top of page

Alors qu’à Blois les « Journées de l’Histoire » débutent, le Maire de la ville semble mépriser certains éléments remarquables du patrimoine de sa commune.



« La maison du Jeu de Paume aurait mérité d’être bombardée en 1940 ». La phrase est, pour le moins, glaçante.


ree

Comment un élu de la République peut tenir de tels propos lors d’un Conseil Municipal ?



Rappelons tout de même que Blois est labellisée « Ville D’Art et D’Histoire » et que ce label ne concerne pas uniquement la Cathédrale et le Château. Enfin, n’oublions pas que le Val de Loire est « Patrimoine Mondial de l’UNESCO ».



Et quand bien même le patrimoine en question serait bien modeste, il ne mériterait pas un tel affront. À l’heure où la guerre faire rage non loin de chez nous, et où l’on met tout en œuvre pour sauver le patrimoine, parler de bombardements nous semble bien indécent.



Ce sera un argument supplémentaire pour accompagner les associations de sauvegarde du patrimoine blésois qui ont fait appel à Urgences Patrimoine et à La Gazette du Patrimoine afin de leur apporter un peu d’aide, car avec un maire aussi peu respectueux du patrimoine de sa commune, on peut s’attendre à tout.



Nous reviendrons très prochainement sur le cas de la « Tupinière », dont la délibération concernant la vente à un promoteur a été reportée et qui est au cœur des préoccupations de toutes les associations qui s’inquiètent de son avenir. À juste titre après avoir visionné ces quelques images.



Poursuivons notre constat de la lente agonie des édifices classés Monuments Historiques. Après la cathédrale de Carpentras (lire notre précédent article), découvrons l’église Saint-Martin, située à Villeneuve-sur-Verberie, au hameau de Noël-Saint-Martin. Encore une fois, il ne s’agit pas d’un édifice XIXe ne présentant pas « un grand intérêt architectural », mais bel et bien un joyau du patrimoine national. Depuis plus de 30 ans, Emmanuel Rambure-Lambert se bat pour que « son » église soit restaurée. Depuis plus de 30 ans, Saint-Martin attend une couverture neuve qui pourrait assurer son avenir. Pourtant depuis des décennies, des budgets sont votés pour l’entretien et la restauration de l’édifice, mais rien n’est fait.


ree

Aujourd’hui encore, la municipalité refuse d’allouer le moindre euro pour la réfection de la toiture, au prétexte que la construction de l’école est une priorité absolue, ce que nous comprenons. Toutefois, les finances sont très saines et pourraient tout à fait supporter un plan de restauration sur quelques années en plus de la construction de l’école, d’autant que, s’agissant d’un édifice classé, la DRAC pourrait financer les travaux à hauteur de 80% (en théorie).



Il est important de rappeler que plus les travaux sont retardés, plus l’édifice se détériore et plus les travaux de restauration seront élevés.



Nous rappelons également qu’en cas de non entretien d’un édifice classé, son propriétaire est passible d’une lourde amende, allant même jusqu’à une peine d’emprisonnement et la Loi de 1905 est très claire. La commune propriétaire répond d’un certain nombre de devoirs, tels que la réalisation de travaux nécessaires à la conservation de l’édifice, ou encore les obligations attachées au classement du bâtiment au titre des monuments historiques.


ree

Bien évidemment, Urgences Patrimoine a répondu présente à l’appel de Monsieur Rambure-Lambert et mettra tout en œuvre pour trouver une issue heureuse à cette affaire.


ree

Emmanuel RAMBURE-LAMBERTest retraité, il a 75 ans et habite la commune depuis 43 ans Il s’occupe de l’église de Noël Saint-Martin depuis juin 1987. En souvenir de son épouse décédée en juillet 1990, il décide avec ses enfants, de faire fondre une cloche chez Cornille-Havart à Villedieu les Poêles. Cette cloche qui porte le prénom de Christine a été bénite et installée dans le clocher en juin 1991. Il met tout son temps et son énergie au service de cette église en espérant qu’enfin, son appel soit entendu.



Classée monument historique en 1895, l’église du hameau de Noël Saint Martin attend sa toiture depuis plus de 30 ans.



D’importantes campagnes de fouilles archéologiques y ont été faites de 1974 à 1976 mais par manque de moyens humains et de motivation, elle retourne très vite dans l’oubli.



Mais en juin 1987, à l’initiative de notre curé, une messe est célébrée (la première depuis 1917) suivie du feu de Saint Jean.



C’est le point de départ d’une renaissance.


ree

Durant tout l’été, des bénévoles ont débroussaillé ronces, lierres, sureaux afin de sortir ce monument classé de la végétation qui l’emprisonnait (on ne pouvait pas en faire le tour à pied).



Les agriculteurs du village ont mis à disposition tracteurs et remorques. Une entreprise de travaux publics a prêté une pelle hydraulique pour évacuer des dizaines de m3 de gravats et souches.



Il a aussi fallu procéder au drainage du pourtour de l’édifice, à la construction de puisards, au raccordement électrique et en eau pour l’ancien cimetière.



Les murs du cimetière en ruine ont été remontés, le parvis découvert sous 50cm de gravats, l’escalier d’accès à l’église reconstruit.



Tout cela, bénévolement grâce aux Amis de l’église.



De nombreux concerts couplés avec des expositions ont été organisés pour faire découvrir ce lieu méconnu.


ree

Au printemps 1991, afin d’embellir le chœur fortement dégradé par l’abandon et l’humidité mais aussi pour recevoir la nouvelle cloche (l’ancienne a été volée en 1913), un grand chantier de nettoyage et de remplacement des pierres malades est entrepris.



