter. Simplement, que nous avons de la chance de ne pas avoir été confrontés à un tel événement et lorsque nous avons envie de manifester notre mécontentement par rapport à cette nouvelle période de confinement, nous devrions penser à ces habitants sinistrés dont la seule préoccupation est de survivre.
N’oublions pas les oubliés…
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