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Si nous étions le 1er avril, nous aurions pu croire à une blague de mauvais goût, mais nous sommes le 16 mars, donc pas de doute : cette information est bel et bien réelle. Nous avons été alertés il y a deux jours par des maîtres verriers de notre réseau et nous relayons ici leur appel désespéré à mobilisation.



Le premier appel est à destination du grand public, le second, à destination des professionnels.



Nous vous remercions de votre attention et nous comptons sur vous tous pour diffuser cette information et signer la pétition en fin de publication.



Ensemble, mobilisons-nous, afin que ce patrimoine millénaire ne soit pas injustement condamné.



PATRIMOINE EN DANGER : Alerte : Interdiction imminente de l’usage du plomb en Europe et par voie de conséquence l’interdiction de la pratique du vitrail au plomb, la disparition programmée des savoir-faire et du patrimoine vitrail Européen.



Madame, Monsieur,



Le présent courrier a pour but de vous alerter sur la mise en consultation par l’Union Européenne de la substance plomb et des conséquences pour le patrimoine et les entreprises du secteur du vitrail en France et en Europe. La substance plomb fait déjà l’objet d’une surveillance particulière : son usage a été considérablement réduit et encadré.



Le 2 février dernier une nouvelle phase de consultation publique a été ouverte en vue d’interdire totalement le plomb dans tous les pays Européens. Cette phase de consultation durant laquelle nous pouvons encore intervenir, sera close le 2 mai 2022.



UNE TELLE DISPOSITION ENTRAINERAIT DE FAIT LA FERMETURE IMMEDIATE DE PLUS DE 450 ENTREPRISES ARTISANALES EN FRANCE AINSI QUE LA DISPARITION ET LA DESTRUCTION PROGRESSIVE DE TOUT LE PATRIMOINE VITRAIL D’EUROPE.



En effet, le patrimoine français, avec ses cathédrales, ses églises, chapelles, monuments publics et privés (préfectures, mairies, hôpitaux, immeubles, particuliers...le vitrail est partout depuis des siècles) abrite la plus grande surface de vitraux au monde. A elle seule, La France concentre plus de 60 % du patrimoine vitrail Européen.



Les vitraux sont traditionnellement composés de pièces de verres assemblées par du plomb sous forme de baguettes profilées soudées entre elles à l’étain. Le plomb est ainsi utilisé depuis l’origine en raison de ses propriétés uniques : c’est un métal dense, mou et déformable ; bien que des recherches soient menées depuis des années dans notre secteur d’activité, nous ne disposons actuellement pas de matériaux de substitution dans le cadre de la restauration des œuvres d’art anciennes et contemporaines dont nos ateliers ont la charge de restauration et de conservation.



Le vieillissement du patrimoine vitrail français est à l’origine d’une augmentation des besoins en restauration.



Pour assurer leur pérennité, les vitraux nécessitent (hors dégâts ponctuels) des interventions tous les 100 ans en moyenne : ils sont alors déposés, nettoyés et démontés. Les anciens plombs sont remplacés par de nouveaux profilés en plomb. Ce procédé a ainsi permis à des œuvres d’arts créées au XIIème siècle d’être encore admirées aujourd’hui.



IL N’Y A À CE JOUR AUCUN AUTRE MATERIAU DE SUBSTITUTION, RAISON POUR LAQUELLE LE TRAVAIL AU PLOMB EST LE SEUL A ETRE RECONNU PAR LE MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE ET LES ARCHITECTES DES BATIMENTS DE FRANCE.


Bien que le plomb soit omniprésent dans notre activité professionnelle, il ne présente pas un obstacle majeur à la pratique de notre métier. En effet les risques ont été intégrés dans les process mis en œuvre dans les ateliers et de nombreuses mesures de prévention adaptées ont été prises au sein de nos entreprises. De plus, nos ateliers participent activement depuis toujours à la collecte et au tri des plombs usagés, évitant ainsi leur dispersion dans la nature ou les ordures ménagères.



L’art du vitrail a traversé les siècles depuis le Moyen-Âge, notre savoir-faire d’excellence a été transmis depuis presque 1000 ans au sein de nos ateliers ; les œuvres d’art entretenues et restaurées par les maîtres verriers depuis des siècles ne survivront pas à l’interdiction totale du plomb en Europe.



Ainsi dans l’hypothèse de l’inaction de nos institutions, de nos élus, de nos députés européens, un grand nombre de PME et TPE artisanales seront dans l’impossibilité totale ou partielle d’exercer leur activité ce qui conduira à la disparition de nombreux savoir-faire et la disparition progressive de notre patrimoine vitrail Français et Européen.



