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  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak-Romanski
    Alexandra Sobczak-Romanski
  • 7 févr. 2020

Cette ravissante commune des environs de Bordeaux dispose d’un riche patrimoine bâti. Parmi ce patrimoine, un édifice datant du XVIIIe siècle portant le doux nom de « La Grâce » ou château de la Grâce. Or ce gracieux petit édifice a été préempté par l’Établissement Public Foncier, ce qui ne laisse rien présager de bon.


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Voici les dernières informations qui nous sont parvenues. Jusque récemment, la propriété appartenait à Madame Rode. Au moment de la vente, l'EPF (Établissement Public Foncier) a préempté au profit d'un projet communal à établir. La Mairie a mis le bâtiment à la disposition de l'école de musique communale, pour une durée de 1 ans. Renouvelable ? La Mairie a 4 ans pour accepter un projet présenté par un promoteur, dans les règles du PLU. Elle a rejeté un premier projet, au motif qu'il y avait une trop grosse densité de logements ( 80 logements prévus). Elle en aurait accepté un second, aussi dense, le problème est que seul le maire et son adjoint à l'urbanisme ont vu le projet et personne ne sait si la démolition du château y figure. Cependant, vu l'emprise, il semble improbable de construire 80 logements sans détruire.



Tout ceci ne laisse rien présager de bon, mais attendons un peu d’en savoir plus sur ce projet. Il est vrai que créer quatre-vingt logements entre ces murs, nous semble mission impossible sans détruire l’édifice. Nous allons essayez d’en savoir plus dans les prochaines semaines, car comme on pourrait dire chez nous « tant qu’il n’y a pas de pelleteuse, il y a de l’espoir ».

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La Grâce D’après la carte de Belleyme, la Grâce existait à la fin du XVIIIème siècle. Le cadastre de 1810 atteste déjà des plans actuels. Si les communs ont été agrandis, l’architecture du logis et des façades a été respectée. Les deux ailes des communs sont de longueur identique mais de largeur différente. On accède à la grande cour rectangulaire largement ouverte à l’Ouest par un magnifique portail en fer forgé. Les ardoises couvrent le toit du logis alors que la toiture des ailes est constituée de tuiles. Les pierres de taille d’origine ont été enduites d’un crépi de ciment peint en blanc. Le corps du logis présente une élévation centrale d’un étage formant un pavillon. Six fenêtres en plein cintre symétriquement réparties s’ouvrent sur la cour intérieure. Une frise de pierre, surmontée d’une corniche fortement accentuée, parcourt l’ensemble de la façade soulignant la séparation entre le rez-de-chaussée et le premier étage du pavillon. L’entrée dans le bâtiment s’effectue par la porte centrale du pavillon ; celle-ci a été construite sur le modèle des fenêtres latérales. De part et d’autre de la porte se situent deux fenêtres couronnées d’un fronton triangulaire reposant sur une console. Sur la façade Est s’ouvrent six baies sur la partie basse, réparties de part et d’autre du pavillon symétrique à la façade Ouest. La Grâce a été bien entretenue par ses propriétaires successifs. Après la révolution, elle appartient à un riche américain qui achète également le château des Faugères. En 1937, le château est loué au patronage « Etoile Saint Louis ». Jusqu’en 1946, réunions, séances de cinéma, cours d’enseignement ménager s’y succèdent. Cette même année y est organisée la première kermesse paroissiale. En 1948, les murs de la Grâce abritent « la Coopérative d’Amélioration de l’élevage de la Gironde ». Il s’agit d’un centre d’insémination artificielle ayant pour but d’améliorer la race bovine en Gironde. Très vite l’entreprise étend ses services aux départements voisins et prend alors le nom de « Coopérative interdépartementale girondine et d’insémination artificielle ». Dans les années 60, elle possède une quarantaine de taureaux de cinq races différentes. Elle deviendra en suite une résidence privée. Sources : Cadaujac et ses châteaux. Tome 1 publié dans le Journal de la Promenade ( ISSN 1959-4259) le 6 septembre 2009 par Frédéric Durand, Jean Claude et Jeanie Grenier.


