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Dans un article publié le 17 août 2020 ( lire l’article ICI), nous dénoncions la démolition prochaine de deux bâtiments vétustes situés Place de la Madeleine à Béziers, juste en face de l’église du même nom. Démolition qui laissera la place à la construction d’un immeuble dont l’architecture laisse à désirer, du moins dans ce périmètre protégé, puisque l’église est classée Monument Historique et que, de ce fait, quelques règles sont à respecter.


Nous estimons que le projet ne respecte pas ces règles. C’est la raison pour laquelle les associations  « Béziers notre Patrimoine », l’« Association pour la Protection du Patrimoine Biterrois » et « Urgences Patrimoine » ont décidé de déposer un recours gracieux, afin que ce projet soit réexaminé. C’est donc notre avocat, Maître Théodore Catry qui est en charge de cette première action.



Voici la copie de son courrier adressé au Maire de Béziers en date du 17 août 2020 :



Bien entendu, nous ne manquerons pas de vous faire part de la réponse du maire et des suites données à notre demande. Nous ne doutons pas que ce dossier sera réexaminé avec attention et que le projet de la future construction sera plus en harmonie avec ce secteur sauvegardé.

Encore une fois, notre démarche ne doit pas être comprise contre une opposition systématique aux démolitions et aux réhabilitations des centres-anciens, mais dans ce cas précis, le projet en l’état n’est pas acceptable. Oui à la modernité, mais non aux excès de modernité portant préjudice au patrimoine.



C’est sur le réseau LinkedIn que nous avons pris connaissance, la semaine dernière, de cette sympathique infographie que bon nombre de professionnels du patrimoine ont partagée. Nous avons déjà souvent évoqué ce fameux rapport du Sénat publié en mai 2020 qui préconise la valorisation du patrimoine des territoires et qui vante les mérites de ses précieux atouts, mais ce petit document nous avait échappé.



Nous ne pouvons qu’apprécier sa qualité en matière de contenu, car, bien évidemment, il est en parfaite harmonie avec ce pour quoi nous nous battons sans relâche depuis maintenant six ans.



Le document nous informe que :



Et bien entendu, à tout cela nous disons Bravo ! Enfin, dans nos hautes sphères, certains « ont vu la lumière ». Mais il ne suffit pas « d’éclairer ». Même les ampoules nouvelle génération ont une durée de vie limitée et, une fois grillées, c’est à nouveau l’obscurité.



Alors notre première « modeste » préconisation serait de laisser tomber l’éclairage artificiel et d’ouvrir simplement les volets pour voir les choses clairement et de façon objective.



Car la science-fiction, c’est bien mais le patrimoine aurait bien besoin de son quart d’heure de « télé-réalité ». Dans le rapport Sénatorial, la réunionite a la part belle. Or, trop de réunions tuent la réunion. D’autant que les acteurs que l’on souhaite impliquer davantage ne sont autres que les fonctionnaires des Directions Régionales des Affaires Culturelles, que nous nommons souvent  : « Directions régionales des Absents Culturels ». Car la majorité des fonctionnaires des DRAC sont débordés et ne répondent que très rarement aux sollicitations, s’agissant de la sauvegarde d’un édifice protégé. ATTENTION ! Il y a tout de même des personnes de grande valeur professionnelle dans certaines DRAC et nous ne voulons surtout pas faire une généralité à travers nos propos. D’ailleurs, mesurons-les et disons que les DRAC généralement ne répondent pas aux sollicitations de ceux qui leur occasionneraient un surcroît de travail, surtout quand les sollicitations viennent des « petits vermisseaux » que nous sommes.




Il est vrai que nous n’avons pas fait de la sauvegarde du patrimoine un business, que nous n’organisons pas des goûters entre châtelains et que nous n’avons pas vocation (hélas) à être des banquiers. Non, nous sommes juste « la voix du peuple » qui cherche et offre des solutions pour l’avenir de la sauvegarde du patrimoine des territoires et qui, surtout, refuse l’abandon et la disparition de notre mémoire collective. Mais, dans le rapport du Sénat, pas à un seul moment il est dit qu’il serait bon d’interroger le « peuple » sur le devenir de « son patrimoine » et nous le déplorons.



Il y a bientôt trois ans, lors d’une rencontre avec le Sénateur Jean-Pierre Leleux, très impliqué pour la sauvegarde du patrimoine, nous lui avions fait part de certaines de nos idées, dont quelques une avaient retenu son attention, mais à la question : « pensez-vous que nous puissions les mettre en place avec l’aide du Ministère de la Culture », sa réponse avait été sans appel : « Vous savez, la France est un vieux pays, et il faut des années pour faire changer les choses ». De quoi décourager les plus vaillantes volontés, mais peu importe, nous avons continué nos « travaux de recherches » sur « comment donner une chance au patrimoine sans pour cela vider les caisses de l’État et par ricochet, celle du contribuable » et nous finirons bien par nous faire entendre. Un jour, peut-être, un élu de la République sera attentif à notre discours et mettra en pratique nos idées.


Ah oui ! nous parlons d’un élu qui aura le courage de rapporter « la voix du peuple », sans en renier l’origine. Car, généralement, les bonnes idées, on les prend, mais on « oublie » d’en citer les auteurs. Ce n’est pas tant que nous avons besoin de reconnaissance, car notre seul objectif, c’est l’avenir du patrimoine, mais il est important d’être reconnus comme acteurs à part entière de cette cause, non pas par rapport à un nombre d’adhérents, mais par rapport au nombre d’actions menées. Mais le débat n’est pas là.



