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Quand une commune se mobilise pour la sauvegarde de ses œuvres, nous sommes toujours heureux de mettre en avant son initiative, d’autant plus heureux que, concernant les œuvres de la commune du Mesnil-Esnard (76), le projet se fera en partenariat avec Urgences Patrimoine.

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C’est Monsieur Xavier Jean, premier adjoint au Maire qui a souhaité lancer cette grande opération de sauvegarde du patrimoine local. Nous disons « grande », car ce ne sont pas moins de six tableaux qui doivent être restaurés.



Afin d’alléger un peu la facture de la commune, Urgences Patrimoine prendra en charge la restauration de deux œuvres via le dispositif « Un Geste à l’Édifice ». Nous proposerons également aux entreprises de parrainer un tableau dans le cadre de notre opération « Solidarité Patrimoine ». Enfin, une souscription publique complètera l’ensemble de nos actons, en espérant que nombreux seront ceux qui participeront et permettront ainsi d’offrir un avenir à ces œuvres.



Nous avons interrogé Monsieur Xavier Jean au sujet de ce projet d’envergure qu’il porte avec passion et détermination.



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La famille de Monsieur Jean est arrivée sur la commune du Mesnil-Esnard en 1935 et il est né en 1952 à Mesnil-Esnard. Il est marié, père de 5 enfants et grand-père de 14 petits enfants. Il est issu d’une famille croyante et pratiquante. Mr JEAN a été enfant de cœur pendant 14 ans aux côtés de l’abbé Catois. Il a effectué sa scolarité à l’école primaire NAZARETH à Mesnil-Esnard et le secondaire à l’école Join-Lambert à Rouen. Il possède un diplôme d’ingénieur Agronome. Après 17 ans passé sur une exploitation agricole avec son frère et suite à la perte d’une grande parcelle de terre de 40 hectares, il a fait le choix de travailler dans une banque. En 1994, il a créé sa propre entreprise dans le domaine de la finance, entreprise que son fils a repris à son départ en retraite, il y a 3 ans. Il est le 1er adjoint au Maire de la commune.



La Gazette du Patrimoine — Pouvez-vous nous présenter votre commune ?



Xavier Jean — Elégante commune résidentielle située aux portes de Rouen, Le Mesnil-Esnard offre, sur le plateau dominant la vallée de la Seine, l’image d’un harmonieux paysage urbain organisé de part et d’autre de la route de Paris et se fondant progressivement dans la campagne alentour. Village rural, il est devenu une ville dont le centre primitif, organisé autour de l’Eglise Notre-Dame, s’est déplacé depuis le percement de la route de Paris au XVIIIe siècle. Afin de répondre à la croissance démographique amorcée au milieu du XXe siècle, des logements, des maisons individuelles pour la plupart, ont été édifiées. Elles confèrent au Mesnil-Esnard son caractère résidentiel. La commune du Mesnil-Esnard compte aujourd’hui 8 271 habitants (chiffre officiel dernier recensement INSEE 2018)



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La Gazette du Patrimoine — Pour quelle raison avez-vous souhaité faire restaurer ces œuvres ?



Xavier Jean — En juillet 2016, l’église Notre-Dame a été infestée par un champignon lignivore, la Mérule occasionnant de nombreux dégâts au niveau d’un des piliers, des murs, de la charpente et sous le plancher en bois. Pour effectuer ces travaux, l’église a été vidée de son contenu et notamment de 6 œuvres d’arts dont 1 tableau datant du XVIIe siècle (La Vierge à l’enfant), 2 tableaux du XVIIIe siècle (L’Annonciation et Marie-Madeleine pénitente) et 3 tableaux du XIXe siècle (La Sainte Famille, L'Assomption de la Vierge et Le Sacré-Cœur).



Ces tableaux ont été expertisé par Mr PILLET, commissaire-priseur à Lyons-la Forêt qui a fait une estimation entre 6 000.00 € et 7 000.00 € pour le plus cher d’entre eux. La commune a donc souhaité restaurer ces tableaux car, d’une part, ces derniers sont en mauvais état (déchirure, encrassage...) et nécessitent une restauration et, d’autre part, elle est très attachée à son patrimoine, précieux témoin de l’histoire locale.


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La Gazette du Patrimoine — Ce projet est-il bien accueilli par les habitants ?



Xavier Jean — Oui, les habitants de la commune, et notamment les « Vieux Mesnillais » ainsi que les personnes âgées, ont accueilli favorablement notre démarche. Ils sont également soucieux du patrimoine de leur commune qui se doit d’être transmis de générations en générations.



La Gazette du Patrimoine — Pourquoi d’après-vous est-il important de donner un avenir à ce patrimoine ?



Xavier Jean — Les communes sont les premières propriétaires de biens immobiliers et mobiliers et elles doivent, malgré les difficultés de financement qu’elles rencontrent, donner un avenir à leur patrimoine. Ce patrimoine peut-être un facteur de cohésion locale, un lieu de mémoire et surtout le patrimoine peut être garant du lien social entre les générations.



La Gazette du Patrimoine — Qu’évoque pour vous le mot « patrimoine » ?



Xavier Jean — Le mot « patrimoine » évoque un ensemble existant, hérité du passé, constitué de biens mobiliers, matériels ou immobiliers et que l’on se doit de conserver, valoriser, augmenter et de transmettre aux générations futures.



La Gazette du Patrimoine — Que diriez-vous aux élus pour les convaincre de ne pas abandonner, et surtout de ne pas détruire le patrimoine de leur commune ?