Nous ne serions sans doute même pas en mesure de terminer par exemple la restauration des vitraux de la cathédrale de Notre Dame de Paris, dont le drame a mobilisé le monde entier pour financer sa reconstruction à l’identique, d’engager les restaurations nécessaires en région etc...



Compte tenu de la complexité de mise en œuvre d’un tel dossier Européen, nos petites structures ne peuvent en aucun cas porter un dossier individuellement. Il est donc indispensable d’alerter d’urgence les institutions, représentants locaux, régionaux, nationaux, pour intervention rapide auprès des représentants de la Commission Européenne pour défendre et sauver le patrimoine du vitrail d’art Français et Européen.



NOUS COMPTONS SUR VOTRE BIENVEILLANCE ET VOTRE IMPLICATION CITOYENNE AFIN DE RELAYER AU PLUS VITE L’INFORMATION. NOUS ESPERONS QUE LES REPRESENTANTS DE L’ETAT FRANÇAIS, DIGNES ET SOUCIEUX DE LEUR HERITAGE PATRIMONIAL EN TERME DE VITRAUX, FERONT LE NECESSAIRE AUPRES DES INSTANCES EUROPEENNES AFIN QU’ELLE ACCORDE AUX PROFESSIONNELS DU VITRAIL – A MINIMA - LA DEROGATION PERMANENTE ET COLLECTIVE NECESSAIRE A L’EXERCICE DE LEUR ART AU SERVICE DES ŒUVRES D’ART DU PATRIMOINE VITRAIL EUROPEEN.



Artisanalement vôtres,



Documents sources :





Ce courrier est le fruit de la collaboration des professionnels suivants :



— Julien PITRAT, maître verrier - SARL Vitrail Saint Jean l’Art-Elier 23 rue du Bœuf 69005 Lyon. Artisan d’Art - Elu Consulaire à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Rhône, mission Métiers d’Art. Contact : lartelier-vitrail@wanadoo.fr


— Marie-D. BAYLE, maître verrier – Atelier Vitrail du Léman 1 rue du Commerce 74100 Ville la Grand. Maître artisan d’Art au service de la création, la restauration du patrimoine, la transmission. Elue à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Haute-Savoie pour les Métiers d’Art. Mail : contact@ateliervitrailduleman.com - Tél : 06 20 66 62 70


— Stéphanie PITRAT, maître verrier - SARL Vitrail Saint Jean l’Art-Elier 23 rue du Bœuf 69005 Lyon.



Alerte destinée aux professionnels du patrimoine :



Alerte : Interdiction imminente de l’usage du plomb en Europe et par voie de conséquence l’interdiction de la pratique du vitrail au plomb et la disparition programmée des savoir-faire et du patrimoine vitrail Européen.




Chères consœurs, chers confrères,



Ce courrier a pour but de vous alerter sur l’imminente interdiction du plomb, y compris dans le domaine du vitrail, qui actera la disparition de nos savoir-faire, de nos entreprises artisanales, ayant pour activité la création contemporaine et la restauration des vitraux traditionnels au plomb.



En effet, dans le cadre du REACH (règlement européen qui sécurise et encadre la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans l’industrie) une mise en consultation de la substance plomb a été ouverte le 2 février dernier par l’Union Européenne.



A l’issue de cette consultation publique qui sera close début mai prochain, et en l’absence de réactions de notre part le plomb sera alors interdit à tout usage et sous toutes ses formes dans toute l’Union Européenne dans les mois qui suivent.



L’Europe dans sa grande générosité nous offrira alors la possibilité de demander une dérogation : une demande de dérogation individuelle qui devra être formulée par chaque entreprise. Chaque demande de dérogation sera limitée dans le temps (4 ans) pour un coût de 200 000 Euros. Comme vous le savez, le vitrail au plomb est la seule méthode reconnue par le ministère de l’éducation dans le domaine de l’enseignement ainsi que les architectes des Bâtiments de France dans le domaine de l’entretien et de la restauration du patrimoine. Bien que des recherches soient actuellement menées par le Centre Européen des Arts verriers (CERFAV) il n’existe actuellement aucune alternative fiable et éprouvée en remplacement des profilés de plomb dans le domaine de la restauration des vitraux.



L’interdiction prochaine de l’usage des profilés de plomb dans le domaine du vitrail entraînera l’impossibilité pour nos ateliers d’engager des travaux de restauration et donc à terme, la disparition de tout le patrimoine vitrail d’Europe, ainsi que la fermeture de la quasi-totalité de nos ateliers.



