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La préfecture d'Eure et Loir vient de répondre OUI au projet de construction d'une unité de méthanisation au centre du paysage patrimonial proustien.



Communiqué du collectif :


Proust est très en vogue dans les salons parisiens, à la Comédie française etc, mais seule une poignée d'habitants « du côté de » Saint Aiman et de Méréglise, du côté de chez Swann et Guermantes, luttent sur le terrain afin que « ses lilas, ses aubépines, ses bluets, ses coquelicots, ses pommiers (...) sa rivière à têtards, ses nymphéas et ses boutons d’or » continuent de « constituer à tout jamais pour moi la figure des pays où j’aimerais vivre » (Du côté de chez Swann).

Où se trouve le soutien des grandes figures de défense du patrimoine ?


Où se trouve le soutien des présidents des diverses instances proustiennes ?


Où se trouve le soutien des comédiens qui ont prononcé les mots de la Recherche décrivant les alentours de Combray « comme la plus belle vue de la plaine » ?



Leur mobilisation brille par son absence.


Soyez nombreux à SIGNER cette pétition toujours d'actualité ICI.


Nous avons, dans un premier article (ICI), relayé un « cri du cœur » concernant le projet d’installation d’un méthaniseur de trois cuves sur la commune d’Illiers-Combray ou plus exactement au lieu-dit « Les Dauffrais ».



Aujourd’hui, nous prenons part au combat des habitants qui ne veulent pas subir les nuisances de ce type d’installation à seulement 400 mètres de leurs maisons et, surtout, ne veulent pas être exposés aux risques multiples que représente la présence d’un méthaniseur.



Bien entendu, les neuf agriculteurs qui portent ce projet affirment que les risques sont inexistants, que les odeurs dégagées par les méthaniseurs sont une légende et que de ce fait, construire leurs trois cuves au milieu d’un ensemble de châteaux sur le terre de Marcel Proust ne leur pose aucun problème



Certaines personnes favorables au projet vous diront également que ce paysage « proustien » a déjà été défiguré depuis longtemps déjà par un château d’eau, des pilonnes électriques et autres infrastructures à l’esthétisme douteux et que ce méthaniseur ne sera pas forcément pire que ce qui existe déjà.



Sauf que le dit méthaniseur représentera un risque pour la population, c’est indéniable et nous avons d’ailleurs de nombreux exemples pour étayer nos propos. Pas plus tard que le 20 août 2020, à Plouvorn (Finistère), alors que la structure n’était pas encore en fonction, une de ses cuves a explosé.



Lire l’article de Ouest France ICI.



À Escrennes dans le Loiret, les habitants sont excédés par les nuisances dues au méthaniseur qui avait été « vendu » comme très écologique et sans odeur . L’extrait de l’article qui suit est édifiant :



L'usine de méthanisation d'Escrennes, près de Pithiviers est inaugurée en novembre 2018. Est présent le ministre de la transition écologique, François de Rugy. Une usine "zéro odeur" est alors promise aux habitants. Moins d'un an plus tard, c'est un constat d'échec qui est dressé par les habitants. Jean-Marie Desgrolard habite à 800 mètres de l'usine, et sent parfois de fortes odeurs chez lui. "Il peut arriver que je ne puisse pas sortir dans mon jardin, en fonction de la direction du vent, dénonce-t-il. A un moment donné, on n'en peut plus. Et tout cela est accompagné d'une certaine indifférence, _aucune solution n'est proposée pour pallier cette situation." Il cible notamment des camions qui arrivent non-bâchés à l'usine, alors que les règlements l'imposent. Mais les soucis peuvent également être médicaux. Dans leur domicile, situés à une cinquantaine de mètres seulement de l'usine, Stevo et Vera Cestic souffrent. "J'ai les yeux qui pleurent, le nez qui coule, la gorge qui me fait mal et qui pique, souffle Vera. Cette usine a détruit ma vie." Son mari détaille : "Je ne peux pas faire une grillade dans le jardin, on ne peut pas inviter des amis, et ça attire un nombre de mouches incroyable." 




Des promesses d'une usine "zéro odeur" :



L'objectif de ces habitants : obtenir des réponses, et des changements. Mais la mairie et l'usine apportent peu de réponses selon eux. Un banderole "Promesses non tenues, biogaz, Escrennes pue" est posée devant la maison du couple Cistic. Une page Facebook et une pétition ont été mises en ligne, pour faire parler de la situation. La colère vient notamment des promesses de cette usine, inaugurée par François De Rugy : "Quand on voit un ministre débarquer dans un petit village comme Escrennes, on se dit que c'est sérieux, que tout est en règle, témoigne Sandra. Cela avait l'air de rouler sur de bons rails, mais au bout du compte, les gens qui habitent là subissent les mauvaises odeurs." (Sources France Bleu Orléans)



Cet article résume à peu près ce que risque d’être le quotidien des riverains des Dauffrais.



