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  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak-Romanski
    Alexandra Sobczak-Romanski
  • 29 févr. 2020

Encore un pan du patrimoine des territoires qui disparaît aujourd’hui. Le Couvent de la Visitation à Vif dans l’Isère, vient d’être définitivement rayé du paysage. Construit en partie au XVIIème siècle, le lieu avait été abandonné par les sœurs en 2006.



Racheté par la commune, mais toujours laissé à l’abandon, il fut la cible d’un incendie en 2016. 600 m2 sur 2000 furent détruits. Mais il était toujours question de création d’un projet culturel dans les parties épargnées par l’incendie.


Il n’y aura pas de projet culturel, mais des logements en lieu et place de l’édifice qui a été entièrement rasé dans l’indifférence générale.


En attendant de voir « pousser » les logements en question, c’est un « joli parking » qui peut s’enorgueillir de prendre la place de 400 ans d’Histoire.



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Crédits photographiques : photo 2 : Marie-Noëlle Streker / Mairie de Vif . Autres : Le Dauphiné Libéré


Victor Hugo qui fit la guerre aux démolisseurs serait bien consterné de nos jours. Je n'imagine pas son chagrin face à Notre-Dame, ravagée par les flammes. La cathédrale, qu'il sauva avec Viollet-le-Duc et Lassus, est un symbole, comme son combat. N'oublions jamais ces hommes, comme lui, comme Alexandre Lenoir et d'autres encore à qui l'on doit une prise de conscience patrimoniale puis l'élaboration d'un cadre législatif dans l'espoir de sauver ou à tout le moins de préserver les témoignages de notre grand passé. L'indignation de Hugo, le travail acharné des grands restaurateurs du XIXe siècle à nos jours sont nôtres. Notre combat pour le patrimoine, quel qu'il soit, n'est ni vain ni d'arrière-garde.



Non seulement, aujourd'hui, un nombre impressionnant d'églises nécessitent des restaurations, mais en plus certaines sont de plus en plus vandalisées voire pillées. De très beaux objets liturgiques, accumulés au fil des siècles, faisaient la gloire de l'église Saint-Saturnin-de-Séchaud à Port d'Envaux en Charente-Maritime, connue pour être une sorte de musée d'art religieux.


C'est le samedi 22 février 2020 que l'église a été profanée. Monsieur le Maire du village indique « qu'il y a eu effraction par une petite fenêtre qui donne sur la sacristie. Des objets de culte d'une grande valeur ont été dérobés, notamment dans une armoire, avec pratiquement l'intégralité du trésor emporté. Ils ont fracturé les tabernacles des autels pour en voler les calices ».



Le Père Feliho, curé de la paroisse, le maire et les villageois sont, bien sûr, sous le choc. De tels actes n'étaient plus arrivés depuis des dizaines d'années. Une messe de réparation sera célébrée le 2 mars à 18h30, l'église ayant été profanée.


Si vous pouvez vous y rendre, vous verrez surgir soudain, quittant Port-d'Envaux en direction du hameau de Saint-Saturnin-de-Séchaud, au bout de la ligne droite, l'aimable façade gothique flamboyant, œuvre délicate du XIXe siècle, de cette charmante église qui est tel un précieux écrin. L'abside, le chœur, le carré du transept à coupole sur trompes et les croisillons sont romans bien que très remaniés. On peut estimer que l'ensemble des vestiges romans actuellement visibles, dont les bras du transept font également partie, remonte aux premières décennies du XIIe siècle. Si une église antérieure a existé, il n'en reste rien.


On va du transept à la nef par des passages étroits comparables à ceux de l'Abbaye-aux-Dames de Saintes, de Geay et surtout à ceux du Berry. La nef possède des voûtes d'ogives du XIIIe siècle. Au chevet, des arcatures alternent avec les fenêtres. Sur la souche romane du clocher carré a été monté un étage gothique à baies trilobées. A l'aide d'une chambre de refuge à créneaux et meurtrières, l'église a été fortifiée au XVe siècle.



