top of page


Au sujet de ce label, que dit le Ministère de la culture ?

Historiquement : Le patrimoine du XXème siècle ne se limite pas aux éléments protégés au titre des Monuments Historiques. En effet, un label « Patrimoine du XXème siècle » a été institué en 1999 par le ministère de la Culture et de la Communication. L'objectif de ce label est d'identifier et de signaler à l'attention du public, au moyen du logotype prévu à cet effet, les constructions et ensembles urbains protégés ou non au titre des Monuments Historiques ou des espaces protégés (ZPPAUP zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysagé, Secteurs sauvegardés) dont l'intérêt architectural et urbain justifie de les transmettre aux générations futures comme des éléments à part entière du patrimoine du XXe siècle. Ce signalement est accompagné par des actions de sensibilisation et de diffusion auprès des élus, des aménageurs et du public (expositions, publications).


Aujourd’hui : Le label « Architecture contemporaine remarquable » est attribué aux immeubles, aux ensembles architecturaux, aux ouvrages d'art et aux aménagements faisant antérieurement l'objet du label "Patrimoine du XXe siècle" qui ne sont pas classés ou inscrits au titre des monuments historiques, parmi les réalisations de moins de 100 ans d'âge, dont la conception présente un intérêt architectural ou technique suffisant. Il a pour objectif de porter un nouveau regard sur le patrimoine récent et d'encourager la sensibilisation du public le plus large (propriétaires, occupants, élus, ...) à cette architecture et à son environnement urbain. Intégré dans le code du patrimoine, ce label est accordé à des réalisations significatives, jusqu’au centenaire de l’immeuble. Il implique la DRAC dans le suivi de l’évolution de l’œuvre. Outre sa disparition automatique au centenaire du projet, le label « ACR » peut être retiré si des travaux portent atteinte aux motifs de la labellisation.



Si l’on résume, ce label est attribué à des édifices construits au XXe siècle, qui présentent suffisamment d’originalité pour ne pas les mettre par terre sans réflexion préalable. Or, nous assistons à une vague de démolitions de ce patrimoine labellisé. En fait, gratifier une construction XXe « d’architecture remarquable », c’est comme décerner un prix à une vache au Salon de l’agriculture, tout en sachant qu’elle va finir à l’abattoir. La France est décidemment pleine de contradictions. Comme il faut toujours apporter la preuve par l’exemple, voici un édifice XXe qui fait beaucoup parler de lui en ce moment. Il s’agit d’un immeuble appartenant à la CIC de Laxou ( 54 ).



Cet édifice, signé par des architectes nancéiens Michel André, Jacques André, Claude Prouvé et Jean-Luc André est « audacieux par sa forme (alvéoles accolées de hauteurs différentes, d’où le nom de pyramide) et par sa structure. Il est capable de répondre aux transformations liées à l’utilisation croissante de l’informatique dans les bureaux » selon ses défenseurs. Or, le propriétaire, la banque strasbourgeoise CIC-Crédit Mutuel veut le détruire. L’immeuble présenterait, selon elle, un problème de sécurité, en raison notamment d’un affaissement des dalles, et un risque d’effondrement. Un permis de démolir a été accordé (tacitement) par la mairie de Laxou.



D’ailleurs, le collectif de sauvegarde a adressé une lettre au président de l’établissement bancaire pour lui demander de renoncer à son projet, lettre apparemment restée sans réponse à ce jour. Lire la lettre ICI. Toujours est-il qu’une solution alternative à la démolition existe bien, puisque, si pour des raisons de sécurité le bâtiment ne pouvait plus faire office de siège, le CIC peut parfaitement envisager la construction de nouveaux locaux sur le terrain voisin lui appartenant et ainsi envisager la cession de son ancien siège à un porteur de projet qui saura lui offrir une seconde vie. Revient évidemment sur le devant de la scène la sempiternelle question « doit-on tout conserver ? » La réponse est sans doute : non. Mais dans ce cas, pourquoi remettre des labels qui ne protègent de rien ?


Si pour le moment, nous ne connaissons pas l’avenir des locaux de la CIC de Laxou, c’en est terminé pour la cité de l’Abbaye à Grenoble (38 ), une cité ouvrière qui avait reçu ce même label et qui a été démolie en 2017. « La pyramide » de Bagnols-sur-Cèze (30), labellisée en 2014 était au cœur de la campagne des municipales, et nous ignorons encore quelle sera sa destinée. Stop, ou encore ? Là encore, un comité de sauvegarde se bat pour sa réhabilitation et veut à tout prix éviter sa démolition


Quoi qu’il en soit, qu’on aime ou qu’on n’aime pas le patrimoine du XXe siècle, à partir du moment où le Ministère de la Culture lui concède une classification, il faudrait qu’une politique de protection soit mise en place conjointement, sinon cette classification n’a aucun intérêt.








