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Nous ne le répèterons jamais assez, les jeunes d’aujourd’hui sont les gardiens du patrimoine de demain, et certains commencent plus tôt de d’autres à veiller sur l’avenir du patrimoine. C’est le cas de Geoffrey Brun qui a fait de la sauvegarde de cette ancienne léproserie son combat de tous les instants. Urgences Patrimoine mettra tout en œuvre pour l’accompagner dans ses démarches afin de sauver cet édifice du XIIe siècle.



Geoffrey Brun est né le 26 juillet 1997 à Clermont-Ferrand en Auvergne. Passionné depuis l’enfance par l’Histoire, le patrimoine et l’architecture. Après un baccalauréat littéraire passé en 2016, il entre en licence d’Histoire à l’Université Clermont Auvergne, dans sa ville natale, où il suit également des cours d’Histoire de l’Art en option. À partir de 2019, il entame un master de recherche en Histoire de l’Art toujours dans la même université. Son travail de master a porté sur l’architecture du château d’Esplantas en Haute-Loire, depuis la construction de la forteresse du XIII e siècle jusqu’à ses remaniements de l’époque moderne. Il s’est également intéressé aux décors intérieurs de ce château au cœur du Gévaudan, petite patrie de ses aïeux, à laquelle il est fort attachée, ainsi qu’à son mobilier du XVIIIe siècle, aujourd’hui disparu mais connu grâce aux archives. Il apprend en octobre 2021, l’existence d’une ancienne léproserie située dans sa ville natale, dans un quartier qu’il ne fréquentait guère, lors d’une conférence donnée par Johan Picot, historien médiéviste de souche bourbonnaise, qui fut son professeur à l’université, spécialiste du phénomène de la lèpre et du tribunal de « la purge » dans l’Auvergne médiévale. Ce dernier affirme avoir remuer Ciel et Terre pour sauver ce patrimoine unique en danger de destruction. Il décide alors de s’engager en lançant une pétition sur internet qu’il diffuse dans son entourage et auprès de son université, cette initiative bien accueillie n’est cependant pas suffisante. Il eut l’idée de faire paraître cet article dans La Gazette du Patrimoine afin de sensibiliser un public plus large.



La léproserie d’Herbet aujourd’hui en danger de destruction



Cette léproserie par son importance et sa position stratégique était un marqueur d’identité sociale et territoriale. D’autres léproseries en Auvergne comme celle de Brioude (Haute-Loire) furent restaurées et classées au titre des Monuments Historiques. Ce n’est absolument pas le cas de celle d’Herbet qui fut pourtant la plus importante d’Auvergne, en tant que siège du tribunal de « la purge » et sa position stratégique à proximité des grandes voies de circulations et des deux grandes villes principales d’Auvergne. Malgré son originalité architecturale identifiable par l’emploie précoce de la pierre de Volvic dans un édifice religieux datant de la fin période romane, l’édifice demeure méconnu voire méprisé. La léproserie de Montferrand fut vendue en 2005 par le président de la Société française d’Histoire des Hôpitaux à la société de baillage sociale Logidôme, dans le projet de démolir ce patrimoine pour y bâtir des logements sociaux à la place. Un article du quotidien clermontois La Montagne paru la même année, s’est employé à investiguer sur cette léproserie et sa vente à une société de logements sociaux, qui il faut le rappeler à était faite par le président de la Société française d’Histoire des Hôpitaux en personne ! La locataire de cette ancienne léproserie devenue une ferme, qui est une dame âgée actuellement en EPHAD, a d’ailleurs failli être expulsée de sa maison ! L’article de La Montagne a d’ailleurs réussi à échapper à l’autocensure du journal. Plusieurs articles et conférences ont été réalisées par l’historien médiéviste clermontois Johan Picot, spécialiste du phénomène de la lèpre et du tribunal de « la purge » dans l’Auvergne médiévale, qui n’ont jamais abouti à quoi que ce soit, malgré son acharnement. La ville de Clermont-Ferrand qui souhaite d’ailleurs devenir Capitale Européenne de la Culture en 2028, ne mérite même pas de candidater à ce titre et encore moins de le remporter, si elle maltraite, détruit, ignore, oubli, méprise et démoli son propre patrimoine ! Il est donc nécessaire et urgent d’agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Il s’agit de l’unique survivant du passé sanitaire médiéval de l’agglomération clermontoise.



