top of page
  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak
    Alexandra Sobczak
  • 28 sept. 2021

Rien ne va plus dans notre beau pays de France. On déboulonne les statues « encombrantes », on démolit les chapelles, on inonde d’éoliennes les paysages les plus gracieux, on abat les arbres centenaires pour faire des parkings et on se permet de supprimer une tradition plus que millénaire pour contenter quelques féministes enragées. Décidément, au XXIe siècle, il ne fait pas bon être un témoin de notre histoire collective.



Voici la triste fin de la Fête de la Rosière contée par son plus vaillant défenseur, Bertrand TRIBOUT.



Administrateur de Biens de profession et parisien de naissance, Bertrand TRIBOUT a passé tous les week-end et toutes les vacances de son enfance, dans la maison familiale de Salency, berceau de sa famille depuis le XIXème siècle. Salency dans l’Oise, est un village de 800 habitants, situé à 25 kms au nord-est de Compiègne et à 4 kms de Noyon. Tout jeune, il s’est passionné pour l’histoire locale de son village qui a vu naître Saint Médard. Il a compilé au cours des années une énorme collection d’archives, iconographique notamment, de tout ce qui touche à cette petite commune. Il a participé activement à la vie du village, où il a repris la demeure de famille dans laquelle il s’est installé, en s’impliquant localement à travers diverses associations et en étant élu au conseil municipal entre 2001 et 2008. Il y fut chargé du Patrimoine, ce qui n’est guère étonnant ! Il a collaboré à quelques ouvrages collectifs relatifs à la région noyonnaise, en ce qui concerne précisément, l’histoire de Salency. En 2019, à la suite de la tentative lamentablement avortée de faire renaître de la fête de la Rosière de Salency, fondée par Saint Médard au VIème siècle, un éditeur lui a demandé d’écrire un ouvrage traitant de l’histoire de cette tradition. C’est ainsi qu’est né le livre D’hier à aujourd’hui, La Rosière de Salency  (Cap Régions Editions), assorti d’une très riche documentation iconographique et qui connaît un certain succès. Bertrand TRIBOUT a en projet d’écrire d’autres ouvrages, traitant de divers aspects du riche passé du village de Salency.




LA FÊTE DE LA ROSIÈRE DE SALENCY



L’Institution de la fête de la Rosière à Salency (Oise), remonte au VIe siècle, ce qui en fait l’une des plus anciennes, sinon la plus ancienne fête de France.



Saint Médard, évêque de Noyon, bien connu des observateurs de la météo, est né à Salency vers 450. Il voulut récompenser la vertu ou les vertus sur la terre qu’il tient de son père et institue donc la « Fête de la Rose ». Chaque année, les habitants s’assemblent pour choisir trois jeunes filles entourées de l’estime publique. Elles seront présentées à Saint Médard, qui désignera celle qui lui paraît la plus méritante.



Récompenser les vertus : de quoi s’agit-il ? Tout simplement, mettre en valeur une jeune fille qui a toute la force morale pour tendre au bien et fuir le mal. Mettre en valeur une jeunesse heureuse et saine d’esprit. Valoriser les sentiments de probité, de respect, d’assiduité au travail ou dans les études, être à l’écoute des autres et les aider si nécessaire, en s’impliquant dans la vie locale. En un mot, faire preuve de bienveillance.




La récompense consistait en une dot de 25 livres et surtout en une couronne ou « chapeau de roses ».



Afin d’assurer la perpétuité de son institution, Saint Médard a distrait de son domaine environ douze arpents de terre, dont les revenus devaient servir à couvrir les frais de la fête, mais aussi à doter l’heureuse élue. Ces terres porteront et portent toujours aujourd’hui, le nom de « Fief de la Rose ».



La première rosière couronnée a été la propre sœur de l’évêque, devenue par la suite Sainte Médrine, imposée par les habitants eux-mêmes, en dehors de tout autre choix.



La fête se renouvela ensuite tous les ans le 8 juin, « Jour de Monsieur Saint Médard » comme on disait alors, selon un cérémonial bien précis, mais sans que sa notoriété ne dépasse, au cours des siècles, les frontières de la contrée.