Le débat doit être sur le terrain et, avant tout, la cause du patrimoine ne doit pas se retrouver l’otage de règlements de comptes entre élus ou au cœur de querelles d’egos — ce qui est hélas souvent le cas. Mais, ça, le rapport n’en fait pas état non plus.



Nous nous abstiendrons de tout commentaire concernant les chantages les plus divers et variés de la part de certains, du genre : « si vous ne faites pas comme ceci ou comme ça, vous n’aurez pas de subventions, ou si vous ne faites pas le choix de telle ou telle entreprise idem .. » C’est un livre qu’il faudrait écrire sur les pratiques douteuses, toujours d’actualité dans notre douce France…



Nous ne parlerons pas non plus des dictats de certains acteurs culturels qui empêchent les bonnes volontés de restaurer un élément du patrimoine en grand péril, au prétexte qu’il est protégé et qu’il est préférable de le laisser pourrir sur pied plutôt que de le sauver grâce aux mains expertes mais bénévoles d’un artisan d’art renommé.



Nous ne parlerons pas non plus des élus qui, au nom de la réserve foncière, sacrifient sans vergogne des éléments remarquables du patrimoine de leur commune avec la bénédiction de certains ABF, au prétexte qu’ils ne sont pas protégés au titre des monuments historiques, mais qui, lorsqu’ils sont démolis, suscitent chez les habitants un vif émoi. Mais l’avis des habitants, on s’en moque. « L’habitant » n’a d’intérêt que lorsqu’on le nomme contribuable et qu’on le fait payer pour tout, même pour les démolitions du patrimoine auquel il est attaché. « Mais voyons, Mesdames et Messieurs, il faut vivre avec son temps et les vieilles pierres c’est mieux en poussière, vous verrez, le gymnase qui portera mon nom sera bien plus « fun » ».



Nous pourrions écrire des pages sur le sujet, mais nous savons qu’un grand nombre de nos lecteurs préfèrent les images au texte donc, nous nous arrêtons là en concluant simplement que ce rapport est un bon début mais qu’il ne faudra pas tarder à le mettre en pratique.



Nous saluons le travail des sénateurs « rapporteurs », à savoir : Sonia de la Provôté, Sénatrice du Calvados et Michel Dagbert, Sénateur du Pas-de-Calais. Cependant, nous nous étonnons de ne pas les avoir entendus lors des nombreuses démolitions du patrimoine de leurs territoires respectifs ces derniers mois. Charité bien ordonnée ne devrait-elle pas commencer par soi-même ?



Et nous terminerons par : « la confiance se gagne quand les promesses se tiennent ».





La place de la Madeleine est un lieu historique et emblématique de la commune de Béziers, située dans l’Hérault (34500). Lors du sac de Béziers en juillet 1209, pendant la « croisade » contre les Albigeois, de nombreux Biterrois périrent incendiés dans l’église de la Madeleine. Reconstruite, elle subira d'autres épreuves au fil des siècles comme la réalisation d’un parking souterrain au milieu des années 80 qui entraînera sa fermeture pendant de longues années, ébranlée par les travaux de creusement. Rappelons au passage que l’édifice est classé Monument Historique depuis 1987.



Si l’église a été restaurée, retrouvant son architecture romane initiale, la place, elle, n'a pas survécu à l'abattage des platanes qui s'y trouvaient.



Dans le cadre du programme de rénovation urbaine (PRU) des quartiers du centre-ville, la mairie a récemment vendu trois immeubles situés derrière l’église, à l'angle des rues Cassan et Saint-Esprit, à un promoteur immobilier de Vendargues, la société Envol, filiale de l'aménageur Hectare. Un permis de démolir (les immeubles ont été déclarés insalubres en 2008) a été délivré en décembre 2019.



Le permis de construire est affiché sur place depuis le 25 juin. L'immeuble dit « contemporain » qui doit être construit comporte un local commercial au rez-de-chaussée et sur cinq niveaux, cinq appartements (un studio, trois T3 et un T4 en duplex sur deux niveaux). Cette construction sera « emblématique et deviendra le symbole du renouveau de ce quartier », affirme la municipalité.


Un tel projet ne devrait pas être accepté dans un site aussi emblématique de l’histoire du patrimoine biterrois et ce pour plusieurs raisons :



1/ Il ne présente aucune préservation du patrimoine bâti (une façade en pierres de taille devrait être conservée ainsi que des arcades médiévales en rez-de-chaussée).



2/ Les matériaux de constructions employés ainsi que les dimensions de l’immeuble ne permettent pas son intégration :


  • façade en béton

  • persiennes en aluminium thermo laqué couleur bronze vieilli qui ferait soi-disant « le lien avec l’environnement historique »

  • absence de toiture en tuiles

  • non-alignement avec la façade mitoyenne

  • hauteur du faîtage maximale atteignant 19,70m bien supérieure aux immeubles voisins et une morphologie du bâtiment qui vient perturber la lecture du paysage de la place en créant notamment un deuxième point d’appel.


L'Architecte des Bâtiments de France avait dans son avis reconnu que le projet de construction en l'état n'était pas conforme aux règles prévalant pour ce site remarquable, en indiquant toutefois qu'il pourrait y être remédié.



Or, force est de constater que le permis délivré en juin dernier ne respecte en rien les règles qui auraient dû être observées étant donné le caractère patrimonial exceptionnel d'un site situé en plein cœur du centre ancien. L'examen du projet montre que l'on est bel et bien loin d'un quelconque souci de préservation du patrimoine. Pourtant, selon les intentions du promoteur, cette construction « respecterait l'image que la Ville souhaite donner à cette entrée majeure du quartier »… Cela nous laisse perplexes.



Une pétition a été mise en ligne ICI pour dire non à ce massacre patrimonial, merci de la signer et de la diffuser largement.



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