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  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak
    Alexandra Sobczak
  • 6 juil. 2022

Encore un patrimoine qui disparaît, comme chaque jour sur l’ensemble du territoire. Située à Salency dans l’Oise, petite commune rurale de 885 habitants, cette ferme faisait pourtant partie du paysage depuis plus de 200 ans.


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C’était sans compter sur l’appétit féroce d’un entrepreneur local qui rachète tout se qui est à vendre dans le village. Initialement, les bâtiments devaient être réhabilités et transformés en logements, ce qui permettait d’inscrire ce petit patrimoine dans l’avenir, tout en offrant un cadre de vie atypique à ses occupants.


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Mais l’entrepreneur a revu sa copie et a décidé de tout raser pour construire 8 pavillons sans âme avec jardinets, 8 pavillons sur une surface globale de 2500m2. On s’interroge tout de même sur l’intérêt de vivre à la campagne quand on a pour seul extérieur un bout de terrain grand comme un balcon, avec vue imprenable sur le séchoir à linge du voisin.


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En parlant de copie, on ne peut pas dire que notre entrepreneur/démolisseur soit très à cheval sur les règles d’affichage, comme l’atteste ce panneau trônant fièrement sur le portail. Mais qui allait contester ?


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Il s’agissait d’une propriété privée, rachetée par un privé et non protégée par un quelconque PLU. Seul le maire pouvait s’opposer à cette démolition, en refusant de signer le permis. Cependant, 8 pavillons, c’est sans doute bien plus lucratif en termes de taxe foncière qu’une vieille ferme picarde.



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Nous parlions de pavillons sans âme —  de l’âme parlons en justement ! Ces constructions anciennes sont l’âme des lieux et elles sont les marqueurs de l’identité d’un territoire, aussi modeste soient-elles. Mais au XXIe siècle, le mot identité est devenu un gros mot. Pourtant, l’uniformisation à outrance conduira inexorablement à la défiguration de nos territoires et, de facto, à leur perte.

Nous le répétons sans cesse, quand du Nord au Sud et d’Est en Ouest il n’y aura plus que des zones commerciales, des zones pavillonnaires et des parkings, où sera l’attractivité d’un territoire ?




Salency avait déjà condamné sa traditionnelle « Fête de la Rosière » alors que cette tradition était millénaire. Ne nous étonnons donc si le maire ne s’est pas ému de la démolition d’un modeste représentant du patrimoine bâti, malgré la colère de nombreux administrés.



Cette histoire est somme toute très banale, car des centaines d’édifices que nous appelons « des patrimoines de proximité », disparaissent chaque jour, et avec le futur projet « zéro artificialisation des terres » le processus risque fort de s’accélérer.



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Pour tous ceux qui souhaitent contempler la commune avant sa complète transformation, nous vous conseillons de suivre la page Facebook de Bertrand Tribout : Jadis Salency

Voici un très beau projet de sauvegarde qu’Urgences Patrimoine soutiendra avec plaisir dans le cadre de l’opération 1001 Chapelles. Découvrez la belle histoire de Karen et Annabelle qui, par hasard, ont désormais entre leurs mains l’avenir de la chapelle du Dugilard.



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En 2021, deux amies souhaitent acheter un étang de loisirs dans leur commune, Soudan, à la limite de la Bretagne et de l’Anjou. Un peu par hasard, elles se retrouvent finalement avec une chapelle du XIIe siècle. Une véritable aventure et de nouvelles découvertes commencent alors pour Karen Chauve et Annabelle Le Rest, pour leur plus grand plaisir.



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L'origine du projet : créer un lieu convivial d'art, de culture et de loisirs



Karen, 46 ans, éducatrice de jeunes enfants, et Annabelle Le Rest, 42 ans, bibliothécaire de formation, ne souhaitaient pas spécialement investir dans le patrimoine ou la pierre. Leur idée initiale était un projet associatif, acheter un petit étang pour organiser des événements, retrouver l’ambiance des petits concerts au bord de l’eau, après une période de confinement quelque peu morose. Elles tombent alors sur le magnifique étang du Dougilard, aux parois maçonnées de vieilles pierres et une belle surprise en plus : une chapelle ! Elles n’en demandaient pas tant. On leur raconte les anecdotes des décennies passées, les concours de pêches, les processions et pèlerinages en l’honneur de Saint-Barthélemy, les photos de mariages des voisins devant l’if millénaire, les prières devant la fontaine pour guérir les maladies de peau... Elles tombent sous le charme ! Elles se disent qu’il faut absolument faire revivre ce lieu, rouvrir l’étang à la pêche et les portes de la chapelle aux riverains. Elles achètent le terrain et créent l'association Les Amis du Dougilard, avec le projet de sauvegarder le lieu en y créant des événements mêlant art, patrimoine, convivialité et loisirs. Elles entament alors tout un tas de recherches pour connaître l’histoire de cet endroit bucolique.