Xavier Jean — Même si j’ose espérer que les élus ont pleinement conscience que le patrimoine communal est un facteur de cohésion sociale et qu’il constitue un élément de transmission entre les générations. Celui-ci est également un facteur d’attractivité pour l’économie locale, car bon nombre de professions peuvent être concernées par les chantiers de restauration. Il peut également avoir un rôle important pour le dynamisme d’une commune et offrir aux habitants un cadre de vie de qualité.



La Gazette du Patrimoine — Pourquoi avoir fait appel à Urgences Patrimoine pour ce projet de sauvegarde ?



Xavier Jean — La collectivité a, dans un premier temps, fait appel à la Direction de la Culture et du Patrimoine, mais nos œuvres n’étant ni inscrites, ni classées aux monuments historiques, cet organisme nous a transmis les coordonnées d’Urgences Patrimoine.



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Ce partenariat nous permet donc de lancer une souscription publique auprès des Mesnillais et des entreprises afin que ces derniers soutiennent la commune dans cette démarche. Nous allons également solliciter des mécènes afin d’obtenir des dons, la restauration totale de ces œuvres avoisinant les 20 000.00 €.




Après restauration, un tableau des donateurs sera accroché dans l’église en remerciement de leurs contributions.



À propos de notre opération « Un Geste à l’Édifice » : nous avons la chance d’avoir dans notre réseau de grands professionnels du patrimoine qui ont souhaité offrir leur temps et le savoir-faire pour restaurer des œuvres. Cela permet donc aux communes de bénéficier de restaurations gracieuses. Nous précisons que tous nos intervenants sont des artisans reconnus, habitués à travailler sur des œuvres classées. Alors même s’il s’agit d’actes gracieux, nous garantissons leur qualité.



Angélique Demeersseman, dont l’atelier est situé à Arcueil, offrira la restauration de l’Assomption de la Vierge. Découvrir son atelier : http://www.latelierdesanges.net/




Sophie de Joussineau et Osanne Darentière, dont l’atelier se situe dans le XVème arrondissement de Paris, offriront la restauration de « La Sainte Famille ». Découvrir leur atelier : http://atelier-osanne.fr/


  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak
    Alexandra Sobczak
  • 16 août 2020

Comme il y a beaucoup de tristes nouvelles concernant notre patrimoine religieux, en ce lendemain de 15 août, nous revenons sur ces beaux Gestes à l’Édifice qui on permis le sauvetage de deux tableaux en péril représentant l’Assomption de la Vierge.



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Ce n’était pas Alerte à Malibu, et nos restauratrices n’œuvrent pas en maillot de bain rouge, mais c’était plutôt Alerte Patrimoine, et c’est armées de pinceaux et de patience, qu’elles ont redonné vie aux œuvres.



La première de nos « Assomptions » a regagné les murs de l’église Notre-Dame-de-Caudebec-les-Elbeuf en Seine-Maritime, après les bons soins prodigués par Angélique Demeersseman, restauratrice de tableaux à Arcueil. Après plus de cent heures de travail bénévole, l’œuvre est désormais sauvée.



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La seconde n’a pas encore terminé sa convalescence dans l’atelier de Sophie de Joussineau et d’Osanne Darantières dans le 15e arrondissement de Paris, mais elle retrouvera bientôt sa place en l’église Saint-Martin de Lurcy-Lévis dans l’Allier. Là encore, ce seront plus de cent heures de travail bénévole qui seront nécessaires pour redonner à l’œuvre sa superbe et lui assurer une pérennité jusqu’alors compromise.



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Si nous évoquons ce sujet aujourd’hui encore, c’est pour rappeler que dénoncer l’abandon du patrimoine comme nous le faisons c’est bien, car il est important de sensibiliser les publics aux problématiques grandissantes de la sauvegarde du patrimoine de nos territoires. Mais dénoncer ne suffit pas. Nous ne nous contentons pas de « compter les morts » comme certaines grandes associations. Nous essayons d’être chaque jour un peu plus dans l’action et sur le terrain.



L’opération « Un Geste à l’Édifice » initiée par Urgences Patrimoine, permet de sauver des éléments de notre patrimoine artistique ou même bâti, grâce à l’engagement bénévole de certains artisans dans le cadre du mécénat de compétences. À ce jour, nos « Gestes à l’Édifice » ont permis de faire économiser plus de 50.000 euros à la collectivité. Certes c’est une goutte d’eau, mais c’est un bon début.



Nous avons essuyé bien entendu certaines critiques, car quelques personnes bien pensantes voyaient dans cette opération une concurrence déloyale envers les artisans. Mais nous tenons à rappeler une fois de plus que toutes nos interventions dans ce cadre se font au profit de patrimoines pour lesquels les collectivités n’ont pas de budget et qui seraient condamnées si nous n’intervenions pas. Nous rappelons également que les artisans qui œuvrent dans le cadre d’Un Geste à l’Édifice, le font de leur plein gré et que nous n’avons jamais obligé quiconque à intervenir.



Même si les professionnels de la restauration du patrimoine sont particulièrement touchés par la crise actuelle, certains n’en demeurent pas moins généreux et engagés et nous avons besoin de cet engagement altruiste et désintéressé si nous ne voulons pas voir disparaître des dizaines, voire des centaines d’œuvres.



Vous êtes artisan, artisan d’art et vous aussi souhaitez sauver un petit pan de notre patrimoine national ? N’hésitez pas à nous contacter : contact@lagazettedupatrimoine.fr


Toutes les compétences seront les bienvenues.



« Ne regardons plus, ensemble agissons ».



Nos restauratrices :




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