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Suite à notre article sur l’appel à bénévolat de Monsieur Julien Cohen pour la chapelle qu’il vient d’acquérir à Nevers, nous avons reçu un témoignage édifiant de la part d’une bénévole qui a œuvré pendant des années pour un propriétaire privé. Elle nous fait part de son expérience, et jure que plus jamais elle ne s’investira gracieusement pour valoriser le patrimoine d’un propriétaire peu scrupuleux. Attention, nous ne souhaitons absolument pas décourager les bonnes âmes qui voudraient aider à sauvegarder le patrimoine, même quand il s’agit d’un patrimoine privé. L’action des bénévoles est souvent capitale pour certaines sauvegardes et nous le savons que trop bien. À travers ce témoignage, nous voulons simplement alerter sur certaines dérives. Il serait peut-être judicieux de fixer quelques règles afin d’ éviter les dérives, notamment dans le cas où l’édifice concerné serait vendu une fois restauré. Voici le témoignage de Magaly Augiron-Lamielle. Magaly Augiron-Lamielle a 49 ans. Elle est originaire du Doubs où elle est professeur d’Histoire de l’art, mais aussi professeur de couture et de cuisine. Si elle n’est plus bénévole dans des chantiers de restauration de patrimoine, elle est membre de l’association « Dis Mamie », qui a pour vocation de transmettre les savoir-faire notamment dans les lycées.

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« Les amoureux de l’histoire et du patrimoine donneraient toute leur énergie quand un bien est en danger, et c’est ce qui m’est arrivé ! Dans mon village, se trouve un château médiéval… petit mais illustre suite au passage de certains seigneurs bien connus. Quand il a été vendu, je suis allée voir les nouveaux propriétaires pour savoir s’ils avaient l’intention de le restaurer. Je leurs ai dit qu’ils pourraient éventuellement se faire aider par l’association Rempart (avec laquelle j’avais travaillé quand j’étais gamine) mais que, pour cela, il fallait créer une association. L’association fut créée et les propriétaires décidèrent d’ouvrir les portes le temps d’un week-end pour permettre aux gens du coin de revenir au château très longtemps fermé. 350 visiteurs cette année-là ! L’association a donc décidé de créer une fête médiévale annuelle (plus de 5000 visiteurs) pour récolter quelques deniers, afin de restaurer les parties du château en grand péril, et surtout celles qui n’avaient pas la priorité du propriétaire. Le château fut, dans le même temps, inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques. Les fêtes s’enchaînèrent, les travaux aussi ! Chaque gros chantier faisait l’objet de demandes de subventions auprès du Conseil Départemental, de la DRAC mais aussi auprès de fondations bien connues. Les choses dégénérèrent quand les propriétaires ont commencé à vouloir faire du business avec leur château ! Tout était bon pour faire du « fric » et en récupérer. Ils ont fourni de fausses factures pour récupérer les subventions des fondations (qui ne paient que sur factures pour des chantiers réalisés par des professionnels) et se sont reposés sur les économies de l’association, afin de ne plus demander d’argent à l’état et ainsi passer outre les recommandations des architectes des bâtiments de France. Le pire, c’est d’avoir voulu transformer les granges (le château avait été racheté par les paysans du seigneur après la Révolution, et celui-ci fut transformé en domaine agricole), dont les derniers changements dataient du XIXe siècle, en salle d’apparat avec fenêtres à meneaux, percement de portes ... Au lieu de privilégier des chantiers comme la restauration de l’escalier à vis en pierre qui menaçait de s’effondrer (et qui menace toujours), le propriétaire a obligé l’association à mettre ses deniers dans ces granges pour qu’elles deviennent des salles pour mariages et autres réunions rapportant de l’argent . Si esthétiquement c’est joli, historiquement c’est un désastre ! Et bien sûr, tout cela dans « le dos » de la DRAC !

