top of page

Pour tous ceux qui se passionnent pour le patrimoine religieux, Mathieu Lours est une référence. Alors si certains méprisent l’action populaire d’Urgences Patrimoine pour sauver la chapelle Saint-Joseph de la démolition, nous espérons que ce précieux soutien leur ouvrira les yeux et qu’en haut lieu on comprendra enfin qu’une réhabilitation de l’édifice est possible, même dans un projet résolument tourné vers l’avenir.



Nous remercions Monsieur Mathieu Lours pour cette belle plaidoirie en faveur de la sauvegarde de la chapelle Saint-Joseph.



Mathieu Lours


Paris-Cergy Université


33, Bd du Port


95 011, Cergy-Pontoise Cedex



Cergy, le 20 novembre 2020



Le refus du classement de la chapelle Saint-Joseph de Lille est une nouvelle qui attriste tous les défenseurs du patrimoine. En tant qu’enseignant en histoire de l’architecture, la perspective de la démolition de l’édifice m’attriste et m’interroge. Elle m’attriste, car, une nouvelle fois, le patrimoine du XIXe siècle, tout particulièrement religieux, peine à faire admettre ses qualités et son rôle caractéristique dans les paysages urbains et ruraux. Elle montre également la manière dont une institution catholique, puisqu’il s’agit d’un édifice propriété d’une université catholique, promeut la démolition et l’effacement d’un élément de son patrimoine qui manifeste clairement son identité.



Cette démolition m’interroge également. La réalisation du nouveau campus s’accompagnera en effet d’une restauration du Palais Rameau, dont l’un des deux architectes est Auguste Mourcou, également auteur de la chapelle. L’édifice a été classé en 2002. Comment admettre que, s’agissant de deux édifices voisins réalisés par le même architecte, on en classe et réhabilite l’un et qu’on refuse le classement et voue à la pelleteuse le second ? D’autant que la chapelle est dans un bon état de conservation. Je m’interroge également sur le fait que, dans de nombreux autres projets contemporains, on conserve et on réhabilite des édifices aussi marquants que la chapelle Saint-Joseph. Voire, on les considère comme des chances et des opportunités ! Si vraiment l’université catholique de Lille ne souhaite plus disposer de lieu de culte, un tel volume pourrait trouver un nouvel usage digne, au service de l’enseignement et de la culture.



La démolition de Saint-Joseph de Lille est aussi un signal inquiétant pour le patrimoine du XIXe siècle dans la région des Hauts-de-France. La région a été marquée, en 2013, par la démolition d’une de ses plus belles églises néogothiques, Saint-Joseph d’Abbeville, et d’autres édifices construits à la même époque connaissent des fermetures ou des dégradations importantes. Le classement de la chapelle lilloise aurait pu permettre à l’État d’impulser une dynamique nouvelle, de porter un nouveau regard sur cet ensemble patrimonial témoin d’une époque-clef dans la constitution de l’identité de la région. La décision de surseoir à la démolition en l’attente de décision de classement, était un signe important, dont je remercie M. Franck Riester. Il semble aujourd’hui plus difficile aux défenseurs du patrimoine de trouver une oreille attentive à leurs alertes au sein du ministère. Plus que jamais, la réactivation du comité du patrimoine cultuel, laissé en sommeil depuis des années, pourrait permettre de disposer d’un lieu de réflexion qui évite ces cas par cas et ces à-coups.



Dans l’immédiat, je soutiens vivement toutes les actions de mobilisation qui pourraient être menées, dans le cadre d’un dialogue constructif entre tous les acteurs, afin de tenter de sauver la chapelle Saint-Joseph de Lille et de lui donner un destin à la mesure de la place qu’elle occupe dans le paysage et la mémoire de la métropole.



Mathieu Lours



Et pour ceux qui auraient des doutes quant à la légitimité du contenu de ce courrier, voici le CV de l’auteur.



