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Depuis un peu plus d’un an, la « boucherie » de Saint-Maixent-l’École a été au cœur de toutes les préoccupations de l’ADANE et de sa présidente Marie-Claude Bakkal-Lagarde. Après un bras de fer épique avec la commune, la persévérance a payé. Le cadenas qui empêchait l’accès a été enlevé et l’édifice médiéval va pouvoir s’inscrire dans l’avenir, sous le regard bienveillant de Saint Christophe.




Résumé des six derniers mois :



À Saint-Maixent-l’École dans les Deux-Sèvres, au cours de l’été 2021, le projet de démolition de deux maisons situées aux 9-11 rue Anatole France, dans le périmètre protégé de l’abbatiale, inaugure une bien inquiétante période. Les maisons adjacentes, dont une à colombages, risquent de souffrir de la destruction des façades en pierre de taille du XIXᵉ siècle et des trépidations des engins de chantier.


Est-ce bien sérieux de vouloir créer des logements en béton, quel qu’en soit le prix, d’une durée de vie maximale de 40 ans ?



Mais, fin septembre, un miracle se produit. Il consiste en la découverte d’une peinture murale représentant le Christ enfant sauveur du monde, sur les épaules de Saint Christophe. C’est le rayon de lumière au bout du tunnel, celui qui nous guide et nous conduit à œuvrer pour ce patrimoine exceptionnel. L’œuvre est datée du XVᵉ siècle et authentifiée par Mme Sabine de Freitas. Elle intervient à la demande d’Urgences Patrimoine. Nous informons La DRAC de la découverte et deux ingénieurs se déplacent pour voir les lieux. Tous reconnaissent que le sauvetage relève d’une prise en charge en milieu très sensible. Le « risque d’effondrement » est particulièrement élevé.



En effet, exposé aux intempéries depuis des années, le mur qui porte la peinture est extrêmement fragile. Mais c’est aussi tout l’ensemble du bâti environnant qui est déstabilisé. Mi-octobre, le propriétaire accorde à l’ADANE le droit d’intervenir pour la protéger et sécuriser cet espace. Néanmoins ce n’est pas l’idée du Maire qui interdit toute action. Aucune négociation n’est possible. La mairie cadenasse les lieux.



Mi-novembre, contre vent et marée, l’association ayant rassemblé ses économies en réorientant ses investissements, signe le compromis d’achat du lieu. Cependant, le risque de la préemption plane toujours sur la transaction.



La présidente de l’ADANE, qui a reçu différents soutiens dont celui d’Urgences patrimoine, est convoquée pour expliquer son projet devant la commission d’urbanisme le 13 décembre. Elle s’y rend accompagnée par un juriste de Vieilles Maisons Française et du voisin du n° 13. Passionné des vieilles pierres, il a aussi sauvé sa maison à colombage en l’achetant alors qu’elle était frappée d’un arrêté de péril. Après un exposé exposant le point de vue, chacun pose ses questions, les réponses éclairent la faisabilité dans un délai raisonnable. Il est possible de cristalliser l’écrin, de refaire les toitures et de sécuriser cet ensemble.



Les journées passent et toujours rien. Durant la semaine suivant Noël, des pluies diluviennes s’abattent. Des bruissements se font entendre du côté de la peinture. Nul ne peut aller voir ce qui s’y passe. Le cadenas municipal est toujours là. La présidente écrit le vibrant appel de Saint Christophe. Et le matin du 31 décembre, bonne nouvelle, le cadenas de l’élu a été retiré.



Trois tempêtes de plus et des morceaux d’enduits se sont détachés. Ils sont précautionneusement collectés.



Sur les conseils avisés, le projet d’abri de la peinture prêt depuis mi-octobre va être réalisé. Celle-ci au premier étage d’un bâtiment dont ne subsiste qu’un mur de 3 niveaux et un moignon de parement perpendiculaire nécessite la réalisation d’une plateforme. Elle sera posée dessus.



Le jour de l’an passe et, dès le 2 janvier 2022, les matériaux achetés, deux adhérents de l’ADANE, ensuite rejoints par quelques adhérents des Maisons Paysannes de France commencent à construire la plateforme.



Bien que la signature ne soit pas encore ratifiée, les bénévoles apportent leurs outils et retroussent leurs manches. Les lierres sont peu à peu supprimés et certaines zones sont désencombrées des gravats des toitures, etc.



La pluie reprend. Elle rend le terrain glissant. En ruisselant sur les murs de terre, elle accroît le danger. Certains jours, il vaut mieux ne pas approcher des murs et, les jours plus favorables, il convient d’être plusieurs et attentif, au cas où il faudrait donner alerter les secours.