Vous pouvez apporter votre soutien, pour commencer, en signant la pétition ICI.



Historique



À partir du XIe siècle une maladie appelée la lèpre fait son retour après plusieurs siècles d’absence, l’Auvergne tout comme le reste de l’Occident n’échappe pas à ce fléau. Les autorités seigneuriales, religieuses ou municipales commencent à s’inquiéter du problème et particulièrement de la propagation de la maladie dans la société. Des léproseries se construisent afin d’isoler les lépreux (appelés « ladres ») du reste de la population, ces établissements sont bâtis extra-muros afin d’éloigner les malades de la cité et de la société « saine ».



Aux alentours des années 1195-1199 est fondée une léproserie à Herbet au sud de la cité comtale de Montferrand, par la comtesse G, épouse du comte Dauphin d’Auvergne, décédée en 1199. Cette léproserie dépendait de la municipalité de Montferrand, créée en 1190 par la charte de franchise accordant des privilèges aux habitants de la cité, également par la comtesse G. Cet établissement relèvera donc de l’autorité consulaire jusqu’à sa fermeture au XVIIe siècle. Ce lieu en plus d’être un hôpital sera également le siège du tribunal de « la purge », qui s’emploiera à traquer les personnes suspectées de maladie et les mettre à l’écart de la population « saine ». Cette institution juridico-médical était présidée par les consuls montferrandais, elle était composée à la fois d’hommes de lois (juges, avocats, greffiers, procureurs, etc) ainsi que de médecins et chirurgiens-barbiers. C’était sur le lieu d’Herbet que les suspects étaient convoqués, examinés et jugés. Ce tribunal avait la charge des lépreux et de tout un réseau hospitalier s’étendant sur l’Auvergne ainsi que les contrées voisines tel que le Bourbonnais, le Velay, le Gévaudan, le Berry, le Nivernais, allant jusqu’au Lyonnais.



Le 25 juillet 1295, Louis de Beaujeu, seigneur de Montferrand, criblé de dettes, vend la seigneurie composée de la ville, de son château et des campagnes environnantes, au roi de France Philippe le Bel. La cité passe ainsi directement sous l’autorité royale, le tribunal de « la purge » devient alors un tribunal royal, la justice est donc rendue au nom du roi de France qui reconnaît les privilèges de la cité de Montferrand.



Un « auditoire de la purge » est bâti au cœur de la cité de Montferrand en 1497, près de la maison du Saint-Esprit, faisant office de tribunal et de salle d’examen, mais la léproserie d’Herbet demeure toujours la léproserie communale.



La léproserie d’Herbet se situait sur un carrefour entre le « chemin français » reliant Paris au Languedoc, qui passait par Montferrand, et la route entre la cité épiscopale de Clermont et Pont-du-Château. Elle est également située près de la Tiretaine pour l’approvisionnement en eau de ses résidents. La plupart des léproseries en Auvergne servent de « bornes » pour délimiter des paroisses, la léproserie d’Herbet est visible sur la Carte de la Limagne d’Auvergne, réalisée en 1560 par Gabriel Simeoni.



Ceci confirme son importance dans le paysage local et son emplacement privilégié, car près des grandes routes et des deux principales villes d’Auvergne que sont Clermont et Montferrand. Ces deux cités fusionneront en 1630 suite à l’Édit de Troyes signée par Louis XIII, qui sera confirmée 1731 par l’intendant d’Auvergne, Daniel-Charles Trudaine ; les deux villes formeront alors l’actuelle Clermont-Ferrand.



