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À l’heure où le Sénat produit un rapport sur l’avenir du patrimoine religieux, et que tout le monde s’agite soudainement autour de ce sujet, les élus de la ville de Denain ne semblent pas sensibles à l’avenir de leur église, puisque le 29 juin dernier, lors du Conseil Municipal, ils ont sifflé « la fin de la partie » pour l’église du Sacré-Cœur.



La nouvelle n’ayant pas fait grand bruit, nous sommes heureux qu’un membre du collectif de sauvegarde ait eu la bonne idée de nous demander un peu d’aide.


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L’édifice de 2000 m², au cœur du quartier du Nouveau Monde de Denain, date de 1906. C’est l’ancienne église d’Usinor, entreprise qui a fermé en 1978, ce qui signifie qu’elle est le témoin du passé industriel de la commune et qu’au-delà de sa valeur cultuelle et culturelle, elle fait partie des grands témoins de l’histoire locale.



L’église a vécu sa dernière célébration religieuse en décembre 2007, avant d’être fermée, désacralisée et vendue par le Diocèse en 2012, à une association la Maison de Mam’Jo.



L’association n’a hélas pas eu les capacités financières pour restaurer l’édifice, car les travaux de réhabilitation étaient estimés à l’époque à 1 million d’euros. Elle a donc dû se résigner à le vendre à la commune en 2020, ce qui à l’époque semblait être un soulagement pour les défenseurs du patrimoine qui s’inquiétait de son sort.



Au moment du rachat, il n’était absolument pas question de la démolir, bien au contraire, l’idée étant de lui offrir une seconde vie au travers d’un projet culturel.



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Hélas, deux ans plus tard, plus question du moindre projet de sauvegarde puisque c’est vers le choix de la démolition que le (sacré) cœur des élus a penché. Mais réjouissons-nous car, afin de se donner bonne conscience sans doute, la façade sera conservée. Certes, c’est moins pire que la fontaine commémorative en lieu et place de l’église Saint-Jacques d’Abbeville (80), ou la cloche et le muret témoins de la présence jadis de l’église d’Asnan (58), mais faire de l’édifice une sorte de « trophée » mémoriel nous semble une très mauvaise idée. Pourquoi ? Parce que le projet va coûter 2,3 millions d’euros d’argent public et avec cette somme, il y avait largement de quoi réaliser les restaurations d’urgence qui auraient permis de prendre le temps de réfléchir à son futur destin.



Car une autre solution s’offrait pourtant : celle de trouver un porteur de projet sérieux ayant toutes les garanties financières et l’église aurait-été sauvée. Si nous nous permettons d’émettre cette hypothèse, c’est que nous avons sauvé ainsi plusieurs édifices menacés de démolition et nous aurions été ravis de prendre en charge l’avenir de l’église du Sacré-Cœur. À défaut de trouver un repreneur, c’est au combat que nous allons aller, aux côtés de tous ceux qui sont attachés à « leur » église.



Le permis ayant été signé le 29 juin, nous avons jusqu’au 28 août pour déposer une demande de recours gracieux. Peut-être que d’ici là, Madame le Maire acceptera de revoir sa copie et se rendra compte à quel point cette démolition est un traumatisme pour la population et pour toute une communauté, bien au-delà de la ville.


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Vous avez peut-être lu notre article concernant la démolition annoncée du Château de Louvroil et vous aurez constaté comme nous, que les signatures de permis de démolir fleurissent fin juin, afin de passer (presque) inaperçus pendant la période estivale et diminuer les chances de recours.





Nous vous rappelons qu’au moment de la signature, vous n’êtes pas obligé de faire un don comme la plateforme vous invite à le faire, en revanche, tous vos partages seront les bienvenus.


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Si vous souhaitez nous aider dans cette nouvelle action, n’hésitez pas à nous envoyer par mail vos témoignages et documents qui pourraient nous être utiles pour le recours : urgences.patrimoine@gmail.com


Encore un patrimoine qui va être rayé de la carte à grands coups de pelleteuses, dans quelques jours. Alors qu’on labellise à tout va des édifices de cette époque, à Angoulême, on a fait le choix de la démolition. Démolition d’un style, démolition d’une époque, démolition d’un marqueur fort de l’identité du territoire. Rassurez-vous braves gens, il va pousser ici un établissement flambant neuf sans âme, un de ces gros cubes de béton que nous voyons pousser un peu partout, rendant lisses et sans intérêt nos belles villes de province.