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Le Dougilard, des siècles d’histoire



Un acte de fondation du XIIe siècle nous permet de proposer une datation pour la chapelle d’architecture romane. Entre 1139 et 1142, Rivallon de Soudan et un autre seigneur local, Esgat, règlent probablement leurs différents en concédant des terres du Dougilard à l’abbaye angevine de Nyoiseau, fondée en 1109 par l’ermite breton Salomon, qui y établit un prieuré de femmes. Le lieu, installé près d’une source, est très probablement déjà occupé. En effet, l’acte précise que l’« église fut fondée au centre de cette terre, afin que ce lieu qui avait été si longtemps sous le règne du diable et de ses ministres en fut délivré par Dieu, par l'intercession de la bienheureuse Vierge Marie, de saint Barthélemy et de tous les saints ». Y avait-il là les reliques d’un culte païen ou une confrérie opposée à la réforme grégorienne ? Quoiqu’il en soit, le lieu constitue un ancien carrefour de chemins sur le tracé de la voie antique de Carhaix à Angers, et plusieurs enclos fossoyés protohistoriques sont identifiés en photographie aérienne dans son environnement.


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Le nom du Dougilard, ductus gislardi en latin (« direction de Gislard » en français), pourrait même peut-être renvoyer à un évêque du IXe siècle. En 850, le roi breton Salomon concéda au dénommé Gislard un diocèse taillé sur mesure, allant de l’Atlantique à la rivière du Semnon et correspondant probablement à ce qui deviendra trois siècles plus tard l’archidiaconé de La Mée, dont le Dougilard constitue la limite orientale.



Le prieuré du Dougilard intègre un vaste mouvement de fondations érémitiques initié à la fin du XIe siècle, notamment par le fondateur de l’abbaye de Fontevraud, Robert d’Arbrissel, dont Salomon est le disciple. La place des femmes dans ces ordres est différente de ce qui peut se passer ailleurs, et de l’image que nous nous faisons généralement du Moyen Âge. Selon le spécialiste Jean Claude Meuret, la particularité de l’ordre de Nyoiseau est qu’il « se met en place, recrute et fonctionne en réelle osmose avec l’ensemble du monde seigneurial de sa région, et non pas seulement son élite ». Plus encore, pendant au moins un siècle, l’ordre semble s’inscrire dans une réelle expérimentation de la mixité monastique : il place « les femmes au premier rang, faisant des nonnes, qualifiées de sanctimoniales, les intermédiaires privilégiées entre les hommes et Dieu ».



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Au fil des siècles nous ne savons que peu comment ce prieuré de femmes évolue. Une prieure, Françoise de Bouillé est encore mentionnée en 1546. Mais comme l’explique Jean-Claude Meuret, « comme pour d’autres obédiences mineures de Nyoiseau, Le Dougilard paraît avoir été rattaché dès le début du XVIIème siècle à l’abbaye ». À cette époque, les terres sont affermées et il n’y a vraisemblablement plus de résidentes. Au cours de la période révolutionnaire, l'église paroissiale de Soudan est incendiée par les royalistes. Les décennies suivantes, la chapelle du Dougilard, qui est alors deux fois plus grande, servira d’église le temps de la reconstruction de l’église du bourg. L'intérieur est rénové à la fin du XIXe siècle, le sol renouvelé et l'autel remplacé.



En recherchant l’histoire du lieu, Karen et Annabelle prennent conscience de la valeur historique de l’endroit. Mais elles ne sont pas encore au bout de leurs surprises.



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Des peintures médiévales !



