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  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak
    Alexandra Sobczak
  • 12 sept. 2021

Urgences Patrimoine est née en 2014. En 2015 et 2016, il nous avait semblé judicieux d’être présents au Salon International du Patrimoine au Carrousel du Louvre, même si nous n’en avions pas les moyens. Ce salon est le plus important du genre pour tous les acteurs du patrimoine, il était donc important d’y figurer, surtout pour sortir de la virtualité dans laquelle nous étions un peu enfermés. En effet, Urgences Patrimoine est une association née sur les réseaux sociaux un peu par accident, et son incarnation physique était nécessaire pour la suite.



En 2015, nous avons été considérés comme la « révélation » du salon. Nous avons eu les honneurs de tous, institutionnels en tête, qui sont tous venus nous féliciter, surtout après une intervention mémorable lors d’une conférence qui avait pour titre : « Le patrimoine est-il réactionnaire ? ».


Passés les honneurs et les courbettes, la réalité a été tout autre. Mépris des uns, menaces des autres, il a fallu subir bien des déconvenues pour avoir envie de porter haut et fort la voix du patrimoine, et notamment, la voix du « petit patrimoine ».



Comme notre seule ambition a toujours été de faire de notre mieux pour servir la cause qui nous est chère, nous avons certes parfois « courbé l’échine », mais nous n’avons jamais renoncé, malgré des périodes difficiles emplies de doutes et de coups bas en tout genre.


Il y a surtout une chose à laquelle nous n’avons jamais renoncé, c’est à notre liberté d’expression (à part une ou deux fois peut-être, nul n’est parfait).



C’est justement cette liberté de ton qui a permis de faire de la cause du patrimoine une cause « populaire » et de la sortir un peu de son univers feutré, réservée à une pseudo élite, plus préoccupée par les dîners en villes, que par le patrimoine.



Il est vrai qu’à nos débuts nous ne savions pas trop où nous allions, mais nous sommes allés là où tous ceux qui nous suivaient nous ont conduits, à savoir la lutte contre les démolisseurs. Car, s’il existe pléthore de structures qui accompagnent les projets de restauration (et il en faut), rares sont ceux qui traquent les pelleteuses, ou alors, lorsqu’ils le font, il faut que la cause soit très médiatique, et surtout lucrative.



Peu importe, nous ne sommes pas là pour juger, mais pour agir. C’est justement pour cette raison que nous avons souhaité être présents cette année au salon.



Car on peut nous reprocher beaucoup de choses, mais on ne pourra jamais dire de nous que nous nous contentons de regarder ce qui se passe en mangeant des petits fours et en buvant du champagne. Certes, nous ne sommes pas infaillibles et nous ne faisons pas tout bien, mais nul n’est parfait, et nous ne sommes que des êtres humains.



Nous avions renoncé à cette manifestation, car elle est totalement hors de notre portée financièrement. Mais ne pas être présents cette année, après toutes les actions qui ont été les nôtres, serait bien plus dommageable que de se mettre en danger financièrement.




Si nous avons tenu à cette présence, c’est avant tout pour rappeler à tous les acteurs du patrimoine, à tous les institutionnels et à tous les politiques, qui feront le déplacement, que le patrimoine est de plus en plus menacé par la promotion immobilière (entre autres) et que le loto c’est bien, mais que ce n’est pas avec un ticket de grattage à 15 euros que l’on sauve le patrimoine des territoires des griffes des pelleteuses. Nous voulons également être présents pour rendre visibles nos différents dispositifs qui permettent d’offrir un avenir au patrimoine, comme « Un Geste à l’Édifice » qui consiste à faire restaurer des œuvres gracieusement des œuvres pour lesquelles les communes n’ont pas de budget, par des restaurateurs professionnels, dans le cadre du mécénat de compétences.




Ou notre dispositif « PPA » un Patrimoine, un Projet, un Avenir qui permet de trouver des porteurs de projet sérieux pour faire revivre des édifices menacés ou abandonnés.



Sans parler de notre toute nouvelle Commission de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire grâce à laquelle de nombreuses tombes civiles ou militaires seront restaurer et valoriser.




N’oublions pas non plus notre Gazette du Patrimoine qui est devenue en moins de deux ans un média en ligne incontournable pour tous ceux qui s’intéressent au patrimoine et qui, en fonction de l’actualité, peut réunir jusqu’à 100.000 lecteurs par mois. La Gazette mérite vraiment sa place au salon et c’est pour cette raison d’ailleurs que nous allons éditer un numéro spécial en version papier pour l’occasion.

Tous ceux qui s’intéressent au patrimoine doivent se souvenir de la mobilisation pour sauver la caserne Miribel en début d’année 2021. Urgences Patrimoine n’a pas participé au combat pour la sauvegarde de l’édifice, car au moment où nous avions été alertés, nous étions encore en pleine « affaire Saint-Joseph » et les grandes institutions étaient déjà mobilisées. Il est vrai qu’il est plus « politiquement correct » de défendre une caserne qu’un édifice religieux. Peu importe, le résultat a été le même que pour la chapelle Saint-Joseph, la glorieuse caserne est tombée.




Si nous revenons sur ce sujet aujourd’hui, c’est que nous avons eu connaissance de la réponse donnée par notre très chère Ministre de la Culture, lors d’une séance à l’Assemblée Nationale le 31 août dernier. Si le sujet n’était pas aussi triste, nous aurions pu y voir un trait d’humour de la part de Roseline Bachelot, mais ce n’est absolument pas la cas.



En effet, c’est presque deux mois après la démolition de l’édifice, que la réponse à la question posée par Nicolas Dupont-Aignan au mois de mai à l’Assemblée, obtient enfin une réponse.