Il nous faut réagir sans délais, nous fédérer le plus rapidement possible pour que tous les vitraillistes et maîtres verriers de France et d’Europe puissent être informés de la situation et puissent à leur tour relayer auprès de leurs élus et des institutions.



Ainsi nous vous invitons à partager le plus largement possible l’information autour de vous dans tous les pays européens. Car si la majorité des états membres votent cette disposition, même si la France s’y oppose, le plomb sera interdit.



S’agissant de l’avenir de notre métier et au-delà de la conservation de notre patrimoine, nous vous invitons toutes et tous à agir en alertant vos élus afin qu’une remontée massive d’informations se fasse à l’échelle de tout le pays par le biais de nos institutions et nos élus locaux.



Nous mettons à votre disposition un courrier d’alerte destiné au grand public que vous pouvez personnaliser en y ajoutant les coordonnées de votre entreprise à faire circuler autour de vous.





Par ailleurs des spécialistes du REACH travaillent en parallèle sur l’élaboration d’un dossier qui vous sera transmis ultérieurement avec les consignes adéquates afin que chaque entreprise du secteur puisse déposer gratuitement et facilement un dossier auprès de la commission de consultation de l’Europe en charge de la consultation publique (l’ECHA).



En effet, comme nous l’a été expliqué le dépôt d’un seul dossier n’aura aucun poids, le dépôt de centaines de dossiers poussera peut-être la commission à se pencher sur la question.



Nous mettons en place une pétition en ligne à destination de tous, professionnels et grand public afin d’alerter le plus largement possible tous les citoyens, que nous vous invitons à signer ICI et à faire signer largement autour de vous.




COMME VOUS L’AUREZ COMPRIS, L’HEURE EST GRAVE ET LE TEMPS EST LIMITE : NOUS DISPOSONS DE SIX SEMAINES POUR COLLECTIVEMENT INFORMER, FEDERER, ALERTER, AFIN DE TENTER DE SAUVER L’ART DU VITRAIL, NOTRE PATRIMOINE ET NOS ENTREPRISES.



Artisanalement vôtre,



Alerte co-rédigé par :


— Julien PITRAT, maître verrier - SARL Vitrail Saint Jean l’Art-Elier 23 rue du Bœuf 69005 Lyon. Artisan d’Art - Elu Consulaire à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Rhône, mission Métiers d’Art. Contact : lartelier-vitrail@wanadoo.fr


— Marie-D. BAYLE, maître verrier – Atelier Vitrail du Léman 1 rue du Commerce 74100 Ville la Grand. Maître artisan d’Art au service de la création, la restauration du patrimoine, la transmission. Elue à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Haute-Savoie pour les Métiers d’Art. Mail : contact@ateliervitrailduleman.com - Tél : 06 20 66 62 70.


— Stéphanie PITRAT, maître verrier - SARL Vitrail Saint Jean l’Art-Elier 23 rue du Bœuf 69005 Lyon



Ps : Nous tenons à préciser que toutes nos informations sont vérifiées et vérifiables, qu’il ne s’agit en aucun cas d’une blague. Seuls nous ne pouvons rien, tous ensemble en mutualisant nos énergies, nos réseaux, nos compétences, nous pouvons encore espérer sauver nos entreprises et notre patrimoine.



Documents, sources :



L’affaire de la possible démolition de l’église Sainte-Germaine à Calais commence à faire grand bruit et nous en sommes satisfaits, car bien souvent s’agissant d’une démolition, le bruit est notre meilleur allié.



En parlant d’alliés, les vitraux de l’édifice pourraient être le meilleur argument de défense, car si l’église n’est pas protégée au titre des monuments historiques, les vitraux le sont, car ils sont l’œuvre de deux Maîtres verriers de renom, Louis Barillet et Jacques Le Chevalier.



Ce qui signifie qu’en théorie nul n’a le droit de les détruire.



Si le Diocèse va jusqu’au bout dans sa volonté de démolir, il faudra donc demander l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France, en espérant qu’il émette un avis défavorable quant à la démolition. Nous avons cependant quelques craintes, puisqu’il est possible que ce soit l’architecte qui a émis un avis favorable pour la démolition de « la chapelle » de Roger Poyé qui soit consulté.



Ce qui signifie que l’édifice pourra être démoli, mais qu’avant, il faudra démonter l’ensemble des vitraux pour qu’en théorie, ceux-ci soient réaffectés à un autre édifice qui en serait dépourvu. Ça c’est en théorie, car nous savons qu’en règle générale, les éléments « déposés » sont stockés dans un coin puis oubliés, même en étant protégés MH.


