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Dernière mise à jour : 14 mai



Il semblerait donc bien que la salle Napoleon à Bayonne, soit destinée à la démolition pure et simple, pour faire place à un immense bâtiment de 207 logements pour étudiants et saisonniers, entraînant dans sa chute les 2 autres bâtiments commerciaux adjacents. Les derniers bâtiments à l’architecture traditionnelle situés le long de l’Adour disparaissent peu à peu, au profit de blocs résidentiels à toits plats.




Il reste si peu de témoignages architecturaux de l’épopée Napoléonienne à Bayonne ( classée pour mémoire ville d’Art et d’Histoire ) que l’on peut se demander pourquoi la ville ne protège pas ce dernier vestige avec un projet de réhabilitation plus en phase avec le caractère patrimonial de défense de l’Histoire qu’elle revendique. 

De plus, un tel projet, avec un nombre aussi important de logements, ne viendra que bouleverser la vie du quartier, avec des parkings et des bâtiments de grandes hauteurs.


 Le permis de construire est à l’instruction. Les habitants surveillent cela de très près, et se disent prêts à agir en justice afin de préserver un pan d’histoire de leur ville et le caractère de leur quartier, si la municipalité validait ledit permis.

Leur inquiétude est justifiée, car le projet de cette résidence étudiante est vraiment démesuré, et ils ne voient pas du tout comment il est possible d’installer 207 logements sur ces superficies !

Un précédent projet  immobilier n’avait pu obtenir de PC, alors qu’ il portait sur des surfaces de construction bien inférieures.


Espérons que la municipalité ne validera pas ce permis, afin de permettre à ce marqueur fort de l’identité de la ville de s’inscrire dans l’avenir.


Nous avons demandé à David Chanteranne, l’un des plus grands spécialistes de l’époque napoléonienne, de nous donner son avis quant à l’importance de préserver ce patrimoine.



David Chanteranne est historien, rédacteur en chef de la Revue du Souvenir Napoléonien, directeur des sites patrimoniaux de la ville de Rueil-Malmaison, il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le Premier Empire et Napoléon, notamment L’insulaire. Les neuf vies de Napoléon (Le Cerf, 2015), Napoléon, Empereur de l’île d’Aix (Éditions du Trésor, 2021) et Les douze morts de Napoléon (Passés Composés, 2021, réédition Alpha poche, 2023). Il a signé, aux éditions Passés composés, Chroniques des territoires. Comment les régions ont construit la nation (2023).

 

 « Dans le contexte de la guerre qui débute dans la Péninsule ibérique en 1808, la rencontre de Bayonne d’avril, entre Napoléon, le roi Charles IV d’Espagne et son fils Ferdinand, est un moment clé. L’Empereur des Français souhaite, par tous les moyens, faire renoncer à leurs droits ses anciens alliés pour installer son propre frère, Joseph, sur le trône. Le premier à se présenter est Ferdinand, que Napoléon tente d’amadouer. Puis, précédés de Godoy qui fait office de premier ministre, Charles IV et sa femme arrivent à Bayonne le 30 avril, dans l’espoir de bénéficier du soutien du glorieux chef de guerre. La mort dans l’âme, le roi renonce à ses droits sur la couronne et en exil, s’installant successivement à Fontainebleau, Compiègne, puis Marseille et enfin à Rome après 1811 à Rome. Son fils, futur Ferdinand VII, ne met pas longtemps à se décider, les menaces étant telles qu’il ne peut qu’accepter. Il est placé en résidence chez Talleyrand, au château de Valençay. Ce double renoncement est pris comme une provocation par les Espagnols. Cette rencontre de Bayonne provoque, dès le 2 mai, l’insurrection des Madrilènes, qui refusent que les infants ne quittent à leur tour la ville. Ce sont les émeutes du « Dos » et du « Tres de mayo » que le peintre Goya peint plus tard. La guerre d’Espagne sera un échec pour Napoléon et le début d’une véritable prise de conscience européenne contre le pouvoir impérial.

 Les sites qui ont accueilli ces événements méritent d'être conservés, ils sont les souvenirs patrimoniaux de notre histoire européenne. »



À suivre...


 

 lire notre précédent article sur le même sujet :

 

 

  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak-Romanski
    Alexandra Sobczak-Romanski
  • 12 sept. 2023

fregate-thonon-les-bains-urgences-patrimoine.jpeg

Cela devient presque une histoire banale, tant les exemples sont nombreux. Mais il est capital de relayer les appels à mobilisation que nous recevons quasi quotidiennement.


