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La nouvelle vient de tomber. C’est le grand architecte Étienne Poncelet qui nous a transmis le courrier du ministère de la culture annonçant que Madame la Ministre a refusé notre demande d’inscription au titre des monuments historiques.



Franck Riester, suite à notre action « coup de poing » du mois de mai avait accordé un sursis à l’édifice et souhaitait s’entretenir avec Yncréa, le porteur de projet, mais le remaniement ministériel a fait que cette rencontre n’a pas eu lieu le 10 juillet comme prévu et, visiblement, Madame Bachelot n’est pas sensible à la cause du patrimoine religieux. Certes, cette chapelle, comme nous le rappelle ce courrier, n’était pas un édifice suffisamment remarquable pour mériter un classement, mais nous avons des centaines d’exemples de patrimoine bénéficiant d’une inscription qui sont du même niveau architectural que Saint-Joseph. Et quand bien même, bien au-delà de la valeur architecturale, cette chapelle est un symbole. Et à l’heure où notre pays est victime chaque jour d’actes anti-chrétiens, démolir cet édifice est une provocation.



Certes, ce n’est pas l’État qui en est le propriétaire, mais l’institution catholique elle-même. Mais en n’accordant pas cette protection, l’État est complice, tout comme la Maire de Lille, qui a accordé le permis de démolir. L’Architecte des Bâtiments de France avait donné un avis favorable, laissant ainsi la porte ouverte aux pelleteuses.



Nous comprenons que les priorités soient ailleurs, et qu’en cette période de crise le patrimoine n’intéresse absolument pas les hautes instances, sauf par le biais de quelques effets d’annonce en faveur d’édifices propriété de l’État. Même s’ il est certain qu’il est impossible de tout sauver, cette chapelle méritait de l’être.



Je rappelle que le projet contradictoire que nous avions proposé pour sauvegarder cette chapelle était moins coûteux que la démolition/reconstruction et beaucoup plus écologique. Mais visiblement, l’Université Catholique de Lille a les moyens de gaspiller son argent. Pourtant, elle n’a pas hésité à faire appel à la générosité publique pour faire financer la restauration de la chapelle du Palais Rameau toute proche, via une souscription de la Fondation du Patrimoine. J’espère que les généreux donateurs apprécieront.



Aujourd’hui, j’ai une pensée pour tous les Lillois qui étaient attachés à cet édifice et en particulier aux riverains qui aimaient leur « voisine » de pierre. Une pensée également à tous ceux qui ont été élèves aux lycée Saint-Joseph et pour qui cette chapelle était familière. Une pensée et un grand merci également à tous ceux qui se sont mobilisés à nos côtés, à commencer par les plus de 8000 signataires de notre pétition, sans oublier Monsieur Étienne Poncelet et notre architecte Laurent Lequeuche.



Enfin, un grand merci également à Stéphane Bern qui s’était également mobilisé et à Xavier Bertrand, Président de la Région Hauts-de-France, qui est également intervenu pour plaider la cause de ce patrimoine.



Cette défaite est amère. Ce sont des centaines d’heures de travail anéanties en une minute. Une chose est certaine, je n’ai absolument plus foi en nos instances qui n’écoutent JAMAIS, la voix du peuple que nous représentons.




Cette défaite est la mienne sans doute, mais je m’étais préparée à ce que l’on me l’incombe, alors que si la chapelle avait été sauvée, personne n’aurait même digné citer le nom d’Urgences Patrimoine.



Pendant quelques instants, j’ai pensé renoncer à mes combats contre « l’extermination » des témoins de notre histoire collective, car à quoi bon si le ministère de la culture ne nous soutient pas ? Mais au contraire, cet échec retentissant renforce ma détermination et j’espère que vous serez nombreux à me soutenir et à soutenir Urgences Patrimoine, car c’est un combat collectif que nous devons mener pour gagner.



J’ignore encore la date d’entrée des pelleteuses dans l’enceinte du Saint-Joseph, mais nous ne manquerons pas de vous informer à travers un dernier « requiem », en hommage à cette Dame de pierre vieille de 144 ans.



Alexandra Sobczak-Romanski

Ce n’est plus un secret pour personne, le ministère de la culture a rejeté la demande de protection d’urgence de la chapelle Saint-Joseph au prétexte que celle-ci ne représente pas suffisamment d’intérêt architectural pour bénéficier de ladite protection.



Or, pas à un seul instant, le ministère ne se prononce sur l’intérêt architectural d’un point de vue local.


C'est au mois de mai qu'Urgences Patrimoine a lancé l'alerte afin de stopper le projet de démolition de la chapelle Saint-Joseph. Jusqu’alors, personne n’avait eu l’air de s’émouvoir du sort de l’édifice dont le permis de démolir avait été signé, rappelons-le, deux ans auparavant. Personne n’a déposé de recours gracieux à l’époque où il était possible de le faire.