Autre aspect à prendre en compte et pas des moindres, la présence du méthaniseur divisera au moins par deux le prix des habitations à proximité, même constat pour les châteaux situés dans ce périmètre. Si les propriétaires décident de vendre, il faudra baisser considérablement le prix de vente à cause de la présence du méthaniseur, et encore, à condition de trouver un acheteur qui acceptera de vivre avec cette installation sous ses fenêtres. Alors qui dédommagera les propriétaires ?




Attention, les opposants au projet le sont par rapport au projet tel qu’il a été envisagé, mais la présence du méthaniseur au milieu des champs loin de chez eux ne leur pose aucun problème. Hélas, cette solution simple d’éloignement qui pourrait satisfaire tout le monde n’est pas à l’ordre du jour pour les sept agriculteurs qui considèrent qu’une construction plus éloignée entraînerait un surcoût financier important, compte tenu du fait qu’il faudrait faire placer des conduites de gaz inexistantes à cet endroit. Et de rajouter que les riverains doivent s’estimer heureux que, dans « un élan de bonté », ces mêmes agriculteurs aient accepté de construire leur méthaniseur à 400 des habitations au lieu des 150 mètres qu’ils avaient prévus.



Nous avons été sollicités pour mobiliser l’opinion contre le projet et nous avons bien évidemment répondu favorablement à cet appel. Non seulement au nom de la sauvegarde du patrimoine d’un territoire d’exception, mais également au nom des habitants attachés à leur cadre de vie afin de ne pas voir leur paradis se transformer en enfer.



Une pétition vient d’être mise en ligne ICI, merci de la signer et de la partager.


Accédez à la consultation publique lancée par le préfet est en ligne depuis le 30 août ICI.



En savoir plus sur les risques encourus avec l’exemple de cette étude réalisée dans l’Isère ICI.

Bien entendu, ce titre est une hérésie. Hérésie qui pourrait peut-être devenir une réalité, car du côté de chez Swann, sur les terres de Marcel Proust, l’ombre d’un méthaniseur rôde. Nous avons été alertés par Christine Cloos, une amoureuse de ce territoire et nous relayons sans tarder ces inquiétudes. Christine Cloos est peintre-sculpteur et vient de signer son premier roman policier aux éditions des Falaises, Meurtres en série à Giverny.


La ville d'Illiers-Combray et ses alentours ont marqué fortement l'enfant Marcel Proust lors de ses séjours dans la maison de sa tante Léonie et ce paysage est lié intimement à La Recherche du temps perdu. Son œuvre littéraire en porte la trace profonde et fondamentale.



A 5 kms d'Illiers-Combray se situe un cercle de châteaux, certains décrits par Proust, comme le château de Méréglise (le Méséglise de la Recherche) ou le château de Saint-Eman (le Guermantes du roman) qui se situe sur la route des lavoirs, aux sources du Loir. Tout à côté, se trouve le ravissant château des Forts ainsi que le château du Rouvray.



« Comme mon père parlait toujours du côté de Méséglise comme de la plus belle vue de la plaine qu’il connût et du côté de Guermantes comme du type de paysage de rivière, je leur donnais, en les concevant ainsi comme deux entités, cette cohésion, cette unité qui n’appartiennent qu’aux créations de notre esprit » (Du côté de chez Swann).



Or, au milieu de ce cercle de châteaux et de ses lieux de mémoire, au sein de ces balades proustiennes, le projet d'une usine de méthanisation à 3 cuves, initié par sept agriculteurs de la région, va peut-être voir le jour. Le terrain de son implantation est situé dans la zone classée « remarquable » par le maire d’Illiers-Combray, et directement dans la perspective du clocher de l’église Saint-Jacques (La Sainte-Hilaire de Proust) qui est visible à 10 kms à la ronde dans cette partie de la Beauce pleine de charme, très boisée, puisque jouxtant le Perche. « C'était le clocher de Saint-Hilaire qui donnait à toutes les occupations, à toutes les heures, à tous les points de vue de la ville, leur figure, leur couronnement, leur consécration » (Du côté de chez Swann).



Ce méthaniseur est prévu proche d’un élevage industriel de porcs, ainsi le lisier produit par cet élevage serait directement recyclé dans l’usine. Le propriétaire de cet élevage est aussi adjoint au Maire à Illiers-Combray.