Toujours le même scénario : prenez une maison à l’architecture très particulière et typique d’une époque. Vendez-là à un promoteur, car c’est bien plus lucratif que de la vendre en tant que maison d’habitation, et sous vos yeux émerveillés Mesdames et Messieurs, vous verrez apparaître un bel immeuble de 16 appartements.


Cette « vieille Dame » de 90 ans, au physique si particulier, était un marqueur fort du quartier. Mais de nos jours, il semblerait que le physique ne compte plus. Seuls les intérêts financiers sont importants.




Cette architecture, on l’aime ou on ne l’aime pas, mais il faut reconnaître que sa singularité devrait être un atout pour une mise en valeur. D’ailleurs, on labellise à tout va le patrimoine du XXe siècle, mais pas à Thonon-les-Bains visiblement.


Le collectif local opposé à cette démolition a tout d’abord déposé une demande de recours gracieux, qui a été rejeté, et attend maintenant le verdict du recours devant le Tribunal Administratif — hélas sans grand espoir.


Afin d’étayer leur argumentaire, comme nous savons que de nombreux Architectes, Architectes du Patrimoine et même Architectes de Bâtiments de France nous lisent, si parmi vous, quelques bonnes âmes acceptaient de rédiger une petite note es qualité, afin de démontrer que cette maison a un réel intérêt, cela nous rendrait bien service. Notre mail : urgences.patrimoine@gmail.com


En attendant, voici les quelques lignes que Monsieur Marius Guillemot, membre du collectif Patrimoine du Léman, nous a adressés, afin de plaider la cause de La Frégate.


Merci de bien vouloir signer la pétition en fin d’article.




Appel à la mobilisation pour sauver LA FRÉGATE

Située au n°72 de l’avenue du Général de Gaulle à Thonon-les-Bains, la villa FREGATE est facilement repérable dès l’arrivée dans la seconde ville de Haute-Savoie. Localisée sur l’axe historique, autre fois connu sous le nom de route de Genève, cet édifice est associé au lotissement Michaud, conçu au début des années 1930 par un découpage parcellaire pour générer des terrains d’environ 500 m2, suffisants pour permettre la construction de maisons individuelles.


L’autorisation de construire fut déposée le 16 novembre 1932 pour être accordée le 30 novembre par la mairie de Thonon-les-Bains. Sur les plans et élévations du permis, le projet est nommé La Clarté. Tout comme l’immeuble construit par LE CORBUSIER (1887-1965) dans le quartier de la Terrassière à Genève en 1932.


L’architecture moderne de la villa que l’on peut rattacher au style dit « paquebot » représente une véritable évolution dans l’architecture locale. En plus de posséder un toit-terrasse, elle présente une courbe qui confère à son volume une dynamique très contemporaine, contrairement à la forme classique à deux pans des maisons. Répartis sur quatre niveaux dont l’un est en sous-sol, elle bénéficie de larges ouvertures en bandeaux marquant l’horizontalité.


La courbe correspond à l’escalier permettant de relier chaque niveau, créant ainsi une tourelle de circulation. Le dernier étage, conçu initialement comme un studio selon les plans du permis, évoque une vigie d’où l’on pouvait observer les navires voguer sur le lac Léman à l'époque de sa construction. De multiples détails rappellent l’architecture navale comme un œil-de-boeuf disposé au-dessus de l’entrée qui peut être comparé à un hublot, ou ces garde-corps tubulaires typiques des paquebots transatlantiques.


L’architecte et maître d’ouvrage, Félix ROY (1901-1963) ne semble pas avoir suivi de formation dans une école d'architecture, mais plutôt au sein d'un atelier d'architectes. Prolifique dans sa production, on peut supposer qu’il avait une parfaite connaissance de la construction. Ses réalisations sont variées et possèdent toujours une expression particulière avec des toitures non-symétriques, des façades courbées, des angles arrondis, des bow-windows, des soubassements en pierres, des colombages en ciment, des ouvertures en arc.


Dans le langage maritime militaire, le rôle d'une frégate est de protéger les bâtiments précieux tels que les porte-avions, bâtiments ravitailleurs et sous-marins. Aujourd’hui, il est essentiel de préserver cette figure de l'architecture moderne et de la défendre contre toute démolition.


