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Mais quel est cet étrange bloc de béton qui s’élève tel un phare dans le port de Lorient ? Il s’agit de la glacière de Keroman, érigée dans les années 20 et qui fit alors du port de la ville, à l’époque, le plus moderne d’Europe.



Fermée depuis 2003, elle est décrite désormais par certains comme une « verrue », alors qu’elle pourrait être réhabilitée de façon intelligente et inscrire une fois encore Lorient comme une ville exemplaire et innovante, comme ce fut le cas cent ans plus tôt.



Aujourd'hui le fonctionnement du port est une concession de la Région Bretagne accordée jusqu’en 2043 à une société d'économie mixte : la SEM Lorient-Keroman, et dans laquelle l'agglomération de Lorient est majoritaire.



Or, le projet de la SEM est de démolir la Glacière pour un coût estimé d’un million d’euros. Le bâtiment a été considéré en trop mauvais état pour envisager une réhabilitation, bien que personne jusqu’alors n’ait pu avoir accès à l’étude de faisabilité, si celle-ci a été réalisée bien entendu.



L’expression « noyer le poisson » prend ici tout son sens.



Heureusement, l’association « Glacière 1920-2020-2120 » n’entend pas voir disparaître l’emblématique édifice et œuvre désormais sans relâche pour sa sauvegarde. Une réunion publique vient d’avoir lieu en présence notamment de certains élus de la nouvelle municipalité qui semblent être ouverts à un projet de sauvegarde —ce qui sera sans doute un atout de taille dans ce dossier.



Nous saluons au passage le bon sens de ces élus qui, à l’heure où l’on crie haut et fort que le patrimoine des territoires doit être valorisé, sont conscients de l’intérêt majeur de l’édifice. Car signer des chartes et publier des rapports c’est bien, mais mettre en pratique leurs contenus, c’est encore mieux.



Malheureusement, le « cadeau de départ » de l’ancienne municipalité est la signature du permis de démolir accordé à la SEM en mars dernier et qui dit mars, dit maintenant hors délais pour un recours. L’affaire s’annonce donc très délicate. Mais impossible n’est pas Breton, cela ne fait aucun doute et bien entendu, Urgences Patrimoine sera aux côtés de l’association et de tous ceux qui souhaitent voir renaître la Glacière.



Dans un article de France 3 Bretagne, le président de l’association Ronan Le Roscoët se dit prêt à relever le défi : « Après plus d'un an de réflexion, nous savons qu’il existe de nombreux précédents architecturaux de réhabilitations qui au départ paraissaient très complexes et qui pour finir sont des exemples de réussite. Ce que l’association souhaite dans un premier temps c’est d’avoir plus d'informations sur les études et diagnostics du bâtiment, pour éventuellement y apporter un regard critique. L’association envisage un éventuel projet architectural structurant pour le territoire et qui puisse créer une dynamique. »



Leur projet est d’ailleurs très abouti et les personnes présentes lors de la réunion publique n’ont pas manqué de les féliciter.



Consulter le PDF du projet ICI.



En faisant quelques recherches, nous avons également pris connaissance d’un projet de réhabilitation imaginé par l’architecte Paul Sevin qui offre une possibilité de voir ce à quoi pourrait ressembler l’édifice une fois réhabilité :


La SEM ne semble pas sensible à la valorisation du patrimoine ne la ville qui pourtant a fait jadis sa gloire et souhaite un programme de « tabula rasa », alors que la majorité de son projet pourrait être tout à fait réalisable en réhabilitant l’édifice, qui certes n’est pas dans un état parfait, mais qui ne présente pas de gros désordres structurels.



D’ailleurs, la campagne de démolition a déjà commencé, puisqu’en 2018, les ateliers attenant ont été démolis.




Nous vous invitons à consulter le projet de la SEM ICI.



Nous sommes persuadés qu’un projet d’intérêt majeur peut naître au sein de l’édifice et que sa démolition serait une grave erreur. D’ailleurs, à Étel, à 30 kilomètres de Lorient, la Glacière a reçu plus de 400.000 euros du Loto du Patrimoine pour sa réhabilitation. Certes les deux édifices sont très différents, mais la réhabilitation de la glacière d’Étel prouve bien une fois encore que « lorsqu’il existe une volonté, il existe un chemin ».



