MAI 2020
« They didn't know it was impossible, so they did it »Mark Twain
CHÂTEAU DE FOURCHAUD (03)
UNE ASSOCIATION AU SERVICE DE LA RENAISSANCE D'UN PATRIMOINE EN PÉRIL
L'association de sauvegarde des Fourchaud devrait-on dire puisque il y a deux sites à sauver : le « petit » Fourchaud» et le « grand » Fourchaud. Dans un premier temps, nous nous consacrons au grand Fourchaud.
L'association de sauvegarde du Château de Fourchauld est composée de « fous de patrimoine », cela va sans dire, mais il faut tout de même le préciser. Parce que pour entreprendre quelque chose de si grand, il faut vraiment être un peu dingue.
Un promeneur passant devant ce site en mars 2015 ne vit pas d’un bon œil cet ensemble architectural abandonné et ne vit même pas du tout l’immense demeure à cause de la quantité de végétation qui dissimulait l’ensemble. Mais il décida de passer outre sa peur et entra dans l'enceinte. Sa stupeur passée, il revint au bar du village de Besson et parla de sa visite. Étonnés par ses dires, des voisins de table se demandèrent quoi faire, et c'est ainsi que naquit l’engouement pour ce Château.
Dès mars 2015, les grosses et grandes branches de lierres collées au bâtiment et le recouvrant presque totalement sont cisaillées, mais laissées en place le temps de leurs séchages. Les premiers bénévoles se lancent dans quelques menus travaux début 2016. Le nombre de bénévoles s'étoffant de plus en plus, l'association put s’affairer à des travaux plus conséquents. Parmi les membres, on compte : tailleurs de pierres, maçons, charpentiers, artisans, infirmières, géologues, professeurs, étudiants, lycéens, architectes, créateurs, retraités… Toute cette équipe travaille depuis 2016 à la restauration de ce site.
Un petit rituel s'est instauré : chaque bénévole dit bonjour au château à son arrivée. L’édifice se sent revivre et nous le fait bien sentir. Il contemple le travail effectué et surveille du haut de son donjon nos activités. Les bénévoles se sont pris au jeu de nommer une pièce qui leur plait. Ainsi nous avons maintenant, « la chambre de Christelle, la chambre de Sabine, la chambre de Philippe, » — ce qui prouve bien l’attrait que ce château exerce sur les personnes venant participer à sa sauvegarde.
Depuis ces années beaucoup de choses se sont passées. Beaucoup de travaux ont été réalisés sur le site et pas seulement du désherbage. Ainsi nous avons pu redécouvrir d’immenses bassins complètement inconnus. Des terrasses envahies par la végétation retrouvent un bel aspect et sont mises en plessis. Des murs et des toitures ont été réparées, des tonnes de déblais évacuées, tout cela par des femmes et des hommes passionnées de patrimoine et qui prennent sur leur temps pour faire revivre Fourchauld.
De toutes régions, des nouveaux bénévoles arrivent. Outre des Bessonnais bien sûr, puisque le château est situé en Bourbonnais, sur la commune de Besson.
Ils viennent également de tous les départements voisins. Même des parisiens, des hollandais et des suisses ont maintenant rejoint l'équipe.
C'est avec satisfaction que nous voyons maintenant reconnu le Château de Fourchaud, grâce notamment au nombre croissant de personnes qui viennent voir ce site. Nous sentons que le château n'est plus isolé mais qu'il revit.
Historique et descriptions architecturale de l’édifice
Le château de Fourchaud, dont le donjon n'atteint aujourd'hui plus que 22 mêtres, a été construit avec grand soin. Sa distribution est rationnelle (en croix desservie par un escalier central, confortable avec deux latrines à chaque étage). Sa particularité est d’être resté pratiquement tel qu'il était lors de sa construction. Juste quelques menues modifications ont été réalisées en bas à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe afin de pouvoir y être habité.
La tour à gauche du donjon, dont le rez-de-chaussée est dédié aux cuisines, est légèrement postérieur, mais des éléments permettent aussi d'entrevoir une construction antérieure, qui fait toujours l’objet de recherches. Nous avons déjà la certitude que la fenêtre de la loggia a été transformée en porte et c'est à la base de cette tour qu'a récemment été découvert une meurtrière démontrant que le château avait un fossé de défense sur la face sud. Cela confirme l’existence de douves sèches au nord, et à l'est, un fossé défensif devant le château. On note aussi la présence présumée d'une tour à droite du portail d'entrée, détruite l’on ignore quand et pourquoi. Seule subsiste une cheminée donnant sur l'extérieur.
L'empressement des bénévoles à redécouvrir ces douves devant la porte d'entrée du château se fait de plus en plus sentir. Un des bénévoles qui gère une entreprise de travaux publics est prêt à creuser dès que cela sera envisagé.
Les systèmes de défenses : meurtrières en fentes pour arcs, rondes pour armes à feu épaulées, reste de plate-forme de lancement défensif (mâchicoulis) visible de l'extérieur sur la façade est. On note aussi les restes de plate-forme de lancement type Hourds notamment sur les murs nord et est.
Certains détails sont similaires au château des ducs de Bourbon à Moulins, dont la construction s'étale entre 1356-1497. Certaines ouvertures, « fenestres », ont été modifiées au cours du temps. Château et enceinte présentent différent types de meurtrières, archères, canonnières.
L'accès au donjon se faisait comme de nos jours, par une passerelle en bois aisément démontable qui a été remplacée par un pont à arche de pierre devant lequel monte un escalier droit maintes fois remanié.