Marius Guillemot



Un rassemblement devant la maison est prévu le dimanche 17 septembre à 10h30 à l’occasion des Journées du Patrimoine.

Le post que nous avons publié sur les réseaux hier ayant suscité hier de très nombreuses réactions, notamment la volonté d’en savoir plus sur cette démolition infondée. Nous avons trouver judicieux de refaire un point sur cette triste affaire.



Nous sommes donc en mai 2014 et nous sommes alertés par un jeune garçon, Thomas Nerrière, de la démolition prochaine du Château de Lagny-Le-Sec. Propriété de la mairie depuis une vingtaine d’année, ce dernier a été totalement laissé à l’abandon.


 


Immédiatement, nous lançons une pétition qui recueillera plus de 6500 signatures.



 Nous pensons alors avoir le temps, car aucun affichage règlementaire annonçant la démolition n’est visible sur les grilles du château.


 


Parallèlement à ça, nous demandons au Ministère de la Culture une mise en instance de classement d’urgence, afin de bloquer tout projet de démolition pendant un an. À l’époque, c’est Françoise Nyssen qui est Ministre de la Culture. Pour appuyer notre demande, l’ancien Ministre de la Culture, Jack Lang, va plaider la cause du château auprès de celle qui peut sauver l’édifice.




Voici la réponse de la Ministre à Jack Lang presque 3 mois plus tard. Sans commentaire…




Mais au fait, pourquoi la municipalité a décidé de démolir ?


 


Tout simplement pour construire en lieu et place de l’édifice un « ravissant » complexe multifonctions intergénérationnel. Bref, une salle des fêtes.  Nous ignorons quel cabinet d’architectes avait été retenu pour le projet, mais on est quand même loin de l’esthétique du château.



La question que nous posons c’est pourquoi ne pas avoir construit ce « complexe » dans le parc, tout en réhabilitant le château ? Car avec une surface de 8000 mètres carrés, il était aisé de faire cohabiter les deux.


 


Mais non, le maire estimait la restauration de l’édifice trop coûteuse, estimée d’après lui à 1 million d’euros — donc, la cohabitation ne sera pas l’option retenue.


 


Autre option qui aurait pu permettre de sauver le château : la vente à un opérateur privé. Le maire avait d’ailleurs reçu plusieurs offres en ce sens, mais là encore, ce fut un non catégorique et sans appel. Il voulait la peau de son château et il l’a eue.


 


Cependant, nous espérions tout de même un miracle, car nous n’avions aucune nouvelle du ministère et nous gardions l’espoir. Nous avions même prévu d’organiser le 18 juin, une manifestation devant le château.


 


Mais le 13 juin au soir, tous nos espoirs ont été anéantis par un appel téléphonique du jeune Thomas, qui était sur place. Il faisait nuit noire, mais une armée de pelleteuses se dirigeait tout droit vers le château. Nous savions alors que c’était terminé et que tous nos efforts et tout notre travail n’avaient servi à rien.




Bizarrement, au petit matin, comme par magie le panneau d’affichage annonçant la démolition était en place. Tout comme plusieurs arrêtés signés en hâte le 12 juin, interdisant l’accès au parc, au plus grand étonnement des habitants, car en théorie, la démolition devait avoir lieu beaucoup plus tard, en dehors de la période scolaire. Mais à cause de notre mobilisation et la demande de mise en instance de classement, le maire a précipité les choses de peur de voir son projet tomber à l’eau.





Voilà, fin de l’histoire. Le 14 juin, c’était clap de fin pour celui qui s’appelait jadis le château de Longperier.



Nous n’avons pu qu’assister impuissant à la démolition. Certains diront que nous n’avions qu’à nous enchaîner aux grilles du château pour empêcher les pelleteuses de faire leur sale boulot, mais ce ne sont pas nos méthodes. Non pas par lâcheté, mais uniquement parce que pour agir sur le long terme, il faut rester dans le fil du droit et qu’un « coup d’éclat » nous aurait conduit directement devant les tribunaux et que nous n’avons pas les moyens de payer de fortes amendes. Nous avons été condamnés pour avoir lutter contre la démolition de la chapelle Saint-Joseph à Lille, alors que nous avions « seulement » intenter des actions en justice, alors nous imaginons aisément ce qu’il nous serait arrivé pour Lagny-Le-Sec…


 


 Toujours est-il que, le château a été rayé de la carte, mais le complexe intergénérationnel n’a jamais été construit. Le projet a été abandonné par la municipalité, car jugé trop coûteux.


