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  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak
    Alexandra Sobczak
  • 8 mars 2021

*Réaction spontanée d’une roubaisienne face aux démolitions.



Ces derniers mois dans la métropole lilloise, les démolitions vont bon train ! Nous voyons disparaître les derniers représentants de l’épopée industrielle fondatrice de la métropole : châteaux de l’industrie, habitat ouvrier et bourgeois, lieux de culte.



Les exemples ne manquent pas : nombreuses usines détruites à Tourcoing, ancien couvent à Roubaix, chapelle à Lille, éradication définitive de la Lainière à Wattrelos, sites industriels reconvertis par le vide à Houplines, Quesnoy/Deûle,..



Le cas de l’ancienne usine François Masurel Frères (FMF) à Tourcoing est particulièrement représentatif. C’est un site emblématique fondé au XIXe par l’une des grandes dynasties textiles de la métropole, situé dans la zone industrielle des Francs.



Véritable ville dans la ville, l’usine comporte des édifices de styles différents, marquant les différentes étapes de l’histoire de l’entreprise et le déploiement de son activité : des bâtiments à étages de type Manchester, des ateliers sous sheds dont l’atelier de bonneterie à la remarquable façade moderniste des années 40, ruelles, etc… Avec les éléments qui l’entourent (château et église construits par les patrons, usines voisines, habitat ouvrier), l’ensemble constitue un ensemble remarquable et qui permet de comprendre comment la ville s’est bâtie lors de la 1ère révolution industrielle.



Malheureusement, seuls deux ridicules fragments de bâtiments en front à rue sont conservés, la perspective spectaculaire de la façade moderniste est brisée, les impressionnants « châteaux » de briques en cœur d’îlots disparus !



Les arguments avancés pour justifier ces destructions sont les besoins en habitations et bureaux. Il semble en effet que la métropole ait besoin de 6 000 logements neufs par an sur 6 ans (selon le dernier PLH). La politique qui préside en matière de construction est que, pour éviter l’étalement urbain et l’artificialisation de nos campagnes, on doit reconstruire la ville sur elle-même, en investissant le foncier disponible.



Mais comment ne pas s’interroger ?



  • Pourquoi la métropole, avant de détruire et reconstruire, ne puise-t-elle pas dans les 40000 logements vacants ou dégradés présents sur son territoire 

  • Pourquoi, elle qui se prétend engagée dans la démarche de transition écologique, ne prend-elle pas en compte l’impact environnemental qu’implique la construction de neuf, à savoir 40 à 80 fois plus de matériaux consommés que les réhabilitations ?

  • Pourquoi le recours systématique aux friches industrielles comme gisement naturel de foncier s’accompagne-t-il systématiquement de destruction, sans interrogation préalable sur l’éventualité d’une réhabilitation ?




Pourtant, ces villes savent aussi jouer parfois la carte de l’identité patrimoniale : labellisation ville d’art et d’histoire, recours partiels à des protections (SPR, ISMH, classement), conservation d’un fragment (souvent en façade) servant d’alibi, autant d’outils qui deviennent vite inopérants dès lors que les enjeux financiers prévalent.



Convaincus comme bien d’autres des atouts du patrimoine tant dans l’affirmation de l’identité forte de nos cités que dans la préservation d’une qualité de vie revendiquée souvent à tort pour les constructions récentes, nous rappelons aussi combien la préservation et la réutilisation de bâti patrimonial constitue un atout dans les démarches de transition écologique.



Nous ne voulons pas que nos villes, marquées par une histoire industrielle singulière durant plus de 150 ans, tournent le dos à ce passé glorieux en perdant leur caractère et en devenant de banales banlieues à immeubles. Les promoteurs ont-ils toujours le dernier mot ?



Swan Cazaux, Olivier Muzellec


Association le Non-Lieu

Alors que nous venons à peine « d’enterrer » la chapelle Saint-Joseph à Lille, voici un nouveau combat contre la démolition d’un édifice religieux. Décidemment, sale temps pour les chapelles en 2021 !


Situé dans le centre historique de Cancale, le manoir de Vaujoyeux va trouver une seconde vie dans un projet immobilier. Il sera réhabilité en appartements — ce qui, a priori, ne nous semble pas une hérésie puisque nous militons plutôt pour « qu’importe la réhabilitation pourvu qu’elle évite la démolition ».



Donc nous devrions être heureux de ce projet mené par le géant Bouygues.



Sauf que cette réhabilitation va se faire au détriment d’un autre édifice présent dans l’enceinte du manoir. La chapelle Saint-Pierre ne doit pas être au goût du promoteur, puisqu’elle est purement et simplement rayée du projet. À la place, il est prévu d’y construire deux maisons individuelles.



