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Combien de fois avons-nous entendu : « pas facile de sauver un édifice quand il n’est pas inscrit ou classé au titre des Monuments Historiques. »


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Et bien voici un bel exemple d’un édifice classé, livré à lui-même sans que personne ne semble s’en émouvoir plus que ça, à part l’association de sauvegarde locale et maintenant, Urgences Patrimoine qui, grâce à la détermination de notre déléguée du Vaucluse, Michèle Margain, va tout mettre en œuvre pour tenter de faire bouger un peu les choses. Car, à quoi sert un classement si celui-ci ne donne aucun droit à l’édifice, à part celui de sombrer ? Et que fait la Direction Régionale des Affaires Culturelles ? Rappelons qu’un propriétaire de Monument Historique a des droits, mais surtout des devoirs …Voici donc le constat de notre déléguée, que nous remercions pour son alerte.



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Michèle Margain a mené une carrière professionnelle dans le management et la communication, elle a collaboré avec divers médias couvrant des régions qu'elle a évidemment cherché à découvrir. Née en Provence d'un père Lyonnais, passionné lui-même, et d'une mère arrageoise, elle était prédestinée à parcourir la France et explorer le moindre recoin, retourner la moindre pierre. Chercher, étudier, et transmettre : Tout est dit ! Elle a créé il y a dix ans le "Cercle Généalogie et Provence Rhodanienne", anime des conférences sur la société du XIXe siècle, elle a su développer un rapport de confiance avec de nombreux élus locaux. Jeune retraitée Michèle avoue : "Je peux enfin me consacrer au Patrimoine, une mission à temps plein. " Directe, efficace... difficile quelquefois pour ses collaborateurs de suivre le rythme : elle considère que le temps joue contre nous et surtout contre les monuments en péril. Une bonne raison pour rejoindre Urgences Patrimoine.



Cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras



Située au cœur de la ville de Carpentras, ancienne capitale du Comtat Venaissin, la cathédrale Saint-Siffrein, classée aux monuments historiques en 1840, résiste autant que faire se peut aux affres du temps. Le constat est d’autant plus alarmant que les choses ne vont guère s’arranger depuis que le projet de rénovation pharaonique de l’ancien Hôtel Dieu a vu le jour, impliquant des charges de fonctionnement très lourdes, qui ne laisseront aucun subside pour envisager la moindre restauration. Le Centre ancien, qui compte pas moins de 50 hôtels particuliers des XVII° et XVIII° siècles, a subit l’incurie de la part des municipalités successives. L’actuelle Mairie prendra t-elle enfin la mesure de cet héritage ?


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L’Association des Amis de la Cathédrale tente, depuis 1981 de la protéger et d’attirer l’attention sur ce somptueux édifice du XVI° siècle, multipliant des démarches qui restent sans suivi. Son président, Alexandre Mahue, doctorant en histoire de l’art, est affligé devant un tel spectacle : « La cathédrale est le cœur de Carpentras, Elle contient des retables, des tableaux, les grandes orgues, des reliques… tous classés. Pour sauver l’ensemble, il faut amorcer une rénovation totale sur la globalité de l’édifice ! 


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Nous sommes dépositaires du Patrimoine et il nous appartient de le sauvegarder. Pour cela ,il faudrait une véritable volonté. Le centre ancien représente un attrait touristique incontestable qui tend à disparaître.»



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Certes, on a prudemment réparé quelques ardoises sur la toiture — des actions insuffisantes pour redonner l’aspect flamboyant qui sied si bien au style gothique. Notre visite dans les lieux était un devoir et il n’est pas difficile d’imaginer qu’elle a été l’indignation des 800 visiteurs pour les journées du Patrimoine devant cet affligeant spectacle… Les gargouilles menacent de tomber, les assises sont fragilisées, certaines des chapelles servent littéralement de dépotoirs, des grilles sont entreposées contre des fresques. Non content d’oublier, on bafoue…


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Le portail principal de la cathédrale ouvre sur la place du palais de justice, ancien palais épiscopal. Il date de 1615. Au-dessus de la porte latérale, destinée à l’accueil des juifs convertis au catholicisme, se trouve « la boule aux rats » représentant le monde rongé par le péché et les hérésies,. L’oratoire Saint-Mors, emblème de la ville, renferme divers éléments, notamment des reliques des XIII° et XIV° siècles, … la liste est non exhaustive et justifie amplement notre intervention d’aujourd’hui.


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Il aura suffi d’un article de Vosges Matin pour ranimer sans doute une ultime fois la mémoire d’un château connu de tous, non pas pour son nom, mais pour ses particularités architecturales, notamment pour ses puissantes cariatides.