La disparition progressive et continu de la maladie pose la question du devenir du patrimoine des léproseries. En 1611, le roi Louis XIII décide de réunir les léproseries aux structures charitables les plus proches, Herbet rejoint ainsi l’Hôtel-Dieu de Montferrand. Un état des lieux est donc dressé à cette période à la demande des consuls, en 1617, Jacques Le Noir, maître maçon et deux charpentiers affirment avoir trouvé le site en bon état mais énoncent les travaux à prévoir : une cloche est fendue, il faut faire une gouttière et changer les vitraux. Cette attention portée à la chapelle dédiée à saint Lazare, patron des lépreux, n’est cependant que de courte duré. En 1643 les consuls affirment la gestion de la léproserie « aporte plustot perte que proffit au bien dudit hostel-Dieu » et décident « de désunir lesdites charges ». Les biens d’Herbet dont la chapelle romane retrouve ainsi une certaine autonomie.



Plus tard le Roi-Soleil décide de trouver une utilisation rationnelle aux anciennes maladreries. En 1672, le marquis de Louvois décide que les biens et revenus des léproseries soient attribués à l’ordre de Notre-Dame du Mont Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem. Cette solution ne fait pas l’unanimité car rares sont les réunions qui ne suscitent pas de contestations et de procès devant la Chambre Royale. La léproserie d’Herbet fait l’objet d’un procès en 1674-1676. L’édit de 1672 est révoqué en 1691 suite au décès de Louvois, à cause de nombreux différents, les léproseries sont alors désunies des ordres et sont rattachées aux hôpitaux les plus proches à partir de 1693. Les consuls de Montferrand, administrateurs de la léproserie locale, s’opposent en vain à cette décision. Le 4 mai 1696, un arrêt royal réunit les bâtiments d’Herbet à l’Hôtel-Dieu de Clermont, probablement en raison du déclin de Montferrand au profit de sa rivale Clermont, suite à la fusion des deux cités. Cette institution de santé publique demeure d’ailleurs propriétaire de l’ancienne maladrerie jusqu’en 2005, date à laquelle le site fut vendu à Logidôme (bailleur social qui projette de construire un parc locatif à l’emplacement de la léproserie).



Les bâtiments qui étaient en mauvais état sont restaurés en 1695, la chapelle qui avait été désacralisée à la fermeture de la léproserie est placée sous le vocable de saint Fiacre et devient une annexe de la paroisse de Montferrand. En 1718, une veuve lui lègue 20 000 livres pour une fondation de messe à perpétuité. Le reste du domaine d’Herbet est quant à lui mis en fermage.



Le lieu connait ensuite une phase d’abandon. Un document de 1844 indique la léproserie n’est plus qu’un souvenir, la chapelle n’est plus en service et est laissée à son sort. Le témoin la décrit comme « une petite église romane » et ajoute qu’au sud de ladite église se trouvait « un assez grand enclos qui servait autrefois de cimetière ». Une partie de l’oratoire est détruite dans la seconde moitié du XIXe siècle, car le 8 mars 1883 des travaux sont projetés pour l’aménagement du site : « enlèvement de la couverture en tuiles creuses et de la terre au-dessus de la voûte, démolition de la voûte, démolition du mur de façade et de 2 contreforts, enlèvement des marches et du plancher ». Le 19 juin 1883, le préfet du département du Puy-de-Dôme, donne son autorisation au projet et valide la démolition du mur gouttereau sud de l’édifice. La chapelle défigurée devient alors une grange dans l’année, comme le prouve la date gravée sur la clef de voûte du linteau de la porte d’entrée.



Description architecturale



La façade occidentale que l’on peut apercevoir depuis la rue Claude Guichard, comporte des éléments médiévaux intéressants, il est possible d’apercevoir une baie géminée en arkose jaune, provenant probablement des carrières de Montpeyroux au sud de Clermont-Ferrand.