Comme si de nos jours, les architectes n’avaient pas assez d’imagination pour intégrer l’édifice au projet, en le réhabilitant en maison d’habitation. Il existe bel et bien une clientèle pour des biens « atypiques » et nous pensons sincèrement que la chapelle aurait pu trouver preneur une fois rendue « fonctionnelle ».



Hélas, les choses n’ont pas été pensées ainsi. Donc la chapelle sera livrée aux pelleteuses.



Pourtant, en 2019, dans un article de Ouest France, le maire de Cancale affirmait que le site serait réhabilité dans le plus grand respect du patrimoine.



Extrait du journal Ouest France du 19/12/2019 :



Le Manoir Hamon Vaujoyeux réhabilité



Le 4 décembre, le conseil d’administration du centre communal d’action social, propriétaire du manoir Hamon Vaujoyeux, a approuvé la cession du bâtiment et de son jardin à l’Établissement public foncier de Bretagne, dans le cadre de la requalification du site de l’ancien hôpital. Les associations qui l’occupent seront localisées dans le futur pôle culturel et social et dans l’équipement public, Le Part’Age, qui sera situé dans la ZAC des Prés Bosgers, dont le permis de construire a été accordé.



Cette cession permettra de constituer une offre de logements renouvelée et de garantir la pérennité de ce, bâtiment patrimonial, élément architectural majeur du centre historique de Cancale. Le maire, a apporté les précisions suivantes : « Cette cession nous permet d’avoir une maîtrise municipale totale sur l’avenir de ce bâtiment du XIXe siècle très dégradé et en partie désaffecté, situé dans un périmètre qui le met sous protection des monuments historiques. Il n’a jamais été envisagé de le démolir mais bien de le réhabiliter. » Délibération approuvée avec une voix contre et une abstention.



On notera donc que la chapelle est dans un périmètre protégé MH. Ce qui signifie que l’Architecte des Bâtiments de France doit émettre un avis favorable avant toute— avis favorable délivré le 29 janvier 2021, date d’affichage du permis de construire. On remarquera que L’ABF ne donne aucune indication concernant l’édifice, mais uniquement des préconisations pour les constructions futures.




Encore une fois, comme nous l’avons vécu il y a peu pour la chapelle Saint-Joseph, c’est cet avis conforme qui signe l’arrêt de mort de ce patrimoine édifié en 1860 et en parfaite cohérence avec le patrimoine environnant.



Ce que nous trouvons également déplorable, c’est que la ville ait bénéficié d’une subvention de 1.000.000 euros dans le cadre du plan « Action Cœur de Ville ». Nous pensions que ce plan avait pour vocation d’encourager les communes à réhabiliter le patrimoine et non pas à le démolir. Là encore, le maire se félicite de ce projet de réhabilitation et affirme une totale transparence. À noter que, d’après nos sources, la démolition de la chapelle n’a jamais été ouvertement évoquée lors des réunions publiques. D’où un certain étonnement de la part des habitants aujourd’hui.



Surtout que dans l’extrait d’article qui suit, il est indiqué, au sujet de la chapelle, que c’est un édifice sans intérêt qui date des années 1969. Il y a juste une erreur d’un siècle, afin de faire passer l’annonce de la démolition comme un acte mineur, à partir du moment où l’on conserve le manoir.



ARTICLE Ouest France 10/02/2020 :



Un pilotage participatif fructueux et transparent



Le projet global de réaménagement et de renouveau urbain, Cancale centralité, a été initié dès le transfert de l’hôpital, en 2014.



« Une convention a été immédiatement signée avec l’Établissement public foncier de Bretagne (EPF), pour réaliser la cession de l’ancien hôpital et de la maison de retraite du manoir Hamon-Vaujoyeux, et des terrains annexes. Il n’y a jamais eu de négociation directe entre la Ville et quelque opérateur que ce soit. Aucun profit privé ne sera dégagé sur cette opération, car nous avons constamment gardé la maîtrise publique, explique le maire de Cancale (Ille-et-Vilaine) , Pierre-Yves Mahieu. Nous avons voulu, de surcroît, privilégier une conception participative et de co-construction. De 2017 à 2019, les échanges permanents entre le cabinet d’architecte-urbaniste, l’Architecte des Bâtiments de France (ABF), l’association des riverains et les utilisateurs des équipements publics concernés (école de musique, épicerie solidaire, autres), et la consultation par enquête sur les besoins des seniors ont permis d’améliorer ce programme, salué par les partenaires financiers et récompensé par l’attribution d’une subvention de 1 000 000 €, dans le cadre de Cœur de ville, piloté par le ministère de la Cohésion sociale. »



Pierre-Yves Mahieu rappelle aussi que la population a été constamment informée par la presse, les éditions de la ville (Le plat gousset et Cancale Magazine) ou son site.



