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C’est la députée des Alpes-Maritimes, Madame Laurence Trastour-Isnart qui a interpelé la ministre de la culture, Madame Roselyne Bachelot, au sujet des démolitions du patrimoine Français.



Sa question avait été publiée au Journal Officiel le 12 janvier 2021. La ministre a fait connaître sa réponse le 13 avril, soit trois mois et une démolition plus tard, puisqu’entre temps « notre » chapelle Saint-Joseph est tombée. Ce qui en premier lieu prouve bien que le patrimoine est tout sauf un sujet de premier plan, puisqu’il faut trois mois pour obtenir une réponse à une question.


Enfin, une réponse : pas vraiment. Car Madame Bachelot botte en touche, en faisant certes une longue description des faits, notamment pour la Chapelle, mais ouvre son parapluie en mettant en avant l’intérêt de l’État pour les Monuments Historiques.



Or la question posée était bien plus générale. Il s’agissait bien d’une interrogation liée aux démolitions du patrimoine français et non sur les mesures d’accompagnement de la sauvegarde des Monuments Historiques. Aussi nous demandons-nous ce que viennent faire le plan de relance et le loto dans une réponse concernant les démolitions.



Là où nous sommes d’accord, c’est qu’il est impossible de protéger au titre des Monuments Historiques l’ensemble du patrimoine des territoires, car une protection induit des aides financières de l’État et il lui serait totalement impossible de tout financer.



En revanche, il serait peut-être temps de trouver un compromis pour protéger certains édifices de la démolition sans pour autant être obligé de « passer à la caisse ».



Se réfugier sans cesse derrière la sacro-sainte appellation « Monument Historique » finit par autoriser sans impunité le « patrimonicide » auquel nous assistons impuissants. Car il ne se passe pas un jour, sans que nous soyons alertés d’un projet de démolition quelque part en France. Souvent, la réponse des « démolisseurs » est la même : l’édifice n’était pas classé, donc n’avait aucun intérêt.


Peut-être n’avait-il aucun intérêt sur le plan national, mais localement, inscrit dans un ensemble architectural cohérent il en avait forcément. C’est ce que nous avions essayé de démontrer pour la chapelle Saint-Joseph, puisqu’elle faisait écho au Palais Rameau situé juste en face, réalisé par le même architecte, mais qui lui, avait « la chance » d’être classé.



Bien évidemment, cet argument n’a pas retenu l’attention du ministère de la culture qui a considéré la chapelle comme « non remarquable ». Non remarquable ? Pourtant n’oublions pas que plus de 100 universitaires et professionnels du patrimoine avaient signé une tribune pour plaider la cause de Saint-Joseph et avaient démontré son indiscutable intérêt architectural. Lire l’article ICI.



Profitons de cet article pour rappeler les propos de Madame Martine Aubry, Maire de Lille et grande amie de Madame Bachelot : « Les experts ont donné leur accord pour que l’édifice soit démoli, donc personne de peut contester cet accord. » En fait, quand Madame Aubry parle d’expert, elle fait référence à la seule architecte des Bâtiments de France qui a délivré un avis conforme au projet de démolition. C’est donc sur l’avis d’une seule et même personne que 130 d’histoire locale ont été anéantis en quelques jours.


Peut-être serait-il judicieux, de ne pas se contenter de l’avis d’une seule personne lorsqu’il s’agit de démolir ? Car « l’extermination » du patrimoine des territoires ne peut dépendre d’un avis régalien motivé parfois par des raisons qui nous échappent.



Cependant, tous les ABF ne se rendent pas complices de cette « tabula rasa » actuelle, car dans le cas de la maison de la Maison Berweiller à Sierck-les-Bains, c’est en grande partie grâce à l’avis de l’ABF et du soutien de la DRAC que l’édifice va sans doute s’inscrire dans l’avenir.


Au passage, il est important de rappeler qu’Urgences Patrimoine est à l’origine de la mobilisation en faveur de la Maison Berweiller et que, sans cette alerte, elle serait déjà probablement démolie. Cette alerte aura permis une forte mobilisation locale et l’appui de l’ensemble des associations nationales de sauvegarde du patrimoine.



