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C’est en janvier qu’Urgences Patrimoine a été alertée au sujet de la possible démolition de la tombe de Raymond de Bellissen de Bénac, un bébé de dix mois enterré en 1879 sur les terres du Château de Bellissen à Foix. Le Château ayant été rasé en 1980, pour laisser place à l’Hôtel du Département, il donnait à penser que le Conseil Départemental de l’Ariège était propriétaire de cette tombe. Or, après une enquête minutieuse menée grâce à la mobilisation citoyenne, puis de Monsieur Michel Larive Député de l’Ariège et enfin, de Madame Christine Téqui Présidente du Conseil Départemental et de son adjoint en charge des Bâtiments, il s’est avéré que la parcelle n’appartenait pas au Conseil Départemental. Il a donc fallu retrouver les propriétaires, qui, un peu méfiants au départ, ont accepté qu’Urgences Patrimoine intervienne pour mener à bien ce projet de restauration. Eux-même étaient d’ailleurs attristés et désemparés face à l’état du petit édifice, mais ne pouvaient rien faire faute de moyens et surtout, n’habitant pas la région. Ce matin, la propriétaire a contacté Urgences Patrimoine afin de donner son autorisation d’intervenir. Depuis notre premier article concernant la tombe du petit Raymond, nous avons pu compter sur l’aide de nombreuses personnes. Nous espérons maintenant que toutes celles et ceux qui se sont manifestés pour participer à la restauration de l’édifice, vont aller jusqu’au bout de leur volonté. N’hésitez pas à nous contacter, si vous souhaitez apporter votre « Geste à l’Édifice » : contact@lagazettedupatrimoine.fr « Ensemble pour sauver la tombe de Raymond », témoin de l’histoire locale et de la mémoire des Bellissen de Bénac, c’est la meilleure fin que nous pouvions espérer pour cette histoire qui avait si mal commencé. Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à soutenir La Gazette du Patrimoine en cliquant ici.

Le petit Raymond devrait reposer en paix sur les terres qui l’ont vu naître en 1878 04/03/2020 12:03 Suite à une alerte qu’Urgences Patrimoine avait reçu concernant la démolition probable de la tombe du petit Raymond de Bellissen de Bénac, mort à l’âge de 10 mois, et enterré dans ce qui était alors la propriété du baron de Bellissen de Bénac, nous avons remué ciel et terre pour essayer de trouver une fin heureuse à cette affaire. Comme nous l’expliquions dans l’article du 31 janvier 2019, le château du baron a été rasé dans les années 80 et c’est l’Hôtel du Département qui occupe l’emplacement aujourd’hui, ce qui signifie que cette tombe se situe sur une parcelle qui est la propriété du Conseil Départemental. Suite à notre article, puis à un appel sur les réseaux sociaux, la mobilisation citoyenne a été inespérée et nous a permis de faire avancer rapidement les choses. Un de nos contacts nous a mis en relation avec le Député de la circonscription, Monsieur Michel Larive, qui nous a immédiatement communiqué les coordonnées de Madame Christine Téqui, Présidente du Conseil Départemental de l’Ariège, ce qui nous a permis de lui présenter rapidement l’affaire qui nous occupait. Quelques heures plus tard, nous avons eu contact avec Monsieur Thomas Cantin, Directeur des bâtiments et de la logistique du Conseil Départemental, qui nous a assuré que la démolition de la tombe de Raymond n’était pas programmée. Nous remercions infiniment l’ensemble des élus pour leur collaboration et leur réactivité. Pour nous, défenseurs du patrimoine, il est agréable de constater que certains d’entre-eux sont sensibles à notre cause. Ce fut le cas en Ariège. Nous remercions également tous les artisans qui ont proposé d’intervenir dans le cadre du mécénat de compétences pour restaurer l’édifice, qui a beaucoup souffert depuis 2014, date à laquelle les photos qui nous avaient été communiquées, avaient été prises. Merci enfin à tous les internautes qui nous ont aidé, notamment grâce à leurs partages de publications et à leurs propositions de nous venir en aide lors du futur chantier. Il va y avoir un vrai travail de restauration si nous voulons remettre cette tombe dans son état d’origine, mais le petit Raymond le vaut bien. Mais avant d’envisager le chantier de restauration, il va falloir passer par la « case administration », car même si ce chantier se fait dans le cadre du mécénat de compétences et donc, ne demande aucun argent public, une commission doit se réunir pour donner son accord. Nous ne doutons pas que cet accord nous sera donné, car il s’agit tout de même de la tombe du bébé d’un homme qui jadis fit beaucoup pour la ville de Foix et qui s’est notamment opposé au projet de démolition du Château des comtes de Foix — ce qui a ainsi permis à la ville de conserver un de ses trésors architecturaux. Cela vaut bien la restauration de la tombe de son enfant. Et puis, savoir respecter les morts est un premier pas vers le respect des vivants… Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant des suites données à ce dossier, mais à priori, Raymond pourra reposer en paix.