Cet œuvre de l’architecte Roger Baleix aurait pu faire l’objet d’une réhabilitation intelligente, offrant ainsi un avenir à ce grand et beau patrimoine. Mais à Angoulême, comme un peu partout hélas, on préfère investir 1,5 millions d’euros pour démolir, plutôt que de réhabiliter.



Un collectif d’architectes vient d’être créé pour tenter l’impossible et essayer de sauver ce qui pourrait encore l’être. Bien évidemment, Urgences Patrimoine a répondu présent, même si nous savons qu’il est bien tard. À moins d’un miracle émanant du Ministère de la Culture, comme un cadeau d’adieu avant les élections, les pelleteuses devraient entrer en scène dans les prochaines semaines.



Voici en tout cas le très beau plaidoyer du collectif :


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Le Vieux Girac ou la fin de l'histoire ?



Serions-nous donc arrivés à la fin de l'histoire ? La disparition du "Vieux Girac, première maison de retraite d'Angoulême hors les murs, semble actée et avec elle, la mémoire d'une époque qui peut paraître bien lointaine : les années 1930, celles des premiers programmes d'habitat social, celle des premières attentions aux faibles et aux anciens.



Cette destruction annoncée est une véritable blessure qui témoigne de la rudesse de notre monde contemporain.



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Roger Baleix, l'architecture généreuse



Ce bâtiment remarquable signé de l'architecte Roger Baleix (1885-1958) témoigne de cette époque "Art Déco" où se conjuguaient des compositions simples et fortes avec une très grande attention aux détails, jamais égalée par la suite dans un domaine hospitalier devenu hyper fonctionnaliste.



Roger Baleix, architecte urbaniste du département de la Charente dans les années 1930, a marqué le début du XXème siècle angoumoisin par des œuvres exemplaires contribuant à enrichir le vocabulaire architectural indispensable à la mémoire collective parvenant jusqu'à nous. Son œuvre a fait l'objet d'une exposition à l'Alpha en 2015 et d'un fascicule édité par "Pays d'Art et d'Histoire". Tout angoumoisin connaît les surprenants immeubles de logements des rues Rousselot et Chabasse dans le quartier Victor Hugo avec leurs façades dentelées de bow-windows, les superbes écoles de Saint-Cybard et La Couronne avec leurs généreuses arcades, l'ancienne caserne des pompiers Resnier avec ses enduits si particuliers et, bien sûr, l'ancienne bibliothèque municipale sobre et majestueuse face à l'espace Franquin. Autant de bâtiments conçus avec soin et témoignant d'un profond humanisme.



L'école Mario Roustan à Angoulême et l'école Marie Curie à La Couronne ont reçu en 2015 le label "Architecture Contemporaine Remarquable", démontrant l'intérêt de ces constructions par leur singularité, leur caractère innovant, leur exemplarité dans la participation à une certaine politique publique. Les élus de l'époque, en manifestant leur enthousiasme pour l'architecture comme expression de la culture, n'ont pas hésité à confier à cet architecte hors du commun le soin de répondre à des commandes publiques, ne trouvant pas meilleur successeur à Paul Abadie.



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Un site fortement dégradé



L'architecture du "Vieux Girac" porte en elle une véritable profondeur humaine exprimant de façon unique sa fonction d'accueil des plus faibles. Dans les décennies passées, ce bâtiment a malheureusement beaucoup souffert d'interventions très douteuses l'ayant rendu illisible dans le magma qu'est devenu au fil du temps le centre hospitalier d'Angoulême.



Un fast food s’est imposé en premier plan de sa façade perceptible depuis le rond-point de Girac, et une aile a même été construite en plein milieu du jardin à la française qui accompagnait la composition en papillon de sa façade sud, ouverte sur la campagne.



Aussi, l'image que peuvent en avoir aujourd'hui beaucoup d'angoumoisins non avertis est-elle sans doute celle d'un bâtiment vieilli et sans attrait, d'autant plus que les façades vues depuis le rond-point de Girac sont des façades "arrières" orientées Nord, perturbées par des extensions disgracieuses, à l'opposé de l'esprit des ailes ouvertes en papillon sur le jardin Sud.