Cette baie était composée de trois colonnes, dont une a disparu, surmontées de chapiteaux dont l’un est décoré d’une figure anthropomorphe. Il s’agit d’une tête de lépreux indiquant la fonction du lieu. En dessous de cette baie sont visibles deux corbeaux en pierre de Volvic, il s’agit d’une trachyandésite provenant des coulées de lave du Puy de la Nugère, de couleur allant du gris clair à des teintes noires. Cette roche volcanique fut très utilisée dans la région clermontoise à partir du XIIIe siècle, l’arkose jaune était plus en usage à la période romane. Sur l’un des corbeaux est sculptée une croix sur l’autre une sorte de pichet. Le long de la route deux croix romanes en pierre de Volvic délimitent l’enclos de l’ancienne léproserie.



Dans l’impasse du monastère du côté Est de la léproserie est visible la baie de l’ancien dortoir, il s’agit d’une petite fenêtre en arkose jaune surmonté d’un arc en plein cintre. Deux corbeaux en pierre noire sont visibles à gauche de la baie romane.




Il n’est cependant guère aisé au premier coup d’œil de repérer la chapelle Saint-Lazare d’Herbet car elle est intégrée à la grange bâtie en 1883, mais le mur gouttereau nord est toujours visible au fond de l’impasse du monastère, encerclé de bâtiments résidentiels des XIXe-XXe siècles.




Cet édifice religieux est construit en pierre de Volvic, le mur gouttereau nord est encadré de contreforts épais et percé d’une petite baie surmontée d’un arc en plein cintre surmonté de modillons à copeaux trapus, souvent « prolongés » ou « allongés », qui soutiennent une corniche.



Le chevet est plat et percé d’une petite baie étroite et haute. Le reste de la chapelle est à chercher dans les greniers et les sous-sols des maisons accolées à l’édifice, il est d’ailleurs possible de retrouver sous la toiture d’un des édifices accolés à la chapelle, l’intégralité du mur gouttereau nord : corniche, modillons et accès latéral à la nef se dévoilent à qui veut bien prospecter le bâti environnent.



Le style de ces éléments architecturaux permet de supposer que l’édifice fut bâti entre 1175 et 1220. Le portail de la chapelle qui se trouve à l’ouest est visible dans une autre maison, il est doté d’un double ressaut gravé d’une croix de consécration.




Ces éléments permettent la datation à l’extrême fin du XIIe siècle ou début du XIIIe siècle, ce qui recoupe avec la documentation manuscrite qui indique la fondation dans les années 1195-1199.



Le choix du matériau employé pour la construction de cette chapelle romane, souligne son originalité car l’édifice apparait totalement noir ce qui est exceptionnel dans la région pour la période romane ou l’on utilise l’arkose jaune, claire et sédimentaire, comme dans la plupart des églises romanes de Limagne comme Notre-Dame du Port à Clermont, Saint-Austremoine à Issoire, etc. Ceci fait ainsi de l’église Saint-Lazare d’Herbet une exception en Basse-Auvergne. Le reste de la léproserie à l’exception des croix sont quant à eux construits en arkose jaune ou grès.



L’oratoire parait simple et de petites dimensions. Dans sa configuration d’origine, l’édifice est composé d’un vaisseau de deux travées, un chœur d’une travée, d’un chevet plat pour un espace intérieur de 98 mètres carrés (14 mètres de long pour 7 mètres de large). La voûte de la chapelle a disparu, il s’agissait probablement d’une voûte en berceau comme le laisse supposer les stigmates apparents sur la partie supérieure de la partie occidentale du chevet. L’entrée de la chapelle était précédée d’un porche, lui aussi de nos jours, disparu. Une partie du mur sud du porche est conservée et présente une porte avec des moulures toriques, ce qui est propre aux baies percées entre la fin du XIIe siècle et le premier quart du XIIIe siècle.




Le texte de 1844 indique l’emplacement du porche : « l’extrémité́ méridionale de la léproserie touche un porche d’une petite église romane qui ayant sa longueur de l’ouest à l’est, forme un angle droit avec la léproserie ». Le dessin réalisé par Gabriel Simeoni en 1560, plus idéaliste que réel, dote le petit oratoire d’un clocher, ce qui permet de supposer que le porche abritait également des cloches.