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Suite à notre article sur l’appel à bénévolat de Monsieur Julien Cohen pour la chapelle qu’il vient d’acquérir à Nevers, nous avons reçu un témoignage édifiant de la part d’une bénévole qui a œuvré pendant des années pour un propriétaire privé. Elle nous fait part de son expérience, et jure que plus jamais elle ne s’investira gracieusement pour valoriser le patrimoine d’un propriétaire peu scrupuleux. Attention, nous ne souhaitons absolument pas décourager les bonnes âmes qui voudraient aider à sauvegarder le patrimoine, même quand il s’agit d’un patrimoine privé. L’action des bénévoles est souvent capitale pour certaines sauvegardes et nous le savons que trop bien. À travers ce témoignage, nous voulons simplement alerter sur certaines dérives. Il serait peut-être judicieux de fixer quelques règles afin d’ éviter les dérives, notamment dans le cas où l’édifice concerné serait vendu une fois restauré. Voici le témoignage de Magaly Augiron-Lamielle. Magaly Augiron-Lamielle a 49 ans. Elle est originaire du Doubs où elle est professeur d’Histoire de l’art, mais aussi professeur de couture et de cuisine. Si elle n’est plus bénévole dans des chantiers de restauration de patrimoine, elle est membre de l’association « Dis Mamie », qui a pour vocation de transmettre les savoir-faire notamment dans les lycées.

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« Les amoureux de l’histoire et du patrimoine donneraient toute leur énergie quand un bien est en danger, et c’est ce qui m’est arrivé ! Dans mon village, se trouve un château médiéval… petit mais illustre suite au passage de certains seigneurs bien connus. Quand il a été vendu, je suis allée voir les nouveaux propriétaires pour savoir s’ils avaient l’intention de le restaurer. Je leurs ai dit qu’ils pourraient éventuellement se faire aider par l’association Rempart (avec laquelle j’avais travaillé quand j’étais gamine) mais que, pour cela, il fallait créer une association. L’association fut créée et les propriétaires décidèrent d’ouvrir les portes le temps d’un week-end pour permettre aux gens du coin de revenir au château très longtemps fermé. 350 visiteurs cette année-là ! L’association a donc décidé de créer une fête médiévale annuelle (plus de 5000 visiteurs) pour récolter quelques deniers, afin de restaurer les parties du château en grand péril, et surtout celles qui n’avaient pas la priorité du propriétaire. Le château fut, dans le même temps, inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques. Les fêtes s’enchaînèrent, les travaux aussi ! Chaque gros chantier faisait l’objet de demandes de subventions auprès du Conseil Départemental, de la DRAC mais aussi auprès de fondations bien connues. Les choses dégénérèrent quand les propriétaires ont commencé à vouloir faire du business avec leur château ! Tout était bon pour faire du « fric » et en récupérer. Ils ont fourni de fausses factures pour récupérer les subventions des fondations (qui ne paient que sur factures pour des chantiers réalisés par des professionnels) et se sont reposés sur les économies de l’association, afin de ne plus demander d’argent à l’état et ainsi passer outre les recommandations des architectes des bâtiments de France. Le pire, c’est d’avoir voulu transformer les granges (le château avait été racheté par les paysans du seigneur après la Révolution, et celui-ci fut transformé en domaine agricole), dont les derniers changements dataient du XIXe siècle, en salle d’apparat avec fenêtres à meneaux, percement de portes ... Au lieu de privilégier des chantiers comme la restauration de l’escalier à vis en pierre qui menaçait de s’effondrer (et qui menace toujours), le propriétaire a obligé l’association à mettre ses deniers dans ces granges pour qu’elles deviennent des salles pour mariages et autres réunions rapportant de l’argent . Si esthétiquement c’est joli, historiquement c’est un désastre ! Et bien sûr, tout cela dans « le dos » de la DRAC !

