Au bout d’un moment, la coupe est pleine et j’ai tenu, en mon nom, à remettre « l’église au milieu du village ». Les propos qui suivent n’engagent donc que moi.
Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, poursuit ses délires et vient de déclarer « l’opinion des fachos je m’assoie dessus ». Pour un Élu de la République, tenir de tel propos n’est à mon avis pas acceptable. Le fait de ne pas vouloir renoncer à un des symboles de fêtes de Noël ferait donc de nous de dangereux fachos.
Seulement, il n’est pas tout seul à penser ça. Il suffit de lire les commentaires haineux sous certaines de mes publications pour se rendre compte que défendre un patrimoine commun, une histoire commune et des traditions communes, n’est pas toujours de bon ton dans notre société.
Autrefois, tout au plus, je me faisais traiter de réactionnaire. J’étais considérée comme une femme aux idées poussiéreuses, pour qui toute modernité était à proscrire. Je tiens à rassurer ceux qui m’ont affublé de cet adjectif par le passé, je ne m’éclaire pas à la bougie, et j’attends avec impatience la fibre. Incroyable non ?
J’ai eu également droit à : « Vieille bourge catho de droite ! » Alors dans l’ordre : vieille : oui à cinquante ans on peut être considérée comme vieille, mais je ne pense pas que ce soit une tare.
Bourge : petite fille de mineur, je sais exactement d’où je viens et ce qui me connaissent savent que je ne me suis jamais prise pour ce que je n’étais pas. Ce qui est intéressant, c’est de constater que, dans l’esprit embrumé de certains, il faut être forcément riche et appartenir à une certaine classe sociale pour défendre le patrimoine. Ce qui est une hérésie totale. Même si dans les « hautes sphères » on ne prend en compte que l’avis « des hautes sphères », le « peuple », dont je suis issue, a aussi largement son mot à dire sur le sujet.
Catho : Je suis de confession catholique, mais une partie de ma famille est protestante. Je ne vais pas à la messe et je suis même entrée en « guerre » contre l’institution catholique elle-même, notamment, en ce moment encore, pour sauver l’église Sainte-Germaine et la chapelle Saint-Joseph de la démolition. C’est quoi encore cette idée qu’il faut-être une « grenouille de bénitier » pour défendre le patrimoine religieux ?
Enfin : de droite : Depuis la création d’Urgences Patrimoine, jamais je n’ai été « encartée » où que ce soit. Ceux qui suivent mes combats depuis le début peuvent en attester. Je fais la « Guerre aux démolisseurs » tous partis confondus. Et je trouve fort regrettable qu’une étiquette « Extrême droite » soit collée sur le dos de tous ceux qui défendent le patrimoine.
La cause du patrimoine est l’affaire de tous. Et peu importe que les personnes qui défendent cette cause soit d’extrême droite, d’extrême gauche, du centre, du centre droit, du centre gauche… Le principal étant qu’ils agissent et qu’ils n’affichent pas leurs idées politiques lors de leurs actions. C’est le principe même de la démocratie.
Si les « étiquettes », c’étaient limitées à ça, cela m’aurait plutôt fait rire, mais depuis quelques temps, les choses ont franchi une limite inacceptable.
Facho et Nazie : tout a commencé lorsque j’ai relayé l’action des jeunes parisiens qui ont voulu nettoyer et protéger les statues à Paris. J’ai eu droit à une avalanche d’insultes, suite à cette publication et se faire traiter de nazie sous prétexte que ces jeunes sont « de droite » est absolument inacceptable.
Cependant, effectivement, quand on s’engage pour la cause du patrimoine on s’expose à ce genre de dérives.
Reste le traditionnel : « réac » ! Bon, soit je veux bien tolérer cette remarque. Car si être « réac », c’est défendre la mémoire collective et l’identité culturelle, alors je suis effectivement cela.
Mais ceux qui se permettent d’émettre ce genre de jugement, ne devraient-ils pas se demander si la cause du patrimoine est aussi poussiéreuse que ça ? Car, même si tout n’est pas « patrimoine », un pays comme le nôtre est quand même pourvu de richesses patrimoniales qui font vivre (ou survivre) des milliers de personnes. Alors la cause du patrimoine ne serait-elle pas au contraire très moderne et un formidable vecteur économique et social d’avenir ?
En tout cas, quand le maire de Bordeaux stigmatise tous ceux souhaitent voir maintenu le traditionnel sapin de Noël dans leur ville et les affuble de l’étiquette de « fachos », il ferait mieux d’aller vérifier la définition du mot « fascisme » dans le dictionnaire et ainsi se retourner le compliment, car comme disait Albert Camus dans L’homme révolté : « Toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme. »
En attendant, continuons à nous mobiliser pour ce bien commun qu’est le patrimoine, mais de grâce, que ceux qui méprisent notre cause et la trouve poussiéreuse arrêtent de jeter des pierres à ceux qui la défendent.
Nous ne sommes ni nazis ni fachos, nous sommes juste des citoyens libres qui respectons le passé dans l’espoir de lui offrir un avenir.
« Lorsque le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche vers les ténèbres » — Alexis de Tocqueville
Alexandra Sobczak-Romanski