TITRES ET DIPLOMES



2020 (en cours) : Habilitation à diriger les recherches. Sous la direction de M. Jean-Michel Leniaud. École pratique des hautes études. Titre de l’essai : Le sacré par l’antique. L’architecture religieuse en France de 1755 à 1801. • 2006 : Thèse de doctorat d’Histoire, Université Paris I, sous la direction de Mme Nicole Lemaître : Les cathédrales de France du Concile de Trente à la Révolution : mutations d’un espace sacré. Mention très honorable avec félicitations à l’unanimité des membres du jury. • 1997 : DEA d’histoire moderne, Université Paris I, sous la direction de Mme Nicole Lemaître : Sixte Quint et la Ligue. Un pape et une révolution. Mention très bien. • 1997 : Concours de l’École Nationale du Patrimoine, Admis au concours du CNFPT. • 1996 : Agrégation d’Histoire, 11e admis • 1995 : Maîtrise d’histoire moderne, Université Paris I, sous la direction de Mme Nicole Lemaître : L’éclaircissement des églises parisiennes an XVIIIe siècle. Gestion et spiritualité. Mention très bien. • 1991-1994 : Classes préparatoires littéraires classiques, lycée Fénelon. • 1991 : baccalauréat série A2, mention très bien. ENSEIGNEMENTS • 2011-2019 : Professeur en classe préparatoire aux grandes écoles de Lettres supérieures en histoire et théorie des arts, lycée Léon Blum, Créteil. • 2019 : Chargé d’enseignement en histoire de l’architecture. Cours de préparation au concours de l’INP, institut Michelet. • 2003-2019 : Chargé d’enseignement à l’Université de Cergy Pontoise. Enseignements en 2018-2019 : - Cours magistral de L1 : Histoire des religions - Cours magistral de L3 : Histoire de l’architecture • Cours magistral de L3 : La France au XVIe siècle • 2016-2019 : Chargé d’enseignement au Centre international du Vitrail à Chartres. Histoire de l’architecture religieuse aux XVIIe et XVIIIe siècles. • 2000 – 2002 : Allocataire moniteur à l’Université Paris I. TD de L1 « Histoire de la Révolution française » (cours : M. Zylberberg) et TD de L3 : « La réforme catholique en France, Espagne et Italie » (cours Nicole Lemaître) • 1996 – 2000 et 2003 - 2011 : Professeur agrégé d’histoire dans l’académie de Versailles : collège Martin-Luther King de Villiers-le-Bel (1997-2000 et 2002 – 2006), lycée Louis Armand à Eaubonne (2006 – 2011) JURYS DE CONCOURS : 2013-2017 : Membre du jury de l’agrégation externe d’histoire.