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Commandé par Jean Thiébaut Géhin, un industriel du textile un brin mégalomane, et achevé en 1861 par sa veuve, moyennant une dépense de 2 millions de francs de l’époque, le château de Saulxures-sur-Moselotte, dessiné par l’architecte Charles Perron, était un formidable témoignage de l’âge d’or industriel. Parquet en marqueterie, larges cheminées en marbre de Carrare, escaliers somptueux, plafonds peints par Félix Haffner, sculptures multiples, tapisseries monumentales, rien n’avait été trop beau pour la construction de cet édifice de style Louis XV.


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Les grilles, œuvres de Desforges, Brochon et des frères Festugière, étaient les copies de celles de la place Stanislas à Nancy. Elles s’ouvraient sur un perron flanqué de quatre splendides cariatides, œuvres du sculpteur Georges Clève, dont les copies sont conservées au Louvre. Pour agrémenter ce château, ses propriétaires avaient fait appel aux plus grands artistes français de l’époque.



Un arrêté de péril



Transmis aux générations suivantes, visité par Thiers et De Gaulle, le château a finalement été abandonné en 1972. « Les coûts de restauration et d’entretien étaient devenus faramineux », expliquait il y a quelques années son propriétaire, François Vandamme. Il y a bien eu quelques projets de reprise, mais aucun n’a abouti. Et aujourd’hui, le bâtiment, inscrit mais non classé, est définitivement irrécupérable. La toiture s’est écroulée, les plafonds aussi. Le froid, la pluie ont fait leur basse besogne. Les grilles ont disparu. Le pillage et le vandalisme ont pris le relais. Même les livres de l’imposante bibliothèque ont fini dans le camion benne d’une papeterie ! Il y a quelques années, face à cette dégradation, la mairie avait dû prendre un arrêté de péril, contraignant le propriétaire à fermer l’accès du site. Plus tard, la commission nationale des monuments historiques a donné son accord pour une démolition « sous réserve que les sculptures de Georges Clève soient préservées ». Depuis, rien ne se passe. La démolition est coûteuse et son propriétaire n’a manifestement pas envie de s’y consacrer. L’agonie du château pourrait donc durer encore quelques années.



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L’heure n’est hélas plus aux lamentations, mais aux questions.



La première étant, peut-on encore sauver « l’insauvable » ? La toiture et les plafonds sont effondrés, la majorité des décors intérieurs ont été pillés. Pourtant, les fondations semblent encore vouloir résister.



Nous allons tenter l’action de la dernière chance, comme nous l’ont demandé les personnes qui nous ont contacté récemment.



Stéphane Bern s’était intéressé au château en 2017, mais visiblement cela n’a rien changé à la situation. Nous n’aurons vraisemblablement pas plus de succès que lui, mais notre engament envers le patrimoine nous conduit une fois de plus à tenter quelque chose.



En premier lieu, nous allons essayer de contacter l’association locale « Les amis du château de Saulxures-sur-Moselotte, qui sont sans doute les mieux placés pour évoquer le sort et l’état du château aujourd’hui, puis nous essaierons d’explorer l’aspect juridique du problème, car il existe encore quelques solutions de ce côté-là.




Nous déplorons cette situation qui hélas n’est pas isolée. Il existe sur l’ensemble du territoire des dizaines, voire des centaines d’édifices protégés au titre des monuments historiques dans cet état-là. Sans parler de ceux qui ne bénéficient d’aucune protection MH.



Souvent, les instances concernées restent sourdes aux appels désespérés des défenseurs du patrimoine et c’est bien là tout le problème. C’est bien là qu’il va falloir travailler à trouver des solutions notamment quand il s’agit comme ici, d’un patrimoine privé. Le patrimoine « public » n’est pas forcément mieux traité, comme nous pouvons le vérifier à Saint-Nazaire avec le Château de Porcé, ou Blendècques et le Château de Westhôve. La disparition de ces édifices est une perte inestimable pour l’art, l’architecture, le patrimoine ou si l’on résume : pour la culture en général.


« Il suffirait d’une loi, qu’on la fasse… »




Sources Vosges Matin.



N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez nous aider dans cette ultime action : urgences.patrimoine@gmail.com

Dernière mise à jour : 12 déc. 2023

Nous avons eu le privilège de visiter un trésor du patrimoine national, dont les peintures murales sont classées au titre des monuments historiques depuis 1909. L’édifice quasi millénaire est pour sa part classé dans son ensemble depuis 1976.



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C’est à Vezot, une petite commune de la Sarthe de moins de cent âmes, toute proche de la ville de Mamers, qu’en toute humilité se dresse cette petite église depuis près de 1000 ans. Humble par son architecture, mais magistrale dans son ensemble.



