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La Boise de Saint-Nicaise, association pour la sauvegarde et la reconversion de l’église Saint-Nicaise de Rouen, riche édifice désacralisé inscrit MH, est née en juin 2016. À l’occasion d’un appel à projets lancé par la ville de Rouen propriétaire en 2019, elle s’est associée avec la brasserie artisanale Ragnar pour que l’ancienne église, après restauration, devienne, sous le régime du bail emphytéotique et à condition d’héberger un musée et de conserver l’essentiel de son mobilier, la plus grande et la plus originale église-brasserie d’Europe. Le projet, retenu, est dans la phase études. La production de bières ayant commencé sur un premier site, on peut d’ores et déjà, en en achetant, abonder le fonds alloué à la restauration de l’église, 10 % du prix de vente y étant consacré.


Une très bonne nouvelle pour les communes et associations de défense du patrimoine : la commission sénatoriale chargée du dossier Lubrizol (incendie d’une usine chimique à Rouen en 2019), dans son rapport du 2 juin dernier, vient de reconnaître pour la première fois en France la nécessité d’intégrer le préjudice patrimonial au régime d’indemnisation après un accident industriel. Le rapport va même jusqu’à préconiser d’associer la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et les défenseurs du patrimoine à la gestion des conséquences de ce type de catastrophe. Ces préconisations sont issues d’une contribution rédigée par l’association rouennaise La Boise de Saint-Nicaise, à la demande de la sénatrice Catherine Morin-Desailly.  La question du patrimoine est traitée dans la seconde partie du rapport, au troisième point (« Réparer plus efficacement l’ensemble des préjudices »), petit c (« Prendre en compte les conséquences économiques à long terme de l’incendie »). Nous en reproduisons ci-dessous le texte intégral :   


« Par ailleurs, l’indemnisation devra prendre en compte les atteintes au patrimoine . La contribution écrite de l’association rouennaise de défense du patrimoine “La Boise de Saint-Nicaise” rappelle que Rouen est, avec Paris et Nancy, une des villes françaises qui concentrent le plus de monuments inscrits ou classés au kilomètre carré. Dans sa contribution, l’association souligne que “la situation de son patrimoine monumental, exposé aux agressions de la pollution, au manque d’entretien et de fonds pour le restaurer, était déjà inquiétante avant l’accident Lubrizol. L’abbatiale Saint-Ouen, édifice de la taille d’une cathédrale et à la charge de la commune, atteste à elle seule de l’état général du patrimoine rouennais : ce dernier tombe littéralement en morceaux”. Or le surcroît d’émanations soufrées fixé sur les bâtiments dès les premiers jours suivant l’accident de Lubrizol par une pluviométrie abondante, amplifie un phénomène chronique et irréversible de nécrose de la pierre et du béton, en plus d’attaquer les vitraux anciens. Quel coût supplémentaire la pollution accidentelle liée à l’incendie de Lubrizol va-t-il entraîner ? Les collectivités publiques, déjà fortement sollicitées, parviendront-elles à dégager des moyens supplémentaires, dans un contexte marqué par la baisse des dotations de l’État ? Le régime d’indemnisation à l’amiable mis en place est-il adapté à la couverture de ce préjudice qui pourrait ne se manifester qu’à long terme ? Autant de questions qui restent aujourd’hui en suspens et qui justifieraient que la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et les associations de défense du patrimoine soient pleinement associées aux structures de suivi des conséquences de l’accident. »


Il faut noter ici le « devra prendre en compte ». Pas « devrait » mais « devra ». Il s’agit d’une préconisation contraignante dont seules les modalités de réalisation sont au conditionnel.Appliqué au patrimoine, le principe pollueur/payeur permet à la question de l’action de long terme, la seule qui fasse sens, de revenir sur le devant de la scène.

  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak
    Alexandra Sobczak
  • 9 juin 2020

Avalée par un tractopelle, la mémoire du village de Bizanet, charmante petite commune de l’Aude, au riche patrimoine.



Malgré un marquage patrimonial fort, il n’en reste pas moins que la commune, comme tant d’autres sur notre territoire, ne résiste pas à l’appel des sirènes de la modernité. Ici aussi c’est « tabula rasa ».


Certes, ce n’est pas une église, un château ou un « bâtiment classé » remarquable. Non, ce n’était qu’un simple ensemble de maisons de village, devenues « encombrantes » et qui vont faire place à six logements locatifs neufs à prix réduits.


