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C’est vers 4h30 ce samedi 4 juillet qu’un habitant demeurant non loin de l’édifice a donné l’alerte. Cette petite église construite en 1911 était surtout fréquentée depuis une vingtaine d’année par la communauté franco-polonaise et réunissait régulièrement plus de deux cents fidèles. D’ailleurs, une messe avait encore été célébrée la veille.



Le père Andrzej Barnas ne comprend absolument pas comment son église a pu être ainsi mutilée, mais il rappelle qu’il y a deux ans elle avait été taguée de façon très agressive.



Malgré l’intervention rapide de nombreux pompiers, l’intérieur de l’édifice est ravagé et nous ignorons pour le moment si la restauration sera envisageable.



On ignore aussi pour le moment les causes de l’incendie, mais les gendarmes ont remarqué qu’une salle toute proche, utilisée pour le catéchisme, a subi une tentative d’intrusion.



Pour les habitants du quartier c’est « comme pour Notre-Dame mais en plus petit ».



Voir disparaître sous les flammes un patrimoine familier, que l’on soit pratiquant ou non, est toujours un déchirement.



Si l’incendie est d’origine criminelle, nous espérons que les auteurs seront identifiés et sévèrement punis pour leurs actes.



Sources : Le Parisien.

Alors que le remaniement ministériel est imminent, quel sort va être réservé à la chapelle Saint-Joseph ? Le rendez-vous entre le Ministre de la Culture et Yncréa devait avoir lieu de 10 juillet, mais il nous est donné à penser qu’il sera reporté.



D’ailleurs, ce report pourrait-être l’occasion de convier un « opposant » au projet de démolition, car le rendez-vous initial était « à charge » puisque seuls les « démolisseurs » étaient conviés et nous ignorons si le Ministre a tenu compte de notre proposition contradictoire mettant en avant le fait que la réhabilitation était bien moins couteuse et beaucoup plus écologique que la démolition/reconstruction portée par Yncréa.Voir notre projet contradictoire ICI.Monsieur Étienne Poncelet, éminent architecte lillois, Architecte en chef et Inspecteur Général des Monuments Historiques est un opposant de la première heure au projet de démolition. Il pourrait être « l’avocat » idéal lors de ce rendez-vous pour plaider la cause de la chapelle. Il a adressé le 26 juin, une note au Ministère en faveur de la réhabilitation, dont il nous a permis de diffuser le contenu :Note en faveur de la réhabilitation de la Grande Chapelle St Joseph.

  • A l’occasion du débat sur son avenir, la grande chapelle du collège Saint-Joseph nous dévoile ses cinq atouts :


  • Mémoire historique de la présence des jésuites à Lille.

  • Marqueur urbain à l’entrée de Lille agrandie.

  • Architecture originale ceinturée par sa loggia formant un cloître suspendu.

  • Conservatoire des métiers d’art et de leurs oeuvres, ornements, vitraux et tapisseries.

  • Occasion de devenir le démonstrateur d’une architecture intelligente, intégrant l’histoire dans le projet d’avenir de l’université.


La mémoire historique de la présence des jésuites à Lille



L’agrandissement impérial de Lille en 1858 a été l’occasion de développer, à la couture de la vieille ville et des nouveaux quartiers, deux pôles universitaires, l’un au Sud, pour les écoles laïques, l’autre au Nord pour les facultés catholiques.



C’est dans ce nouveau quartier que les jésuites reviennent à Lille installer leur nouveau collège, prenant la suite de leur première implantation au XVII° siècle.



Un marqueur urbain à l’entrée de ville



L’architecte Auguste Mourcou construit en 1876 de part et d’autre du nouvel axe Nord-Sud, un couple architectural original comprenant le Palais Rameau, grande serre botanique et, de l’autre côté de la rue Solférino, le collège Saint-Joseph.



La grande chapelle du collège, construite en 1886 est dans le prolongement exact du transept du Palais Rameau.



Ce doublet architectural constitue une sorte d’entrée de ville en face de l’ancien pont de France, l’ancienne entrée dans le faubourg de la Barre protégé par la digue de Vauban dont la chapelle suit l’emprise exacte.



Une architecture originale ceinturée d’un cloître suspendu en forme de loggia.



La grande chapelle est une construction originale organisée en parfaite adéquation avec son programme de chapelle de collège, servie par une architecture éclectique savante, mélant les références historicistes de différentes époques.



