Après la démolition du couvent de Vif, dans l’Isère, et celui de Sète, dans l’Hérault, c’est au tour de celui de la communauté des sœurs du Bon Pasteur à Angers de dire adieu après 200 ans de bons et loyaux services.
« Pas grand intérêt patrimonial, ces 6000 m2 de bâtiments », disent les élus pour justifier cette décision. À la place, Mesdames, Messieurs, pas 10, pas 20 pas 50… mais 120 pavillons vont voir le jour dans l’un des derniers « poumons verts » de la ville. 5 hectares de verdure, quelle horreur ! Une zone pavillonnaire, c’est tellement mieux. À l’heure où l’on plante des arbres partout, ici, on va les abattre. Oh… mais rassurez-vous, ces arbres n’avaient qu’une trentaine d’années, donc, visiblement, c’est un argument recevable pour tronçonner joyeusement et bétonner tout ce qui peut l’être.
120 logements, cela va représenter environ 500 habitants. N’aurait-on pas pu imaginer de de réhabiliter ce couvent en commerces de proximité, en centre culturel, en maison médicale et bien d’autres choses encore utiles à la collectivité ?
Non, le patrimoine, ici, on n’en veut surtout pas. Le passé doit rester le passé et vive l’avenir. Pourtant, réhabiliter l’existant demeure un geste bien plus écologique pour notre pauvre planète, au lieu de produire des tonnes de gravats dont on ne sait souvent que faire.
Avant la « mise à mort »de l’édifice, la ville aura pris soin d’organiser une belle manifestation culturelle, afin que les habitants du quartier, et d’ailleurs, découvrent leur patrimoine de proximité avant qu’il ne disparaisse. Une grande fête populaire autour de graffeurs qui ont recouvert les murs de leurs œuvres.
Nous reconnaissons que certains ont du talent, et leurs œuvres, sur des murs en sursis, peuvent être considérées comme des voiles pudiques jetés sur un condamné. Nous ne sommes pas réfractaires à ce genre de projet (bien que certaines œuvres soient très contestables par leur sujet) , car, « perdu pour perdu », ce dernier hommage a le mérite de mettre en lumière les « talents d’aujourd’hui ».
Mais de là à en faire une grande fête populaire avec saucisses/merguez, cela nous semble un peu exagéré.Et puis quelle leçon vont retenir les enfants de cette expérience ? Le risque qui est pris ici est que ces jeunes, qu’il faudrait absolument sensibiliser à la cause du patrimoine, penseront que c’est « chouette » de détruire les vieilles pierres. La preuve : on organise une fête à cette occasion.
Enfin, l’heure n’est plus à la polémique. Pour le couvent, « la messe est dite » et les pelleteuses ne devraient plus tarder à faire leur entrée.
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Lire l’article de Ouest France.