Certes il faut offrir la possibilité à des personnes modestes de pouvoir se loger. Mais encore une fois, ne pouvions-nous pas envisager une réhabilitation intelligente plutôt que ces démolitions ?



La question ne s’est peut-être même pas posée et nous n’avons pas suffisamment suivi ce projet pour porter un jugement sur la forme. Mais sur le fond, nous ne nous résoudrons jamais à la défiguration grandissante de nos centres anciens.Aujourd’hui, on se souviendra de la « Maison d’Anna », la laitière, puisque la presse locale en a fait un article. Mais demain ? Qui se souviendra de cette figure emblématique de la commune arrivée d’Ardèche en 1929 ? Personne. Et quel intérêt en fait de se « souvenir d’Anna » ?Mais qui était Anna ?


Paul et Marie Anna Dedieu sont arrivés de l’Ariège en 1929 pour s’installer à Bizanet comme marchands de légumes, fromages, volailles et œufs. C’est en 1930, qu’ils deviendront marchands ambulants et commenceront leur travail de laitier avec 6 vaches qui seront dans l’étable en face de la maison où l’on pouvait venir chercher son lait. De fil en aiguille et surtout pendant la guerre, tous les Bizanétois allaient chercher leur lait chez Anna, qui est devenue Anna la laitière, surnom qui l’a suivi jusqu’à sa mort en 1981. Aucun de leurs 3 enfants ne voulant reprendre le commerce familial, il s’est donc arrêté dans les années soixante. (cf Journal L’Indépendant)


En faisant disparaître tous ces lieux chargés d’histoire, c’est la mémoire locale que l’on assassine. Les bâtiments construits à la place auront au maximum une durée de vie de 30 ans, et encore… Alors que la maison d’Anna avait traversé plusieurs siècles…


Mais l’ère de l’éphémère modernité efface tout sur son passage. Adieu maison d’Anna, qui va laisser sa place à … un parking pour les résidents des six logements, nommés « La résidence d’Anna », hommage ou provocation, nous vous laissons juges…En savoir plus ICI et ICI.

  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak
    Alexandra Sobczak
  • 9 juin 2020


Ce slogan, nous le martelons à longueur de journée, car afin de lutter efficacement contre le déni de patrimoine, son abandon et ses démolitions, il faut que chacun d’entre nous soit attentif à ce qui se passe dans sa commune, dans sa ville, dans sa région. Nous sommes ceux qui pouvons d’agir.


Oh, nous ne disons pas qu’alerter Urgences Patrimoine permet de réaliser des miracles à chaque fois, mais notre visibilité et notre réseau peuvent conduire à l’impossible, comme nous l’avons prouvé pour la maison médiévale d’Orpierre fin 2019, ou plus récemment, pour la chapelle Saint-Joseph en obtenant un sursis de la part du Ministre de la Culture.L’alerte est capitale, mais le soutien à nos actions l’est tout autant. Il est vrai qu’il est plus simple de faire un don pour un projet de restauration que pour éviter une démolition et pourtant.


À ce rythme-là, que restera-t-il du patrimoine si on le démolit un peu plus chaque jour ? Nous sommes quasiment les seuls à nous être engagés dans cette voie de la « lutte » : engagez-vous avec nous.En devenant membre d’Urgences Patrimoine, vous apportez une voix supplémentaire à la nôtre et plus nous serons nombreux, plus nos combats obtiendront de victoires.


Nous avons besoin de « soldats du patrimoine » pour combattre l’indifférence croissante envers notre mémoire collective et notre identité culturelle. Vous êtes nombreux à avoir donné à la plateforme « Change.org » lorsque vous avez signé notre pétition pour la chapelle Saint-Joseph et nous vous remercions pour eux. Mais cet argent ne tombe dans l’escarcelle d’Urgences Patrimoine. Et vous savez tous qu’il n’est pas nécessaire de payer pour signer. En revanche, seulement trois personnes nous ont fait un don lors de ce combat, à savoir en tout : 85 euros.85 euros pour sauver une chapelle de la démolition, c’est presque une insulte à notre travail, mais nous l’acceptons, car notre seul but est de sauver le patrimoine et pas de faire du racket.


Cependant, comme dans toute structure associative, qui ne bénéficie d’aucune subvention de surcroit, il faut tout de même un petit effort populaire.Alors merci d’avance pour votre aide qui contribuera à nous aider dans nos prochains combats.

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