Le tracé est dessiné à partir du chiffre sept. Aux sept travées de la nef, réservée aux élèves, répondent les sept travées du chœur des Pères, disposées en pans coupés pour recevoir sept absidioles évoquant le pèlerinage aux sept basiliques romaines. La chapelle absidiale est remplacée par le petit clocher couvert à l’impériale sommé de son lanterneau. Cette décomposition est marquée à l’extérieur par les quatre clochetons d’angle autour du volume de la nef.



Le maître-autel est abondamment éclairé par les deux grandes fenêtres du faux transept.



La chapelle, presque invisible depuis l’extérieur, est strictement réservée au collège. L’accès des élèves se fait par le narthex reliant, par le grand escalier d’honneur, le rez-de-jardin entre les cours et les couloirs du bel étage.



L’accès des Pères se fait par deux couloirs latéraux, traités en loggia ouverte sur l’extérieur, reliant l’étage de la clôture et le chœur. Ce parti original donne à la chapelle son caractère palatial. L’architecte Auguste Mourcou utilise ce même parti de loggia à la romaine au Palais Rameau, en vis-à-vis de la chapelle.



Ce cloître suspendu est ouvert sur le jardin des Pères et sur le chevet.



Les façades sont traitées en alternant la polychromie de la brique et de la pierre. Comme à Rome, les colonnettes du choeur sont construites en briques revêtues d’un enduit imitant la pierre.



Dans cette architecture, la toiture compte peu, réalisée avec la pente minimale qui convient à l’ardoise. Le dôme à l’impériale, bien visible au chevet, est couvert en écailles de zinc.



L’espace intérieur forme un grand volume unifié, bien éclairé par les fenêtres hautes, axé sur le vitrail du calvaire tricolore. Les galeries latérales, fermées du côté de la nef étaient sans doute destinées à être peintes de scènes figuratives.



Au droit du chœur, elles s’ouvrent, tel un triforium, contribuant à donner une profondeur et une luminosité en second jour au sanctuaire. Cette ouverture vers le chœur permettait également aux Pères d’être associés aux cérémonies, de plain-pied avec l’étage de la clôture.



Les bas-côtés et le déambulatoire éclairés par les vitraux aux scènes édifiantes permettent la desserte rapide de la nef et du choeur pour les divisions des élèves, sans fonction liturgique spécifique.



Le sol de la chapelle est composé d’un parquet à chevrons au droit des bancs et d’allées de dessertes carrelées.



Une tribune d’orgue est installée au-dessus du narthex d’entrée surmontée par une deuxième tribune métallique en communication avec l’étage des dortoirs.



Un conservatoire des métiers d’art



La chapelle est aussi un conservatoire des métiers d’art, comprenant ceux du XIX° siècle avec les décors architecturaux néo-byzantins, la belle statue polychrome de saint Joseph et de l’enfant Jésus, les ferronneries d’art du triforium du chœur ainsi que les vitraux de l’atelier Latteux-Bazin, actif de 1862 à 1890, dont certaines œuvres sont protégées comme Monument Historique.




Elle est aussi le témoignage de la méthode pédagogique originale des « Équipes », développée par les jésuites au XX° siècle, ce dont témoignent les tapisseries de l’équipe « tapisserie » sous la direction et la signature artistique du père Lartilleux.



L’occasion de devenir le démonstrateur d’une architecture intelligente.



L’intérêt de cet ensemble architectural, décoratif et urbain se confronte aujourd’hui à un paradoxe concernant l’avenir de cet ensemble harmonieux.



Le Palais Rameau, d’un côté, est classé Monument Historique. En face, la chapelle, non protégée au titre des Monuments Historiques, est menacée de disparition par un permis de démolir provisoirement suspendu par l’intervention du Ministre de la Culture et de Stéphane Bern.



Plutôt que d’effacer la mémoire du lieu, le projet de renaissance de la grande chapelle pourrait devenir le démonstrateur d’une architecture intelligente. Celle-ci serait respectueuse du site urbain et patrimonial, soucieuse de l’économie de moyens et de la réappropriation de l’existant. Ce projet, tourné vers l’avenir, accueillerait des éléments du programme universitaire à l’instar de nombreux exemples de réutilisation. Sa conservation et sa restauration n’en sont que plus désirables.




Nous espérons que le nouveau Ministre prendra connaissance de cette note, tout comme de notre ébauche de projet de réhabilitation, publié dès lors que nous avons appris le projet de démolition.


À ce sujet : on nous reproche d’avoir lancé notre action très tardivement, alors que les recours n’étaient plus possibles.



Nous l’entendons bien, mais si nous n’avions pas intenté cette action « de la dernière chance », il n’y aurait même pas eu de suspension du projet de démolition.