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Je suis partie très vite car je ne voulais pas être la complice de malversations financières, et surtout d'un carnage sur un monument historique ! Les monuments subissent des transformations à travers les siècles et sont rénovés suivant l’époque et cela ne me dérangeait pas du tout. Ce château avait des parties médiévales, renaissance, XVIIIème, XIXème et même XXème siècle. Mais créer des portes et des fenêtres « à la façon » de … Non ! On est au XXIème siècle et même si ce n’est pas mon style, je préfère qu’on installe un escalier de secours en métal qui correspond à notre époque plutôt que de faire « du style Renaissance » au XXe siècle. De toute façon, œuvrer pour un propriétaire privé, c’était déjà tendancieux. Certains (pas tous, fort heureusement) profitent des amoureux du patrimoine qui s’investissent à fond pendant des années, et donnent de la valeur à leur bien. Personnellement, je ne regrette rien, car je me dis que certaines parties du château ont été sauvées et que, sans moi (j’étais Présidente de cette association), cela n’aurait pas été le cas, car ce n’était pas la priorité du propriétaire. Malheureusement, la déconvenue a laissé des traces et, comme on dit, « chat échaudé craint l’eau froide » et ça, c’est triste ! (et encore j’ai résumé brièvement l’histoire). Je ferai n’importe quoi pour sauver le patrimoine, mais quand le bien est privé, je pense qu’il faut qu’il y ait un cadre juridique qui évite ce genre de problèmes, aussi bien financièrement qu’historiquement. J’ai toujours été étonnée que la DRAC n’y accorde pas plus de d'attention que ça. »



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Le drame a eu lieu dimanche 1er mars un peu après 20 heures. L’église Saint-Trivier est située à Saint-Trivier-de-Courtes dans le département de l’Ain. Ce sont les riverains qui ont donné l’alerte en voyant d’épaisses fumées sortir de l’horloge du clocher. Rapidement arrivés sur place, les pompiers, venus de nombreuses casernes des communes voisines, ont lutté sans relâche afin de maitriser l’incendie qui s’est propagé rapidement à l’ensemble de l’édifice. C’est vers 22 heures que le clocher s’est effondré à l’intérieur de l’église. Le Maire de la commune s’est immédiatement rendu sur place et a fait évacuer les riverains qui auraient pu être en danger, à cause de la propagation de l’incendie. L’édifice était bien connu pour renfermer un trésor du patrimoine national, un triptyque du peintre Grégoire Guérard, peint en 1526. Mais ce dernier, par chance, n’y était plus exposé pour des raisons de conservation et avait rejoint, en 2018, la salle Renaissance du Monastère Royal de Brou, situé à quelques kilomètres.

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En revanche, l’église contenait de nombreuses œuvres inscrites ou classées à l’inventaire des Monuments Historiques et, pour le moment, nous ignorons si elles ont été miraculeusement épargnées par l’incendie. Nousz émettons énormément de doutes à ce sujet, notamment concernant le Christ en Croix sur Poutre de Gloire.

Bien évidemment, la presse nationale ne se fera pas le relai de cette information. Une église de province qui brûle, c’est un fait divers comme un autre, qu’on laisse bien volontiers à la presse locale.

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Une fois encore nous assistons à une sorte de discrimination territoriale. Certes, l’église Saint-Trivier n’est pas Notre-Dame, et Saint-Trivier-de-Courtes, ce n’est pas Paris. Pourtant la perte patrimoniale est immense et les habitants tout aussi consternés que les millions de personnes qui ont vu brûler la star des Cathédrales. Il n’y aura pas de mobilisation nationale, encore moins internationale. Au mieux, la commune est bien assurée, au pire, si les travaux sont trop lourds, elle n’aura d’autre choix que celui de démolir. Si la presse nationale n’en parle pas, en revanche, les commentaires sur les réseaux sociaux vont bon train. Beaucoup y voient un attentat, un acte anti-chrétiens. Pourtant les premières conclusions quant à ce drame laissent à penser que ce serait tout « simplement » la foudre qui se serait abattue sur le clocher durant les gros orages de l’après-midi dans la région.

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Ne nous trompons donc pas de combat. Dans ce cas précis, il faut juste se poser la question du pourquoi l’église a pris feu suite à cet impact de foudre, et quelles seraient les mesures de précautions à prendre afin que ce genre d’accident ne se produise pas ailleurs. Enfin, ayons une pensée pour nos soldats du feu, qui ne se verront pas remettre de médailles pour avoir maitrisé l’incendie. À Paris, ils ont été érigés au rang de héros (ce que tous les pompiers sont d’ailleurs au quotidien et partout), mais à Saint-Trivier-de-courtes ils n’auront fait « que » leur travail, sans tambour ni fanfare.




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