PUBLICATIONS ET COLLOQUES



Éditions de sources • Les plans d’archives de la série G9 des archives nationales. Publication en partenariat avec la section ancienne des archives nationales, travail en cours, publication prévue en 2014 Ouvrages Synthèses : • Églises de Paris du Grand siècle aux Lumières (dir.), Paris, Picard, 2016. • Architectures sacrées. Paris, Citadelles et Mazenod, 2016. • Cathédrales d’Europe. Coécrit avec Alain Erlande-Brandenburg. Paris, Éditions Citadelles et Mazenod, 2011. • L’autre temps des cathédrales. Concile de Trente-Révolution française. (édition de thèse) Paris, Picard, 2010. • Dictionnaire des cathédrales de France. Éditions Jean-Paul Gisserot, Paris, décembre 2008. • Églises du Val d’Oise, Pays de France et Vallée de Montmorency, (dir.), Gonesse, SHAGPF. Monographies : • Saint-Eustache, direction de la partie consacrée à l’architecture de l’édifice, Strasbourg, La Nuée bleue, à paraître en 2019. • Saint-Sulpice de Paris, l’église du grand siècle, Paris, Picard, 2014 • Saint-Acceul d’Écouen et ses vitraux : une cage de verre en pays de France, Domont, STIP, 2004. • Saint-Martin de Mareil-en-France : Une œuvre originale de Nicolas de Saint-Michel, Gonesse, SHAGPF, 2004. • Saint-Martin de Cormeilles-en-Parisis. Aux racines du gothique, Gonesse, SHAGPF, 2004. • La citadella vescovile di San Leo, ricostruzione di uno spazio sacro. Urbino, 2001. Contributions Ouvrages et revues d’histoire de l’art et de l’architecture • « L’éloquence de l’architecture. Les églises parisiennes des XVIIe et XVIIIe siècles », in Arts sacrés, n°36, 2017, pp. 88-104. • « L’art, partie prenante du rite », in L’art et le sacré, sous la direction de Henri de Rohan-Csermak et Isabelle Saint-Martin, Poitiers, Canopée, 2017, pp. 37-59. • « Le décor du XVIIIe siècle, la primatiale à l’heure des Lumières » et « Les archevêques de Bourges du XVIe au XVIIIe siècle », in Bourges, coll. « La nuée bleue », Strasbourg, 2017, pp. 139-149 et 354-358. • « Les travaux et embellissements du chœur », in Vendée, Luçon, coll. « La grâce d’une cathédrale », Strasbourg, La nuée bleue, 2017, pp. 70-76. • « Mémoires de verre. Les vitraux commandés par la famille de Montmorency dans les églises de son domaine au XVIe siècle », in Art Sacré, n°32 (« Faire Mémoire, les arts sacrés à l’épreuve du temps »), 2016, pp. 181-195. • « Les subtils aménagements des XVIIe et XVIIIe siècles », in Albi, joyau du Languedoc, coll. « La grâce d’une cathédrale », Strasbourg, La nuée bleue, 2015, pp. 107-112. • « Renaître de ses cendres », in Art sacré, n°31 (« Reconstruire, restaurer, renouveler, la reconstruction des églises après les conflits religieux en France et en Europe »), 2014, pp. 7-17. • « Le chœur de Saint-Sulpice : un espace éloquent », in Bulletin de la société historique du VIe arrondissement de Paris, nouvelle série n°27, Paris, 2014, pp. 121-138 • « « Antique église et catholicisme rénové. L’architecture néoclassique comme aboutissement de la Réforme catholique. Églises paroissiales urbaines et rurales du diocèse de Paris, 1750-1793 », in Art sacré, n°30, 2014, pp. 175-193. • « Foi et Lumières. L’architecture religieuse de Jacques-Germain Soufflot », in Arts sacrés, n°25, 2013, pp. 8-16. • « Les cathédrales du Languedoc. Ruptures et continuités. Moyen-Âge – Temps modernes », in Les voies de la création, (sous la direction de Laure Lévêque), Paris, l’Harmattan, 2013, pp. 129-145. • « Le chœur tridentin », in Chartres, coll. « La grâce d’une cathédrale », Strasbourg, La nuée bleue, 2013, pp. 362-372. • « Les temples de Napoléon. De la Réforme catholique à la Réforme protestante », in Arts Sacrés, n°21, 2013, pp. 56-63. • « Le chœur entre continuités et ruptures », in Rouen, primatiale de Normandie, coll. « La grâce d’une cathédrale », Strasbourg, La nuée bleue, 2012, pp. 95-105. • « L’architecture religieuse après le Concile de Trente » in Histoire générale du Christianisme, Paris, PUF, coll. Quadrige. ss. dir. Jean-Robert Armogathe, 2010. • « Porte ou barricade ? Le jubé des cathédrales à l’épreuve de la modernité. (XVIIe et XVIIIe siècles) », In Art sacré, n°28, 2010, pp. 161-179. • « La cathédrale à l’épreuve de la modernité », in La cathédrale de Reims, ouvrage dirigé par Patrick Demouy, éditions « La Nuée Bleue », 2010. • « Avant-propos », co-écrit avec Alain Erlande-Brandenburg, in Strasbourg, coll. « La grâce d’une cathédrale », Strasbourg, La nuée bleue, 2007, pp. 13-25. • « Comprendre la cathédrale médiévale : un révélateur de l’identité gallicane aux XVIIe et XVIIIe siècles », in