Début 2022, les deux amies qui souhaitent faire un espace d’exposition dans la chapelle, s’attaquent à la réfection des murs intérieurs de l’édifice. Au fur et à mesure que le revêtement de briques et de plâtre tombe, apparaissent des couleurs ocres, du jaune au rouge. Elles reconnaissent des peintures anciennes et appellent la DRAC pour avoir des conseils. Des spécialistes viennent, motivés par le peu d’exemples de peintures médiévales connues en Loire-Atlantique. L’un des plus éminents d’entre eux, Christian Davy, propose de dater ces peintures du XVe siècle.



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Le projet va de découvertes en découvertes, et ça ne semble pas fini. Mais pour continuer et procéder aux premières étapes de restauration, elles ont besoin de soutien et d’argent.



Soutenir le projet :



L'association Les Amis du Dougilard vient de lancer une cagnotte sur HelloAsso et fait appel à votre générosité pour lancer la restauration de ces peintures. L'argent collecté servira aux premiers frais de restauration, mais aussi aux travaux de terrassement pour mettre la chapelle hors d'eau. Une première étape nécessaire pour offrir une belle remise en beauté à cette vieille dame.



Pour les contacter, une adresse mail lesamisdudougilard@yahoo.com et une page facebook Les Amis du Dougilard.





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Evénements organisés au Dougilard :-18 et19 septembre 2021 : Journées Européennes du Patrimoine, exposition historique, expositions et animations d'artistes locaux, concert, visites guidées par un étudiant en archéologie (environ 250 visiteurs).- 20 mars 2022 : Foire de Printemps, bourse aux plants, expositions et animations d'artistes locaux, marché de producteurs locaux, concert (environ 300 visiteurs).- 4 juin 2022 : Concours de palets, concert (environ 50 visiteurs).À venir :- 9 juillet 2022 : Après-midi théâtre, Cie Min' de Rien- 16 août 2022 : Passage de la TroMée, visite de la chapelle et pique-nique- 28 août 2022 : Vide grenier, animations, concert.- 17 et 18 septembre 2022 : Journées Européennes du Patrimoine, exposition historique, expositions d'artistes locaux, concerts, visites guidées.- Exposition/résidence de Juliette Monbureau, en réflexion- Concours de pêche, en réflexion

Crédits photographiques : Les amis du Dougilard

C’est à l’occasion de la fête des Mousquepierres, l’association locale de sauvegarde de la chapelle Saint-Martin de Maintru, qu’Aurélien Ratieuville, dirigeant de l’entreprise Maçons d’Aôtefois, et plusieurs membres de son équipe sont venus restaurer bénévolement le calvaire érigé devant la chapelle Saint-Martin.


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Membre d’Urgences Patrimoine, Aurélien était venu visiter la chapelle lors de la signature de notre convention avec les Mousquepierres et c’est très spontanément qu’il avait proposé de prendre en charge, gracieusement dans le cadre du mécénat de compétences, la restauration du calvaire.



Il l’a dit, ils l’ont fait !!!



L’équipe était intervenue une première fois quelques jours avant afin de préparer le chantier et c’est donc en public, sous une chaleur accablante , que les généreux artisans ont réalisé la réfection du petit édifice. Il ne manquera plus qu’un petit nettoyage de la pierre et le calvaire aura retrouver toute sa superbe.


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Afin de faire connaître leur savoir-faire, une démonstration de taille de pierre était organisée parallèlement, et le public a pu découvrir que ce formidable métier n’est pas exclusivement exercé par des hommes.


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Cette opération s’inscrit dans le cadre de notre dispositif « Un Geste à l’Édifice », qui permet de restaurer des petits éléments du patrimoine pour lesquels il n’existe aucun budget.



Jusqu’alors, ce sont essentiellement des tableaux oubliés de nos petites églises rurales qui ont bénéficié des bons soins de nos généreux artisans, donc ce calvaire est une première. Souhaitons qu’il y en ait beaucoup d’autres.



Au nom d’Urgences Patrimoine, nous remercions ces généreux artisans qui offrent leur temps et leur savoir-faire, pour la sauvegarde du petit patrimoine des territoires.


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Bien évidemment, tout reste à faire pour la chapelle Saint-Martin, mais grâce au dynamisme de l’association Les Mousquepierres, sous l’impulsion de son président, Damien Colin, et du soutien d’Urgences Patrimoine dans le cadre de l’opération « 1001 chapelles », les choses sérieuses devraient commencer très prochainement, avec l’aide précieuse de Maçons d’Aôtefois, dont la restauration du bâti ancien normand est la spécialité.



À suivre …



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