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« La route est belle », le lieu incontournable de la Nationale 6, avant que nos autoroutes nous facilitent l’accès au Sud de la France.



C’est en 1936 que ce charmant bistrot avait ouvert ses portes à l’entrée d’Auxerre. Mercredi, il a dit adieu à la ville après 84 ans de bons et loyaux services. Trois générations se sont succédées à la tête de l’établissement et c’est la mort dans l’âme que les derniers propriétaires ont dû se résigner à fermer et à vendre en 2019.



D’autant qu’ils savaient qu’en vendant ils signaient la fin d’une histoire, de leur histoire… L’acheteur n’est autre que leur « voisin », un concessionnaire automobile bien connu de la ville, à qui ils ont demandé une dernière « faveur ». Celle d’être présents le jour de la démolition.



C’est donc vers 5h30 du matin, le mercredi 5 août, que « La route est belle » est tombée sous les pelleteuses.



À l’heure où tout le monde parle de la redynamisation des centres-villes et s’insurge contre la défiguration des entrées de villes due à la présence de grandes enseignes, nous avons là un bel exemple à ne pas suivre. Ce « bistrot » aurait très bien pu être réhabilité par le concessionnaire qui aurait pu en faire un bureau à la « gloire » de cette Nationale 6 tellement « Française ».



Mais lorsqu’on vend des voitures allemandes et japonaises, on ne doit pas être très sensible au patrimoine national. Tellement peu sensible que faire un joli parking à la place de ce commerce « suranné » était une évidence.



Nous entendons déjà les commentaires des grands diseurs de l’architecture et du patrimoine : « ce bâtiment n’avait aucun intérêt, on ne peut pas tout conserver, il y a des choses plus graves dans la vie… » Certes, mais à force de ne trouver aucun intérêt à rien et de laisser détruire tous ces petits témoins de notre histoire collective, c’est notre mémoire que l’on efface peu à peu. La Nationale 6 ne passe plus par le centre-ville depuis longtemps, mais nombreux sont ceux qui vouent à cette route un véritable culte, et qui n’oublieront pas qu’à Auxerre, « La route ÉTAIT belle »…



Lire l’article de L’Yonne Républicaine ICI.


Mais quel est cet étrange bloc de béton qui s’élève tel un phare dans le port de Lorient ? Il s’agit de la glacière de Keroman, érigée dans les années 20 et qui fit alors du port de la ville, à l’époque, le plus moderne d’Europe.



Fermée depuis 2003, elle est décrite désormais par certains comme une « verrue », alors qu’elle pourrait être réhabilitée de façon intelligente et inscrire une fois encore Lorient comme une ville exemplaire et innovante, comme ce fut le cas cent ans plus tôt.



Aujourd'hui le fonctionnement du port est une concession de la Région Bretagne accordée jusqu’en 2043 à une société d'économie mixte : la SEM Lorient-Keroman, et dans laquelle l'agglomération de Lorient est majoritaire.



Or, le projet de la SEM est de démolir la Glacière pour un coût estimé d’un million d’euros. Le bâtiment a été considéré en trop mauvais état pour envisager une réhabilitation, bien que personne jusqu’alors n’ait pu avoir accès à l’étude de faisabilité, si celle-ci a été réalisée bien entendu.



L’expression « noyer le poisson » prend ici tout son sens.



Heureusement, l’association « Glacière 1920-2020-2120 » n’entend pas voir disparaître l’emblématique édifice et œuvre désormais sans relâche pour sa sauvegarde. Une réunion publique vient d’avoir lieu en présence notamment de certains élus de la nouvelle municipalité qui semblent être ouverts à un projet de sauvegarde —ce qui sera sans doute un atout de taille dans ce dossier.



Nous saluons au passage le bon sens de ces élus qui, à l’heure où l’on crie haut et fort que le patrimoine des territoires doit être valorisé, sont conscients de l’intérêt majeur de l’édifice. Car signer des chartes et publier des rapports c’est bien, mais mettre en pratique leurs contenus, c’est encore mieux.