L'intérieur de l'église est un véritable musée d'art liturgique, notamment du XIXe siècle. Statues, candélabres, lustres, vitraux, autels sont des exemples parfaits de la magnifique production d'un temps où le style gothique avait été remis à l'honneur. Le mobilier de grande qualité, le bronze, les marbres, les peintures ont été employés avec justesse et créent une ambiance de solennité exceptionnelle. La chaire aux élégantes colonnettes de marbre de différents coloris fait l'admiration des visiteurs. La statue de Jeanne d'Arc, au-dessus, est particulièrement réussie. A l'entrée du chœur, vous pourrez voir le chapiteau des trois âges de la Vie, œuvre des frères Arnold, sculpteurs originaires de Saintes. La voûte du chœur présente, elle, une somptueuse décoration néo-classique à caissons peints en trompe-l’œil du plus bel effet.




Si vous vous déplacez , vous remarquerez aussi que le clocher est surmonté du drapeau français. Il date de la Seconde République (1848-1852), la commune étant une des rares à avoir conservé ce symbole de l'élan patriotique de cette époque.

Dans ce délicieux village, dont la devise est « Sol omnibus lucet » (le soleil brille pour tout le monde), vous ne manquerez pas la prévôté où l'on gardait les larrons reconnus coupables sur les villages alentour, la chaussée romaine (reconstruite au XIIe siècle, Saint-Louis l'aurait emprunté en 1242) immortalisée par Delacroix dans son tableau «La Bataille de Taillebourg» et le Fief de la Tour, maison forte du XIVe siècle, face à l'église. Pendant la Guerre de Cent Ans, y logeait le sénéchal anglais nommé par le Roi d'Angleterre et chargé de la justice.


Vous pouvez retrouver Saint-Martin-de-Séchaud dans mon livre La Charente-Maritime pour les Curieux, aux Éditions Le Passage des Heures à Saint-Savinien.


François Hagnéré

Historien de l'art et de l'architecture

Rochefort, le 27 février 2020.


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Crédits photographiques : François Hagnéré



Ce slogan de la marque Monoprix, « on fait quoi pour vous aujourd’hui », n’est pas vraiment d’actualité, puisque pour ce bâtiment emblématique de la ville, on ne peut plus rien faire. Une histoire à moult rebondissements qui ne se termine pas vraiment bien.

Construit en 1880 il avait tout d’abord abrité un Grand Magasin de confection et, dans les années 50, c’est Monoprix qui avait pris place dans ce grand bâtiment du centre-ville. Fermé en 2009 et racheté par le Crédit Agricole il était à l’abandon depuis. En 2015, la banque avait présenté un projet immobilier comprenant une vingtaine de commerces et une vingtaine de logements, mais le permis de démolir avait été refusé suite au rapport délivré par l’Architecte des Bâtiments de France, l’édifice se situant dans un secteur protégé. Ce projet n’ayant pas abouti, il a fallu de nombreuses concertations entre le propriétaire (le Crédit Agricole), la ville et l’ABF, pour arriver à l’hypothèse de l’installation d’une médiathèque, mais rien n’a été arrêté. La ville a envisagé un temps l’acquisition du bien pour 1 euro symbolique, mais cela n’a pas abouti non plus. Quoiqu’il en soit, le bâtiment s’étant fortement dégradé faute d’entretien, un arrêté de péril imminent a été déclaré et l’heure est désormais à la démolition et plus aux concertations. Le permis de démolir a été accordé et nous en sommes aujourd’hui à la mise en place du calendrier du chantier de démolition.

Sauf que démolir un édifice de 1700 m2 en plein centre-ville n’est pas chose aisée, d’autant que l’Architecte des Bâtiments de France souhaite que les pierres de la façade soient conservées, ce qui induirait une « déconstruction » presque entièrement manuelle de cette partie du bâti. Mais cette méthode « douce » risque de ne pas être compatible avec un arrêté de péril imminent, et il est fort probable que ce soit une fois encore les pelleteuses qui fassent le travail, au risque de fortement endommager les éléments à conserver. Du côté des habitants de la ville, l’heure est aux souvenirs et nombreux regrettent cette démolition. « C’est un morceau de l’âme de Saint-Brieuc que l’on va détruire » disent certains. D’autres, qui qualifiaient l’édifice à l’abandon de « verrue », sont soulagés que les travaux soient enfin entrepris. Quoiqu’il en soit, le Mon’op aura fait couler beaucoup d’encre, mais si le bâtiment avait été entretenu, sa démolition n’aurait jamais été d’actualité, et après 140 ans de bons et loyaux services, on aurait pu envisager un meilleur avenir pour lui.

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Crédits photographiques Le Télégramme : Valentin Boudet et Benoît Tréhorel.

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