Une parenthèse à ce sujet : les choses avancent doucement à Sierck-Les-Bains, mais désormais, la DRAC et la commune font cavaliers seuls au mépris de l’association locale qui n’a pourtant jamais ménagé ses efforts. Encore une fois, le simple citoyen, aussi engagé soit-il, doit laisser place « aux experts » sans broncher, même quand la genèse de l’action de sauvegarde est de sa propre initiative. (Nous publierons prochainement un article complet sur l’avancée de cette affaire, c’est édifiant.)



Toujours est-il que nous aimerions bien entendre un jour Madame la ministre de la culture s’exprimer sur l’avenir du « petit patrimoine des territoires », celui qui ne bénéficie d’aucune protection et qui est la première victime de la promotion immobilière, qui, au nom de la modernité emporte avec elle des centaines de témoins de notre histoire collective dans l’indifférence générale.



Nous nous permettons de rappeler à Madame la ministre, qu’il n’y a pas de grand ou de petit patrimoine. Il y a LE patrimoine.



La photographie suivante prise au milieu des gravats encore fumants de Saint-Joseph résume parfaitement la situation : on brasse beaucoup d’air autour de cet épineux sujet, mais aucune mesure concrète n’est prise. Si c’est juste à cause d’un manque d’idées, nous avons un grand nombre de propositions de lois qui résoudraient bien des problèmes et qui ne coûteraient pas cher à l’État. Mais dans les « hautes sphères » on se garde bien d’écouter la voix d’une association citoyenne.

En tout cas, nous profitons de cet article pour remercier Madame Laurence Trastour-Isnart d’avoir posé cette question à Madame Bachelot, car il est rare qu’un parlementaire s’intéresse à cette cause. C’est d’ailleurs en raison de ce manque d’intérêt que nous avions publié une annonce sur Le Bon Coin, afin de trouver un parlementaire courageux qui porterait la voix du patrimoine, au moment où nous tentions tout pour sauver la chapelle. Certes, c’était un trait d’humour dans le fracas d’un dur combat, mais en tous les cas Madame s’est exécutée et elle a bien porté la voix de Saint-Joseph à l’Assemblée. Il aura fallu trois mois et la démolition de la chapelle pour que Madame la ministre de la culture réponde… à côté.


Enfin, Madame Bachelot aurait pu rajouter pour étayer ses propos concernant toutes les procédures qu’Urgences Patrimoine a intenté pour sauver la chapelle Saint-Joseph, que l’État nous a condamné à payer 1000 euros pour avoir eu l’outrecuidance de défendre ce que nous estimions être un élément du patrimoine national, ce qui a suscité l’indignation générale, à commencer par Stéphane Bern, le Monsieur Patrimoine d’Emmanuel Macron, très présent et nous l’en remercions lors de ce combat.




Voilà le genre d’article que nous aimerions écrire plus souvent.



La Maison du Berweiller, plus communément appelée la Maison du Drapier, était vouée à la démolition, frappée par un arrêté de péril.


Mais après la publication de notre article le 18 septembre 2020, une importante mobilisation locale, portée par un collectif réactif et engagé refusant de voir disparaître ce fleuron du patrimoine local, a permis de sursoir à cette démolition des plus injustifiées.



Avec l’appui de nombreuses associations nationales (Urgences Patrimoine, VMF, Maisons Paysannes de Moselle, Sites et Monuments de Moselle) — et surtout Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains qui représentait le collectif local —, une demande de mise en instance de classement a été déposée et elle a été accordée. La notification de cette procédure qui gèle toute démolition pour une durée d’un an, a été adressée à madame la Maire de la commune de Sierck-les-Bains le 4 février 2021.


Ce sursis doit permettre de trouver une solution pérenne pour l’avenir de l’édifice.



Un entrepreneur luxembourgeois est, depuis que l’alerte a été lancée, intéressé par le rachat de la maison, mais peut-être que d’autres personnes se feront connaître.



Nous espérons vivement que, suite à la mise en place de cette instance, madame la Maire mettra tout en œuvre pour faciliter les transactions et ainsi permettre à la Maison du Drapier de s’inscrire dans l’avenir de sa commune.