Politiser la cause du patrimoine est souvent un « sport » chez bon nombre d’internautes qui se croient « grands experts » en la matière et commentent en argumentant toujours de la même façon. « Si c’est détruit, c’est forcément un maire de gauche ». « Ceux qui défendent le patrimoine sont forcément des vieux réacs "bourges" de droite, limite fachos ». Nous pourrions écrire un livre entier sur les hérésies que nous avons pu lire depuis les six ans d’existence d’Urgences Patrimoine. Donc, il nous semblait nécessaire de rappeler que le patrimoine étant un bien commun, il est inutile d’essayer de politiser sa cause. Le patrimoine doit être défendu par tous ceux qui l’aiment et nous devons tout mettre en œuvre pour combattre ceux qui ne l’aiment pas. Les élus « démolisseurs » sont de toutes les orientations politiques. On ne démolit pas plus à gauche qu’à droite. On démolit quand on est inculte, sans empathie pour l’histoire et la mémoire collective, ou tout simplement parce qu’on est un fainéant qui ne veut pas se donner la peine de faire marcher ses neurones. Souvent l’argumentaire est le même pour justifier une démolition : « c’est trop cher ». Mais alors pourquoi certaines toutes petites communes rurales réussissent à restaurer et à entretenir leur patrimoine ? Si certaines y arrivent, c’est parce qu’elles en ont la volonté. D’ailleurs, dans le sud de la France par exemple, dans des communes « communistes », les églises sont la plupart du temps parfaitement entretenues et ouvertes de surcroît. Ce qui prouve, une fois encore, que ce n’est pas le parti qui compte, mais l’homme (ou la femme) à la tête de sa commune.

Concernant les « hautes sphères » de la République, le patrimoine est, depuis des décennies, le parent pauvre des ministères. On préfère largement l’audiovisuel et un peu le « spectacle vivant » résolument tournés vers l’avenir, plutôt que les vieilles pierres. Mais cela ne date pas d’hier, donc, inutile d’en « rajouter une couche » régulièrement. On le sait, de droite comme de gauche, il y a peu d’inclinaison pour le patrimoine de France. Alors arrêtons de toujours trouver des excuses « politicardes » et mobilisons-nous, nous, les « simples mortels », pour cette cause quand elle nous tient à cœur. Car l’avenir est tout de même sombre pour le patrimoine. La majorité des chantiers sont à l’arrêt, des milliers d’artisans et d’artisans d’art privés de revenus et obligés de glaner, ici et là quelques sous pour survivre. Cet avenir, de nombreux articles de presse en font état, et d’ailleurs, nous avons été interrogés par le Journal Libération sur ce sujet. Vous avez bien lu, Libération ! Parce que nous répondons régulièrement à des interviews de Boulevard Voltaire, il nous arrive d'essuyer de vives critiques partisanes. Tout comme le patrimoine, nous ne faisons pas de politique, et nous offrons notre avis à tous les médias qui en font la demande et nous sommes bien heureux que « Libé » nous ait interviewé. Dans cet article paru le 28 avril 2020 et dont voici le lien ICI. Cet article étant réservé aux abonnés, nous n’avons pas le droit de le diffuser, en revanche, voici les deux extraits qui nous concernent. Le premier étant l’avis d’un artisan de notre réseau Eric Avargues, le « sauveur »de la maison médiévale d’Orpierre, dont vous nous donnerons des nouvelles prochainement.




Enfin pour résumer et revenir à l’essentiel, le patrimoine nous a été transmis par nos pairs, sachons en être dignes et mettons de côté tout ce qui peut parasiter son avenir, en particulier, les antagonismes politiques. Terminons par cette petite phrase de Manuel Gonzalez Prada, qui résume tout : « Les grandes oeuvres se distinguent par leur accessibilité, car elles n'appartiennent pas au patrimoine de quelques élus, mais à celui de tous les hommes doués de bon sens. » (Manuel Gonzalez Prada, Pages libres,1915).

« Fromagissons contre le covid-19 », voici le mot d’ordre de la filière laitière face à une baisse moyenne de 60% des commandes des fromages AOP (Appellation d’origine protégée) /IGP (Indication géographique protégée). La filière appelle à travers ce slogan à la consommation solidaire.

Dans près d’une vingtaine de filières d’appellation, la fabrication est à l’arrêt. Le lait collecté ne pouvant être stocké, il est collecté par des entreprises qui produisent des produits laitiers non AOP ou IGP, ou pire, il est tout simplement jeté. Selon le Cnaol (Conseil national des appellations d’origine laitières), une dizaine de filières AOP produisant essentiellement des fromages à pâte molle et des fromages de chèvres ont été contraintes de détruire leur lait et leurs fromages devenus impropre à la consommation. Dans les prochains jours, les filières produisant des pâtes pressées non cuites pourraient également avoir recours à ces destructions. Sur la période du 15 mars au 30 avril, la perte du chiffre d’affaire s’élèverait à plus de 157.000000 euros. Face à la détresse des producteurs, le Cnaol espère des annonces rapides de la part du ministère de l’Agriculture, car pour le moment, les fromages AOP et IGP sont les grands oubliés des mesures ministérielles annoncées.


En attendant, les filières s’organisent et cherchent des solutions. Les initiatives se multiplient pour favoriser les circuits commerciaux locaux : plate-forme régionale, drive fermiers, vente en ligne… Au niveau national et régional, la grande distribution fait des efforts pour référencer des produits locaux. Des contacts positifs et constructifs ont été échangés. Mais ils ne se traduisent pas encore par des effets significatifs sur les ventes. Pour Michel Lacoste, président du Cnaol, « il est urgent de permettre aux Français de retrouver leurs habitudes alimentaires d’avant la crise. Le fromage n’est pas qu’alimentaire… c’est l’identité de la France, son patrimoine, son histoire, des savoir-faire particuliers et uniques, des terroirs parfois difficiles ! » Le Général de Gaulle s’est exclamé un jour : « comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromages !». Gageons que si une partie d’entre eux disparaissait, le pays ne serait pas forcément plus « gouvernable », mais ce serait une réelle perte pour l’identité culturelle française. Alors soutenons les fromages français et « Fromagissons ». Lire le communiqué de presse de la filière laitière ICI. Sources : Réussir Lait

Subscribe
bottom of page