« La transparence est totale et notre action n’a eu de cesse que de veiller à l’intérêt général, pour un Cancale de demain, alliant préservation du patrimoine, nouveaux logements, renforcement du lien social, revitalisation du tissu économique, davantage d’espaces verts et de liaisons douces. »



La chapelle de la discorde



Datant des années 1960 (sic), la chapelle n’a aucune valeur architecturale et n’est pas inscrite au patrimoine de la commune. Intégrée au fonctionnement de l’hospice (sis au manoir) pour les religieuses, puis lieu de recueillement de l’hôpital, elle est devenue lieu de stockage pour l’épicerie solidaire. « Nous porterons évidemment une attention particulière à ce que les statues, vitraux et autres artefacts de la chapelle démolie soient conservés et réutilisés pour garder la mémoire du lieu », précise Maude Korsec, conseillère déléguée à l’urbanisme.



On nous parle donc de transparence totale, nous émettons quelques doutes.



Quoi qu’il en soit, de nombreux internautes nous ont alerté dès qu’ils ont eu connaissance du projet de démolition il y a quelques semaines. Le permis de démolir étant affiché depuis le 29 janvier 2021, nous sommes encore dans les délais de recours pour contester le permis de construire.




Malheureusement, nous ne pouvons envisager de contester seuls ce permis. Et c’est la raison pour laquelle nous aurions besoin de quelques riverains courageux et/ où d’une association locale ou départementale ayant intérêt à agir.



N’hésitez pas à nous contacter par mail si vous souhaitez vous joindre à nous pour ce recours à cette adresse : urgences.patrimoine@gmail.com



Nous avons également besoin de photographies de l’intérieur de la chapelle, alors n’hésitez pas à nous les communiquer.



Cette nouvelle guerre aux démolisseurs, nous pourrons espérer la gagner si la mobilisation locale est importante. L’avenir de ce patrimoine est donc entre les mains de tous ceux qui aiment et respectent les témoins de leur histoire collective.


Une pétition a été mise en ligne il y a quelques semaines et nous vous invitons à la signer et à la partager ICI.

Alors qu’un vaste projet immobilier au cœur de Montmartre inquiète les habitants, un patrimoine remarquable du quartier se trouve menacé de démolition, dans l’indifférence générale des services de la culture. Ce qui nous surprend d’autant plus que ce patrimoine abrite un laboratoire photographique de renommée internationale.



Voici les informations transmises par le collectif :



Les anciens bains douches de la rue Muller dans le 18ème arrondissement de Paris sont menacés de destruction. Un promoteur immobilier a prévu de détruire les 400m2 de l’ancien site pour y bâtir à la place un immeuble de 4 étages pour en faire ses bureaux et trois lofts à usage privé.



Ces bains douches accueillent depuis 1998, le Laboratoire Photographique CYCLOPE à la réputation internationale et l’un des derniers tireurs de photos argentiques et numériques de Paris. Le laboratoire travaille avec des institutions telles que le MUCEM à Marseille et une dizaine de FRAC (Fond Régionaux d’Art Contemporain), des galeries d’art aussi prestigieuses que Kamel Mennour, et des artistes du monde entier : Bettina Rheims, Jean-Marie Perrier, Jan Houllevigue, Gérard Rancinan (Star mondiale de la photographie), Marie Bovo, Olivier Monge, Per Barclay( Norvège). Vick Muniz (Brasil) Galerie Xipas Estefania Peñafiel (Ecuador), Galerie Les Filles du Calvaire, Allain Bublex, Galerie Valois, ORLAN, Joachim Bonnemaison. Pour ne citer qu’eux.



Le permis de construire a été accordé et la date limite pour le dépôt d’un recours est fixée au 12 mars. L’actuel occupant, Gonzalo Castillo, le directeur du laboratoire photographique est menacé d’expulsion. Les anciens bains ont été vendus avec lui en tant que locataire.



Nous (un ensemble de voisins du laboratoire) sommes en train de faire des recherches d’informations précises sur l’historique des bains dont on trouve encore des traces vivantes comme en témoignent les photographies ci-jointes.


Nous avons très peu de temps pour empêcher cette destruction. Nous avons découvert la semaine dernière lors d'une visio-réunion enregistrée avec Mario Gonzalez, adjoint au maire du 18ème arrondissement, et le promoteur immobilier, que la mairie ignorait totalement l’existence des bains. Le Permis de construire a été déjà refusé deux fois auparavant en raison de la dangerosité des travaux, le site se trouvant sur ses fameuses carrières de gypse, avec des trous dans le sol extrêmement profonds. Les habitants du cœur d’îlot sont très inquiets des conséquences que pourraient avoir ces travaux sur leurs habitations (effondrement, fissures).  