Dans les années 1760, la cérémonie fut mise sous le feu des projecteurs. Le sujet correspondait à l’air du temps. Sous l’influence de Rousseau notamment, on prônait un certain retour à la simplicité, à la vie campagnarde, aux traditions paysannes, aux vertus morales. Et une femme de lettres de cette fin du XVIIIe siècle, Félicité Comtesse de Genlis, de passage à Salency pour avoir eu vent de cette fête de la rosière, décida de la faire connaître à la France entière. Elle en fit une petite pièce de théâtre sentimentale, suivie par Favart, qui écrivit une comédie et la fit jouer devant le Roi en 1769. Grétry continua avec une pastorale en trois actes en 1774. Greuze illustra le thème, gravé par Moreau pour un frontispice. Huet en fit également un dessin pour une toile de Jouy et Boizot, un biscuit de Sèvres.




Le couronnement des rosières s’est ainsi étendu à beaucoup d’autres villages français, chacun d’eux voulant avoir « sa » rosière.



En outre, un procès retentissant et suivi dans tout le royaume, opposant les habitants de Salency (qui le gagnèrent) à leur seigneur, eut lieu devant le Parlement de Paris en 1774 et aboutit à un arrêté édicté par cette institution, qui fixe dans les moindres détails - souvent surprenants - le déroulement de la cérémonie.



A la suite de l’abolition de l’autorité seigneuriale, la commune s’est substituée au seigneur tant pour le choix de la Rosière, que pour subvenir aux frais de la fête. Et au cours de l’Assemblée Municipale du 6 mai 1798, il a été décidé que le sort désignerait la Rosière, pour « ne faire injure à aucune des trois ».



A Salency, la coutume s’est poursuivie chaque année sans interruption, jusqu’en 1914. La tradition fut reprise en 1922 et l’on a continué au cours du XXe siècle à couronner les rosières, mais de manière beaucoup plus épisodique.




La dernière cérémonie de la Rosière de Salency remonte à 1987, année du millénaire capétien.

Certes, l’organisation d’une telle fête demande beaucoup de travail et grève le budget communal. Mais c’est surtout le désintérêt des municipalités successives pour le patrimoine en général et celui-ci, immatériel mais propre au village de Salency en particulier, qui explique que le couronnement de la Rosière soit tombé en désuétude depuis cette dernière date.



Toutefois, la Confrérie de Saint Médard de Salency, association purement laïque que j’ai l’honneur de présider, avait décidé de renouer avec la tradition en 2019. Avec le soutien initial de la municipalité et de la paroisse, tant il est vrai que cette fête champêtre est le fruit de l’heureuse union des autorités civiles et religieuses, sans que ni l’une, ni l’autre, n’empiète sur le domaine qui est le sien.



C’était sans compter avec un article de la presse locale, odieux et fielleux, qui voulut assimiler la vertu de la Rosière avec la virginité et la pureté !



A partir de là, les réseaux sociaux se déchaînèrent pour fustiger les odieux réactionnaires que nous étions et qui voulaient s’immiscer dans la vie privée et intime d’une jeune fille !



L’affaire, durant l’été 2018, prit rapidement une tournure nationale, voire internationale, avec des articles de presse et des reportages radiophoniques et télévisés pendant près d’un mois et surtout par des pétitions sur Internet, initiées par une association de féministes échevelées qui s’acharnèrent avec une virulence haineuse contre cette bien inoffensive fête campagnarde.



Le maire de Salency et son conseil municipal finirent par se ranger du côté des adversaires de la reprise de la tradition, contrairement à leurs déclarations précédentes et c’est ainsi que le projet ne put aboutir.



Une fois de plus, une fois encore, on jette aux orties un patrimoine local particulièrement riche de sens et d’histoire, pour se conformer aux lobbys parisiens, n’ayant évidemment aucune connaissance des origines de la fête, de son esprit et du passé du village.