 


Enfin, réjouissons-nous, dans sa grande bonté, Grégory Doucet, le maire, a épargné la chapelle du château.


 


Il semblerait que les travaux de restauration soient imminents, car nous avons retrouvé un appel d’offres en 2022, pour la réhabilitation de ce « trophée ». Réhabilitation pour un montant d’un peu plus de 400.000 euros. À ce prix-là, on pourrait même en reconstruire deux, car c’est une toute petite chapelle, mais, soit, l’essentiel est qu’elle soit restaurée.



Cette triste affaire a fait à l’époque la une de tous les journaux. Elle fut même dans le top 50 des articles les plus lus de la presse nationale.


 


Depuis, on continue partout en France à raser de plus en plus de châteaux, petits ou grands, sans leur laisser la moindre chance de survie au prétexte que leur intérêt n’est pas suffisant.



À quand un jugement objectif de la valeur d’un édifice dans un contexte local et pas national ? Car si effectivement, comme beaucoup de témoins de l’architecture du XIXe, le Château de Lagny-Le-Sec n’avait pas un intérêt national, il était un marqueur fort de l’identité du territoire de la commune et ne méritait certainement pas de finir en tas de gravats.


Un peu d'Histoire


 


Voici un des illustres personnages de la famille de Longperier, propriétaire depuis des siecles de l'ancien château et peut être celui qui a fait construire le château menacé de démolition aujourd'hui !



Adrien de Longperier :



Il était le fils d'Henri Simon Prévost de Longpérier un commandant de la garde nationale qui fut par la suite maire de Meaux de 1840 à 1848. En 1836, il entra au cabinet des médailles de la Bibliothèque royale (future Bibliothèque nationale). Protégé par Raoul-Rochette, il obtient la place de premier employé en 18424. Il publia en 1840 une étude fondamentale sur la numismatique des souverains sassanides, et se consacra quelques années plus tard à la numismatique des Arsacides. Il fonde avec le baron Jean de Witte le Bulletin archéologique de l’Athenaeum français. En 1856, après le départ de Louis de la Saussaye, Adrien de Longpérier reprend avec Jean de Witte la direction de La Revue numismatique.


 


De 1847 à 1870 il fut conservateur des antiques au musée du Louvre. En 1848 il est le seul conservateur du Louvre à n’être pas renvoyé lors du changement de régime.



En tant que conservateur des antiques il était responsable de collections provenant d'aires culturelles et d'époques très variées. À ce titre, il accueillit au Louvre les premières sculptures assyriennes arrivées en France depuis Khorsabad, et s'intéressa de près au déchiffrement du cunéiforme. Il fut aussi chargé de recevoir la collection Campana.



Parmi des intérêts scientifiques nombreux on peut aussi citer les civilisations de l'Amérique et les antiquités nationales : Longpérier fut à l'origine d'un musée mexicain (1850) et l'un des membres de la commission de création du musée de Saint-Germain-en-Laye. À partir de 1854 il fut membre de l'Académie des inscriptions et belles lettres. Il fut directeur de la Revue numismatique de 1856 à 18726. À partir de 1858 il fut membre du Comité des travaux historiques et scientifiques.


 


Le pauvre a dû se retourner dans sa tombe le 14 juin 2017…



Et au cas où vous l’auriez ratée, voici notre publication Facebook d’hier sur le sujet  :


 


Le 14 juin 2017, les pelleteuses allaient avoir raison du Château de Lagny-Le-Sec. Nous avions été alertés le 24 mai 2017, hélas trop tard pour éviter ce bel exemple de patrimonicide. Nous avions pourtant tenté de demander une mise en instance de classement d'urgence, mais elle nous a été refusée...deux mois après la démolition (no comment).



C'était notre premier vrai combat et notre premier grand échec. Un échec qui nous a permis de comprendre que notre lutte contre les démolisseurs allait nous conduire à l'échec, bien plus souvent qu'à la victoire.



Peu importe. Comme l'a écrit Bertolt Brecht, "celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu." Alors plus que jamais, nous poursuivons ce combat contre les patrimonicides, qui sont hélas de plus en plus nombreux sur l'ensemble du territoire. N'oubliez pas que nous comptons sur vous tous pour nous soutenir, car pour combattre, il faut à la fois des soldats et des munitions. 


 "Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble, nous pouvons."



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