Voici en complément de cette alerte du collectif de riverains, une note qui nous inquiète, puisque visiblement Le département Histoire et Archéologie et La Commission du Vieux Paris ne sont absolument pas sensibles au caractère patrimonial et culturel des bains-douches. Le jugement est rendu par rapport à l’immeuble dans son ensemble sans mentionner ni tenir compte des bains.



Nous sommes également surpris que cet avis soit rendu sans aucune visite préalable des lieux.



Le DHAAP a reçu en novembre dernier une consultation de la part de la direction de l’Urbanisme sur le PC 075 118 19 V0053. Le service a classé le dossier sans suite le 02/02/2020. Il est à noter que la Commission du Vieux Paris s’est réunie pour la dernière fois en février 2020, avant d’être mise en sommeil le temps des élections municipales. Elle vient de reprendre ses activités à la fin du mois de janvier 2021. Pour ce qui concerne les raisons de cette non opposition de la part du DHAAP, qui a poursuivi l’instruction des permis de construire en l’absence de Commission, il a été jugé que cette adresse présentait un très faible degré d’authenticité. Les bâtiments concernés ne pouvaient justifier une opposition au projet de restructuration et de surélévation. Transformés en bureaux de longue date, les locaux ont perdu l’essentiel – si ce n’est l’ensemble - des éléments liés à leur ancienne affectation. La verrière ne semble pas présenter un intérêt patrimonial particulier, et les skydomes qui l’entourent témoignent de rénovations lourdes menées au fil du temps.



C’est sur la base de ces éléments que le DHAAP a décidé de classer le dossier. Il est certain que le projet de constructions neuves impactera les immeubles voisins, mais ce sont là des considérations qui n’entrent que très secondairement dans les critères de sélection des dossiers à enjeux patrimoniaux. Les premiers de ces critères étant bien entendu l’ancienneté du bâti, son authenticité, son intérêt architectural et historique.



Nous vous remercions pour votre signalement et les informations contenues dans votre message. Nous ne manquerons pas de suivre avec intérêt l’évolution de ce dossier, et les possibles modifications que le projet pourrait connaître suite aux recours des riverains.



Outre la disparition des Bains, il est important de s’interroger au sujet de l’avenir de Cyclope et de son Directeur Gonzalo Castillo. Son expulsion compromettrait sa prestigieuse activité et son savoir-faire inégalé.



À propos de Cyclope :



Créé en 1998 à Montmartre, Cyclope est rapidement devenu une référence dans le monde de la photographie, et sa renommée aujourd’hui a largement dépassé les limites géographiques de la France. Installé dans les locaux d’un ancien Bains-Douches des années trente le laboratoire se dédie plus particulièrement au tirage d’exposition, qu’il s’agisse du Noir et Blanc, C-print, Ilfochrome ou bien du procédé Pigmentaire.



L’ambition de Cyclope est d’offrir aux photographes et artistes plasticiens ce qu’ils ne trouvent plus ailleurs : du temps pour expérimenter et réfléchir à leur travail, un dialogue direct avec des tireurs parmi les meilleurs, un lieu où chacun peut voir et juger ses tirages dans l’intimité et le calme et, enfin, une réelle maîtrise du tirage argentique et de sa conservation.



Cyclope n’est pas pour autant figé dans une technique ou une époque et c’est ainsi qu’en 2004 un service numérique a été créé ; l‘équipe Cyclope entend de cette façon pérenniser le savoir-faire en tirage traditionnel et évoluer avec son temps. Cette démarche a fait de Cyclope le lieu de prédilection des photographes les plus prestigieux et exigeants, et plus largement, de tous les passionnés et amateurs d’images.



Malgré les difficultés liées à la crise que le monde de la culture traverse, Gonzalo Castillo tient bon, mais cette expulsion qui rend l’avenir de Cyclope plus qu’incertain ne le rassure guère.



Dans cette triste affaire si les recours sont rejetés, ce sont certes des pierres qui seront jetées à terre, mais également une part de l’excellence de la culture française.


Bien évidemment, Urgences Patrimoine a répondu présente aux sollicitations des riverains et mettra tout en œuvre pour les accompagner dans l’ensemble de leurs démarches pour la sauvegarde des Bains-douches de la rue Muller et du laboratoire Cyclope.



En attendant, merci de bien vouloir signer la pétition lancée il y a quelques semaines par le collectif ICI.

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