Materiam superabat opus. Hommage à Alain ErlandeBrandenburg, Paris, RMN, École nationale des chartes, 2006, pp. 175-185. • « Architecture XVIe-XIXe siècles » in Historiographie de l’histoire de l’art religieux en France à l’époque moderne et contemporaine, Bibliothèque de l’École des hautes études, Sciences religieuses n°127, Turnhout, Brepols, 2005, pp. 13-19. • « Un tesoro disperso. Gli arredi delle chiese leontine nel periodo pot-tridentino » in Studi montefeltrani, n°25, San Leo, 2004, pp. 79-109. • « Le reflet du temps et le sens des images : iconographie des vitraux commandés par la famille de Montmorency », « Les vitraux de Saint-Acceul d’Écouen », in Les Montmorency et l’art du vitrail, Musée nationale de la Renaissance / Éditions du Valhermeil, 2003. • « Les aménagements liturgiques entre le concile de Trente et la Révolution », in XX siècles en cathédrales, catalogue de l’exposition de la CNMHS à Reims, ss. dir. Catherine Arminjon et Denis Lavalle, Paris, 2001. Actes de Colloques • « Une géographie des sanctuaires : pour une typologie des chœurs de cathédrales au sortir du Moyen-Âge » in Les langages du culte aux XVIIe et XVIIIe siècle. Astes du colloque ANR Musefrem, Le Puy-en-Velay, 2013, (à paraître en 2019). • « Pour ou contre le chœur à la romaine ? Polémiques autour des espaces sacrés », in Réalités et fictions de la musique religieuse à l’époque moderne, Sous la direction de Sophie Hache et Thierry Favier, Rennes, PUR, 2018, actes du colloque de Poitiers (Universités de Poitiers et Lille III, ANR Musefren) de 2013, pp. 205-217. • « Considérations sur les aménagements de la cathédrale de Reims au XVIIIe siècle », in La cathédrale de Reims, actes du colloque organisé en 2011 par l’Université de Reims-Champagne-Ardennes, pp. 409-417, Paris, PUPS, 2017. • « La cathédrale de Sens au XVIIIe siècle. Les fastes du gallicanisme au siècle des Lumières », in Saint-Étienne de Sens, la première cathédrale gothique dans son contexte, actes du colloques de Sens en 2014, Sens, Société archéologique de Sens, 2017, pp. 397-413. • « L’église néoclassique : une écriture architecturale du sublime ? France, seconde moitié du XVIIIe siècle », in A la croisée des arts, Actes du colloque de Poitiers de 2012 (Université de Poitiers, Université Lille III, ANR Musefren), sous la direction de Sophie Hache et Thierry Favier, Paris, Classiques Garnier, 2015, pp. 221-235. • « Le chœur en bataille. Débats et polémiques sur le chœur à la romaine dans les cathédrales françaises au XVIIIe siècle », in La place du chœur, Actes du colloque organisé en 2007 par l’EPHE, Paris, Picard, 2012, pp. 227-237. • « Les corps saints dans les cathédrales après le concile de Trente », colloque international « cathédrales et pèlerinages » organisé par l’Université Paris X. Actes publiés dans la Bibliothèque de la revue d’Histoire ecclésiastique, Fascicule 92, Louvain, 2010, pp. 105-129. • « Liturgies et aménagements des chœurs : l’exemple des cathédrales françaises, XVIIe et XVIIIe siècles », in Décor et liturgie dans les églises de France au XVIIe siècle, actes du colloque organisé par les Archives départementales d’Eure-et-Loir en 2009, Chartres, 2010, pp. 17-42. • « Clergé paroissial et commande artistique en Pays de France du XVIe au XVIIIe siècle : un espace rural sous influence ? », in Pasteurs des âmes, passeur des arts. Les prêtres et la production artistique dans les provinces françaises, XVIe-XXe siècle, Toulouse, Méridiennes, 2009. Actes du colloque organisé en 2008 par le CNRS et l’Université de Toulouse-le Mirail, sous la direction de Sophie Duhem et Marc Salvan-Guillotin, pp. 59-77. • « Un problème insoluble : l’entretien des « vitres peintes » dans les églises parisiennes au XVIIIe siècle », in « Verre et fenêtre de l’antiquité à nos jours », Les cahiers de Verre et histoire, n°1, 2009. Actes du colloque de Verre et histoire, château de Versailles, 2005. • « L’espace rêvé des liturgistes gallicans », colloque organisé par le C.I.H.E.C « Liturgie et pratiques cultuelles dans les Églises chrétiennes des origines à nos jours », Paris, juillet 2007. (actes à paraître) • « L’autel médiéval entre Trente et Viollet-le-Duc : un débat exemplaire dans les cathédrales », in Hortus artium medievalium, Zagreb-Motovun, Actes du colloque de Motovun, 2004, pp. 251-255 • « L’istituzione provinciale e la ristrutturazione urbana di San Leo », in La provincia feretrana (secoli XIV-XIX), actes du colloque de San Leo / Montecerignone de 1999, San Leo, Studi Montefeltrani, Atti e convegni n°7, pp. 135-151.