Nous nous sommes employés à alerter l'opinion, les instances politiques, la presse, afin de préserver cet édifice. Certes, nous ne sommes pas Lillois, mais notre intérêt pour le patrimoine ne fait pas de de sélection en fonction de sa situation géographique. Nous défendons Le Patrimoine et en particulier celui qui, comme la chapelle Saint-Joseph, ne bénéficie d’aucune protection.



C'est Étienne Poncelet, architecte Lillois renommé, qui s'est fait porteur de notre demande de mise sous protection d'urgence de l'édifice auprès du ministère de la culture, afin de laisser un peu de temps pour trouver un terrain d'entente avec Yncréa, qui souhaite démolir la chapelle pour installer une serre à la place, dans le cadre du projet CAMPLUS de l'Université Catholique de Lille.



Urgences Patrimoine a d'ailleurs proposé un projet contradictoire permettant de conserver la chapelle pour un coût inférieur à la démolition/reconstruction et surtout, dans une démarche plus écologique.



Pour consulter ce projet cliquez sur le lien ICI.



Or, si l'ancien Ministre de la culture avait été sensible à ce projet en annonçant un sursis pour la chapelle le 5 juin 2020, la nouvelle Ministre semble se désintéresser du sujet, au prétexte qu'on ne peut pas tout conserver. Sauf que sa décision s'appuie uniquement sur le fait que la chapelle ne présente pas suffisamment d'intérêt architectural par rapport à des critères nationaux. Pas à un seul instant, la valeur de l'édifice n'a été prise en compte dans un contexte local, dans un secteur protégé à proximité du Palais Rameau. Nous savons que certaines inscriptions sont délivrées sur les critères d'intérêts locaux, alors pourquoi pas pour la chapelle Saint-Joseph ?



Parce que l'Université Catholique de Lille est très riche et puissante et que l'État ne souhaite pas entraver ses projets de démolition ?

Une chose est certaine, Monsieur Stéphane Bern qui s'était joint à notre combat en mai et qui semblait être un des acteurs clé de ce sursis, n'a visiblement plus aucun pouvoir auprès des instances en charge des décisions.



Il semblait être confiant après la décision de Franck Riester, même lorsque nous avions exprimé nos doutes quant à sauvegarde de l’édifice. La preuve nous est hélas donnée aujourd'hui que le pouvoir supposément confié à Monsieur Bern, quelle que soit son implication ou son indignation, est politiquement limité. En nommant un "Monsieur Patrimoine" notre Président pensait sans doute uniquement à faire rentrer de l'argent dans les caisses de la Fondation du Patrimoine et, en aucun cas, à sauver le patrimoine de la démolition, alors que reconnaissons-le, Stéphane Bern mérite bien mieux qu’un simple statut « d’apporteur d’affaires », tant il est sincèrement passionné par le patrimoine.



Après un instant de découragement et de sidération suite à l’annonce de refus de protection de l’édifice, nous avons décidé de contester la décision du ministère de la culture. Même si cette démarche connaît peu, si ce n'est aucun précédent, Urgences Patrimoine à travers la voix de son avocat Maître Théodore Catry a décidé de lancer une procédure.



En parallèle, le classement n'étant pour l'heure pas obtenu, Urgences Patrimoine mobilisera le dernier recours administratif encore ouvert, à savoir une demande d'inscription aux Monuments Historiques auprès du préfet de région.



Pour mener à bien cette action, nous avons besoin que tous ceux qui sont opposés à cette démolition nous rejoignent.



Nous refusons de politiser notre action, comme nous l’avons toujours fait, mais nous appelons tous les représentants de notre république opposés à cette démolition à se faire connaître et à nous rejoindre. Nous invitons bien entendus toutes les associations de sauvegarde du patrimoine, locales ou nationales à se joindre à nous, car l’heure n’est pas à la division mais à l’action commune en faveur d’un patrimoine qui doit garder sa place comme témoin de la mémoire collective.



Enfin, nous invitons tous les Lillois, qui sont les principaux concernés à prendre position contre la démolition de LEUR patrimoine.


C’est une fois de plus Victor Hugo qui nous rappelle :



« Il faut arrêter le marteau qui mutile la face du pays. Une loi suffirait. Qu'on la fasse. Quels que soient les droits de la propriété, la destruction d'un édifice historique et monumental ne doit pas être permise à d'ignobles spéculateurs que leur intérêt imbécile aveugle sur leur honneur ; misérables hommes, et si imbéciles qu'ils ne comprennent pas qu'ils sont des barbares ! Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde, à vous, à moi, à nous tous. Donc, le détruire, c'est dépasser son droit. » [Victor Hugo, "Guerre aux démolisseurs", Revue des deux mondes, 1er mars 1832]



Nous vous invitons à nous contacter par mail à cette adresse urgences.patrimoine@gmail.com afin que vous puissiez nous apporter votre soutien écrit.



Enfin, un recours signifie que nous allons engager des frais. C'est la raison pour laquelle nous prenons d'ores et déjà l'initiative de mettre en ligne une cagnotte afin que tous ceux qui sont opposés à cette démolition puissent soutenir notre démarche.





