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Suite à notre publication concernant la possible démolition de l’église de Mouflers dans la Somme, un commentaire nous a interpellé, c’est la raison pour laquelle nous souhaitons nous faire l’avocat de ce petit patrimoine Picard.



Voici le commentaire de Gilles X :



« Je vais peut-être me faire huer… je défends notre patrimoine et ai mené des actions dans ce sens, notamment dans des cimetières où certaines maires voulaient démolir des tombes et monuments réputés à l’abandon, ce qui est un pur scandale quand il s’agit de jeunes qui se sont faits tuer pour la France en 14/18.



Mais là… elle est moche, cette église, mal proportionnée… elle a l’air sinistre ! Mieux vaut faire un joli parc ou un beau jardin. »



Ce à quoi nous avons répondu :



« Imaginez que, du jour au lendemain, on décide de soigner uniquement les personnes au physique avantageux et qu’on laisse délibérément mourir les moches. Et bien pour le patrimoine, c’est pareil. »



Oui, c’est pareil. Car juger un édifice uniquement sur ses qualités esthétiques nous semble être très réducteur. Et puis le « beau » est une valeur tellement subjective. Décider de la destruction d’un patrimoine uniquement parce qu’il ne répond pas aux critères esthétiques de certains nous paraît extrêmement dangereux pour l’avenir.




N’oublions pas que même ces patrimoines « moches » ont été à un moment édifiés sur des critères esthétiques d’une époque, avec des matériaux d’une époque et le savoir-faire de cette même époque. N’oublions pas que des gens ont donné beaucoup d’argent pour faire construire cet édifice « moche », que des gens ont prié dans cet édifice « moche », qu’ils y ont trouvé du réconfort, qu’ils y ont baptisé leurs enfants, qu’ils s’y sont mariés, qu’ils y ont enterré des êtres chers…



Une église, même « moche », avant d’être un simple témoin architectural, est un symbole. Un symbole de notre histoire et de notre mémoire collective et il est parfaitement inconcevable que dans des périodes aussi tourmentées que la nôtre, on détruise ces symboles simplement parce qu’ils sont « moches ».




D’ailleurs, nous attendons toujours le « grand plan églises » évoqué dans l'Express par l’ancien député Yves Jégo le 5 août 2016, alors que la France était sous le choc de l’assassinat de Père Hamel quelques jours auparavant et suite au projet de démolition de l’église Sainte Rita dans le XVe arrondissement de Paris.



"Il y aurait actuellement plus de 300 églises menacées de disparition dans notre pays", interpelle le député-maire de Montereau. Yves Jégo souhaite rendre difficile la démolition des "édifices cultuels construits il y a plus de 75 ans "en les classant automatiquement comme "monument historiques". 



Une classification qui permettrait l'entretien, les réparations ou les restaurations des édifices par le ministère de la Culture, selon l'article 19 de la loi de 1905. Le député propose aussi de créer une "fondation du patrimoine religieux" et de transformer les édifices pour en faire "un usage culturel respectueux de ce qui fut le caractère sacré des lieux".



Hélas, il n’y a jamais eu de « plan églises » et les pelleteuses ne sont jamais bien loin des centaines d’édifices laissés sans « soins » depuis des décennies, auxquels on trouve tous les défauts du monde pour empêcher une quelconque restauration.


Nous savons pertinemment que certains diront que si les églises de France sont aujourd’hui en grand péril, c’est parce que les « fidèles » les ont désertées. Ce qui n’est pas faux. Mais est-ce une raison suffisante pour les détruire ?



N’oublions pas que le patrimoine, qu’il soit religieux ou non, peut se voir offrir un bel avenir dans une nouvelle affectation et qu’une réhabilitation sera toujours préférable à une démolition.



Lire notre précédent article au sujet de la démolition de l’église de Mouflers ICI.



C’est à Mouflers, un charmant village situé dans le département de la Somme, que Monsieur le Maire, Yves Crépy, a eu la bonne (?) idée de mettre à l’ordre du jour de son conseil municipal du 3 juillet le devenir de l’église de la commune.



Laissée à l’abandon depuis plus de dix ans, il a sans doute trouvé judicieux d’annoncer tout simplement que n’ayant pas les moyens, il fallait envisager la démolition de l’édifice construit en 1868.



Un état de péril est d’ailleurs fièrement affiché et on peut lire une date qui en dit long sur la réactivité des élus de cette commune : 2009 ! cela veut dire que depuis 11 ans, un arrêté de péril court toujours, sans que la moindre action ait été entreprise. Et l’élu est en place depuis 2001.



Cela se passe de commentaire.



Quoi qu’il en soit, lors de ce conseil, une élue s’est farouchement opposée à l’idée de cette démolition, et il ne fait aucun doute que les habitants feront de même.



Comme l’édile a de la suite dans les idées, il avance que si un référendum populaire était organisé, comme les habitants sont en majorité des jeunes, qui ne sont pas originaires de Mouflers, le résultat serait sans appel et la démolition serait approuvée par la majorité des habitants.



Nous pensons que c’est sous-estimer la jeunesse, mais soit. Alors pour éviter les déconvenues de ce référendum « à charge », il est bon de rappeler que depuis 1905 la commune a la charge de l’entretien de son patrimoine religieux et que si rien n’a été fait depuis des décennies, cela est tout à fait contraire à la loi.




Il est important de rappeler également, que lorsque les édifices sont très endommagés, il est possible de réaliser les restaurations par tranches. Les travaux d’urgence en premier lieu, et le reste un peu chaque année. Cela permet de ne pas impacter les contribuables et de ne pas mettre en danger les finances de la commune. Le mécénat, les chantiers bénévoles et les souscriptions peuvent être d’un grand secours, sans oublier les subventions régionales et départementales, car même si l’église n’est pas protégée au titre des monuments historiques, la Région Hauts-de-France est la première à avoir mis en place des dispositifs d’aides pour le patrimoine non protégé. Mais si on ne demande pas, on n’a pas !



L’élu précise cependant que rien n’est décidé et qu’il faut encore demander les autorisations au Diocèse et au Préfet.



Bien évidemment, nous suivrons cela de très près afin que cet édifice reste debout. Ce département a déjà connu une démolition « traumatisante » avec l’église Saint-Jacques d’Abbeville, il est inutile d’en rajouter.



Sources : Le Courrier Picard


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