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Effacer, c'est oublier



Notre époque nous submerge d’images furtives, qu'un clic de souris peut remplacer par d'autres. On croit qu'il en est de même avec l'espace urbain réel, où tout serait aussi facile et immédiat. Or, nous aimons tous la ville quand elle se reconstruit sur elle-même en gardant les traces de son histoire. La construction de l'espace urbain prend toute sa valeur et toute sa saveur dans le temps long, quand elle ne gomme pas mais peaufine, ajoute des touches, épaissit.



Cette facilité à détruire le Vieux Girac jusqu'à faire table rase témoigne d'une société où le présent oublie la mémoire et, à travers elle, ignore le respect de ceux qui ont mis tout leur engagement pour construire des rêves de sociétés meilleures.



Or, ce n'est pas parce qu'un bâtiment n'est pas classé ou labellisé qu'il faut le négliger. Certains bâtiments, plus que d'autres, auront joué un rôle dans la vie de gens, soit qu'ils y auront vécu, soit qu'ils s'y seront rendus, soit tout simplement qu'ils seront passé devant. Le Vieux Girac, c'est tout cela à la fois, mais avec une âme en plus.


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La démolition, naufrage d'une politique à courte vue



La "déconstruction" de ce bâtiment nous est aujourd'hui présentée de façon cynique comme une mine de matériaux à valoriser : on saura trier l'amiante, le bois et la brique, mais qu'en sera-t-il des éléments remarquables de l’architecture : verrières-vitraux, lampadaires, sols, corniches, tous spécialement dessinés pour ce bâtiment... ? Nous ferons tout pour sauver ce qui peut encore l'être, mais le mal est beaucoup plus profond que la perte de beaux éléments d'architecture ouvragés. En détruisant un tel bâtiment, c'est une vision politique précise de l'avenir que l'on choisit, où se conjuguent tragiquement la perte de mémoire et la surconsommation des ressources de la planète. C'est le choix du tout jetable.



Alors qu'il n’y a pas le moindre projet pour le site, nous nous devons de nous étonner du cycle administratico-juridico-technico-politique qui a conduit à cette situation déplorable, que l'on aurait voulu croire d'un temps révolu.



C'est le fonctionnement de cette technocratie qui est en cause : la machine à casser, mises-en route il y a 25 ans face à des désarrois techniques avérés, n'a jamais su se remettre en question jusqu'à changer de paradigme, ne tenant aucunement compte des approches nouvelles, respectueuses à la fois de l'histoire et de l'économie des ressources. Si la bêtise technocratique l'emporte au bout du compte, il faut en tirer les leçons : plus jamais ça !


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Voir loin, voir haut : conjuguer sobriété et mémoire



Dans d'autres lieux, avec des décideurs mieux éclairés, on aurait déjà trouvé à valoriser ce patrimoine puissant, à curer les extensions qui n'auraient jamais dû exister, à chercher les moyens techniques d'une reconversion ambitieuse. On avance des faiblesses structurelles qui auraient empêché toute conservation, mais on se cache souvent derrière des normes ou des règles pour justifier l'injustifiable. Nous avons tous reconverti des bâtiments complexes pour connaître quel est le champ des possibles, et nous savons que le chemin qu'il faut alors emprunter n'est pas le plus simple car il demande une vision affirmée, et surtout une posture assumée.



Tous les angles d'approche de ce site n'ont été que technicistes, c'est-à-dire restreints. Il n'y a jamais eu une approche globale, c'est-à-dire architecturale, urbaine et paysagère, qui ne néglige pas mais englobe les aspects techniques.



Comment ne pas s'interroger sur le sort funeste de cet édifice stratégiquement positionné en entrée de ville sans répondre au préalable à sa capacité de transformation ? Hôtel, logements pour infirmières ou apprentis, pépinière d'entreprises, ... les programmes possibles ne manquaient pas en cet endroit stratégique. Rappelons qu'une pépinière d'entreprises a été construite à deux pas, que des logements pour infirmières et apprentis sont en chantier à La Couronne, et que des locaux sont recherchés pour les entreprises de l'image ...



Autant de projets qui auraient manifestement trouvé leur place en ces lieux. Pour ce faire, aurait pu être lancé un processus d'information pédagogique à tous les niveaux de décision, collectif, participatif auprès des habitants du bassin de vie, par le biais d'ateliers, d'expositions, de découvertes d'itinéraire architectural ou paysager.