DIVERS : • Organiste titulaire des orgues de l’église Saint-Acceul, Écouen. • Membre de la commission départementale de classement des objets d’art du Val d’Oise • Membre du conseil d’administration de la Société d’histoire de Montmorency • Membre du conseil scientifique de l’Observatoire du patrimoine religieux • Membre du conseil d’administration de l’association Rencontre avec le patrimoine religieux.





Hasard ou coïncidence, mais Urgences Patrimoine a déposé son recours de la dernière chance le même jour ou fut posée la première pierre de l’édifice.



Un édifice qui a été tant désiré et que l’on pensait voir se dresser fièrement pendant des siècles et des siècles…



C’était sans compter sur la volonté d’hommes d’Église qui, frappés d’amnésie sans doute, ont fait le choix de démolir un des symboles de la foi chrétienne au nom de la promotion immobilière et d’une modernité que l’on aurait pourtant pu conjuguer au passé.



Victor Hugo écrivait un jour : « L’avenir est une porte, le passé en est la clé ». Nous pouvons dire qu’à Lille on préfère défoncer les portes plutôt que de les ouvrir avec respect.



Peu importe si nous nous attaquons à la puissance du pouvoir et de l’argent. Urgences Patrimoine œuvre pour que le passé puisse être créateur d’avenir. Même si les chances de gagner cette bataille contre les démolisseurs sont infimes, il faut aller jusqu’au bout. Le 15 novembre, nous avons donc déposé notre recours en justice, au nom d’Urgences Patrimoine et de nombreux riverains qui ne se résignent pas à voir disparaître leur voisine de pierre.



Voici le communiqué de Maître Théodore Catry, notre avocat :



Dépôt du recours pour la sauvegarde de la chapelle Saint-Joseph devant le tribunal administratif de Lille



En union avec plusieurs riverains et citoyens mobilisés pour la Chapelle Saint-Joseph, Urgences Patrimoine a, par l’intermédiaire de son avocat, déposé samedi 14 novembre 2020 un recours pour excès de pouvoir contre le courrier du 20 octobre 2020 par lequel le ministère de la culture a refusé de mettre l’édifice en instance de classement au titre de Monuments Historiques.



Cette requête s’appuie sur le constat d’un certain nombre d’illégalités, parmi lesquelles figure notamment l’appréciation insuffisante de la valeur du bien et de l’intérêt public attaché à sa conservation.



Urgences Patrimoine et les requérants qui se sont joints à ce recours demandent au tribunal d’annuler purement et simplement le refus opposé par le ministère et d’enjoindre ce dernier à régulariser sa décision en ouvrant une procédure de classement et, dans l’attente, en mettant la chapelle en instance de classement comme cela aurait dû être fait dès l’origine.



Urgences Patrimoine, qui est à l’origine de la mobilisation depuis le 20 mai 2020, appelle tous les acteurs du patrimoine, au niveau local comme au niveau national, à soutenir cette action en justice.



Nous regrettons et nous nous étonnons qu’une partie de la communauté catholique de Lille ne soutienne pas notre démarche et soit favorable à cette démolition.



D’ailleurs, dans cette action nous constatons que les partisans de la sauvegarde de l’édifice sont souvent non pratiquants et que c’est bien l’avenir d’un témoin de l’histoire locale et collective qu’ils souhaitent sauvegarder et pas juste un symbole religieux.



Nous nous posons la question suivante : si la communauté catholique est vent debout dès qu’un acte de vandalisme est commis dans une église, pourquoi ne s’insurge-t-elle pas quand l’institution catholique elle-même souhaite démolir un de ses édifices ?



Nous n’aurons sans doute jamais la réponse, mais à ceux qui pensent qu’il est normal de faire table rase du passé au nom de la modernité, nous tenons à rappeler avec quelle ferveur les catholiques lillois avait participé fièrement à l’édification de la chapelle Saint-Joseph.




Voici un extrait du discours prononcé lors de la pose de la première pierre le 15 novembre 1886 :

Le Ministère de la Culture a décidé que cette chapelle n’était pas assez remarquable pour être protégé au titre des monuments historiques. Nous ne comprenons toujours pas sur quels critères ce jugement a été rendu, mais là encore, nous tenions à rendre hommage aux bâtisseurs avec un extrait du discours d’inauguration de la chapelle :



« En vérité, que ce lieu et grand et redoutable! C'est la maison de Dieu et la porte du Ciel! »



Baunard, Louis (1828-1919). Le Collège Saint- Joseph de Lille, 1881-1883 (Discours, notices et souvenirs par Mgr Baunard) Paris : 1888.



Il faut donc croire que cela ne l'est plus. Plus assez grand ? Plus assez redoutable ?




Que va-t-il advenir des vitraux, du haut-relief représentant la Cène, des beaux pavés de marbre et de tous les éléments architecturaux qui constituent l’édifice ?



L’orgue est déjà parti depuis longtemps faire entendre l’âme de la chapelle Saint-Joseph en Autriche. Il aurait plus chrétien de l’offrir à une paroisse voisine qui en était dépourvue. Mais, l’opération aurait alors été moins lucrative.



Yncréa affirme que les vitraux seront réutilisés « ailleurs ». Nous émettons des doutes à ce sujet, mais nous espérons nous tromper.



