Non, il n’y a hélas pas de faute d’orthographe à « panser » ! C’est dans le cadre du festival « Rouen Impressionnée » que l’artiste Jan Vormann va, à l’aide de Legos, « colmater » les traces laissées par les bombes pendant la seconde Guerre Mondiale sur les murs du Palais de Justice de la ville.
La démarche de l’artiste est a priori intéressante et ludique, car son idée première est de « soigner » les monuments en ruine du monde entier à l’aide des célèbres petites briques de plastique coloré. Nous trouvons que cette idée est une belle idée, surtout pour sensibiliser les jeunes publics à la problématique de l’abandon du patrimoine et surtout à sa fragilité.
Dans une interview à Télérama, il expliquait sa démarche de la façon suivante : « J’ai toujours cherché à améliorer l’apparence de l’espace public de façons diverses, que ce soit par le graffiti, le collage… D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais apprécié la grisaille des villes et j’ai toujours voulu leur redonner des couleurs… »
MAIS, dans le cas du Palais de Justice de Ville de Rouen — qui n’est absolument pas en ruine —, ce ne sont pas de vulgaires trous laissés par les affres du temps dans l’espace public qu’il s’agit de boucher, mais bel et bien les stigmates de la Seconde guerre mondiale.
Or, ces traces des horreurs passées sont justement là pour nous rappeler que des hommes se sont battus pour la France et sont morts pour la France.
Jusqu’à présent, elles sont restées volontairement présentes pour « ne pas oublier », comme l’explique l’historien et guide-conférencier à l’office de tourisme de Rouen Jacques Tanguy, dans un article de presse de 76actu, en août dernier : « Il s’agit des restes des bombardements de 1944, entre les mois d’avril et de juin. Et je précise : ce sont bien des éclats de bombes, et non des tirs de mitrailleuses comme certains peuvent le penser ! »
Le spécialiste explique qu’à l’époque, la salle des procureurs, dite la Grande salle, est ravagée et que l’aile nord est brûlée. Tout le quartier a souffert, mais lors de la phase de reconstruction, à la fin des années 1940, les impacts engendrés par les bombes ont été délibérément conservées pour ne jamais oublier cet épisode de la Seconde Guerre mondiale. « Il y a des trous similaires dans une table en marbre noir de la salle des procureurs, conservés pour les mêmes raisons. »
Nous avons survolé, ici et là, les commentaires des Rouennais sous les publications traitant de ce sujet et, à quelques rares exceptions près, ils sont tous unanimes : sous couvert d’une manifestation culturelle, c’est une atteinte à la mémoire.
« Les exceptions » pensent que cela peut justement sensibiliser les jeunes aux exactions de la guerre. Nous pensons qu’il n’y a pas meilleure sensibilisation qu’une immersion dans la réalité. Ces traces parlent d’elles-mêmes ; elles n’ont nullement besoin d’artifices en plastique.
Il ne fait nul doute que certains lecteurs penseront une fois encore que notre vision des choses est poussiéreuse. Alors nous avons demandé au Président National du Souvenir Français, Serge Barcellini quel était son avis :
Sa réponse fut courte mais explicite : « Je pense comme vous ».
Nous sommes les premiers à applaudir les manifestations culturelles qui mettent de la couleur dans les Centres-Villes, mais nous ne pouvons admettre que la Guerre soit un sujet que l’on bafoue et que l’on travestisse.
Décidemment Monsieur Nicolas Mayer-Rossignol, le Maire de Rouen doit avoir des problèmes avec l’Histoire. Non content d’avoir décidé en tête à tête avec lui-même que la statue de Napoléon devait disparaître de la place de l’Hôtel de Ville pour laisser sa place à une « Dame », Il fait de la guerre un événement festif. Nous sommes convaincus que l’artiste aurait pu se livrer à son art en colorant les lézardes d’autres façades de la ville.
Quel sera le prochain épisode des aventures du « petit Nicolas » à Rouen ? La suppression des commémorations du 11 novembre et du 8 mai 1945 ?
En attendant on pourrait se demander si Monsieur le Maire n’a pas LEGO démesuré.
Lire le communiqué officiel de la ville ICI.
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