Comme d’habitude, le même discours. A croire qu’on manque un peu d’imagination au ministère. « Intérêt patrimonial insuffisant ». Certes, peut-être qu’au niveau national, l’édifice ne rentrait pas dans les cases du « remarquable », mais localement il l’était. Sans parler de la valeur mémorielle, puisque tout le monde faisait remarquer que c’était un des rares bâtiments à ne pas avoir été mutilé lors de la première guerre mondiale.



Mais la valeur mémorielle d’un édifice à Verdun est le cadet des soucis d’un ministère parisien qui n’a de bienveillance que pour les « grands opérateurs ». Rappelons-nous de la réaction édifiante de Roselyne Bachelot, lorsqu’on lui reprochait de ne pas assez s’intéresser au patrimoine de nos belles provinces : cette dernière avait simplement répondu que « le Palais Garnier n’était pas à Montauban, mais bien à Paris » !



Pelleteuse sur le gâteau, ce nouveau « patrimonicide » fait partie du programme « Action Cœur de Ville » dont nous rappelons ici les principes de base. Cette image est extraite directement du site du Ministère de la cohésion des territoires en charge dudit dispositif.



Décidément, nous n’avons vraiment pas la même interprétation du mot réhabilitation, ni des termes « mise en valeur du patrimoine ». Et tout ça pour un budget de 40 millions d’euros !



Vous constaterez que la valorisation du patrimoine n’est pas flagrante dans ce projet. Un bâtiment devait être cependant conservé, sans doute pour se donner bonne conscience et calmer les esprits. Nous écrivons « devait », car au moment même où nous rédigions cet article, il a été victime d’un incendie qui a mobilisé des dizaines de soldats de feu.




Nous ignorons pour le moment l’étendue des dégâts, mais cet ultime témoin de la caserne Miribel et de son glorieux passé semble condamné par le destin. Enfin, le destin à bon dos ! Sans doute que l’édifice était trop « encombrant » pour certains, et que cet incendie n’est pas le fait du hasard. Un problème électrique sans doute…



Encore un exemple d’édifice menacé en plein cœur de ville. L’ancienne boucherie Griffer, dont l’enseigne date du XIXe siècle, est aujourd’hui frappée d’un arrêté de péril qui pourrait bien conduire à sa démolition. Certains diront sans doute qu’il ne s’agit pas là d’un édifice remarquable, mais pourtant sa base médiévale atteste de son importance patrimoniale au sein d’un ensemble architectural cohérent.



Pour le moment, aucune étude précise sur le bâti n’a été réalisée, mais cette maison pourrait livrer quelques secrets.



Marie-Claude Bakkal-Lagarde, Présidente de l’Association pour le Développement de l’Archéologie sur Niort et les Environs (ADANE) et déléguée départementale d’Urgences patrimoine, s’est émue du triste sort de l’édifice et tente de le sauver. Nous espérons que le maire de la commune, qu’elle doit rencontrer prochainement, saura être attentif à sa demande de réhabilitation.



Marie-Claude Bakkal-Lagarde, licenciée en Histoire de l’art, docteur en Archéologie, ingénieure de recherches en exercice, est également présidente fondatrice d’une association locale sur le patrimoine. C’est dans ce cadre qu’elle se passionne pour les documents et les techniques, n’hésitant pas au besoin à expérimenter ou pratiquer afin de mieux comprendre. Pour appréhender le passé, il faut s’immerger dans les mêmes conditions. Selon elle « ce n’est pas l’homme qui commande la matière, mais la matière qui commande l’Homme ».



Sortant de l’abbatiale, le visiteur saint-maixentais peut découvrir la ville, notamment la rue Anatole France (anciennement rue de la Croix). Elle a conservé quelques belles façades en pierres apparentes du XIXe siècle et aussi de plus anciennes dont celle d’une belle maison médiévale à colombage du XVe siècle, dont l’inscription HIC VALETVDO  rappelle qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles ce fut la demeure de la famille Valette.



Néanmoins au cours de cette promenade idéale, plus précisément au n° 9 de la rue Anatole France, le regard est immédiatement interpelé par la devanture en bois d’une boucherie du XIXe siècle, digne d’un décor de tournage de film.



Son charme désuet permet d’imaginer la vie de l’établissement, avec ses stores en bois derrière ses remarquables grilles de protection. La boucherie Griffier, comme l’appellent les anciens, possède même plusieurs salles médiévales voutées en sous-sol. Son rez-de-chaussée donne au sud sur une cour intérieure arborée, non exempte de charme, entourée de ses divers bâtiments de pierre.



Certes, cette devanture est « dans son jus », mais depuis deux ans elle est gardée par des grilles de sécurité, sur lesquelles est affiché l’arrêté de péril qui frappe son bâti. Distante seulement de 5 m de la maison médiévale à colombage, la façade du 11 (anciennement, maison à pans de bois, propriété de la famille Vallette) également en belles pierres de taille, sert d’appui à la maison Hic Valetudo.



Nous avons donc tenté de contacter le propriétaire pour lui faire une proposition. Demeurant à l’étranger, la crise sanitaire bloquant tout déplacement, il n’a pas donné suite à nos courriers et les dégradations continuent. L’arrêté de péril va donc s’imposer, avec une éventuelle démolition qui sera préjudiciable sur le plan visuel et structurel pour le bâti contigu.




Il importe d’intervenir rapidement, aussi avons-nous sollicité un rendez-vous auprès du maire M. Stéphane Baudry mi-septembre. Nous espérons qu'il sera sensible à notre demande et à notre projet de redonner vie à ce lieu tout en respectant son architecture d’antan. Mais n’en dévoilons pas davantage …



Affaire à suivre dans un prochain article de La Gazette du patrimoine.



Marie-Claude Bakkal-Lagarde


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