C’est d’autant plus lamentable que la cause des femmes mérite largement mieux que ces stupides coups d’épée dans l’eau, quand on pense au sort que celles-ci subissent dans leur cœur et dans leur chair dans tant de pays, dont le nôtre d’ailleurs, sans que cela n’émeuve plus que cela ces soi-disant bonnes consciences…

  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak
    Alexandra Sobczak
  • 21 sept. 2021

Au départ, le Napoléon rouennais devait quitter la place qu’il occupe depuis 156 ans pour se refaire une beauté, car une des pattes de son fidèle destrier montrait quelques signes de faiblesse. C’était sans compter sur le sémillant maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui, décidément, doit avoir une dent contre cette figure emblématique de l’Histoire de France.



Nous aurions pu appeler ça le « Le Rossignol et l’Empereur », sauf que l'histoire qui ici est en train d’être écrite risque de mal se terminer — avec un nouvel exil à la clef, non pas à Sainte-Hélène, mais à l’île Lacroix, un lieu de Rouen qui se situe suffisamment loin de la place de l’Hôtel de Ville.



La raison invoquée de ce déboulonnage en règle est la volonté de « féminiser » l’espace public, qui serait dépourvu de représentations adéquates. La place de l’Hôtel de ville ne pourrait-elle pas accueillir une grande et belle statue de Gisèle Halimi, sans pour autant déloger Napoléon ? La culture, ce n’est pas mettre au placard ce qui fait l’identité d’une ville. La culture, c’est enrichir cette identité en ajoutant des œuvres, sans en soustraire aucune. Et Jeanne d'Arc au fait ? …




Mais au-delà de la polémique du déboulonnage de Napoléon, s’est invitée dans le débat, la question du « matrimoine ». L’étymologie du mot « patrimoine » nous renvoie à « ce qui vient du père », donc des hommes. Mais les « vieux réacs » que nous sommes interprèteront cela comme « ce qui vient de l’Homme », dans le sens « être humain », sans distinction de sexe. Au passage, on peut commencer à s’inquiéter pour l’avenir du « Musée de l’Homme » à Paris dont le nom, sous certaines pressions féministes, pourrait bien changer.



Cette notion de matrimoine est une « fausse barbe », qui permet de se désintéresser un peu plus du « patrimoine » et de se donner bonne conscience pour le faire disparaître ou le laisser à l’abandon. Nous aimerions bien savoir ce que Madame Laura Slimani, l’adjointe en charge de l’égalité homme/femme à la mairie de Rouen qui défend bec et ongles la mise au rebut de Napoléon, a fait pour la sauvegarde du patrimoine. Pour nous, défenseurs de la mémoire des Hommes (hé oui, encore), le matrimoine est un terme qu’ont réinvesti des « bobos-intellos » afin de « moraliser » notre histoire collective. Inutile de nous rappeler que le mot matrimoine existe bien dans la langue française, et ce depuis le moyen-âge, mais, depuis les années 2000, une étrange dialectique consiste à l’opposer au mot « patrimoine » — et ce n’est pas en créant des oppositions et des idéologies séparatistes qu’on fait avancer la cause.



En tout cas, si Nicolas Mayer-Rossignol voulait faire briller Rouen dans les médias, c’est réussi, mais nous ne sommes pas certains que cette ville magnifique au riche PATRIMOINE, ait besoin de ce genre de publicité, surtout lorsqu’on prétend au titre de Capitale Mondiale de la Culture.




Ce sera aux rouennais de trancher cette question de la féminisation de l'espace via une consultation publique en ligne, en espérant que le bon sens et surtout l’amour du territoire — tel qu’il est — remettront Napoléon sur la place de l’Hôtel de Ville. Et si cette statue gêne autant Monsieur le Maire, nous lui suggérons de laisser son fauteuil à une femme ! C’est vrai ça, à quand une « Mairesse » de Rouen ?



Comme on n’est jamais trop prudent, et que les résultats des consultations de ce genre peuvent réserver des surprises, Urgences Patrimoine va quand même demander une mise en instance de classement de la statue et de son socle. Si le Ministère de la Culture juge que cette œuvre mérite une protection, alors Napoléon restera à sa place.