La construction de la plateforme à peine achevée, un nouvel épisode pluvieux s’annonce. La météo donne l’alerte. À 17 heures, chacun rentre chez lui. Dès 19 h,eures la nuit qui s’annonce du 8 au 9 janvier 2022 est dantesque. Le voisin du n° 13 surveille les bruits de pluie, le souffle des bourrasques et le murmure des bris d’enduits le fait frémir. Soudain, un grondement plus sourd le met en émoi. Sortant en pleine nuit dans sa cour, il ne voit rien de particulier chez lui. L’événement se déroule de l’autre côté du bâti mitoyen, au niveau de la peinture murale.



Le jour se lève, la pluie s’affaiblie. Avec l’arrivée d’un proche, les deux passionnés se rendent sur place pour voir. Là c’est la stupéfaction ! Un nouvel effondrement du résidu de mur s’est écroulé sur le bout de la plateforme.




Mais il faut croire que Saint Christophe et le Christ veillent. Si la protection avait été élaborée comme initialement prévue, elle aurait pu être préjudiciable. Au chevet de ce patrimoine, chaque jour invite à redoubler de prudence. Mais que de temps perdu ! Il était possible d’œuvrer dans les bonnes conditions automnales.



La fin de l’hiver n'est pas pour demain.

Encore un exemple d’édifice menacé en plein cœur de ville. L’ancienne boucherie Griffer, dont l’enseigne date du XIXe siècle, est aujourd’hui frappée d’un arrêté de péril qui pourrait bien conduire à sa démolition. Certains diront sans doute qu’il ne s’agit pas là d’un édifice remarquable, mais pourtant sa base médiévale atteste de son importance patrimoniale au sein d’un ensemble architectural cohérent.



Pour le moment, aucune étude précise sur le bâti n’a été réalisée, mais cette maison pourrait livrer quelques secrets.



Marie-Claude Bakkal-Lagarde, Présidente de l’Association pour le Développement de l’Archéologie sur Niort et les Environs (ADANE) et déléguée départementale d’Urgences patrimoine, s’est émue du triste sort de l’édifice et tente de le sauver. Nous espérons que le maire de la commune, qu’elle doit rencontrer prochainement, saura être attentif à sa demande de réhabilitation.



Marie-Claude Bakkal-Lagarde, licenciée en Histoire de l’art, docteur en Archéologie, ingénieure de recherches en exercice, est également présidente fondatrice d’une association locale sur le patrimoine. C’est dans ce cadre qu’elle se passionne pour les documents et les techniques, n’hésitant pas au besoin à expérimenter ou pratiquer afin de mieux comprendre. Pour appréhender le passé, il faut s’immerger dans les mêmes conditions. Selon elle « ce n’est pas l’homme qui commande la matière, mais la matière qui commande l’Homme ».



Sortant de l’abbatiale, le visiteur saint-maixentais peut découvrir la ville, notamment la rue Anatole France (anciennement rue de la Croix). Elle a conservé quelques belles façades en pierres apparentes du XIXe siècle et aussi de plus anciennes dont celle d’une belle maison médiévale à colombage du XVe siècle, dont l’inscription HIC VALETVDO  rappelle qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles ce fut la demeure de la famille Valette.



Néanmoins au cours de cette promenade idéale, plus précisément au n° 9 de la rue Anatole France, le regard est immédiatement interpelé par la devanture en bois d’une boucherie du XIXe siècle, digne d’un décor de tournage de film.



Son charme désuet permet d’imaginer la vie de l’établissement, avec ses stores en bois derrière ses remarquables grilles de protection. La boucherie Griffier, comme l’appellent les anciens, possède même plusieurs salles médiévales voutées en sous-sol. Son rez-de-chaussée donne au sud sur une cour intérieure arborée, non exempte de charme, entourée de ses divers bâtiments de pierre.



Certes, cette devanture est « dans son jus », mais depuis deux ans elle est gardée par des grilles de sécurité, sur lesquelles est affiché l’arrêté de péril qui frappe son bâti. Distante seulement de 5 m de la maison médiévale à colombage, la façade du 11 (anciennement, maison à pans de bois, propriété de la famille Vallette) également en belles pierres de taille, sert d’appui à la maison Hic Valetudo.



Nous avons donc tenté de contacter le propriétaire pour lui faire une proposition. Demeurant à l’étranger, la crise sanitaire bloquant tout déplacement, il n’a pas donné suite à nos courriers et les dégradations continuent. L’arrêté de péril va donc s’imposer, avec une éventuelle démolition qui sera préjudiciable sur le plan visuel et structurel pour le bâti contigu.




Il importe d’intervenir rapidement, aussi avons-nous sollicité un rendez-vous auprès du maire M. Stéphane Baudry mi-septembre. Nous espérons qu'il sera sensible à notre demande et à notre projet de redonner vie à ce lieu tout en respectant son architecture d’antan. Mais n’en dévoilons pas davantage …



Affaire à suivre dans un prochain article de La Gazette du patrimoine.



Marie-Claude Bakkal-Lagarde


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