La mémoire doit être respectée. Mémoire des hommes, mémoire des lieux et mémoire de l’histoire. Avec la disparition de la Glacière, c’est la ville de Lorient qui perdrait une partie de son identité, alors qu’avec sa réhabilitation s’est dans le livre de l’avenir qu’elle s’inscrirait.



N’oublions pas que « faire vivre le patrimoine, c’est faire vivre la France ! »



En savoir plus sur l’historique de la Glacière de Lorient ICI et ICI.

  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak
    Alexandra Sobczak
  • 22 juil. 2020

En Bretagne le Christ du calvaire de Gréavo, sur l’île d’Arz dans le Morbihan a été cassé et la vierge de la commune Montaud, dans l’Hérault, a été décapitée.


Des actes qui ont profondément affecté les habitants des communes concernées, élus en tête, ces derniers dénonçant fermement ces exactions.




La presse nationale n’en parlera pas et aucun ministre ne se déplacera. Jusqu’à quand le petit patrimoine de nos territoires subira les assauts des vandales dans l’indifférence générale ?



S’en prendre à ces petits témoins de notre histoire revient à s’en prendre à nous-même et à engendrer une « haine de l’autre » sans précédent.



Les commentaires que nous lisons sous certaines de nos publications sont de plus en plus agressifs et nous le regrettons. Au lieu de rassembler, ils divisent, alors que la cause du patrimoine aurait plutôt vocation à rassembler.



Non, tous ceux qui défendent le patrimoine ne sont pas des « fachos » et non, les dégradations ne sont pas commises systématiquement par des fichés S. La bêtise est hélas universelle parce qu’elle est humaine et c’est parce qu’elle est humaine qu’elle est infinie.



Alors au lieu de s’insulter à travers les écrans d’ordinateurs, il serait plus judicieux de se poser les vraies questions à commencer par : comment lutter contre ces actes ? Faut-il les passer sous silence, ou bien au contraire les mettre en lumière afin qu’ils servent d’étendards à la lutte contre le vandalisme croissant ?



En premier lieu, il est sans doute de la responsabilité de chacun de veiller à la bonne conservation de ces « petits patrimoines », car souvent, ils sont abandonnés par les communes sur fond de : « pas de budget ». Or nous savons tous que cette fallacieuse excuse cache surtout la peur des réactions de certains qui brandissent haut et fort les principes primaires de l’ultra laïcité.



Combien d’élus nous ont dit : « vous comprenez, si je mets de l’argent dans la restauration de l’église, une partie de mes administrés vont voir dans cette dépense pour un édifice religieux un acte contraire au principe de laïcité, car nombreux ignorent que pour tous les édifices édifiés avant 1905, leur entretien est à la charge des communes. C’est en grande partie pour cette raison que nous laissons le temps faire son œuvre sans réaction ».



Voilà une des clés du problème. Il est donc primordial de changer de discours et de mettre le plus souvent possible en avant la valeur culturelle et non pas la valeur cultuelle de ce patrimoine.



Nous savons que ce discours peut heurter de nombreux catholiques pratiquants, mais si nous voulons voir le patrimoine religieux protégé et entretenu, il faut absolument le replacer sans honte au cœur de notre culture comme un marqueur incontournable de notre histoire collective.



N’ayons pas honte de cette identité culturelle, car c’est elle qui fait de la France ce grand Musée que le monde entier nous envie.



Certes, ces deux éléments du patrimoine vandalisés passeront inaperçus tant notre pays en est riche, et d’ailleurs nous savons qu’ils seront restaurés mais il est important de changer notre regard sur ces actes qui ne concernent pas forcément la haine contre une religion, mais la haine contre un État tout entier.



Alors plutôt que de nous entretuer au nom de la laïcité, défendons ensemble notre culture et surtout, n’en ayons pas honte. Relever les pierres pour relever la tête sera le meilleur moyen de nous protéger contre l’extrémisme, quel qu’il soit.



Lire l’article de Ouest-France au sujet du calvaire de l’île d’Arz ICI.



Lire l’article du Midi-Libre au sujet de la Vierge de Montaud ICI.


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