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C’est officiel, le château de Pontchartrain dans les Yvelines a été racheté par un promoteur qui a pour ambition de transformer l’édifice en résidence de standing. Si ce projet fait bondir les défenseurs du patrimoine, il permet tout de même d’espérer un avenir pour cet édifice qui a subi les affres du temps et qui, sans projet concret, risquait de se dégrader chaque jour un peu plus. L’avis du Président de l’association Sites et Monuments se défend. Ce dernier, en effet, souligne qu’un tel projet implique malheureusement la construction de 86 cuisines et de 86 salles de bain dans un monument classé MH. Toutefois, ne vaut-il pas mieux un réaménagement intérieur discutable que la disparition pure et simple de ce patrimoine remarquable ? Notre seule inquiétude aujourd’hui, c’est l’aboutissement du projet, car combien de promoteurs ont voulu réaliser des opérations immobilières de cette envergure et ont connu entre-temps des revers de fortune, stoppant net la réhabilitation. Nous avons tous en tête le projet immobilier avorté du Château du duc d’Épernon en Seine-et-Marne, ou celui du château de Boisseron dans l’Hérault dont l’état est aujourd’hui plus que préoccupant. La société fraîchement propriétaire des lieux semble être fiable. Nous n’avons plus qu’à lui souhaiter bon succès. Malgré la « défiguration » intérieure, réjouissons-nous de la seconde vie du château de Pontchartrain. Même si c’est un projet de vente « à la découpe », il est moins dangereux pour le patrimoine qu’un abandon — qui conduirait sans aucun doute à une perte définitive. Le Maire de la commune a pour sa part le sourire, car lorsqu’on a un minimum d’intérêt pour le patrimoine, il est toujours douloureux de le voir disparaître. D’autres élus se seraient peut-être réjouis d’une démolition, mais à Pontchartrain ce n’est pas le cas.


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Crédits photographiques : photo 1, Arnaud Neuveu ; photo 2, archives des Yvelines

  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak-Romanski
    Alexandra Sobczak-Romanski
  • 6 févr. 2020


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Voilà un projet de démolition qui fait grand bruit à Sens, dans le département de l’Yonne, et bien au-delà. L’Hôtel de Paris et de la Poste, haut lieu de la gastronomie et de l’hôtellerie de la ville vient d’être racheté et les nouveaux propriétaires n’ont pas l’air d’apprécier ce patrimoine du XVIIIe, jusque-là toujours fièrement debout, malgré les nombreuses guerres et autres événements tragiques de l’Histoire qui auraient pu avoir raison de lui. L’histoire justement. Quand l’on se rend sur le site internet de l’Hôtel de Paris et de la Poste des anciens propriétaires, qui n’a pas été désactivé, voici ce que l’on peut lire en première page : « L'histoire nous concerne tous et nous accompagne au fil des siècles grâce au patrimoine architectural laissé par nos ancêtres. L'Hôtel de Paris et de la Poste, situé au cœur du centre-ville de Sens, représente à lui seul une partie de l'histoire de la ville. Ancienne maison canoniale de 1776 à 1796 occupée par le chanoine de Vaudricourt, elle devient Relais de Poste sous le nom de l'Auberge de la Ville-de-Paris. À partir de 1812, l'auberge qui devient hôtel est cédée de propriétaire à propriétaire jusqu'en 1980 lorsque M. et Mme Godard rachètent l'hôtel. C'est en ces lieux qu'officie Philippe « un Godard 3ème génération », exécutant brillant d'un art culinaire entre tradition et innovation. » Visiblement, ce ne sera pas la politique des nouveaux acquéreurs. Peut-être ne savent-ils pas que le patrimoine et la gastronomie ne font qu’un et qu’un outrage au bâti est un outrage à la mémoire des hommes qui ont fait l’histoire de ce lieu.


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Par la voix du journal l’Yonne Républicaine, l’Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine (l’UDAP) ne dit ne pas être au courant de ce projet de démolition. Pourtant, l’édifice se trouve face à l’Hôtel de Ville et à quelques mètres de la remarquable Cathédrale de Sens ; les bâtiments de France doivent donc obligatoirement se prononcer sur le sujet et donner leur accord. De leur côté, les nouveaux propriétaires affirment que toutes les demandes ont été faites dans le règles de l’art. Nous ne pouvons donc qu’attendre, impuissants, la position de l’Architecte des Bâtiments de France. Pour connaître la rigueur et les exigences des ABF du département, s’agissant de repeindre une porte, de mettre une enseigne sur un commerce ou de faire placer un petit Vélux dans ce secteur protégé, nous serions surpris que l’accord soit donné pour cette démolition. L’Hôtel de Paris et de la Poste attend donc de savoir s’il va tomber au nom d’une pseudo-modernité ou s’il va pouvoir continuer sa route au fil des siècles.

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