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Des paroles aux actes



Au lieu de cela, les décideurs n'ont su que recourir à la facilité de la tabula rasa, préférant un appauvrissement du langage culturel réduit à de la pure gestion foncière.



Car c'est avec toujours le même fil conducteur, celui d'un raisonnement de type industriel où on construit, démolit, reconstruit sans cesse sans aucune envie d'Histoire, surtout pour ne pas avoir d'histoires ... Les hôpitaux sont devenus d'énormes machines sans âme, des rouleaux compresseurs ne sachant pas s'arrêter face à des brins d'âme. Broyer l'hôpital, encore. Quelle énergie, pour transformer des matériaux de qualité en granulats qui demanderont à nouveau une énergie folle pour être réemployés ! Démolir pour démolir, sans projet, pire pour du stationnement : qui peut encore penser de la sorte en 2022 ?



Pourtant, les temps ont changé, du moins le croyions nous. Nous savons maintenant que l'avenir ne pourra qu’être sobriété, qu'il faudra éviter de tels gâchis monstrueux. Le discours de nos élus est « vert », la parole se montre engagée vers le respect de l'environnement.



On se pince même quand on apprend par le journal que l'agglomération d'Angoulême serait « pionnière » en France comme territoire pilote de sobriété foncière. Un élu local important affirme même que « les villes doivent aujourd'hui se développer sur elles-mêmes ; les friches sont un levier de réinvestissement ». Angoulême ville de la culture, ville Unesco : est-ce donc une fable, tout comme les discours de respect de l'environnement, d'économie circulaire, de « ça y est, on a ouvert les yeux » ! ? Quand les actes sont autant en contradiction avec les discours, comment encore croire en la parole politique ?


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Revenir à l'humain



Dans ce monde si dur, la machine hôpital doit plus que jamais revenir à l'humain. En s'en éloignant, l'hôpital en souffre et nous fait souffrir car il continue à participer à la cité moche et sans âme qui l'entoure.



Loin de l'art déco voué à de belles constructions isolées, le Vieux Girac, par son ampleur, témoigne d'une époque heureuse et optimiste portée avec une sincérité généreuse au niveau le plus précieux pour une ville, celui de l'hospice accueillant ses aînés.



C'était hier, c'était il y a presque un siècle, c'était il y a une éternité.



Devons-nous baisser les bras ? Ce texte est le début d'un sursaut. Que nous soyons acteurs de l'acte de construire ou tout simplement citoyens, il est du devoir de tous d'agir sur la chose publique en réagissant face à tous les coups portés contre le patrimoine, quand il recèle en lui d'aussi forts symboles du progrès humain.



Nous appelons ici à ce simple devoir de mémoire qui est celui du respect d'une Histoire d'autant plus grande quand elle rejoint l'histoire de tous. L'architecture nous parle peut-être plus que jamais de nous-mêmes quand on la détruit.




Association 1901


Pour la promotion de


La création architecturale


et de l’aménagement


du cadre de vie

Nous pensions qu’en Italie le patrimoine était bien plus respecté qu’en France, mais cette affaire prouve qu’il n’en est rien et que la promotion immobilière a raison du patrimoine de tous les territoires, sans exception.


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Voici l’alerte que nous avons reçue de la part du Docteur Riccardo Battiferro Bertocchi, historien d’Art, Consultant pour le patrimoine culturel de la Cour de Vérone :



Corte Olmo est de nos jours ce que l’on pourrait appeler patrimoine rural, mais il était autrefois la ferme de moines augustins de Vérone. Une partie a été transformée à la fin du XVIIIe siècle en résidence de campagne de la famille Della Torre. Le double escalier extérieur, avec voute sculptée à l’effigie de Bacchus, est remarquable, de même que les deux colonnes à chapiteaux corinthiens à l’entrée de l’étage noble.


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Corte Olmo a été récemment vendu à un promoteur qui veut construire de nouveaux bâtiments. Ce promoteur a déjà à son actif la démolition de plusieurs bâtiments historiques. Une demande avec procédure d'urgence de déclaration d'intérêt culturel auprès des bureaux du ministère de la Culture à Vérone a été déposée, mais nous sommes tous inquiets quant à l’avenir de ce patrimoine.



Ce bel édifice ne peut être détruit, sauvons-le !



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Nous espérons tous une fin heureuse à cette affaire, et nous souhaitons surtout que les services du Ministère de la Culture protège ce témoin de l’histoire collective de Vérone.



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