Il est question du clocher de la chapelle dans les sources du XVe siècle, car nous savons que le clocher fut réparé entre 1478 et 1481, par le maçon Jehan Fohet et le serrurier Guillaume Mercier. Ces travaux furent vraisemblablement réalisés suite au séisme de 1477, qui toucha la région clermontoise et endommagea plusieurs édifices importants à Clermont et à Montferrand, tel qu’une partie des remparts, le clocher de Notre-Dame du Port, etc. Ce malheureux épisode permet toutefois de révéler l’existence d’un clocher à Saint-Lazare d’Herbet et confirme l’hypothèse en faveur d’une tour-porche devant la chapelle. Les lépreux qui n’avaient pas le droit de fréquenter les églises paroissiales, pouvaient ainsi compter sur cette chapelle pour leur secours spirituel nécessaire.



Le maître-autel en arkose de cette chapelle, qui se trouvait à l’origine dans le chœur, est aujourd’hui visible dans le jardin de la léproserie, où il sert actuellement de banc.



Cette pierre bénie est attribuable aux XIIe-XIIIe siècles, semble plutôt contemporaine à la construction de la chapelle. Un second autel aujourd’hui disparu, fut aménagé en 1478 dans le porche précédant l’entrée de l’oratoire. Ceci coïncide probablement avec le tremblement de terre de 1477, ce qui supposerait un autel à visée « prophylactique », car l’homme médiéval se souci avant tout de se préserver des dangers et des maladies. Les catastrophes naturelles influent également les moyens de la protection privée ou publique mis en œuvre par la population et peuvent expliquer les raisons de l’aménagement d’un second hôtel à Saint-Lazare d’Herbet à cette période-là.



La dévotion des malades repose bien évidemment sur les offices mais également par le statuaire et les reliques. Pour cette raison la chapelle possédait des ornements tel qu’une pietà en pierre de Volvic du XVe siècle (Fig. 14), actuellement conservée au Musée d’Art Roger Quillot à Montferrand. Cette chapelle renfermait bien sûr des objets liturgiques (vases sacrés, tissus et vêtement liturgiques), auxquels s’ajoutait les livres indispensables pour le culte. En 1372, afin de compléter l’équipement de la chapelle, les consuls de Montferrand confient des reliques au vicaire : « un chapse de corne en laquelle avoit certaine quantité́ de ousses de sant Lazer [et] unes autres reliquiez de la Marie Magdalene ». Au même moment il est aussi « baillé a Coulas le doureur VI ou VII onces d’argent pour fere un calice a ob de la iglize d’Erbers ». Les objets de culte et de dévotion offerts aux ladres ne sont pas négligeables et confèrent sans doute à la chapelle une importance particulière. Peu de léproseries en Auvergne peuvent se vanter de détenir pareils « trésors ». Des messes votives et des processions avaient lieu fréquemment à la chapelle d’Herbet jusqu’au XVIIe siècle, ce qui témoigne de son importance au sein du diocèse de Clermont.



Pour en savoir plus 










Alors que des dispositions sont prises un peu partout sur le territoire afin de limiter la défiguration des entrées de nos villes et de nos villages, à Onzain, il semblerait que l’on souhaite au contraire, s’offrir un beau « lifting » en autorisant l’implantation d’un Lidl en lieu et place d’un joli poumon vert et, bien évidemment, en sacrifiant le patrimoine local.



Pourtant, cette enseigne communique grandement sur son attachement aux territoires et elle est même mécène du ministère de la culture pour les Journées Européennes du Patrimoine, mettant à disposition des clients, à cette occasion, des sacs à l’effigie de notre beau patrimoine local.



C’est bien connu, le « faites ce que je dis et pas ce que je fais » est un sport national. Car, d’un côté, on prône la valorisation du patrimoine vernaculaire et, de l’autre, on se hâte de le démolir pour faire pousser de jolis cubes de bétons.



Pas de chance pour les démolisseurs : à Onzain, les habitants n’ont pas l’intention de se laisser faire et, depuis quelques semaines, la mobilisation s’organise.