Le baptême de la cloche « Christine » a lieu en juin 1991 en présence de l’Évêque du Diocèse, des autorités et d’environ 500 personnes. Et c’est à cette occasion que le Maire, lors de son mot d’accueil, annonce que le dossier toiture est en bonne voie ...



31 ans après, rien n’a changé !



Nous en sommes toujours au même point et cela est pire ! Il pleut sur la statue classée de La vierge à l’enfant, les oiseaux pénètrent dans l’édifice, tout le mobilier issu de dons et de récupérations est couvert de fientes.



Alors que faire ?


ree

C’est de l’incompréhension et une énorme lassitude qui nous anime désormais. Encore combien de temps pour une prise de conscience de l’urgence absolue ? Je suis indigné !



Emmanuel RAMBURE-LAMBERT


Pour l’Association de sauvegarde

Combien de fois avons-nous entendu : « pas facile de sauver un édifice quand il n’est pas inscrit ou classé au titre des Monuments Historiques. »


ree

Et bien voici un bel exemple d’un édifice classé, livré à lui-même sans que personne ne semble s’en émouvoir plus que ça, à part l’association de sauvegarde locale et maintenant, Urgences Patrimoine qui, grâce à la détermination de notre déléguée du Vaucluse, Michèle Margain, va tout mettre en œuvre pour tenter de faire bouger un peu les choses. Car, à quoi sert un classement si celui-ci ne donne aucun droit à l’édifice, à part celui de sombrer ? Et que fait la Direction Régionale des Affaires Culturelles ? Rappelons qu’un propriétaire de Monument Historique a des droits, mais surtout des devoirs …Voici donc le constat de notre déléguée, que nous remercions pour son alerte.



ree

Michèle Margain a mené une carrière professionnelle dans le management et la communication, elle a collaboré avec divers médias couvrant des régions qu'elle a évidemment cherché à découvrir. Née en Provence d'un père Lyonnais, passionné lui-même, et d'une mère arrageoise, elle était prédestinée à parcourir la France et explorer le moindre recoin, retourner la moindre pierre. Chercher, étudier, et transmettre : Tout est dit ! Elle a créé il y a dix ans le "Cercle Généalogie et Provence Rhodanienne", anime des conférences sur la société du XIXe siècle, elle a su développer un rapport de confiance avec de nombreux élus locaux. Jeune retraitée Michèle avoue : "Je peux enfin me consacrer au Patrimoine, une mission à temps plein. " Directe, efficace... difficile quelquefois pour ses collaborateurs de suivre le rythme : elle considère que le temps joue contre nous et surtout contre les monuments en péril. Une bonne raison pour rejoindre Urgences Patrimoine.



Cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras



Située au cœur de la ville de Carpentras, ancienne capitale du Comtat Venaissin, la cathédrale Saint-Siffrein, classée aux monuments historiques en 1840, résiste autant que faire se peut aux affres du temps. Le constat est d’autant plus alarmant que les choses ne vont guère s’arranger depuis que le projet de rénovation pharaonique de l’ancien Hôtel Dieu a vu le jour, impliquant des charges de fonctionnement très lourdes, qui ne laisseront aucun subside pour envisager la moindre restauration. Le Centre ancien, qui compte pas moins de 50 hôtels particuliers des XVII° et XVIII° siècles, a subit l’incurie de la part des municipalités successives. L’actuelle Mairie prendra t-elle enfin la mesure de cet héritage ?


ree

L’Association des Amis de la Cathédrale tente, depuis 1981 de la protéger et d’attirer l’attention sur ce somptueux édifice du XVI° siècle, multipliant des démarches qui restent sans suivi. Son président, Alexandre Mahue, doctorant en histoire de l’art, est affligé devant un tel spectacle : « La cathédrale est le cœur de Carpentras, Elle contient des retables, des tableaux, les grandes orgues, des reliques… tous classés. Pour sauver l’ensemble, il faut amorcer une rénovation totale sur la globalité de l’édifice ! 


ree

Nous sommes dépositaires du Patrimoine et il nous appartient de le sauvegarder. Pour cela ,il faudrait une véritable volonté. Le centre ancien représente un attrait touristique incontestable qui tend à disparaître.»



ree

Certes, on a prudemment réparé quelques ardoises sur la toiture — des actions insuffisantes pour redonner l’aspect flamboyant qui sied si bien au style gothique. Notre visite dans les lieux était un devoir et il n’est pas difficile d’imaginer qu’elle a été l’indignation des 800 visiteurs pour les journées du Patrimoine devant cet affligeant spectacle… Les gargouilles menacent de tomber, les assises sont fragilisées, certaines des chapelles servent littéralement de dépotoirs, des grilles sont entreposées contre des fresques. Non content d’oublier, on bafoue…


ree

Le portail principal de la cathédrale ouvre sur la place du palais de justice, ancien palais épiscopal. Il date de 1615. Au-dessus de la porte latérale, destinée à l’accueil des juifs convertis au catholicisme, se trouve « la boule aux rats » représentant le monde rongé par le péché et les hérésies,. L’oratoire Saint-Mors, emblème de la ville, renferme divers éléments, notamment des reliques des XIII° et XIV° siècles, … la liste est non exhaustive et justifie amplement notre intervention d’aujourd’hui.


ree

Subscribe
bottom of page