Nous ne sommes d’ailleurs pas satisfaits du résultat, car c’est une simple suspension, et non une mise sous protection d’urgences comme nous le demandons depuis le début de notre action. Protection d’urgence, qui permettrait de revoir le dossier avec plus de sérénité, puisque cette mesure gèle toute démolition pendant un an. C’est donc dans ce sens que nous continuons à travailler « dans l’ombre ». Si nous n’obtenons pas cette protection, « la messe sera dite » pour la chapelle et Yncréa pourra démolir en toute impunité.



D’ailleurs Yncréa est persuadée que les négociations seront stériles puisqu’un de ses membres a demandé à ce que l’orgue soit démonté pour être réhabilité dans une église qui en est dépourvue. Bien entendu, cet acte est louable, car faire revivre l’instrument ailleurs est une très bonne chose et nous ne pouvons qu’apprécier cet acte « généreux », mais dans notre projet de réhabilitation, il restait en lieu et place. L’enlever à la hâte signifie bien que la démolition est toujours bien « dans les tuyaux ».



Nous savons que si tel était le cas, alors là, tout le monde dirait « qu’Urgences Patrimoine a perdu son combat » et nous serons jetés aux lions. Mais peu importe, nous commençons à avoir l’habitude, mais nous savons que quoi qu’il advienne, nous aurons fait notre maximum pour sauver l’édifice, alors que d’autres auront beaucoup parlé, mais n’auront rien fait.



Encore merci à Étienne Poncelet pour son indéfectible soutien ainsi qu’à Stéphane Bern et merci aux plus de 8000 internautes qui se sont manifestés pour dire « Non à la démolition de la chapelle Saint-Joseph » à travers notre pétition ICI.

Dernière mise à jour : 12 déc. 2023

Les dégradations volontaires à l’encontre du patrimoine ne sont pas une nouveauté, mais nous assistons en ce moment à une recrudescence des actes de vandalisme, essentiellement perpétrés contre certaines statues de l’ensemble de notre territoire.


Lors de son dernier discours télévisé, le Président Macron a affirmé sa volonté de ne « déboulonner » aucun témoin de notre histoire. Nous ne cesserons jamais de penser qu’effacer les traces de notre passé, même quand celles-ci sont contestables, serait une erreur. Les erreurs doivent être assumées et reconnues, mais en aucun cas effacées.



N’oublions pas que si ces statues font partie intégrante de l’histoire, elles font également partie de l’histoire de l’art et, dans certains pays, tout acte de destruction d’un monument historique est considéré comme « un crime contre l’humanité ». Certes, un « coup de bombe de peinture » n’est heureusement pas irréversible, mais quelle sera la suite ?



En attendant, nous avons souhaité rappeler quelles étaient les sanctions encourues pour des dégradations volontaires, en souhaitant vivement que les condamanations soient appliquées et que ce qui se passe actuellement ne soit pas considéré comme uniquement des actes « isolés » de la part de « déséquilibrés » reconnus non responsables de leurs actes.



Les lois sont faites pour être appliquées, sinon, à quoi servent-elles ?

Maitre Théodore Catry, notre avocat, répond à cette question :



Plusieurs sanctions administratives et pénales sont applicables en cas d’atteinte au patrimoine.



De manière générale, la destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien appartenant à autrui est punie de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende ainsi que le prévoit l’article 322-1 du code pénal. Une peine « allégée » (3 750 euros d’amende et peine de travail d’intérêt général) est aménagée lorsqu’il ne résulte de cette atteinte qu’un « dommage léger. »



Si le bien atteint fait l’objet d’un classement ou d’une inscription aux monuments historiques, il s’agit d’un délit spécial pour lequel l’article 322-3-1 du code pénal prévoit une peine pouvant aller jusqu’à sept années d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende. Il en va de même des atteintes portées à des découvertes archéologiques ou des biens culturels exposés dans des lieux publics.



Il existe toute une série de circonstances aggravantes, listées à l’article 322-3 du code pénal, qui portent le plafond des sanctions à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. On y trouve par exemple l’atteinte par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou complice, la dissimulation du visage pour empêcher l’identification de l’auteur.



Précisons en outre que ces peines peuvent être augmentées jusqu’à la moitié de la valeur du bien atteint.



Enfin, le volet pénal peut être complété par une action en dommages et intérêts qui peut s’accompagner d’une demande tendant à ce que la remise en état du bien détruit, dégradé ou détérioré soit ordonnée – aux frais, toujours, de l’auteur de l’infraction.



Maître Théodore Catry


19 Avenue de Grammont


37000 TOURS


Téléphone: 02 47 61 31 78


Télécopie: 02 47 20 26 02



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