Une chose est sûre, comme nous l’indiquions dans notre précédent article sur ce sujet, pour une fois nous avons encore du temps. Si nous n’arrivons pas à convaincre le Diocèse avant l’officialisation de la démolition, alors nous ferons un recours en justice comme la loi l’autorise, à partir du moment où le permis de démolir est affiché.




Mais nous n’en sommes pas là et nous souhaitons très sincèrement trouver la solution la meilleure à la fois pour le Diocèse, les fidèles et les habitants du quartier, car ces derniers sont bien décidés à garder « Leur » église.



N’oubliez pas de signer la pétition si ce n’est déjà fait ICI.



En savoir plus sur les vitraux :



Les vitraux de l’église Sainte—Germaine ont été réalisés en 1934 par deux maîtres-verriers très renommés avant la guerre : MM. Barillet et Chevalier. Les plus belles pièces sont les deux rosaces du chœur symbolisant, l’une, rouge, l’Ancien Testament, l’autre, bleue, le Nouveau. Les huit vitraux représentant les scènes de la vie de sainte Germaine, situés dans la nef sont de toute beauté. On trouve aussi des représentations de saint Mathieu, saint Luc, saint Marc et saint Benoît-Labre.



Ensemble de 28 verrières De : Barillet Louis (verrier) ; Hanssen T. (verrier) ; Le Chevalier (verrier) Ensemble daté vers 1934.


Les dix verrières des fenêtres hautes : Saint Ludovic, Sainte Anne, sainte Jeanne d'Arc, Sainte Thérèse d'Avila, Sainte Godeleine, Saint Jean, Saint Joseph, Saint Jean-Marie Vianney Curé d'Ars, Saint Vincent de Paul et Saint Benoît Labre


Les deux verrières du chœur : Saint Marc et Saint Matthieu


Les huit verrières des bas-côtés : Histoire de sainte Germaine et cinq autres verrières des bas-côtés : Moïse, Jésus et les enfants, Annonciation, Apparition du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacocque et Sainte Cécile


Les trois verrières de la chapelle des fonts baptismaux : Baptême du Christ, Résurrection et Péché originel




Autres œuvres

Il faut aussi signaler la présence de marbres d’Hydrequent et le chemin de croix en mosaïque. L’église abrite aussi, près de l’entrée, une très belle plaque rendant hommage aux enfants de la paroisse morte lors de la guerre 1914—1918. Elle a été réalisée par M. Desvergnes. Enfin, une découverte : un haut relief de Nicole Hemard représentant le Christ Ressuscité sortant du tombeau (1984), excentré de La Croix comme les faisait l’artiste, avec le sépulcre ouvert, la pierre roulée à côté, et l’ange annonçant qu’il est ressuscité.

  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak-Romanski
    Alexandra Sobczak-Romanski
  • 21 févr. 2020

Il y a quelques jours, un énième acte de vandalisme a eu lieu dans une église du Nord, à Herlies. Comme nous le constatons assez souvent, ce sont des jeunes qui sont responsables des dégradations. Sans doute désœuvrés, ils n’ont trouvé rien de mieux à faire que de tirer à la carabine à plomb dans les vitraux, dont un plus particulièrement.

Certains verront des provocations contre les chrétiens or, bien souvent ce sont des actes « gratuits » perpétrés par de très jeunes gens qui n’ont pas forcément la culture du patrimoine et encore moins du patrimoine religieux. Posons-nous alors la question quant aux responsabilités qui conduisent à de tels comportements. Si le patrimoine en général et le patrimoine religieux en particulier étaient mieux entretenus et valorisés, alors nous observerions sans doute une baisse sensible de ces actes. Car quel exemple est donné à cette jeunesse désœuvrée ? Des églises fermées car trop dégradées, des châteaux rasés pour construire des zones pavillonnaires, des ponts et autres « ouvrages d’art » démolis pour laisser place à des structures modernes, et ne parlons pas des cimetières qui parfois ressemblent à des champs de ruines. Si l’on additionne tout cela, alors ne soyons pas étonnés du résultat. Un pays qui ne respecte pas son patrimoine, et encore moins ses morts, ne peut imposer qu’il soit respecté.

Alors si nous voulons faire cesser en partie ces actes de vandalisme « gratuits », il faut montrer l’exemple à nos jeunes et faire en sorte que le mot patrimoine puisse avoir du sens pour eux. « Relevons nos pierres pour relever la tête », c’est une évidence. Et surtout éduquons pour ne pas avoir à rééduquer. Lire l’article de La Voix du Nord ici.

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Crédits photographiques : photos 1 et 2 : La Voix du Nord ; photo 3 : Ouest France.

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