À peine passe-t-on la porte étroite de l’édifice que l’on ressent ici quelque chose de particulier. Impossible de définir ce que c’est. En revanche, on est tout de suite subjugué par la beauté du lieu.


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Passées les « envolées lyriques » et l’ivresse provoquée par cette découverte, on se « réveille » avec la gueule de bois, car on est bel et bien face à un véritable scandale patrimonial.



En effet, malgré le fait que l’édifice et l’ensemble de ses œuvres peintes soient protégés au titre des Monuments Historiques, c’est l’état d’abandon manifeste qui nous saute aux yeux.



Seule chose positive, grâce à un voisin de cette « vieille dame », il est possible de visiter les lieux. Avec d'autres habitants du village il veille également à ce que l’intérieur de l’édifice soit toujours propre, mais ne peut hélas faire entreprendre les moindres travaux. Il a alerté à plusieurs reprises les élus locaux, mais le Maire n’a visiblement pas l’intention d’entreprendre quoi que ce soit pour le moment, car il y a d'autres priorités dans la commune. Il est, cependant, conscient de l'urgence de la situation.


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t c’est bien là le problème dans notre pays. On laisse se dégrader, sans réaction aucune, certains patrimoines remarquables, sans qu’il n’y ait jamais de sanctions. Et pour cause, dans le cas de cette église c’est le Maire qui est responsable de l’entretien et des restaurations d’urgence sous contrôle de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Or, si cette dernière ne se manifeste pas, il ne se passe rien.



Dans le cas de l’église de Vezot, on se demande bien quand quelqu’un tirera la sonnette d’alarme, afin de sauver ces trésors datant pour la plupart, du Moyen-Âge et de la Renaissance.


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Ce qui est également un non-sens, c’est que si nous proposions de faire intervenir des artisans qualifiés bénévolement dans le cadre du mécénat de compétences, nous nous exposerions à de lourdes sanctions s’agissant d’un patrimoine protégé.



Donc, en France, on a le droit de laisser disparaître les œuvres sans être inquiété. En revanche, on risque d’être poursuivi si on veut les sauver.


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Nous entendons déjà les commentaires : il n’y a pas d’argent pour restaurer le patrimoine, nous ne pouvons pas tout sauver, c’est un petit édifice de province, l’argent doit aller aux grands édifices plus connus…



Sauf que, dans le cas de Vezot, ce ne sont pas des millions d’euros qu’il faudrait pour sauver ces trésors. La structure de l’édifice ne présente pas d’importants désordres. En revanche, il faudrait d’urgence stopper les infiltrations d’eau, car des murs commencent à verdir de toutes parts, et certaines sculptures se délitent à cause de cette humidité, tout comme les somptueuses peintures murales du XIVe siècle qui disparaissent au fil des ans.



À ce rythme-là, dans dix ans, les œuvres de l’église de Vezot ne seront plus que l’ombre d’elles-mêmes.



Il suffit d’ailleurs de comparer les photos des Bases Mérimée et Palissy qui datent d’une vingtaine d’années, et celles que nous avons prises samedi 11 juillet.

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Une question se pose : puisque cette précieuse base de données des monuments historiques existe, pourquoi n’y a-t-il pas plus de surveillance de la part des services de la culture ? Pour des édifices « sensibles », un contrôle régulier de l’état de conservation des œuvres nous semble de la plus haute importance. Mais si ce contrôle est peut-être parfois effectué, ce n’est pas le cas pour l’église de Vezot.



Nous nous émouvons des dégradations volontaires dans nos églises de France, mais le plus grand des vandales reste l’abandon ou la négligence. Et ce avec la « bénédiction » de l’État.



Dans certains pays, la destruction du patrimoine est considérée comme un crime contre l’humanité. Tenir ce genre de propos au sujet de notre patrimoine national oublié serait peut-être exagéré, mais sans honte nous pouvons parler d’homicide culturel. Et lorsqu’on qu’une œuvre est détruite, à cause de son manque d’entretien, même s’il n’y a pas préméditation, l’on peut parler « d’homicide involontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner ». Et si certains s’offusquent de la comparaison avec les hommes, alors inventons le terme : « patrimonicide ».

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Dénoncer, c’est important, mais agir est encore mieux. C’est la raison pour laquelle Urgences Patrimoine va prendre la liberté d’alerter La Direction Régionale des Affaires Culturelles, ainsi que le Préfet qui, en tant que représentant de l’État, devrait sans tarder prendre des mesures pour assurer l’avenir de l’église de Vezot et de ses trésors.



Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant des réponses qui nous auront été faites.


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