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Je suis partie très vite car je ne voulais pas être la complice de malversations financières, et surtout d'un carnage sur un monument historique ! Les monuments subissent des transformations à travers les siècles et sont rénovés suivant l’époque et cela ne me dérangeait pas du tout. Ce château avait des parties médiévales, renaissance, XVIIIème, XIXème et même XXème siècle. Mais créer des portes et des fenêtres « à la façon » de … Non ! On est au XXIème siècle et même si ce n’est pas mon style, je préfère qu’on installe un escalier de secours en métal qui correspond à notre époque plutôt que de faire « du style Renaissance » au XXe siècle. De toute façon, œuvrer pour un propriétaire privé, c’était déjà tendancieux. Certains (pas tous, fort heureusement) profitent des amoureux du patrimoine qui s’investissent à fond pendant des années, et donnent de la valeur à leur bien. Personnellement, je ne regrette rien, car je me dis que certaines parties du château ont été sauvées et que, sans moi (j’étais Présidente de cette association), cela n’aurait pas été le cas, car ce n’était pas la priorité du propriétaire. Malheureusement, la déconvenue a laissé des traces et, comme on dit, « chat échaudé craint l’eau froide » et ça, c’est triste ! (et encore j’ai résumé brièvement l’histoire). Je ferai n’importe quoi pour sauver le patrimoine, mais quand le bien est privé, je pense qu’il faut qu’il y ait un cadre juridique qui évite ce genre de problèmes, aussi bien financièrement qu’historiquement. J’ai toujours été étonnée que la DRAC n’y accorde pas plus de d'attention que ça. »


  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak-Romanski
    Alexandra Sobczak-Romanski
  • 21 févr. 2020

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Première « apparition» pour cette Assomption de la Vierge après la première étape de nettoyage réalisée par Sophie de Joussineau et Osanne Darantière. Les couleurs se révèlent et cela promet un beau résultat final pour ce tableau provenant d’une petite commune de l’Allier. Ce tableau a d’ailleurs un peu voyagé auparavant, car c’est une autre restauratrice en Touraine qui devait le restaurer, mais suite à des problèmes de santé, elle n’a pas pu offrir son geste. Mais comme rien n’arrête Sophie et Osanne, c’est dans leur atelier parisien qu’il est venu se refaire une santé.

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Bien entendu, une fois encore, cette œuvre est restaurée grâce à l’opération « Un Geste à l’Édifice » initiée par Urgences Patrimoine et la restauration est réalisée dans le cadre du mécénat de compétences. Un grand merci à nos généreuses restauratrices qui offrent encore une fois leur contribution au petit patrimoine en péril de nos territoires. À suivre…

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Nous tenions à mettre en lumière une autre action de nos deux restauratrices. En effet, il y a un an exactement, elles partaient en Irak restaurer cette Madone grâce à SOS Chrétiens d’Orient. Un souvenir extraordinaire pour elles. Elles ont aujourd’hui ont une pensée toute particulière pour 4 collaborateurs de l’association qui sont portés disparus depuis plusieurs semaines. Un grand bravo à ces deux femmes de cœur, dont le talent n’a d’égal que leur générosité.

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Crédits photographiques : Sophie de Joussineau/Osanne Darantière Sophie de Joussineau Conservatrice-Restauratrice de tableaux et d'objets d'art polychromes sophiedejoussineau.atelier@gmail.com 06 63 15 33 56 Osanne Darantière Restauratrice-conservatrice de tableaux et d'objets d'art polychromes http://atelier-osanne.fr

  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak-Romanski
    Alexandra Sobczak-Romanski
  • 11 févr. 2020

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Grâce à l’intervention de Sophie de Joussineau, ce portrait du peintre Théophile Poilpot intitulé « Céline » , provenant du fond du Musée Eugène Carrière, a retrouvé une seconde jeunesse. Cette restauration a eu lieu dans le cadre de l’opération « Un Geste à l’Édifice » d’Urgences Patrimoine.


Nous rappelons que cette opération consiste à faire intervenir des professionnels de la restauration du patrimoine, et que ces restaurations sont gracieuses car effectuées dans le cadre du mécénat de compétence. Cela permet à des œuvres pour lesquelles il n’y a pas de budget dédié, de pouvoir bénéficier des soins dont elles ont besoin pour ne pas disparaître.


Ce tableau est le premier à sortir de l’atelier parisien de Sophie de Joussineau, qui participe à deux autres sauvegardes, toujours dans le cadre « d’Un Geste à l’Édifice ». Une vraie chance pour le patrimoine oublié et sans avenir qui, sans l’engagement de ces restaurateurs, serait condamné.


Un grand merci à nos généreux artisans et, dans ce cas précis, un grand merci à Sophie.


Pour contacter Sophie de Joussineau :


Atelier Sophie de Joussineau :

Conservatrice-Restauratrice de tableaux et d'objets d'art polychromes

58 rue Letellier

75015 Paris

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