Un grand nombre d’entre eux ont été contactés par l’enseigne qui souhaite racheter certaines parcelles de terrain supplémentaires, mais ils n’ont pas l’intention de se laisser « séduire » par le chant des sirènes « Lidlien ».



Urgences Patrimoine a été sollicitée par le collectif « Non au Lidl quartier gare » et, bien évidemment, nous avons répondu présents. Notre avocat, Maître Théodore Catry, sera également là pour les accompagner dans toutes leurs démarches juridiques, si un quelconque permis de construire faisait son apparition.



En attendant, voici les détails de « l’affaire » :



Le collectif « Non au lidl quartier gare », qui regroupe aujourd’hui près de 70 personnes, s’oppose au projet d’implantation d’un nouveau magasin LIDL à Onzain, dans le quartier de la gare, entre l’avenue du Général de Gaulle, la rue du stade et l’impasse des Robiniers. Ce nouveau magasin remplacerait celui existant rue Georges Diard.


Ce projet semble scandaleux pour de nombreuses raisons. Au-delà du total mépris à l’égard des riverains impactés par le projet, qui verraient leur lieu de vie complètement dégradé, tout un quartier se trouverait sacrifié avec l’augmentation de la pollution, un trafic routier accru, des nuisances sonores et lumineuses.



Ce quartier a pourtant une véritable identité, ses habitants y sont attachés. Le site impacté s’inscrit dans le Val d’Onzain, un paysage à protéger et non à détruire pour des intérêts économiques. Un supermarché serait ainsi construit de l'autre côté de la Loire, dans la perspective de Chaumont-sur-Loire, qui accueille près de 500 000 touristes par an. Quelle hérésie !



Ce projet serait alors synonyme de destruction du patrimoine : une demeure bourgeoise de caractère, mais aussi et surtout un ancien moulin à vent qui a donné son nom au lieu-dit, seraient ainsi mis à mal. Sans parler du parc boisé aux arbres centenaires, qui leur sert d’écrin naturel. Pourquoi sacrifier un espace vert, naturel et vivant pour le remplacer par un espace bétonné ?



A l’heure où les instances politiques mettent l’accent sur la préservation de l’identité et de la vitalité des petites villes, l’entrée de ville d’Onzain serait dénaturée. Le cœur de village vient pourtant de faire peau neuve.  Les commerces de centre bourg doivent être soutenus. Or, on construirait un nouvel espace commercial démesuré en entrée de ville. Autre aberration…



C’est un non-sens en termes de patrimoine et de paysage, mais aussi en termes d’urbanisme : ce projet concerne une zone inondable, où la construction est désormais impossible pour les particuliers, soumis à de nombreuses contraintes.



Ce projet va à l'encontre de toutes les réglementations en vigueur : zone inondable, PLUI, zone protégée. Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons accepter qu'un tel projet aboutisse ! 




Ce moulin représente une page de l’histoire du village d’Ecures, situé en contre-bas de la Loire, et d’Onzain. C’est un gardien de mémoire. La famille Trinquart est propriétaire depuis 1682 des auberges d’Ecures. Le moulin aurait été apporté par Marguerite Morcelet lors de son mariage avec Jean Alexandre Trinquart en 1782. Le moulin est répertorié sur le cadastre napoléonien (plan cadastral de 1819 n° M48). Dans un acte datant du 20 juin 1839, un descriptif de la propriété mentionne non seulement le moulin mais aussi la demeure qui lui est adossée (dans le paragraphe « désignation » il est question d’un « bâtiment couvert en ardoise »).


Le moulin devient par la suite propriété de la famille Girault. Jean Girault est chirurgien à Onzain. Son fils Jean Alexandre, médecin lui aussi, est maire d’Onzain de 1870 à 1874 et de 1884 à 1885. Premier maire républicain, Jean Alexandre Girault est condamné au bannissement en 1851 pour avoir depuis 1848 manifesté des opinions démocratiques. Il sera gracié lors de la proclamation de l’Empire. Lors de son deuxième mandat de maire, il se démène sans succès pour obtenir l’agrandissement de l’école des filles de la rue Meslandaise. Il a cependant sa revanche à titre posthume puisque 6 mois après sa mort, le 25 mai 1887, la commune achète sa maison et ses dépendances, en décembre 1887, pour y installer en 1890 l’école des filles, l’actuelle école Maurice Genevoix.