Hélas, tous les édifices menacés de démolition n’ont pas la chance de bénéficier de cette mesure, mais à Sierck, les conditions étaient réunies pour que les choses se déroulent sans encombre.



Voici la recette « magique » :



Alerter très vite bien avant que les pelleteuses n’arrivent, puis mobiliser le plus de monde possible localement.



Créer une pétition en ligne https://www.change.org/p/madame-roseline-bachelot-ministre-de-la-culture-non-%C3%A0-la-destruction-de-la-maison-beiweiller pour donner de la visibilité à l’action de sauvegarde (aucune valeur juridique, mais ça peut faire « causer »).


Ne pas hésiter à solliciter des associations existantes plus grandes, qui ont l’habitude de gérer les « urgences ».



Faire en sorte que lesdites grandes associations s’unissent pour la cause (ça c’est compliqué). Enfin, ne pas avoir peur de solliciter les érudits et les « hommes de l’art » qui sauront mettre en valeur les atouts de l’édifice.



Le « truc » qui rend cette recette inratable : un Architecte des Bâtiments de France opposé au projet de démolition.

En respectant cette recette à la lettre, alors toutes les chances de réussites seront au rendez-vous.



Mais nous insistons sur un point déterminant : ne jamais attendre qu’il soit trop tard. Si cette recette avait été respectée à Lille pour la chapelle Saint-Joseph et que les associations locales avaient su donner l’alerte dès l’affichage du permis de démolir, alors les choses auraient été bien différentes. Hélas, l’histoire ne se réécrit pas…



Mais en attendant, réjouissons-nous pour la Maison Berweiller et remercions tous ceux qui ont rendu cet heureux dénouement possible, à commencer par Joseph Nousse qui a eu la bonne idée de lire notre alerte, et qui a su immédiatement réagir en mobilisant les talents et les énergies.



« Le Patrimoine ne peut pas lutter, ensemble nous pouvons ».

Le 3 décembre a eu lieu une réunion de la commission Régionale de l’Architecture et du Patrimoine afin d’examiner la demande de protection de l’édifice.



La Direction Régionale des Affaires Culturelles de la Région Grand Est étant à priori favorable à une demande d’inscription au titre des Monuments Historiques, nous espérons vivement que la réponse sera positive. C’est par la voix du Préfet de Région que la décision devrait être connue.



Cela dit, ce n’est pas parce que la maison bénéficiera d’une protection qu’elle sera sauvée pour autant, car l’état de péril ordonné par la mairie ne sera levé que si des travaux de mise en sécurité sont effectués rapidement. Or, pour que de tels travaux aient lieux, il faut un repreneur. Deux repreneurs se seraient fait connaître, mais aucun n’a donné une réponse définitive pour le moment.



Une chose est certaine, ce n’est pas la municipalité qui portera un projet de sauvegarde de ce patrimoine emblématique de Sierck-Les-Bains. Dans le dernier bulletin municipal, les propos tenus sont globalement « à charge » contre l’édifice. Soyons tout de même heureux que Madame le Maire accepte l’alternative d’une reprise plutôt que de vouloir démolir absolument.



C’est Urgences Patrimoine qui une fois encore est à l’origine de la mobilisation, puisque c’est grâce à notre alerte dans La Gazette du Patrimoine qu’un comité de sauvegarde local a été créé par Monsieur Jo Nousse, un habitant de la commune amoureux de son patrimoine, rejoint ensuite par de nombreuses associations départementales et nationales, nous permettant de nous éloigner un peu de ce dossier afin nous concentrer sur la chapelle Saint-Joseph. Nous les remercions tous pour leurs actions.



Néanmoins, nous serons présents si par malchance les repreneurs pressentis n’allaient pas au bout de leurs démarches, afin de trouver celui qui sera en mesure de sauver l’édifice, comme nous l’avons fait pour la maison d’Orpierre dans les Hautes-Alpes.



Attendons déjà le résultat de la commission et espérons que la maison Berweiller sera promise à un avenir meilleurs que celui de finir sous les pelleteuses.



Notre pétition est toujours en ligne et toutes les signatures sont les bienvenues ICI.



Nous vous laissons découvrir le bulletin municipal qui dresse un tableau plutôt noir de ce patrimoine.






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