La cour basse, les communs, ont été construits et modifiés au fur et à mesure dans l'enceinte du château. Dans la cour haute, on peut voir une pièce avec une cheminée monumentale qui pose encore beaucoup de questions à nos membre ? Cette pièce servait-elle de cuisine ? Nous ne connaissons pas pour le moment pas sa fonction première. Il est surtout établi que le Château de Fourchaud appartenait à des personnes très proches du pouvoir des ducs de Bourbon, et dès la suppression du duché, tous les objets et documents ont été dérobés, ce qui pour nous, association de sauvegarde, est un préjudice important, qui ne nous permet pas de connaître exactement les antécédents et les informations essentielles de ce site.
La cour haute est complétée par une tour extérieure logeable, sous laquelle on trouve une cave et qui est surmontée d'une très belle charpente. L’empierrement et dallage de la cour ont été découverts au hasard des travaux par les bénévoles il y a deux ans. Le mur sud du XVe siècle qui a été remplacé par des murets au XVIIIe, donnait sur des terrasses qui descendaient sur ce qui était probablement des jardins d'agréments, avec bassins en U redécouverts lors de fouilles par les équipes de bénévoles il y a un an à peine. Ces jardins ceinturés par ces murets laissent apparaître dans l'angle sud-est, une construction sur trois niveaux dont, pour l'instant, nous ignorons tout. Maison, lavoir ? Aucun document ne nous permet d'en savoir plus sur cet endroit du parc.
Au sujet du donjon : l’aristocratie se voulait intellectuelle et très pieuse. L'époque est très propre, il n'y a pas de salle de bain, mais il y a des latrines dans chaque chambre. Chaque chambre possède sa propre cheminée. Dans la tour « cuisine », le puits qui est à l'entrée dessert aussi la pâtisserie un étage plus bas. La cuisine comprend une grande pièce avec cheminée très large et dotée en arrière cuisine d'une pièce pouvant servir de garde-manger ou de lieu de séchage. Sous cette cuisine se situe la « pâtisserie », une pièce pourvut de trois fours d'une facture exceptionnelle, de conception bien antérieure à l'édification du donjon, ce qui pose encore actuellement beaucoup de questions.
Au rez-de-chaussée du donjon, deux grandes pièces dont la particularité est qu’un arc diaphragme (peu courant) supporte les poutres des planchers. Dans le donjon, les poutres et plafonds sont en chêne et sont d'origine (sauf les faux plafonds de la première pièce refaits à la fin du XVIIIe, afin de rabaisser la hauteur des pièces suite à la transformation en habitation du domaine agricole. On trouve ici des plafonds à la française (les planches sont dans le même sens que les poutres), tous les bois sont d'origine. Ces deux pièces n'étaient pas les espaces nobles du château même si l'on y trouve de belles cheminées. Une de ces cheminées indique une datation du début du règne de Louis XI (1461-1481). On accède à une chambre qui a subi quelques modifications dont ne reste qu'un seul culot visible (petit singe).
La circulation est bien pensée : on accède directement de la cuisine à la cave, ou aux caves devrions nous dire, puisque trois grandes caves se déploient sous ce donjon. De ces caves ne subsistent que les bois support de barriques, anciennes poutres du château. L'escalier à vis en pierre de Volvic, probablement restauré (peut-être par la famille Chazeron présente en 1551), dessert tous les étages, les pièces de réceptions et chambres et les petits dégagements. L'espace noble au premier étage est composé d'une belle Aula, d'une chambre et d'une chapelle. La chapelle est richement décorée, mais à subit des dégâts important, vols de sols, dégradations des peintures suites à poses de nouveaux enduits. Il faut dire que pendant des années d'occupation agricole, ces étages étaient emplis de fourrages et grains de toutes sortes. Les peintures restantes laissent entrevoir une chapelle de toute beauté. Le deuxième étage laisse entrevoir de beaux graffitis. On en trouve un notamment près de la fenêtre nord, datant de 1753 ou 1733, du sieur Porcheron qui a représenté la ville d’Angoulême, ainsi qu’une femme à la pipe, et un notable à l'épée.
Enfin, au-dessus, un autre niveau grandiose mais pour le moment inaccessible du fait de l'état moyen de son plancher. Cet espace servait de salle de réunion, et est ceinturé par un chemin de ronde interne qui offre une visibilité sur tout le site. En ajout, une pièce équipée d'une cheminée ravagée et dérobée, réservée aux soldats, accolée à une latrine donnant accès à un escalier menant à un espace qui pourrait être à l'origine une terrasse défensive à ciel ouvert. Des restes de consoles à mâchicoulis, chemins de ronde et traces de dalles sont encore visibles. Le haut de cet édifice, très probablement remanié, ne nous permet pas encore d'avoir la certitude de son prime état. Aucun document ne nous est parvenu, et cela nous laisse dubitatifs.
Ce site de Fourchaud, habité par les proches des dirigeants du duché du Bourbonnais, a abrité pendant des années les ducs de Bourbons. Il en reste un édifice d’exception riche de découvertes. C’est au fur et à mesure des travaux de nettoyage que de plus en plus d'éléments nouveaux apparaissent, ce qui en fait un riche site à découvrir et à faire connaître au plus grand nombre.
L’association « Présence Bourbon » reste ouverte à toutes les bonnes âmes voulant aider à la réussite de ce projet.
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