Cet élevage industriel défigure le paysage avec sa haute tour métallique mais il a été construit bien avant le classement du site …. Ce digestat sera étalé sur plus de 2000 hectares, ce qui engendrera une pollution des sols et des rivières, et une destruction des petites routes de campagne non adaptées aux passages incessants de véhicule lourds et une nuisance sonore extrême pour les habitants de tous les petits villages tranquilles concernés.



Les habitants du village des Dauffrais seront les plus proches voisins (400 m) de cette usine à gaz et en subiront toutes les nuisances qui sont très nombreuses (visuelles, sonores, olfactives avec tous les risques bactériologiques, sanitaires et accidentels qu’une telle installation engendre : dispersions toxiques, fuites de méthane, explosions, incendies, risque de contamination de la nappe phréatique, impact sur la santé, etc.) La liste des préjudices engendrés par de telles installations est longue et effrayante… Les accidents sont fréquents et les riverains de ces méthaniseurs sont victimes de graves problèmes de santé (maladies pulmonaires, etc….).



Le village des Dauffrais possède de nombreux vieux puits, dont les eaux risquent d’être contaminées. Il y existe encore la modeste maison natale à colombage du philologue et grammairien Eman Martin (1821-1882).



Les communes de Blandainville, Montigny-Le-Chartif et Vieuvicq sont concernées par le projet d'implantation des poches de digestat. Méréglise, Mottereau et son château, se trouvent à 1 km de ces poches.



Cette région est aussi, à l'instar de Proust, la région de mes vacances d'enfance. Mais au-delà de cet aspect personnel, je suis réellement effondrée de voir ce paysage proustien qui risque d’être massacré et sacrifié sur l’autel du profit. Car il s'agit bien de profit et non d'écologie. Dans un extrait du dossier de consultation publique, on peut lire ces chiffres : 



Coût du projet : 8 millions d'euros. En 2035 : résultats nets cumulés 1 968 640 euros



La plaine de Beauce est vaste, parfois désertique, vaste étendue à perte de vue sans habitations.... Pourquoi sacrifier des lieux patrimoniaux de cette qualité…. ?



Je voudrais ici citer un article qui exposait l'état d'esprit du maire d'Illiers-Combray à propos d'un projet d'éoliennes à Méréglise :



« Le maire d’Illiers-Combray lui-même, qui pour consacrer « le lien exceptionnel entre ces paysages et l’œuvre littéraire de Marcel Proust », est à l’origine de la création récente sur sa commune d’un site patrimonial remarquable. Ce dispositif a permis l’intervention de l’architecte des Bâtiments de France, qui a rendu en septembre 2019 un avis défavorable, dénonçant la « concurrence visuelle trop forte » que créerait ces éoliennes sur la vallée, et en particulier sur le bourg d’Illiers-Combray. (…..) Très attaché à la mise en valeur de ce patrimoine à la fois naturel et culturel, le maire d’Illiers-Combray a également été l’initiateur, en 2019, de la grande manifestation intitulée « Le printemps proustien », venue célébrer le centenaire du prix Goncourt du héros local. Parrainé par Stéphane Bern, l’évènement a attiré plus de 20 000 spectateurs. Un maire déterminé donc, qui ambitionne de développer à Illiers-Combray un véritable « tourisme littéraire », où le paysage jouerait bien sur le premier rôle. Une telle ambition s’avère ainsi en totale incohérence avec « l’industrialisation des paysages » (P .A. J. Invasion éolienne au pays de Proust, 28 avril 2020)



Un maire déterminé donc, et qui ambitionne de développer à Illiers-Combray un véritable « tourisme littéraire », où le paysage jouerait bien sûr le premier rôle ? On ne peut que s'étonner...



Les Islériens n’ont reçu pour information que les pétitions des habitants des Dauffrais, réunis sur facebook « Non au méthaniseur au lieu-dit les Dauffrais, 28120, Illiers-Combray ». Une réunion d'information prévue en septembre 2020 vient d'être annulée par le maire, car les « porteurs du projet ne souhaitent pas rencontrer les habitants de la région. ».


Une consultation du public a été diligentée par la préfecture d'Eure et Loir, tout le monde peut s'y exprimer du lundi 31 août 2020 à 9 heures au lundi 28 septembre 2020 à 17h30.



Accéder à la consultation publique ICI.


Je souhaite que ce passage de La Recherche (« Il y avait autour de Combray deux "côtés" pour les promenades (...): le côté de Méséglise-la-Vineuse, qu'on appelait aussi le côté de chez Swann parce qu'on passait devant la propriété de M. Swann pour aller par-là, et le côté de Guermantes ») puisse être toujours d’actualité dans nos esprits lors des balades « du côté Swann », pour que ces lieux « souvenir d'une certaine image » ne deviennent pas le symbole des regrets d'un paysage défiguré.

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