Il s’agit du seul moulin à vent ayant existé à Onzain.



Au fil des siècles, tout un quartier s’est ainsi développé entre ce moulin et la Loire. Ce quartier a une identité qu’il faut préserver : il s’agit bien du « lieu-dit du moulin à vent ». Tout près de là, l’ancienne « auberge du moulin à vent », longtemps en activité, est désormais une salle de réception. Le moulin est aujourd’hui adossé à une demeure bourgeoise et s’inscrit dans un parc boisé aux arbres centenaires. Cet écran végétal naturel est installé de longue date. Il joue un rôle important dans cette zone située juste après le pont sur la Loire et qui est visible du château de Chaumont sur Loire. Il participe au filtrage des vues sur les franges urbanisées perçues depuis le site du château.



Ce site s’inscrit en effet dans la zone du « val d’Onzain », face au château de Chaumont-sur-Loire, entre l’avenue du général de Gaulle, la rue du stade et l’impasse des robiniers. Cette large bande comprise entre la voie ferrée et la RD952 est un site inscrit depuis 1961 (« Perspectives du château de Chaumont-sur-Loire »). La Valeur universelle exceptionnelle du lieu est à protéger. L’entrée de ville juste après la Loire doit être valorisée et non sacrifiée pour les seuls intérêts économiques d’un groupe commercial. Onzain est une petite ville dont le cœur de village vient de faire peau neuve.



Les petits commerçants qui jouent un rôle important en préservant la vitalité de notre commune doivent être soutenus. La place doit rester vivante et conviviale. L’entrée de ville doit être une invitation à découvrir ce bourg et non le sanctuaire commercial d’une grande enseigne en pleine expansion. Le moulin et tout son quartier sont remarquables pour leur valeur patrimoniale et paysagère et doivent être protégés.



Mobilisons nous !





Nous insistons sur le fait que vous n’êtes pas obligé de faire un don au moment de signer comme la plateforme vous invite à le faire. En revanche, vos partages sont les bienvenus.



La pétition « papier » qui circule chez les petits commerçants d’Onzain rassemble aujourd’hui 1200 signatures.



La Nouvelle République était présente lors de notre rassemblement

Nous pensions qu’en Italie le patrimoine était bien plus respecté qu’en France, mais cette affaire prouve qu’il n’en est rien et que la promotion immobilière a raison du patrimoine de tous les territoires, sans exception.



Voici l’alerte que nous avons reçue de la part du Docteur Riccardo Battiferro Bertocchi, historien d’Art, Consultant pour le patrimoine culturel de la Cour de Vérone :



Corte Olmo est de nos jours ce que l’on pourrait appeler patrimoine rural, mais il était autrefois la ferme de moines augustins de Vérone. Une partie a été transformée à la fin du XVIIIe siècle en résidence de campagne de la famille Della Torre. Le double escalier extérieur, avec voute sculptée à l’effigie de Bacchus, est remarquable, de même que les deux colonnes à chapiteaux corinthiens à l’entrée de l’étage noble.



Corte Olmo a été récemment vendu à un promoteur qui veut construire de nouveaux bâtiments. Ce promoteur a déjà à son actif la démolition de plusieurs bâtiments historiques. Une demande avec procédure d'urgence de déclaration d'intérêt culturel auprès des bureaux du ministère de la Culture à Vérone a été déposée, mais nous sommes tous inquiets quant à l’avenir de ce patrimoine.



Ce bel édifice ne peut être détruit, sauvons-le !




Nous espérons tous une fin heureuse à cette affaire, et nous souhaitons surtout que les services du Ministère de la Culture protège ce témoin de l’histoire collective de Vérone.



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