Quant à la stèle dédiée aux fondateurs, elle finira probablement dans les gravats.



Une chose est certaine : comme le dit le proverbe, « on n’est jamais trahi que par les siens ». Car les bâtisseurs de la chapelle Saint-Joseph, qui la pensait éternelle, ne devaient pas se douter une seule seconde que seulement 134 ans après la pose de la première pierre, l’institution catholique déciderait de la démolir pour y voir pousser en lieu et place un bloc de béton.



Enfin, tant que les pelleteuses ne sont pas en train de se livrer à leur sale besogne, tous les espoirs sont encore permis et, pour une fois, à défaut de confiance en la justice divine, gardons la foi en la justice des hommes.



Le recours est déposé, notre pétition dépasse désormais les 10.000 signatures et la mobilisation continue plus que jamais, notamment grâce à de nombreuses lettres de soutien de professionnels de la culture et de personnalités publiques qui viendront augmenter notre argumentaire auprès des instances compétentes.



Alea jacta est …



N’hésitez pas à nous adresser vos courriers de soutien par mail : urgences.patrimoine@gmail.com


C’est avec stupeur que nous apprenons à l’instant par un communiqué de presse du Ministère de la culture que la demande de classement de la Chapelle Saint-Joseph est à nouveau rejetée.


Nous sommes bien conscients que ce projet porté par Yncréa a permis de valoriser le Palais Rameau, mais cela ne justifie en aucune façon la démolition de la chapelle Saint-Joseph. D’autant que, comme nous ne cessons de le répéter, un projet de réhabilitation de l’édifice serait moins coûteux que la démolition-reconstruction souhaitée par Yncréa.



Le Ministère de la Culture reste donc sourd aux appels des Lillois et des défenseurs du patrimoine et préfère privilégier la destruction de l’édifice plus coûteuse et moins écologique.



Pour quelle raison ?



Sans doute la même qui a poussé Madame Martine Aubry a retiré la candidature de la ville pour son classement à l’UNESCO !



Notre recours en justice reste donc aujourd’hui la seule issue, à moins que le Président Emmanuel Macron réponde favorablement à notre appel, mais nous émettons des doutes quant à sa décision.



————————————————————————————————————



DERNIERE MINUTE : RÉPONSE D'ETIENNE PONCELET AU COMMUNIQUÉ DU MINISTERE DE LA CULTURE



Le communiqué de presse du ministère de la Culture du 14 novembre est une redite des arguments développés par le Directeur général des patrimoines dans son courrier du 20 octobre auquel s’ajoute l’argument de la restauration du palais Rameau, bâtiment voisin construit par le même architecte.



Je reprends quelques éléments de ce communiqué :



- La chapelle n’est pas dans un « état très dégradé ». Le sol qui est un plancher est effectivement abîmé par les fuites d’eau dues notamment à un châssis de toit laissé ouvert depuis longtemps. Le gros œuvre et la toiture sont dans un état passable, tout à fait aptes à être restaurés dans des conditions normales.



- La demande d’instance de classement avait pour but de permettre la réflexion avec les partenaires pour intégrer les éléments existants au projet de campus et non pas pour empêcher celui-ci. La concertation annoncée par le ministre Franck Riester en son temps ne s’est pas réalisée avec les défenseurs de la chapelle.



- Le nouveau campus de 8 000 étudiants pour un investissement de 120 millions d’euros ne concerne pas que le site de la chapelle mais quatre autres sites proches les uns des autres dans le quartier de la catho.



- La restauration du palais Rameau pour lequel les lillois avaient réclamé et obtenu le classement est maintenant engagée et budgétisée depuis plusieurs mois. Cette opération dont le chantier doit démarrer prochainement n’a pas à être mis en balance avec le budget de l’opération du site de la chapelle.



- Bien au contraire, nous plaidons pour que le jumelage architectural du palais Rameau, classé Monument Historique, et de la chapelle, construite à la même époque par le même architecte et qui révèle un parti architectural unique et original, trouve son épanouissement dans le projet général de JUNIA (ex YNCREA) que nous appelons de nos vœux, intégrant la réhabilitation de la chapelle de Saint-Jo dans son programme.



Lille, le 14 novembre 2020


————————————————————————————————————



N’oubliez pas que nous avons besoin de soutien pour ce combat et que le moindre petit geste compte.



Pour faire un don cliquez sur le lien ICI.


Subscribe
bottom of page