Malheureusement, le « cadeau de départ » de l’ancienne municipalité est la signature du permis de démolir accordé à la SEM en mars dernier et qui dit mars, dit maintenant hors délais pour un recours. L’affaire s’annonce donc très délicate. Mais impossible n’est pas Breton, cela ne fait aucun doute et bien entendu, Urgences Patrimoine sera aux côtés de l’association et de tous ceux qui souhaitent voir renaître la Glacière.



Dans un article de France 3 Bretagne, le président de l’association Ronan Le Roscoët se dit prêt à relever le défi : « Après plus d'un an de réflexion, nous savons qu’il existe de nombreux précédents architecturaux de réhabilitations qui au départ paraissaient très complexes et qui pour finir sont des exemples de réussite. Ce que l’association souhaite dans un premier temps c’est d’avoir plus d'informations sur les études et diagnostics du bâtiment, pour éventuellement y apporter un regard critique. L’association envisage un éventuel projet architectural structurant pour le territoire et qui puisse créer une dynamique. »



Leur projet est d’ailleurs très abouti et les personnes présentes lors de la réunion publique n’ont pas manqué de les féliciter.



Consulter le PDF du projet ICI.



En faisant quelques recherches, nous avons également pris connaissance d’un projet de réhabilitation imaginé par l’architecte Paul Sevin qui offre une possibilité de voir ce à quoi pourrait ressembler l’édifice une fois réhabilité :


La SEM ne semble pas sensible à la valorisation du patrimoine ne la ville qui pourtant a fait jadis sa gloire et souhaite un programme de « tabula rasa », alors que la majorité de son projet pourrait être tout à fait réalisable en réhabilitant l’édifice, qui certes n’est pas dans un état parfait, mais qui ne présente pas de gros désordres structurels.



D’ailleurs, la campagne de démolition a déjà commencé, puisqu’en 2018, les ateliers attenant ont été démolis.




Nous vous invitons à consulter le projet de la SEM ICI.



Nous sommes persuadés qu’un projet d’intérêt majeur peut naître au sein de l’édifice et que sa démolition serait une grave erreur. D’ailleurs, à Étel, à 30 kilomètres de Lorient, la Glacière a reçu plus de 400.000 euros du Loto du Patrimoine pour sa réhabilitation. Certes les deux édifices sont très différents, mais la réhabilitation de la glacière d’Étel prouve bien une fois encore que « lorsqu’il existe une volonté, il existe un chemin ».



La mémoire doit être respectée. Mémoire des hommes, mémoire des lieux et mémoire de l’histoire. Avec la disparition de la Glacière, c’est la ville de Lorient qui perdrait une partie de son identité, alors qu’avec sa réhabilitation s’est dans le livre de l’avenir qu’elle s’inscrirait.



N’oublions pas que « faire vivre le patrimoine, c’est faire vivre la France ! »



En savoir plus sur l’historique de la Glacière de Lorient ICI et ICI.

Nouvelle dégradation de statue à déplorer et cette fois, c’est sur l’île de Noirmoutier que les vandales ont frappé.



Nous devrions écrire « ont encore frappé », puisque non seulement elle avait été tagguée il y a quelques jours, mais en août 2018, elle avait été entièrement décapitée.



Cette fois c’est la tête de l’enfant qui a subi les assauts d’individus décérébrés. Parce que, oui, il faut être dépourvu de tout sens commun pour s’en prendre à une statue, et nous ne pouvons que déplorer la multiplication de ces actes qui laissent à penser que certains, à défaut d’être en prison, devraient faire un séjour en hôpital psychiatrique.



Non seulement il y a une fois encore atteinte à l’intégrité d’un patrimoine, mais également à la population locale qui, à travers un appel aux dons, s’était mobilisée à hauteur de 5000 euros pour payer la restauration et qui sera peut-être encore une fois sollicitée.



La municipalité avait voté une subvention de 2000 euros pour la sécurisation du site, mais aucune mesure n’a été mise en place pour le moment. Il serait judicieux d’effectuer cette sécurisation au plus vite, car s’il ne fait nul doute que l’enfant retrouvera à nouveau sa tête après une énième restauration, il se pourrait bien que la statue subisse encore et encore le même sort dans quelques mois

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