À suivre…



Urgences Patrimoine vient d’être sollicitée afin d’essayer de sortir de l’oubli et surtout de la déshérence, un patrimoine d’exception : le Château des Tours. Une double sollicitation d’ailleurs, car ce sont deux personnes qui ne se connaissent pas et qui, à quelques jours d’intervalle ont fait la même démarche.



Il y a quelques années, un jeune étudiant nous avait déjà alerté, mais nous n’avions à l’époque ni l’expérience, ni le réseau, pour mener cette délicate opération. En effet, s’agissant d’un bien privé, il est toujours délicat d’intervenir.



Aujourd’hui nous sommes prêts. Il ne sera pas question de lancer une souscription internationale, comme certains internautes le suggèrent en commentaires de publications relatives à l’édifice. D’ailleurs, à quoi servirait une souscription, puisque le château n’est pas à vendre ? Nous mettons en garde nos lecteurs à ce sujet : si une quelconque cagnotte était en ligne pour la sauvegarde du Château des Tours, c’est forcément une arnaque.



Depuis quelques jours, nous travaillons déjà en collaboration avec la personne qui nous a alertés. Une de nos déléguées départementales s’est rendue sur place dimanche et a pu échanger avec certains habitants du village, afin d’en savoir un peu plus. Nous allons tout mettre en œuvre afin de rencontrer le propriétaire, avec pour seule envie de trouver une solution pour l’avenir du château. Parallèlement, nous allons faire une demande de mise en instance de classement auprès de la DRAC.



Il ne nous appartient pas de juger, il nous appartient d’agir. D’agir dans le seul but de sauver ce patrimoine remarquable. Peu importe les raisons qui ont conduit à son état. Il est bien, parfois, de ne pas rester englué dans le passé et de se concentrer sur l’avenir.



Nous avons la chance d’avoir un réseau important dans la région bordelaise, et nous pouvons d’ores et déjà compter sur le soutien de Madame Laurence Dessertine, Conseillère Départementale de Gironde et membre d’Urgences Patrimoine, qui a immédiatement accepté de nous accompagner dans cette action de la dernière chance.



Bien évidemment, nous ne manquerons pas de vous tenir informés de l’avancée de ce nouveau dossier. Voici un petit résumé de la situation rédigé par la jeune femme qui nous a contacté et qui a déjà entrepris certaines démarches.




Appel à l’aide pour le Château des Tours



Le château des Tours est un château du XIV siècle situé en Gironde sur la commune de Montagne, dans les vignobles du Saint Émilionnais. On le découvre au détour d’une allée entourée de vignes, imposant avec ses quatre tours, son portail et sa cour intérieure, il impressionne les curieux. Il est entouré d’un parc et est bordé par une parcelle de massif forestier.



Aujourd’hui il est bien connu des urbex et des squatteurs. Son état inquiète, une partie du toit de la partie nord est effondrée, les vitres et volets sont cassés ou inexistants. Pourtant les herbes hautes sont coupées quelquefois dans l’année, des travaux d’entretien semblent commencer puis s’arrêter.


La mairie, la DRAC et les associations d’histoire locales, n’ont pu fournir que peu d’informations pour le moment sur l’histoire ou la situation actuelle. Deux lettres ont été envoyées au propriétaire afin de prendre contact et d’échanger sur un éventuel projet de sauvegarde mais aucune réponse n’est revenue pour le moment.


Le château est encore debout, les travaux sont importants mais pas impossibles. Pour le sauver, c’est maintenant que des décisions doivent être prises et que des actions doivent être faites. L’objectif est de travailler en accord avec le propriétaire, ainsi qu’avec tous les acteurs locaux qui pourraient jouer un rôle pour la sauvegarde du château.



A.C



Si vous avez des informations qui pourraient nous être utiles ou des photographies, n’hésitez pas à nous contacter : urgences.patrimoine@gmail.com

Subscribe
bottom of page