Contactée par les membres du collectif de sauvegarde de Biches (Nièvre), composé de Madame Pineau et Messieurs Loreau, Vieux, Péré et Delobbe, La Gazette du Patrimoine à tenu à publier cet article afin de dénoncer les abus d’un propriétaire terrien qui a profité de cette période de confinement pour s’offrir quelques libertés mettant en péril le patrimoine naturel de la commune.
On notera qu’au passage deux puits, datant sans doute du XVIIIe siècle, ainsi qu’une borne ancienne, ont été détruits sans état d’âme et un chemin rural a été annexé.
Une vingtaine d’ha de pâture, en bordure de forêt sur la commune de Biches, viennent de subir une conversion brutale afin de cultiver du maïs.
Haies, chênes de plus de 150 ans, fossés, etc…, sont arasés et le sol traité au glyphosate dans la foulée. Cet acte a provoqué l’émoi des riverains, mais a plus largement choqué une partie de la population. Sachant que l’agriculteur qui vient de récupérer ces terres possède déjà plus de 1000 ha et que des élevages locaux auraient pu en profiter, les questions ne manquent pas :
Peut-on décider du jour au lendemain de changer radicalement le paysage ?
En pleine période de nidification, a-t-on le droit d’agir ainsi. Que dit la loi ?
La population a-t-elle son mot à dire ?
Quels impacts sur la biodiversité ?
Quels engins vont venir travailler ces cultures ?
Monsieur le maire, choqué des choix qui ont été faits, et surpris de ne pas avoir été avisé du début de ces travaux, a saisi la Préfecture, les services de la DTT chargés de lui apporter des réponses et des conseils.
Contactée, l’Agence Régionale de Biodiversité a confié que d’autres actes similaires avaient été constatés pendant cette période de confinement, et qu’une réaction était nécessaire.
La plupart de nos agriculteurs sont vertueux et il n’est pas question de leur jeter l’opprobre à cause de quelques-uns.
Mais déjà de nombreuses voix s’élèvent dans le département pour exiger qu’à l'issue de cette crise, le respect de la biodiversité et du paysage fasse l’objet d’une plus grande attention. À la demande du Ministère de l’Agriculture et de la Transition Écologique, un rapport intitulé « L’approche paysagère accélératrice de la transition agro-écologique » vient justement d’être publié en février 2020.
Ses auteurs rappellent que depuis plus de 20 ans, l’avenir paysager d’un territoire doit être débattu en concertation avec l’ensemble de ses composantes.
Les mesures compensatrices pour les agriculteurs ne sont peut-être pas à la hauteur des contraintes imposées.
Les arbres arrachés ne vont pas se relever demain. Cependant, gageons qu’à la colère et la passion succède un dialogue permettant de dégager les solutions ensemble.