Sans un minimum de participations, nous ne parviendrons pas à mener à bien la procédure. Nous avons jusqu'alors travaillé plus de cent heure bénévolement mais aujourd'hui, nous comptons sur vous pour dire Non à la démolition de la chapelle Saint-Joseph.



« Le Patrimoine ne peut pas lutter, ensemble nous pouvons ».



ATTENTION : Certaines associations profitent de la situation pour faire appel à la générosité publique au profit de la sauvegarde de la chapelle Saint-Joseph. Nous rappelons que depuis le 20 mai, Urgences Patrimoine est la SEULE association à avoir agi pour sauver la chapelle, nous appelons donc à la vigilance.



En cas de doute, contactez nous : urgences.patrimoine@gmail.com



À l’heure où le covid-19 se propage à vitesse grand V, et que nous voilà à nouveau confinés, les débats portent essentiellement sur l’opposition entre commerce de proximité et grande distribution et accessoirement sur l’impossibilité pour certains de rejoindre leur résidence secondaire.



Quant aux médias, ils ont les yeux et les caméras rivés vers un autre continent, puisque le suspense est à son comble concernant l’avenir des Etats-Unis d’Amérique.



Pourtant en France, il y a des gens pour qui la victoire de Trump ou de Biden est totalement indifférente et pour qui l’opposition commerce de proximité/ grande distribution est anecdotique.



Ces gens ne sont pas des êtres incultes peu enclin aux sujets d’informations. Non, ce sont les malheureuses victimes de la tempête Alex qui, il y a déjà deux mois, a dévasté l’arrière-pays niçois.




Au lendemain de ce terrible événement, toutes les hautes sphères de la République s’étaient rendues sur place, le Président Macron en tête pour assurer du soutien indéfectible de l’État, qui jurait que tout allait être mis en place pour que les habitants de ces villages sinistrés retrouve une vie « normale » au plus vite.



Deux mois plus tard, certains n’ont toujours pas l’eau courante et sont coupés du reste du monde parce que les routes emportées par les eaux n’ont pas été reconstruites. Les commerces de proximités ? Ils ne peuvent toujours pas ouvrir puisqu’ils sont en partie détruits et ne peuvent pas être approvisionnés. Rien, ils n’ont plus rien, à part le courage et la détermination et surtout, un amour infini pour leur village qu’ils refusent d’abandonner.



Au lendemain de cette catastrophe, je m’étais dit que j’allais proposer aux municipalités sinistrées un peu d’aide pour la restauration de certains éléments du patrimoine qui auraient été endommagés. J’y ai renoncé car je trouvais absolument indécent après réflexion, de proposer cela alors que tout le monde comptait ses morts.


Je le ferai sans doute plus tard, ou si on me le demande.



J’ai tenu à rédiger ces quelques lignes, suite à un échange avec une de mes connaissances qui habitait jadis un de ces villages. Ce village c’est La Brigue. À l’époque, elle m’avait demandé d’intervenir au sujet du pont romain du village qui devait supporter la lourde charge de certains camions qui ne respectait pas l’interdiction d’y circuler. Je n’imaginais pas qu’un jour ce village serait dévasté.



Voici le message qu’elle m’a envoyé lorsque je lui ai demandé de ses nouvelles il y a quelques jours. Il résume très bien la situation de nombreux villages de l’arrière-pays.



Chère Alexandra,



J'accepte avec plaisir que vous publiez mon petit compte rendu, vu du petit bout de lorgnette, les petits commerces de Tende à Breil ont été enterrés avec cette tempête . Certains parlent du barrage EDF de Casterino qui aurait été lesté durant les inondations, ce qui aurait aggravé fortement la situation en contre- bas :



Je vous remercie infiniment de penser à moi, et à cette vallée oubliée des Elus régionaux. Le petit pont du Coq a bien résisté (pas si fous ces romains !)



Je ne vis plus dans cette région mais les contacts que j'ai gardé me parlent d'une situation apocalyptique proche d'un Mad Max 5. Les pillages vont de bon train, alors que les denrées alimentaires collectées ne sont pas réparties équitablement. Cette vallée ne s'en remettra pas , ni psychologiquement ni économiquement.



Le principal acteur politique est le président de la CARF, Jean-Claude GUIBAL maire de Menton depuis 25 ans. Il n'investira rien dans la reconstruction de la vallée qui a déjà été abandonnée pas les secours de l'armée et des pompiers.



Un travail titanesque pour reconstruire les routes et les ponts, et aucunes subventions. Ils sont coupés du monde et de leurs emplois , ce qui va entraîner un exod, et je ne parle pas des morts, du cimetière englouti, des sans-abris qui ont perdu une maison et des proches.



J'espère que pour vous tout va bien.


Amicalement 




Je pense qu’après la lecture de ces quelques mots, il n’y a rien à ajouter. Simplement, que nous avons de la chance de ne pas avoir été confrontés à un tel événement et lorsque nous avons envie de manifester notre mécontentement par rapport à cette nouvelle période de confinement, nous devrions penser à ces habitants sinistrés dont la seule préoccupation est de survivre.



N’oublions pas les oubliés…


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